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Archives par mot-clé : marchandisation
L’ultralibéralisme précipite l’avènement d’un monde fait seulement de robots
Dans La Gouvernance par les nombres. Cours au Collège de France (2012-2014) (Fayard 2015), Alain Supiot écrit ceci :
« Depuis les débuts des Temps modernes, le vieil idéal grec d’une cité régie par les lois et non par les hommes a pris une forme nouvelle : celui d’un gouvernement conçu sur le modèle de la machine. Ce mouvement avait été engagé par la planification soviétique qui, la première, a réduit la loi à une fonction instrumentale de mise en œuvre d’un calcul d’utilité. Il s’approfondit avec l’imaginaire cybernétique, qui impose une vision réticulaire du monde naturel et humain et tend à effacer la différence entre l’homme, l’animal et la machine, saisis comme autant de systèmes homéostatiques communiquant les uns avec les autres. À ce nouvel imaginaire correspond le passage du libéralisme économique – qui plaçait le calcul économique sous l’égide de la loi – à l’ultralibéralisme, qui place la loi sous l’égide du calcul économique. Étendu à toutes les activités humaines, le paradigme du Marché occupe désormais la place de Norme fondamentale à l’échelle du globe » (pp. 408-409).
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VentsContraires.net, Paul Jorion : Le veau d’or a vaincu Aristote
Sur le site VentsContraires.net, c’est ici.
Gary Becker a obtenu le Prix de la Banque de Suède à la mémoire d’Alfred Nobel en 1992 et non en 1986 comme je le dis dans la vidéo.
LE GRAND RÉINVENTAIRE, “PÊCHE”, “MARCHANDISATION”
CHANGEMENT DE PARADIGME : NOUS SOMMES TOUS DES LEONARDO DI CAPRIO, par El JEm
Billet invité. Attention, les lecteurs qui n’auraient pas vu le film “Shutter island” et projettent de le faire sont invités à sauter le premier paragraphe qui dévoile une partie essentielle de l’intrigue.
Dans le film « Shutter island », tourné par Martin Scorsese et sorti en 2010, Leonardo DiCaprio incarne un inspecteur de police enquêtant sur la disparition d’un patient d’un hôpital psychiatrique. Au cours de son enquête, il est confronté à différents éléments qui rendent cette disparition étrange et laissent penser au spectateur que l’inspecteur a lui-même quelques problèmes psychologiques. Finalement, confronté directement à des faits de plus en plus en contradictions avec sa conception de la situation, sa vérité s’effondre et il est forcé, au prix d’une intense souffrance, de reconnaître qu’il n’est pas inspecteur mais le fameux patient recherché. Nous pourrions bien être tous, à des degrés divers, des Leonardo DiCaprio, observant le monde au travers d’une paire de lunettes déformantes et nous efforçant de les conserver coûte que coûte sur le nez, pour ne pas avoir à nous remettre en cause.
En science, ces lunettes sont les lois censées décrire le monde et ses principes de fonctionnement. Celles-ci sont tenues pour vraies jusqu’à ce qu’elles soient démenties par la réalité : confrontés à des faits ne s’accordant pas aux résultats attendus, les scientifiques, au prix d’intenses souffrances, sont obligés de les abandonner et de les remplacer par d’autres jugées plus efficaces, c’est à dire plus en accord avec l’ensemble des fait connus.
Ces lois servent aussi à prévoir, à construire. Certaines lois physiques (ex. : calcul des forces et des équilibres, résistance des matériaux, diffusion de la chaleur, etc.) sont par exemple utilisées par les architectes pour calculer les paramètres nécessaires à la construction d’un édifice. Si les lois utilisées s’avèrent in fine être erronées, le résultat obtenu ne correspondra pas au résultat attendu. Le bâtiment présentera des faiblesses qui, selon leur importance, conduiront à son effondrement, par vieillissement prématuré ou suite à un accident auquel il n’aura pu résister, contrairement à ce que les calculs avaient prévu.