Piqûre de rappel : La carte secrète d’Alexis Tsipras, le 2 février 2015

Attention ! il s’agit de mon billet du 2 février 2015, il y a six mois. Si j’en fais une « piqûre de rappel », c’est juste par esprit facétieux !

Si vous imaginez que la carte secrète d’Alexis Tsipras, c’est la Russie, parce que vous auriez pris à la lettre le fait que Panos Kammenos, nouveau ministre de la Défense en Grèce, président de ANEL, les « Grecs indépendants », partenaire de Syriza dans l’alliance gouvernementale, est un grand ami de la Russie, détrompez-vous.

La carte secrète de la Grèce, elle se trouve ailleurs. Tendez l’oreille, et prenez au sérieux la leçon d’économie de M. Obama hier dimanche : « on ne peut pas pressurer continuellement un pays en dépression : il vient un moment où doit intervenir une stratégie de croissance pour qu’il soit à même de rembourser ses dettes de façon à éliminer une part de son déficit ».

Pourquoi ce ton encourageant de M. Obama envers la Grèce ? Parce qu’il doit y avoir quelqu’un dans son entourage à avoir lu le livre de Yanis Varoufakis, nouveau ministre grec des Finances, ouvrage intitulé « Le Minotaure planétaire » (2011).

Ne vous laissez pas impressionner par le fait que le sous-titre de ce livre dans son édition française (Le Cercle 2014) affirme : « L’ogre américain, la désunion européenne et la chaos mondial », l’édition originale n’évoque aucun dévoreur de petits enfants et mentionne plus sobrement « l’Amérique ». Quant à la conclusion de la traduction française, elle explique que dans l’édition originale en 2011, l’auteur, M. Yanis Varoufakis donc, imaginait à l’époque qu’une certaine « auguste puissance hégémonique » (p. 344) était de fait hors course et serait remplacée – dans le meilleur des cas – par les pays émergents, mais qu’il avait, trois ans plus tard, changé d’avis  : « J’ai précédemment avancé l’hypothèse que les rênes de l’Histoire soient cette fois-ci prises en main par les économies émergentes [mais] je ne pense pas que cela sera le cas » (p. 354).

Le véritable remède à nos misères présentes est connu de M. Varoufakis, et les lecteurs du Blog de PJ ne tomberont pas de leur chaise en en découvrant la définition sous sa plume : « que l’Occident ait une soudaine illumination et fasse sienne la suggestion de John Maynard Keynes d’une Union Monétaire Internationale […] que les États-Unis rejetèrent lors de la conférence de Bretton Woods en 1944 », mais là encore, « y a-t-il une chance que les choses se passent ainsi ? Très probablement pas » (p. 352).

Quoi alors ? Eh bien, c’est très simple : « The US Are Back ! ». Je ne cite pas là M. Varoufakis textuellement bien entendu, je me contente de résumer son propos ; ce qu’il dit lui, c’est ceci : « c’est encore aux États-Unis qu’il incombe de prendre en main, peut-être pour la dernière fois, les rênes de l’Histoire […] je ne vois pas comment une avancée véritable […] pourrait s’accomplir autrement » (p. 354).

Si les propos très conciliants de M. Obama hier à l’égard de M. Tsipras vous avaient rendus perplexe, je suppose que l’opinion du nouveau ministre grec des Finances vous les auront fait comprendre.

La carte secrète d’Alexis Tsipras : « The US Are Back ! »… mais chut !

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