Billet invité.
Ce que nous vivons n’est pas une crise des institutions, c’est une crise des rapports de forces, ce n’est pas une crise politique, c’est une crise de l’absence de politique, ce n’est pas une crise de la démocratie, c’est une crise de la fabrication du consentement.
Les rapports de forces ont atteint un tel degré d’intensité entre le monde de l’argent et les élus qu’ils ont fini par submerger la pensée politique. La dépendance du monde politique au monde économique est totale. Depuis le début de la crise dans les années 70, les partis répètent inlassablement le même refrain sur le retour de la croissance et la bonne santé de l’économie qui serait la seule solution à nos problèmes. Une fois au pouvoir, leur destin politique dépend donc de résultats dont ils n’ont pas la maîtrise, ils sont sujets aux pressions diverses et variées des lobbys patronaux ou celles exercées par les relations de proximité qu’ils entretiennent avec les dirigeants d’entreprises. Le monde économique dicte une large part des programmes politiques. L’exercice de la conquête du pouvoir nécessite des moyens financiers, une visibilité médiatique, des cercles d’influence. Compte tenu de cette nécessité, les partis de pouvoir vont au plus simple, ils demandent encore au monde de l’argent de l’aider dans cette entreprise de conquête. A force de glorifier l’économie et le monde de l’entreprise, de le côtoyer sans arrêt, la proximité devient telle que ce n’est plus seulement de la connivence, c’est du mimétisme. Le parti est une organisation comme une autre, une hiérarchie où les prédateurs ne pensent qu’à conquérir les sommets, où le seul enjeu est de maximiser les bénéfices qu’ils peuvent tirer de cette épuisante conquête.
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