Billet invité
La productivité est sur la sellette. Elle baisserait depuis quelques années. Mais de quelle productivité s’agit-il ? Les économistes distinguent la productivité du travail, la productivité du capital et ce qu’ils dénomment la productivité globale des facteurs.
La productivité du travail s’explique d’elle-même. C’est le nombre de pièces, les quantités, produites par unité de temps. C’est facilement mesurable pour une activité donnée dans une usine ou un bureau ; pour les services, par exemple, combien de feuilles de maladie traitées par jour par telle personne dans un centre d’assurance maladie. Ça se complique évidemment, quand il s’agit de travailler sur l’usine ou le bureau tout entier, où l’on produit des biens et services fort différents. Et que dire aussi de la nation dont le PIB est constitué de millions d’activités. Pour mesurer la productivité nationale du travail, on prend le PIB en volume, c’est-à-dire à prix constants et on le divise par le nombre d’actifs.
On retrouve la question, déjà vieille, du prix Nobel (1987) Robert Solow s’étonnant qu’avec l’informatique, la productivité n’ait pas fait un bond spectaculaire. D’excellents confrères comme Patrick Artus proposent plusieurs explications. D’abord la comptabilité nationale ne sait pas valoriser la qualité des services, comme elle le fait pour les biens matériels. Le PIB, le numérateur de la productivité, est donc peut-être sous estimé. Un autre souligne que les services « offerts » gratuitement par les Google, Facebook et autres, ne sont logiquement pas comptés dans le PIB (comme d’ailleurs les services domestiques). Et l’OCDE souligne que la chute de la « productivité globale des facteurs » peut aussi s’expliquer par le fait que la crise de 2008 a fait chuter le PIB qui en est le numérateur.
Continuer la lecture de LA PRODUCTIVITÉ EST SUR LA SELLETTE, par Jean Matouk →