Bonjour, nous sommes le vendredi 1er juin et je vais faire très vite parce que je sais que ma vidéo va télécharger très lentement dans cette chambre d’hôtel mais il faut que je vous parle quand même de la formation d’un gouvernement en Italie.
Je suppose que Monsieur Mattarella, le président de la République italienne n’a pas regardé mes petites vidéos. Je suppose aussi qu’il n’a pas entendu le dialogue que j’ai eu avec André Sapir, économiste belge que j’ai eu l’occasion de connaître à l’occasion de quand nous faisions partie tous les deux du Haut comité pour l’avenir du secteur financier en Belgique mais tout se passe comme si Monsieur Mattarella avait entendu ce que j’ai dit il y a quelques jours : qu’il avait fait un très très très mauvais calcul en refusant le gouvernement d’union de Cinque Stelle et de la Lega en Italie et en particulier de s’être braqué sur cette question de savoir si Monsieur Paolo Savona serait ministre ou non dans ce gouvernement.
M. Sergio Mattarella, président de la République italienne m’a écouté ! (Enfin, il a écouté les gens qui disaient comme moi que son rejet, le weekend dernier, du gouvernement présenté par M. Giuseppe Conte était une erreur stratégique monumentale).
Précautionneusement, une page continue d’être tournée. Lisbonne devrait accueillir à une date non déterminée le deuxième sommet de l’Europe du sud, pour faire suite à celui qui s’est déroulé à Athènes le 9 septembre dernier dans l’intention d’enclencher un processus d’assouplissement du Pacte dit faussement de stabilité.
Schengen en péril, la construction européenne continue à se démantibuler. La BCE ne sera pas cette fois-ci le sauveur, comme elle l’a été pour l’euro, et les autorités européennes sont à nouveau placées devant leur irresponsabilité collective. Elles se révèlent incapable d’accueillir la vague de réfugiés et tentent piteusement de négocier avec le régime autocratique turc son endiguement avant qu’elle n’atteigne l’espace Schengen. Car, une fois celui-ci atteint, la tentative en cours de maitriser le flux en triant les « bons » et les « mauvais » réfugiés va vite se révéler insuffisante, renforçant la dynamique de fermeture des frontières et signant l’arrêt de mort de Schengen.
« L’Égée est remplie de cadavres de migrants – Européens, assassins des peuples ». Alexis Tsipras et Martin Schulz, président du Parlement européen, ont été ce matin accueillis à Lesbos par cette banderole tendue sur la façade de la mairie, qui a été investie par des réfugiés. Dans le camp de Moria où ils sont enregistrés, des réfugiés avaient pour les accueillir endossé des gilets de sauvetage, devenus le symbole de leur traversée de la mer Egée, et brandissaient des pancartes : « ouvrez les barrières ! plus d’autres noyades ! ». Deux nouvelles noyades d’enfants au large de l’île de Kos avaient été déplorées au matin.
L’exode sur la Route des Balkans est un véritable calvaire qu’Alexis Tsipras a aujourd’hui qualifié de « honte pour l’Europe » devant le Parlement grec. Les gouvernements prétendent réserver un traitement « digne » aux réfugiés exténués pour dans la pratique les traiter comme un véritable troupeau. Et la cadence des naufrages en Mer Égée ne cesse d’augmenter.
La mise en œuvre du 3ème plan destiné à rouler la dette grecque est engagée sous des auspices incertaines. L’éclatement de Syriza domine la scène politique grecque, créant une forte inconnue lors des élections législatives qui devraient se tenir le 20 septembre prochain, ainsi qu’une instabilité gouvernementale potentielle pouvant contribuer à faire obstacle à sa réalisation.
Quel que soit le résultat de l’affrontement qui se poursuit, la Grèce ne s’est pas pliéE au jeu et n’a pas fait la démonstration qui était recherchée : son sort est en jeu, mais la politique européenne est remise en cause comme elle ne l’a jamais été. C’est tout du moins ce que les Italiens, Européens de la première heure, expriment clairement via leur gouvernement, disant tout haut ce que François Hollande préfère taire. Pier Carlo Padoan, le ministre des finances, a affirmé ce matin que la Grèce doit être aidée pour rester dans la zone euro mais aussi pour retrouver la croissance, succédant à Matteo Renzi qui avait auparavant élargi le débat.
Attention ! il s’agit de mon billet du 2 février 2015, il y a six mois. Si j’en fais une « piqûre de rappel », c’est juste par esprit facétieux !
Si vous imaginez que la carte secrète d’Alexis Tsipras, c’est la Russie, parce que vous auriez pris à la lettre le fait que Panos Kammenos, nouveau ministre de la Défense en Grèce, président de ANEL, les « Grecs indépendants », partenaire de Syriza dans l’alliance gouvernementale, est un grand ami de la Russie, détrompez-vous.
Les détails sont souvent instructifs. Le Monde daté du 5/6 juillet 2015 avait publié un cahier spécial Grèce. Il y avait, sur deux pages, deux scenarii présentés pour lundi matin : un sur la victoire du OUI et l’autre sur celle du NON. Je n’avais pas voulu lire ces anticipations avant le résultat final. Il était aisé de toute façon d’en deviner la ligne générale néolibérale qui est systématiquement suivie par ce journal possédé par trois actionnaires privés et dont les principaux éditorialistes économiques n’ont plus ni objectivité ni retenue. Dans ce quotidien anti-Syriza et anti-Tsipras, il y a encore malgré tout quelques articles plus sérieux, comme pour garder un souvenir de ce qu’était le journal de référence – par exemple, la retranscription de la remarquable interview de Thomas Piketty. Ce matin, j’ai donc lu ce cahier.
Comparaison n’est pas raison, mais la position du gouvernement grec, totalement isolé, fait songer furieusement à celle de l’Angleterre restée seule face à l’hydre nazie après l’effondrement français de juin 40.
Face à la politique du néant jouée par l’Eurogroupe sur la scène médiatique, Alexis Tsipras prend la seule décision qu’un responsable politique empêché d’agir puisse prendre : demander à ses mandants d’expliciter les conditions d’exercice de son mandat. En l’espèce, les Grecs doivent dire s’ils acceptent de s’euthanasier en tant que peuple, nation, État souverain, pour rembourser les dettes contractées en euro ou s’ils vont chercher par eux-mêmes en nation responsable, le moyen de demeurer vivant comme société civile sans renier leurs obligations vis-à-vis d’eux-mêmes et vis-à-vis de leurs concitoyens européens.
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