L’EUROPE DU SUD À LA RECHERCHE DE MARGES DE MANÅ’UVRE, par François Leclerc

Billet invité.

Précautionneusement, une page continue d’être tournée. Lisbonne devrait accueillir à une date non déterminée le deuxième sommet de l’Europe du sud, pour faire suite à celui qui s’est déroulé à Athènes le 9 septembre dernier dans l’intention d’enclencher un processus d’assouplissement du Pacte dit faussement de stabilité.

La liste des participants à la rencontre d’Athènes est plus éloquente que les déclarations pleines de bonnes intentions qui en sont ressorties, puisque l’on y trouve notamment aux côtés d’Alexis Tsipras, François Hollande, Matteo Renzi et Antonio Costa, ainsi qu’un secrétaire d’État représentant Mariano Rajoy en raison du caractère provisoire du gouvernement espagnol.

Maniant la langue diplomatique, Alexis Tsipras n’a assigné à la réunion que des objectifs limités, proposant de dégager «un apport positif pour la cohésion de l’Union européenne et de l’Eurozone, le dépassement des impasses actuelles et une nouvelle vision pour l’Europe ». François Hollande n’a pas manqué de déclarer que « nous sommes réunis à Athènes non pas pour faire une fraction mais au contraire pour en appeler à l’unité de l’Europe ». Illustrant les limites de ce qui pouvait être attendu de sa part, il a prudemment ajouté : « … nous avons toujours fait prévaloir la priorité à la croissance, même si nous respectons un certain nombre de disciplines ».

Ne voulant pas engager une confrontation directe avec le gouvernement allemand, Alexis Tsipras n’a pas été beaucoup plus loin en appelant à « dynamiser la croissance et œuvrer pour la reconstruction en faisant face au problème essentiel des inégalités sociales et régionales ». Le ministre grec aux affaires européennes Nikos Xydakis a de son côté observé que « quelque chose ne marche pas dans le pacte de stabilité et l’architecture de l’euro », sans proposer de politique alternative. On a senti que les propos étaient contenus pour les besoins de la cause.

Alexis Tsipras a mis l’accent sur le dialogue : « tout le monde sait que l’Europe est à un tournant critique. La stagnation économique, les problèmes de cohésion sociale, l’euroscepticisme, l’isolationnisme ainsi que la montée en puissance des populismes d’extrême droite sont autant de questions que nous ne pouvons plus ignorer dans un contexte de débat sur l’évolution de l’intégration européenne ». , Dans une déclaration à l’AFP, Nikos Xydakisa défini en termes très pesés des objectifs limités en matière migratoire, proposant une action en faveur des réfugiés « qui ne fasse pas porter tout le poids sur les pays en première ligne et ne cède pas aux dérivés xénophobes ».

L’approche prudente qui s’est dégagée de la rencontre symbolise néanmoins une nouvelle période, si l’on se rappelle l’isolement que le gouvernement grec nouvellement élu n’était pas parvenu à rompre, malgré toutes ses tentatives et ce qui s’en est suivi. En ces temps de Brexit, pas question de se mettre une seconde Grèce sur les bras. Mais le clan des durs n’abandonne pas, ayant trouvé dans la tenue de la conférence matière à relever le menton. Non sans condescendance, le président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem a déclaré à propos des réformes attendues de la Grèce – dont des nouvelles privatisations – « nous avons perdu beaucoup de temps, nous avons vraiment besoin de progresser. L’été est terminé. Il faut ranger le matériel de camping ». C’était à l’occasion de la réunion de rentrée des ministres des finances européens.

Il n’est question que de trouver des assouplissements au cadre qui a jusqu’à maintenant prévalu, et non pas de préconiser un plan B qui impliquerait un virage à 180 degrés et conduirait à une rupture. Il y a des vérités qui ne sont pas bonnes à dire et les opposants à la rigueur doctrinaire marchent sur des œufs. Ils ne peuvent espérer que de bénéficier d’une souplesse budgétaire limitée. La montée de la crise politique est de ce point de vue leur meilleur allié.

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