Billet invité.
J’ai fait un « research master in economics » à l’Université catholique de Louvain (UCL), essentiellement donné par les professeurs du CORE (Center for Operations Research and Econometrics), l’élite auto-instituée de la science économique académique francophone belge. A l’époque, je voulais devenir « Économiste ». C’était mon graal, je ne vivais que pour ça, j’étais obsédé. J’avais commencé une thèse en « Économie » avec un auguste promoteur Économiste. Très vite, j’ai été dégoûté par l’état de la discipline, de ses tenants, puis auto-disqualifié par mon dégoût (on ne peut performer durablement dans un domaine qu’on finit par rejeter) et probablement disqualifié par les gardiens du temple, après m’être illustré de bien dangereuse manière, … dans un débat au titre pratiquement similaire à celui-ci.
Le CORE, c’est quelque chose. De manière sociologiquement intéressante, en Économie, comme en physique, le niveau d’abstraction théorique des travaux tend à déterminer proportionnellement la hauteur de la hiérarchie académique au sein de la discipline. Malheureusement, autant la physique théorique trouve à s’opérationnaliser, parfois des siècles après mais la plupart du temps, autant la « science économique » y échoue trop souvent, même après des siècles. Ou plutôt y parvient magistralement, mais alors pour le pire, quand la théorie est plaquée sur la réalité de manière aveugle. L’échec du passage de l’abstraction au concret est sans importance. Par contre, la mise en œuvre aveugle des théories abstraites au travers de politiques économiques concrètes conduit à des désastres, dont nombre ont été analysés sur ce blog. Le CORE, c’est le terrain de jeu des micro- et macro-économistes théoriques, mais aussi des économètres, cette espèce encore plus austère d’économistes, qui a au moins le mérite d’étudier des données réelles avec des méthodes réellement scientifiques, la plupart du temps.
Continuer la lecture de La fabrication standardisée des économistes, par Cédric Chevalier →