Billet invité.
S’il reste interdit de faire la différence entre la réalité du discours et le discours sur la réalité, alors c’est sûr, le rêve de l’Europe est mort aux dernières élections. La diversité des idées représentées dans le nouveau parlement ne paraît plus compatible avec une ligne politique européenne claire dans le chaos économique et financier actuel. L’avenir de l’Union Européenne et de la zone euro dépend désormais d’un choix d’interprétation : s’il n’existe pas d’intérêt général européen qui puisse être commun à tous les intérêts rassemblés dans l’Union, alors les rapports de force particuliers achèveront l’anéantissement du vivre ensemble européen.
Les europhobes et eurosceptiques arrivent en tête des élections dans beaucoup de pays. Ces députés étiquetés anti-européens et nationaux populistes, ne pourront pas peser au Parlement Européen s’ils cherchent à imposer des intérêts nationaux particuliers. Les « pro-européens » gardent la majorité ; mais comme ils sont maintenant contrariés par une forte minorité d’intérêts nationaux lésés, le Parlement Européen ne pourra de fait plus rien dire, ni plus rien faire, s’il ne fait pas émerger un intérêt spécifiquement européen à faire coexister la diversité des natures d’intérêt. Sans un vrai cadre politique, le marché unique disparaitra.