Billet invité.
Rien n’est si dangereux qu’un ignorant ami ;
Mieux vaudrait un sage ennemi.Lafontaine
Dans une salle de l’Opéra Comédie montpelliérain, surchauffée par un été qui n’a pas dit son dernier mot, aux hauts plafonds dus à Ernest Michel, Grand Prix de Rome 1860, un parterre de femmes chefs d’entreprises attendait patiemment que la superstar Henri Guaino arrive pour enfin l’acclamer ; Paul Jorion était lui arrivé dans les temps.
Quand « L’homme du jour » arriva enfin et que, passées les présentations d’usage, on se déplaça vers le pré pour le choix des armes, celles-ci s’avérèrent être non pas « Imaginons notre futur, économie ou économies », mais bien « La crise : pourquoi ? comment ? mais où est donc Ornicar ? », spectre que l’animateur avait pourtant pris un soin infini de circonscrire préalablement pour en extirper le kyste. Le public fit alors silence pour assister à la joute dont on avait pris soin sur la plaquette d’annoncer la forme à venir : un envoi, auquel il serait répondu.
Durant les deux heures et plus qui suivirent, les duellistes firent bien assaut mais avant tout de politesse et si les échanges assurèrent la durée, ce fut la plupart du temps pour souligner combien la parole de l’Autre fondait la sienne, à tel point que si Paul Jorion put se passer de donner la première partie de son analyse de la crise, c’est parce que – comme il le souligna – Henri Guaino avait déjà dit sur le sujet tout ce qu’il importait de dire.