Noël n’est évidemment pas une fête chinoise, même si l’on n’avait pas manqué de remarquer en Chine, depuis l’invention des premiers gnomons (deuxième millénaire av. notre ère) que les jours les plus courts de l’année se situaient à cette période précise et qu’il y avait là un moment-clef dans le mouvement permanent d’alternance du Yin et du Yang, donc de la marche sans début ni fin mais cadencée du Tao. Cette charnière dont les Romains faisaient la fête de “Sol invictus”, appelant par le tapage de leurs Saturnales le soleil à reprendre sa course à la reconquête de la lumière du jour, les Chinois n’en ont pas ignoré l’existence, mais en ont en quelque sorte différé et “reporté” la célébration. Elaborant leur calendrier essentiellement à partir des cycles de la lune, ils ont “snobé” le solstice solaire pour une autre date, lunaire celle-là. C’est leur “Nouvel An”, aussi (et plus traditionnellement) appelé “Fête du Printemps“. Sa date, inévitablement mobile, correspond au début de la deuxième nouvelle lune à compter du solstice d’hiver : elle se déplace donc sur la durée d’une lunaison entre mi-janvier et mi-février. Beaucoup plus en phase avec un calendrier paysan que notre Noël, ce marqueur fondateur de l’année se célèbre donc en accompagnant le vrai retour visible de la lumière du jour. C’est le “réveil du Yang“, le moment où l’on doit encourager par les rites adéquats et la liesse générale, sa puissante force toute jeune, vigoureuse et encore cachée à faire germer la graine et à enclencher le processus souterrain de la pousse. Le “Nouvel An” en 2021 sera un des plus tardifs qui puissent être puisque le Buffle n’entrera en scène que le 12 février.
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