Les élections municipales portugaises du week-end dernier sont passées largement inaperçues dans l’actualité européenne, et ce n’est pas leur faire justice. Car, avec la victoire enregistrée par les socialistes au pouvoir – minoritaires au gouvernement mais soutenus par le Bloc de gauche et le Parti communiste au Parlement – le pays poursuit une trajectoire qui tranche à tous égards en Europe, de même qu’au sein de la social-démocratie européenne.
Le feu continue à faire rage au Portugal et 61 victimes ont déjà été dénombrées, dont certaines brûlées vives dans leur voiture en cherchant à échapper aux flammes, d’autres succombant à l’inhalation de la fumée. Le pays est sous le choc, les autorités sont mobilisées et la question ne va pas manquer de se poser : les conditions météorologiques particulièrement défavorables – vents violents, hautes températures et absence d’humidité – sont-elles seules en cause ?
Tandis que le gouvernement grec continue de piétiner devant le refus intransigeant allemand de consentir un quelconque assouplissement de sa dette avant la tenue des élections de l’automne prochain, le gouvernement portugais, qui pourrait prétendre au rang de meilleur élève de la classe, pointe le bout du nez sur le même sujet.
En Espagne, la crise politique prend une forme singulière. Au lendemain des élections, il n’était pas accordé au gouvernement minoritaire de Mariano Rajoy une longue espérance de vie, mais une collaboration dictée par l’intérêt s’est depuis installée entre le parti populaire et le PSOE.
Les échéances électorales allemande et française de l’année prochaine arrivent à point nommé. Les sortants n’auront plus la responsabilité d’une situation de moins en moins tenable – ne pouvant ni appliquer, ni amender une politique qui ne fonctionne pas et suscite le rejet – et les arrivants pourront se prévaloir de la nouveauté. Ce qui ne leur donnera pas pour autant de marges de manœuvre. Mais d’ici là, il va falloir tenir.
Le bon docteur Wolfgang Schäuble ayant payé de sa personne, la Commission a finalement décidé de ne pas recommander de sanctions pour déficit excessif à l’encontre de l’Espagne et du Portugal. Seul un quarteron de prêtres de la religion féroce – alliés de toujours du gouvernement allemand – a résisté avant de finalement se ranger derrière une unité de façade.
Ce ne sont pas les nouvelles prévisions de croissance en baisse pour l’Europe du FMI qui sont les plus importantes, car elles procèdent de la routine et en annoncent probablement d’autres, mais le constat qui en ressort : la relance a atteint son pic. Les considérants dont elles sont entourées dans un dernier document sont par contre bien plus instructifs. Pour aller à la conclusion, le FMI observe que la zone euro n’a pas la capacité d’absorber un nouveau choc (son étude a été rédigée avant le Brexit), et que ceux qui s’annoncent seront d’ordre politique.
La question est dans toutes les têtes : quel est le prochain domino qui va tomber ? Certains verraient bien à l’origine d’une réaction en chaîne dans ce rôle, le spectaculaire éclatement de la bulle immobilière britannique qui a commencé de manière impétueuse. D’autres manifestent leur préférence pour l’effondrement du système bancaire italien au caractère systémique prononcé. Les deux, peut-on remarquer, ne sont ni certains, ni incompatibles. Quoi qu’il en soit, ce doute est significatif : les épisodes de la crise se succèdent, toujours aussi peu prévisibles. D’une manière générale, on s’attend au pire et les Cassandre ne font plus recette, n’ayant plus rien à annoncer qui ne soit déjà redouté.
Pendant les travaux, les querelles continuent. Afin d’absorber le choc du Brexit, quoi de mieux que de renouer avec une histoire interrompue et de se pencher à nouveau sur les cas de l’Espagne et le Portugal ? L’Italie devant attendre son tour. Toujours à l’aise dans son rôle, Wolfgang Schäuble en a donné le signal.
Que faire quand on ne peut plus ni avancer ni reculer ? Tel est le dilemme qui paralyse une Commission sérieusement divisée, que naturellement elle résout en ne faisant rien ! Ce qui l’a conduite hier à repousser toute décision sur les situations budgétaires et fiscales espagnole et portugaise chancelantes, en attendant d’autres actes de bravoure. Comme l’a fait valoir le commissaire Pierre Moscovici, « ce n’est pas le moment adéquat, économiquement et politiquement ». Le sera-ce jamais ?
C’est le printemps, les projets de plans de sauvetage des banques fleurissent ! Le gouvernement italien tient enfin un projet complexe à plusieurs étages, dénommé Atlante, qui est destiné à assainir son système bancaire, l’étape préalable à toute reconfiguration. Reste à obtenir l’accord de la Commission, étant donné que les finances publiques sont mises à contribution dans un montage qui prévoit la titrisation des prêts non performants (NPL) que personne ne veut acheter, bien qu’ils aient été dépréciés d’environ 45% par les banques qui les détiennent.
La conjonction des crises va-t-elle profiter un peu à la Grèce ? Cela se joue en ce moment, à lire la presse du pays. Il ne pourrait être en même temps exigé d’elle qu’elle remplisse les conditions draconiennes de son nouveau sauvetage et qu’elle accueille sur son sol des dizaines de milliers de réfugiés, dans l’attente de les bloquer si possible en Turquie.
Pas à pas, la déconstruction de l’Europe s’engage dans un processus qui ne semble pas pouvoir être freiné, cristallisée dans l’immédiat par la mort clinique de Schengen et la menace que représente le referendum britannique, tandis que la crise politique s’approfondit ou apparait dans de nouveaux pays. Immanquablement, tout se combine et accroît la confusion.
David Cameron proche d’obtenir l’essentiel de ce qu’il voulait auprès d’autorités européennes qui reculent devant le risque d’une sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne (*), Matteo Renzi peut-il en espérer autant ne disposant pas du même levier ? Le premier engage un dernier tour de piste afin de rencontrer Jean-Claude Juncker et Donald Tusk, le président du Conseil européen, le second se rend à Berlin pour discuter avec la chancelière, en précisant qu’il n’a pas son chapeau à la main.
Au Portugal, où le régime est semi-présidentiel et le premier ministre gouverne, on attendait le sacre aux élections présidentielles d’un chroniqueur politique de télévision membre du parti de droite, le PSD, et Marcelo Rebelo de Sousa n’a pas déçu, élu dès le premier tour.
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