Réponse au billet de Roberto Boulant : Une solution politique ? Quelle rafraîchissante naïveté !
Les désordres du monde peuvent inciter aux amalgames, entre la violence physique exercée par les uns et une pression que nous subissons au quotidien, ressentie par nombre d’entre nous comme étant de moins en moins supportable. C’est oublier une ligne de fracture fondamentale, celle qui sépare les pays où les relations entre individus ainsi que l’exercice effectif du pouvoir se fondent sur les rapports de forces, et ceux où l’emploi effectif de la violence impose à tous la loi du plus fort.
Un petit rappel s’impose : un rapport de forces décrit un état possible de la relation entre deux parties, il résulte de la volonté d’un des protagonistes d’imposer son point de vue afin d’obtenir un bénéfice matériel ou moral. Pour qu’un rapport de forces existe, il faut qu’une hiérarchie (formelle ou informelle) s’institue et qu’elle soit intégrée par les parties. Cette hiérarchie s’établit sans recourir à la violence, sinon de manière exceptionnelle et dans un cadre « légitime » au sens premier du terme, c’est-à-dire qu’il est rendu explicitement possible par les textes de loi ou un contrat. L’un des protagonistes va obtenir l’avantage recherché, totalement ou partiellement, soit en se passant de l’accord d’autrui, l’absence de réaction équivaut alors à un consentement tacite, ou en obtenant l’aval plus ou moins contraint des autres parties dans le cadre d’une relation contractuelle. Quand le recours à la force devient systématique et se substitue à la potentialité de son usage, le rapport de forces disparaît, la violence remplace un état de la relation devenu inutile. Tout est alors possible, la victoire de David, bien que hautement improbable, ne peut être totalement exclue. Le vainqueur pourra imposer ses conditions, y compris au-delà de ses exigences initiales, avec pour seule limite celles qu’il se fixe.
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