Cette chronique était destinée à être publiée simultanément dans Le Monde.
Poser le regard de l’anthropologue sur les « Paradise papers » n’est peut-être pas superflu, pas plus que ce ne fut un luxe inutile quand il s’est agi de la crise des subprimes en gestation.
Scandale des « Panama Papers » : un an après, quelles avancées ?
Il y a tout juste un an, le scandale des Panama Papers révélait l’existence d’un vaste système d’évasion fiscale impliquant de hauts responsables politiques et sportifs. Depuis, au moins 150 enquêtes ont été lancées dans 79 pays portant sur des cas d’évasion fiscale ou de blanchiment d’argent supposés. La France a mis le Panama sur la liste des paradis fiscaux. Un an après, où en sommes-nous ?
Pierre Sarton du Jonchay
Économiste de la décision chez « Le Monde après ».
Benoit Bringer
Journaliste d’investigation chez « Premières Lignes ».
À force d’éclairages successifs, le plus souvent furtifs, la description de nos sociétés en gestation se précise. À une échelle qui est devenue mondiale, car les écarts entre pays n’ont rien à envier à ceux qui grandissent dans chacun d’entre eux, où la tiers-mondisation est flagrante, participant du même phénomène.
« La gestion de fortune a de l’avenir » pronostique le Boston consulting group (BCG). Ouf, tous les métiers ne sont pas condamnés par la robotisation ! Dans son rapport annuel sur la richesse mondiale, le grand cabinet de conseil américain, qui n’a pas l’habitude de parler en l’air, dévoile que le nombre de millionnaires en dollars a augmenté de 6% en 2015, accroissant la clientèle de la profession.
La question subsidiaire, c’est celle-ci : « Comment arriverons-nous – nous, citoyens ordinaires – à mettre au pas les nations pirates, leur piraterie étant légale selon leur système juridique pirate ? »
Nous vous prions instamment de mettre à profit le sommet anti-corruption de Londres ce mois-ci pour engager des changements significatifs en vue de mettre un terme à l’ère des havres fiscaux. L’existence des havres fiscaux n’ajoute rien à la richesse globale ni au bien-être ; ils n’ont pas de finalité économique utile. S’il est patent que ces juridictions profitent à quelques riches individus et quelques entreprises multinationales, cet avantage est au détriment des autres, et ils servent par conséquent à augmenter les inégalités.
Bien des tournants dans l’histoire ont commencé par une révolte des populations contre l’impôt. Révolte de ceux qui en payent contre ceux qui n’en payent pas. Les révolutions anglaises et française, la guerre d’indépendance des États-Unis, et tant d’autres, ont été déclenchées par un sentiment d’injustice fiscale. Les révélations des Panama Papers semblent toucher à peu près tous les pays du monde. Le temps n’est-il pas venu pour les peuples de faire reconnaître leurs droits et de dire à leurs gouvernants : « Nous ne paierons plus l’impôt capitaliste tant qu’il ne sera pas justement réparti » ?
Les havres fiscaux comme cœur authentique du système financier
À partir du milieu des années 1970, avec la venue au pouvoir de Margaret Thatcher au Royaume-Uni et de Ronald Reagan aux États-Unis, un climat de laisser-faire absolu s’installa petit à petit en finance. Une campagne de dérégulation idéologiquement motivée fut lancée, dont l’objectif était la promotion d’une aristocratie issue du milieu des affaires, destinée à devenir la détentrice unique et ultime du pouvoir politique en sus du pouvoir économique qu’elle possédait déjà.
Le 23 mars sortira en salles en Belgique un documentaire de David Leloup intitulé « L’homme qui voulait détruire le secret bancaire ». Le film a déjà pu être vu sur une chaîne de télévision néerlandaise coproductrice, sous l’appellation « A Leak in Paradise », une fuite au paradis, le paradis en question étant les Iles Caïman où a longtemps travaillé l’homme auquel le film est consacré, Rudolf Elmer, autrefois employé de la banque suisse Julius Bär.
Bonjour, nous sommes le vendredi 23 octobre 2015. Et, vous verrez, le ton de cette vidéo est différent de celui des autres. Bon, j’ai déjà fait des vidéos où j’ai un ton grave, mais ici, j’aurai un autre ton : j’aurai un ton militant. Si vous avez regardé les vidéos que j’ai publiées, les centaines de vidéos que j’ai publiées ici le vendredi, le ton militant, ce n’est pas ce que je fais d’habitude. Je ne crois même pas avoir jamais utilisé le mot « militant » dans une vidéo.
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