France :
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Mon billet du 18 décembre 2008 :
Une petite histoire, qui m’a été racontée par Jean Pouillon.
Sartre est assis aux Deux Magots ou au Flore et il dit à ces jeunes gens qui viennent de fonder avec lui Les Temps Modernes : « J’aimerais bien écrire des chansons : ce sont des choses que les gens retiennent. Mais qui les chanterait ? » Quelqu’un dit : « Je sais qui ! »
Quelques jours plus tard, la jeune femme à qui il pensait est présentée à Sartre : toute en noir, avec une chienne et de longs cheveux noirs raides, toute « gothique » comme on dirait aujourd’hui. Il lui pose poliment quelques questions. Puis, à tout hasard : « Vous chantez ? », à quoi elle répond « Non ! ». Sur quoi Jean-Sol Partre se tourne interloqué vers le « contact » qui ne se démonte pas pour autant, il hoche la tête pour bien lui signifier : « Non, non, ne vous inquiétez pas ! » Et il avait raison, puisqu’il s’agissait de Juliette Gréco.
Je l’ai vue et entendue à l’Ancienne Belgique, vers 1952-54. J’ai expliqué ma terreur à l’écoute d’Edith Piaf chantant « Bravo pour le clown ! » et ce dont je me souviens pour Juliette Gréco, ce sont deux choses : d’abord ce toute en noir que je trouvais très chic, et puis, une chanson qui commençait par « Une fourmi de dix-huit mètres, Avec un chapeau sur la tête… » (Robert Desnos). Elle ajoutait bien : « Ça n’existe pas ! » mais je ne suis toujours pas entièrement rassuré.
Au passage, dans l’entretien qui suit, la rencontre de Gréco avec Sartre, dont Jean Pouillon m’avait confié la version que l’on trouve ici (pages 62 et 63 dans Comprendre les temps qui sont les nôtres).