Billet invité.
DUBAI, PIQÛRE DE RAPPEL
Dans l’attente de l’ouverture demain lundi de Wall Street, l’incertitude demeure en raison du défaut de Dubai, tant que le sinistre n’est pas clairement circonscrit et que la liste de ses victimes et de leurs pertes n’est pas clairement établie. Mais il est d’ores et déjà frappant de constater l’ampleur de l’inquiétude qu’il a suscité, et d’anticiper sur ses conséquences plus globales.
En premier lieu pour les pays très endettés, montrés du doigt comme autant de foyers potentiels de nouvelles crises de la dette souveraine. Leur accès aux marchés financiers risquant fort de devenir plus difficile et onéreux dans la période à venir, ne faisant qu’accentuer en retour le risque qu’ils représentent pour la communauté financière. Non seulement l’instabilité demeure, mais elle pourrait ainsi s’accroitre.
En second, à propos du phénomène de désendettement des établissements financiers, car celui-ci pourrait se ralentir si le repli déjà enregistré vers le dollar et les obligations d’Etat – valeurs refuge – se confirmait, les bourses venant de témoigner de leur très forte sensibilité aux chocs et accidents de parcours, alors que de nouveaux défauts sont redoutés dans le secteur de la dette souveraine. Dans ces conditions, les mirifiques affaires de la crise devenant plus problématiques, le désendettement serait encore plus long à s’opérer qu’espéré, et la crise économique à se résorber. Le danger étant que les autres formes de spéculation, plus hasardeuses et imprévisibles, reprennent de plus belle, à la recherche d’un effet de levier perdu. Cela n’irait pas non plus dans le sens de la sortie de la crise.
En troisième, à propos du renforcement des fonds propres des banques. Il apparaît en effet qu’au fur et à mesure que l’on avance, la nécessité de nouvelles dépréciations s’impose aux banques, impliquant un coussin protecteur de plus en plus volumineux, rendant sa constitution de plus en plus lourde. Sauf à recourir au génie financier, dont on connaît désormais la fiabilité, ce qui est en cours.
Accessoirement, trois remarques s’imposent également, qui peuvent à nouveau faire réfléchir certains à propos des mesures de régulation financière futures. L’une, est qu’il semble être tout juste découvert que le système financier de la région n’est pas ce que l’on peut véritablement appeler transparent (comme si cela lui était propre, d’ailleurs!), une préoccupation totalement absente lorsque tout allait bien, bien entendu. La suivante, que les banques sont à nouveau à la recherche, dans l’urgence, de la réalité de leur exposition, qu’elles ne maîtrisent toujours pas. La dernière, que la fragilité de l’édifice financier de Dubai n’avait d’égal que la hauteur des tours qui y étaient construites, et que les banques semblent le découvrir le nez sur l’évènement. A moins, pour expliquer leur attitude, que l’exception soit en réalité la règle, auquel cas on comprendrait mieux leur attitude.