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Covid-19 – L’être humain et la limite (la mort), par Cédric Chevalier
Les autorités belges font un état des lieux de la situation épidémique sur leur territoire.
Je ne peux m’empêcher de penser que notre imaginaire actuel a mis progressivement et complètement sous le tapis la notion de fatalité, de destin fatal qui frappe au hasard, le sentiment de finitude, de la mort. On se refuse à concevoir que parfois (en fait toujours), rien ne se termine bien, que tout empire et que la souffrance individuelle et collective peut augmenter inexorablement à certaines époques, et que c’est la mort qui est bout du chemin pour beaucoup d’entre nous (pour tous en fait … Lire la suite…
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Saint-Etienne, Conférence de l’hôtel de ville : « Se débarrasser du capitalisme est une question de survie » (VII) Concurrence vs. entraide
Je publie en feuilleton la retranscription (merci à Éric Muller !) de ma très longue conférence le 29 novembre 2018. Ouvert aux commentaires.
Question de la salle : L’Union européenne s’est construite autour du dogme de la concurrence libre et non faussée. Est-ce vraiment une vérité incontournable, ou est-ce qu’on peut remplacer « concurrence » par « coopération » ?
PJ : Oui, c’est tout à fait ça. En fait, on nous vend ça essentiellement depuis les années soixante-dix. C’est Mme Thatcher en Grande-Bretagne, c’est M. Reagan aux États-Unis qui ont été les grands chantres de l’ultralibéralisme tel … Lire la suite…
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Échange de réciprocité et échange réciproque, par Dominique Temple
Billet invité.
Si je perçois le besoin d’autrui, et prends l’initiative de le satisfaire, et que l’autre en fasse autant, on peut dire qu’il y a réciprocité. La raison en est donnée a posteriori par le fait que la réciprocité crée une valeur nouvelle. Le produit de l’action réalisée l’un pour l’autre dans cette structure de face à face, est une valeur commune, la philia.… Lire la suite…
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De l’anthropologie à la guerre civile numérique (X), Intérêt égoïste contre bonne volonté, entretien réalisé le 21 mars 2016
Jacques Athanase GILBERT
Alors qu’Adam Smith conçoit l’homéostasie en référence au seul intérêt individuel, votre analyse la réintègre pleinement au champ social.… Lire la suite…
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La réciprocité généralisée fonde la cité sur une base démocratique, par Dominique Temple
Billet invité. À propos de Déconstruction aristotélicienne de la malhonnêteté financière par la reconstitution de la démocratie, par Pierre Sarton du Jonchay.
Pierre Sarton du Jonchay propose une démocratisation de la gestion du crédit fondée sur la philia :
« La théorie aristotélicienne du prix suppose la démocratie formée sur la philia. la démocratie, c’est l’égalité des droits à participer par son statut économique et politique réel à la diagonalisation des prix de tout ce qui peut légalement avoir une valeur marchande ».
Il ajoute :
« Mais la démocratie est également la liberté de négocier les lois et … Lire la suite…
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Déconstruction aristotélicienne de la malhonnêteté financière par la reconstitution de la démocratie, par Pierre Sarton du Jonchay
Billet invité.
Dans sa théorie fondatrice de l’économie véritable, de la science économique, du calcul des prix et de la monnaie, Aristote pose une éthique de l’acteur économique en le définissant comme citoyen de la démocratie. L’échange n’a de matérialité qu’à l’intérieur d’une société politique constituée, où les acteurs puissent se reconnaître comme parties intéressées à des choses communes qui puissent circuler au fil du temps. L’intérêt du citoyen est de reconnaître ses alter-ego dans la cité afin d’échanger avec eux ce qu’il ne peut pas produire tout seul.
La monnaie est selon Aristote comme pour nous encore, ce qui … Lire la suite…
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LE SEUIL, par Dominique Temple
Billet invité.
Un ou deux principes de l’économie ? S’il y en a deux, l’un est masqué par l’autre à moins qu’il ne soit disqualifié ! La société capitaliste en effet ne reconnaît que le principe de l’échange, et lorsque le second est évoqué, la réciprocité, notamment par l’anthropologie, il est aussitôt interprété comme une forme archaïque de l’échange.
Le défi est pourtant de taille : s’il n’existe qu’un principe, il n’y a pas d’autre avenir que d’en explorer toutes les possibilités, et de parer à celles qui mettent en danger l’avenir de la planète en se référant … Lire la suite…
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PHILIA M’A TUÉ, par Zébu
Billet invité
« Qu’est-ce que la Philia ? Rien d’autre que la bonne volonté dont chacun fait preuve pour que “ça marche” dans le monde où nous sommes plongés. (…) Ces gestes collaboratifs, d’entraide, ces efforts que nous consentons et qui assurent la persistance de la vie en société bien mieux qu’une main invisible qui serait présente en dépit des comportements égoïstes des uns et des autres. (Misère de la pensée économique, pp. 282 et 285) ».
Un Belge donne cette définition de ce qu’il a pu vivre un soir à La Louvière, perdu en pleine Wallonie, à la recherche … Lire la suite…
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PROJET D’ARTICLE POUR « L’ENCYCLOPÉDIE AU XXIème SIÈCLE » – PHILIA (aristotélicienne), par Bertrand Rouziès-Léonardi
Billet invité.
PHILIA (aristotélicienne) – Amour de soi pour autrui fondé sur la réciprocité et attesté par des actes. Ce sentiment n’est pas traduisible directement par « amitié ».
Ce que nous nommons par commodité le « Traité de l’amitié » occupe les livres VIII et IX de l’Éthique à Nicomaque, dont il constitue le bloc le plus développé[1]. C’est le premier grand texte de la littérature occidentale qui aborde le sujet en profondeur, quoique sous un angle presque exclusivement anthropologique. L’idée que nous nous faisons de l’amitié et de son rôle social est encore tributaire, pour une part,
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« ILS ONT CARICATURÉ NOS DISCOURS RADICAUX », par Pierre-Yves Dambrine
Billet invité, en réponse au billet d’Un Belge
Pour une fois je ne suis pas tout à fait d’accord avec Un Belge. De même pour ce qui concerne le fait que « chacun vaquait tranquillement à ses occupations » pour Paul Jorion, parce que l’on pense qu’il y a toujours quelqu’un quelque part pour résoudre le problème, il y a sans doute encore une autre explication possible. J’inverserais les termes de la proposition d’Un Belge. Je pense que beaucoup de choses nous touchent et que nous ne nous sentons pas (assez) concernés précisément à cause de cette complexité du monde … Lire la suite…
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LE RÔLE DE LA VERTU DANS LE CHANGEMENT, par Pierre-Yves Dambrine
Billet invité, en réaction au billet d’Un Belge
Il me semble qu’il n’est pas inutile ici d’introduire une notion très ancienne, et quelque peu galvaudée, celle de l’exemplarité. Aristote évoquait la vertu sans laquelle aucune politique digne de ce nom n’aboutit. Il notait d’ailleurs à propos de la philia que la personne dont le statut social est élevé pouvait avoir pour ami un homme de condition inférieure, mais à la condition que le premier ait une vertu supérieure au second. On reconnaît là bien sûr le principe de proportionnalité présent dans toute l’oeuvre du stagyrite (Ethique à Nicomaque, VIII,15). Il … Lire la suite…
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TOUS ÉPICIERS ?, par Jean-Luce Morlie
Billet invité.
A partir de 1995, l’Argentine a vu se développer une économie de troc médiatisée par une monnaie, le credito. 7% de la population active semble y avoir été impliquée 2.500.000 ACTFS, 6.000.000 de bénéficiaires. Il semble que c’est parce que la philia aristotélicienne : la bonne volonté individuelle en faveur de la bonne marche des choses et la solidarité ne se sont pas manifestées que ce réseau s’est effondré.
Cela demande réflexion… Flaubert aurait dit : « il y a trois sortes d’hommes, premièrement les épiciers, deuxièmement les épiciers, et troisièmement les épiciers ». Faut-il dire que … Lire la suite…
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WOODSTOCK ET LE MONDE OÙ NOUS VIVONS AUJOURD’HUI, par Asami Sato
Billet invité.
C’était il y a quarante-trois ans, le 15 août 1969 à Bethel, dans l’État de New York, aux États-Unis : un festival musical se déroula pendant trois jours sur les terres d’une ferme laitière appartenant à Max Yasgur.Au tout début du projet, les organisateurs envisageaient d’accueillir dix à vingt mille spectateurs. Il en vint un demi-million.
Woodstock est passé à la légende : le plus grand moment certainement de la musique folk-rock, mais aussi un rassemblement symbolique de la culture hippie des années 1960. Il y eut surtout, dans notre monde réel à nous, trois jours de … Lire la suite…
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ÉLOGE DE LA GUINGUETTE : RÉPONSE À CRAPAUD ROUGE, par Jean-Luce Morlie
Billet invité. Réponse à Le prix de la liberté économique.
Bonjour. La socialisation des salaires me paraît, en effet, une voie de sortie hors des pièges du capitalisme, c’est-à-dire essentiellement l’horreur de l’acceptation d’une soumission par le travail pour l’obtention d’un revenu et d’autre part, l’aspiration de l’argent dans une boucle d’accumulation autant absurde que mortifère.
Comme évoqué par votre péroraison, « Prédateurs et accapareurs, ce sont les héritiers en ligne directe du mâle dominant qui propage ses gènes. », l’argent est en effet le pouvoir de prendre plaisir à faire faire quelque chose à quelqu’un d’autre (cf. … Lire la suite…