Face aux haut-le-cœur et aux nombreuses protestations suscitées par la situation dramatique des réfugiés, les autorités européennes tentent contre toute vraisemblance de se dédouaner de leur immense responsabilité, rajoutant l’hypocrisie à l’ignominie. En France, elles annulent l’une de leurs mesures répressives sans rien changer du reste, et en Italie elles allument un contre-feu. De quoi, espèrent-elles, pouvoir faire bonne figure.
Deux longues négociations commandent l’avenir de l’Europe, dont les résultats sont incertains. Les péripéties du Brexit sont quotidiennes, ne garantissant pas sa bonne conclusion. Et il ne fait plus de doute que la grande reconfiguration de l’Europe ne verra pas le jour.
5.000 réfugiés ont la semaine dernière tenté de rejoindre l’Europe en fuyant la Libye. Seuls 2.000 d’entre eux ont été débarqués en Italie après un sauvetage en mer, les 3.000 autres ayant été refoulés par les garde-côtes libyens.
Ancienne puissance coloniale, l’Italie connait bien la Libye. Confrontée à l’arrivée massive de réfugiés et laissée seule pour s’en dépêtrer, son gouvernement ne lésine pas sur les moyens, avouables ou non, afin de les bloquer en Libye. Selon le HCR, ils seraient en effet des centaines de milliers à vouloir tenter l’aventure d’un hypothétique sauvetage en mer, à condition d’avoir échappé aux garde-côtes libyens qui les reconduisent manu militari dans des centres de détention après les avoir interceptés.
Au cours de la rencontre d’hier consacrée à définir les grandes lignes d’un plan destiné à barrer la route vers l’Europe des réfugiés au départ de la Libye, on a croulé sous les bons sentiments si l’on en croit les comptes-rendus. Plus question de mettre en place au Niger et au Tchad des « hotspots », mais des « centres d’orientation » ainsi bien mieux nommés, voire même des « missions de protection ». Les réfugiés n’auront jamais fait l’objet d’autant d’attentions… en paroles.
Le flux des réfugiés cherchant à rejoindre l’Italie dans des embarcations de fortune a brusquement baissé courant juillet, sans que l’on en comprenne les causes. 4.300 arrivées en Italie ont seulement été dénombrées depuis la mi-juillet, un nombre qui correspond habituellement aux mois creux de l’hiver.
Une grande confusion règne au large des côtes libyennes suite à l’annonce de la création d’une zone de sauvetage et de recherche (SAR) par les autorités maritimes de Tripoli. Son étendue n’est pas précisée, et l’Organisation maritime internationale (OMI), cette agence de l’ONU, n’a rien confirmé. Ce qu’a reconnu le ministre de l’intérieur Marco Minniti, qui est à la manœuvre côté italien.
En attendant que le Phoenix de l’ONG maltaise Moas et le Golfo Azzurro de l’espagnole Proactiva Open Arms le rejoignent, l’Aquarius de SOS Méditerranée et de MSF patrouille seul depuis dimanche au large de la Libye, distant par prudence de 24 miles des côtes la journée et de 30 miles la nuit, bien au-delà de la limite de 12 miles des eaux territoriales.
Plus rien n’est intouchable, même les ONG qui avec leurs navires sauvent les réfugiés au large de la Libye ! Il leur est reproché de créer « un appel d’air », ce prétexte qui fait désormais fureur et justifie le pire, quand les sauveteurs sont condamnés, leur action « s’inscrivant dans une démarche d’action militante » selon un juge français qui le justifie ainsi.
Soumises à des pressions grandissantes provenant à la fois des autorités italienne et libyenne de Tripoli, les ONG tentent de résister afin de maintenir la présence de leurs navires au large des côtes libyennes et de poursuivre leurs opérations de sauvetage.
Laissé seul pour se débrouiller par ses homologues européens, le gouvernement italien navigue en eaux trouble avec les autorités libyennes de Fayez al-Sarraj, dont l’autorité ne dépasse guère les limites de Tripoli.
Contredisant Paolo Gentiloni, son homologue italien, le chef du gouvernement libyen Fayez al-Sarraj a démenti avoir demandé à l’Italie d’envoyer des navires dans les eaux territoriales libyennes.
Selon ce dernier, il a seulement été convenu d’autoriser des unités navales italiennes à accéder au port de Tripoli afin de « compléter le programme d’appui aux gardes-côtes par la formation et l’armement… ».
Le gouvernement italien a décidé d’employer les grands moyens pour stopper l’exode des réfugiés vers l’Italie au départ des côtes libyennes. Paolo Gentiloni, le chef du gouvernement italien a déclaré aujourd’hui que Fayez el-Sarraj, son homologue libyen, lui avait demandé l’aide de la marine italienne dans les eaux territoriales libyennes. Cela lui avait peut-être été suggéré…
Réunis dimanche soir à Paris, les ministres de l’intérieur allemand et français ont répondu dans l’urgence à l’appel à l’aide de leur collègue italien. Ils ont proposé comme mesure phare d’imposer un « code de conduite » aux ONG qui assurent le sauvetage en mer des réfugiés avant de les débarquer dans un port italien. Présenté comme destiné à « améliorer la coordination avec les ONG opérant en Méditerranée centrale », ce code que l’on pressent autant que possible restrictif sera élaboré par les autorités italiennes. L’objectif poursuivi est de ralentir l’exode à défaut de pouvoir le tarir. Une réunion des ministres des 28 membres de l’Union européenne devra statuer jeudi prochain à Tallinn, en Estonie.
Nous utilisons des cookies pour optimiser notre site web et notre service.
Fonctionnel
Toujours activé
Le stockage ou l’accès technique est strictement nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de permettre l’utilisation d’un service spécifique explicitement demandé par l’abonné ou l’utilisateur, ou dans le seul but d’effectuer la transmission d’une communication sur un réseau de communications électroniques.
Préférences
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de stocker des préférences qui ne sont pas demandées par l’abonné ou l’utilisateur.
Statistiques
Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement à des fins statistiques.Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement dans des finalités statistiques anonymes. En l’absence d’une assignation à comparaître, d’une conformité volontaire de la part de votre fournisseur d’accès à internet ou d’enregistrements supplémentaires provenant d’une tierce partie, les informations stockées ou extraites à cette seule fin ne peuvent généralement pas être utilisées pour vous identifier.
Marketing
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire pour créer des profils d’utilisateurs afin d’envoyer des publicités, ou pour suivre l’utilisateur sur un site web ou sur plusieurs sites web ayant des finalités marketing similaires.