4/12/19 – Impeachment : Judiciary Committee – Commentaires en direct

Les réjouissances de Thanksgiving et du Black Friday sont derrière nous, les affaires reprennent. Première session de l’étape 2 : le Judiciary Committee. On a entendu des témoins, on passe au débat proprement dit. Des juristes commenceront par nous expliquer ce qu’est l’impeachment, le processus de destitution (pas seulement d’un président, d’ailleurs).

On commence. Le style du Président du comité, Jerry Nadler, est très semblable à celui d’Adam Schiff, le président du comité du renseignement, qui organisa les dépositions et les auditions ayant permis de rédiger un dossier transmis ensuite au Judiciary Committee.

Nadler dit que le comportement de Trump a enfreint l’ensemble des catégories qu’avaient retenues les « framers » (Constituants de 1786-87), c’est-à-dire « Treason » (haute trahison), « Bribery » (corruption), « High crimes and misdemeanours » (autres crimes de même nature).

Le scoop est déjà là : c’est la première fois qu’il est question de « haute trahison ».

Doug Collins, le co-président Républicain, donne le ton : on est en plein populisme dans le pire sens du terme :

On va entendre des professeurs d’université (sous-entendu « et autres imbéciles du même genre »), les zélites vont une fois de plus tenter de rouler dans la farine le « petit homme ».

Les Démocrates retiendront le ton hystérique et démagogue de Collins, les électeurs de Trump verront surtout la défense du louseur, du petit Blanc qui a n’a pas su terminer l’école comme eux, l’électeur-type de Trump.

Plusieurs tentatives infructueuses d’obstruction par les membres Républicains .

Premier professeur : Noah Feldman (Harvard), un Républicain tente de l’interrompre à plusieurs reprises, Nadler le fait taire.

Feldman rappelle que les Constituants étaient partagés sur la nécessité de la procédure d’impeachment, les uns considéraient qu’un président délinquant seraient punis par les électeurs à la prochaine élection présidentielle, les autres soulignaient que le président pouvait utiliser ses pouvoirs pour subvertir la prochaine élection. Le point de vue de ces derniers prévalut.

Feldman souligne que l’expression « high crimes and misdemeanours », n’est pas ambigüe : un cas de ce genre était débattu à cette époque (1787) en Angleterre et portait sur les abus de pouvoir d’une personne dans une position d’autorité.

Deuxième Professeur : Pamela Karlan (Stanford). Elle s’en prend à Doug Collins, et à son dénigrement des intellectuels : « Figurez-vous que j’ai lu d’un bout à l’autre, les dépositions des témoins ».

Troisième professeur : Michael Gerhardt (Univ. of North Carolina). Son message est clair : Trump a utilisé tous les pouvoirs de la présidence à sa disposition pour tenter de transformer la république en une monarchie.

Quatrième professeur (le seul choisi par les Républicains) : Jonathan Turley (George Washington University – Washington). Il souligne qu’il n’a pas voté pour Trump. De manière inattendue, il dit que le problème est la polarisation de la société américaine. Pour la première fois depuis le début de cette procédure d’impeachment, les Républicains ont quelqu’un parlant en leur nom qui a l’air raisonnable. L’astuce bien sûr, est qu’il n’a répondu à aucun des points soulevés par les 3 autres juristes, il a simplement appelé la nation de revenir au consensus.

Interrogée par Norman Eisen, juriste de l’accusation, Prof. Karlan souligne que la formulation « high crimes and misdemeanours » tenait compte par anticipation du fait que les choses changent : les Constituants voulaient utiliser une expression qui couvrirait des situations qu’ils ne pouvaient pas même imaginer : le vol d’un ordinateur, le hacking d’une base de données, etc.

Prof. Feldman : les Constituants n’étaient pas prophètes, mais ils étaient des citoyens intelligents, ils n’hésiteraient pas un seul instant sur la question de savoir si Trump a fait prévaloir son intérêt personnel sur celui de la nation.

Y a-t-il eu « corruption » demande Norman Eisen  ? Les 3 juristes appelés par les Démocrates répondent oui.

Dans une perspective très américaine, Prof. Pamela Karlan fait rire l’assemblée en indiquant que le devoir de lire chaque ligne des témoignages l’a obligée a acheter pour Thanksgiving une dinde pré-cuite.

Prof. Michael Gerhardt déclare que si Trump n’est pas destitué, aucun président ne le sera jamais, vu la gravité de ses agissements.

Prof. Feldman : le président considère que l’état de droit ne s’applique pas à lui.

18h12 : J’interromps mon reportage (pour respecter mes autres engagements).

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