John Maynard Keynes n’était pas économiste de formation mais mathématicien. Il disposait également d’un bagage substantiel en philosophie, conséquence d’une éducation secondaire au sein de la prestigieuse « public school » d’Eton, suivie d’une éducation supérieure dans l’environnement tout imprégné de philosophie dans la tradition médiévale, qu’est l’université de Cambridge. Il deviendrait bien sûr une autorité dans le domaine de la « science » économique mais au même titre qu’il serait également une autorité au sein du monde bancaire ou dans la gestion des affaires de l’État.
L’éclectisme de Keynes explique son style très particulier en matière de théorie économique : faisant appel d’une part à la théorie économique de son temps ainsi qu’à celle de ses prédécesseurs, recourant d’autre part à tout à ce que peut offrir le monde autrement plus vaste de la culture dans son ensemble. C’est là la raison majeure pourquoi il nous faut revenir à Keynes chaque fois que s’impose, comme c’est le cas aujourd’hui, le sentiment d’une urgence dans la tâche de reconstruction de la science économique, en raison du fait que quelque chose a manifestement très mal tourné pour la pensée économique. On ne peut s’empêcher de penser à la catastrophe qu’a constituée l’incapacité des économistes contemporains (à l’exception d’une poignée d’entre eux – je ne me compte pas parmi eux, n’étant pas économiste de formation) à prévoir une crise pourtant aussi destructrice que la crise des subprimes, et ensuite, lorsque celle-ci prit toute son ampleur, à proposer des solutions susceptibles d’être mises en application.