RESTAURER L’HUMANITÉ DU CAPITAL : INTERDIRE LES PARIS SUR LES FLUCTUATIONS DE PRIX, par Pierre Sarton du Jonchay

Billet invité.

L’interdiction des paris sur les fluctuations de prix est la clé de tout développement de civilisation dans la mondialisation. Cet engagement subjectif ne peut se concrétiser sans une objectivation du prix dont les fluctuations soient déterminées par autre chose que des paris. Pour que l’objectif d’interdiction redonne au sujet humain universel la maîtrise des fluctuations de prix, il faut expliciter ce qui rend le sujet universel indépendamment du sujet financier qui prétend représenter l’universalité du prix par ses seuls calculs. L’universalité du sujet de la réalité est l’option librement négociée sur un marché qui réunisse tous les sujets intéressés au prix d’une réalité objective.

La négociation ouverte à tout sujet des options d’objets de la réalité a pour conséquence de faire de la réalité visible la preuve ultime de la vérité d’un prix ; de distinguer l’objet nommé de l’objet concret comme bornes de la réalité fluctuante ; de conditionner la vérité du futur par l’existence visible d’un prix nominal et d’une prime concomitamment positifs d’un même objet. La fondation d’un marché d’option mondialisé au-dessus des marchés actuels captés par des intérêts particuliers interdit les paris par la visibilité de tout acteur du prix et la transparence économique de tout objet. Il en résulte la refondation du capital comme anticipation rationnelle de l’écart probable objectif entre le réel à terme et le réel nommé au présent.

La monnaie universellement vraie est alors émise à proportion du capital anticipé dans le passé sur la demande humaine actuellement en train de se transformer en réalité effectivement satisfaisante. Dans un univers de prix explicitement optionnels, le pouvoir politique a pour mission de réglementer le marché pour qu’il puisse nommer tout ce qui est réalisable. Le pouvoir financier ne peut y calculer des prix qu’à l’intérieur d’un marché qui nomme ce qu’il s’engage à réaliser. Le marché régulé par l’État de droit est la seule expression réelle de la démocratie. Il donne à tout sujet de réaliser ce qu’il désire explicitement à l’intérieur de la nomination discutée du bien commun.

L’option positive de l’interdiction

Afin de mettre un terme à la destruction du réel par la spéculation financière, Paul Jorion demande l’interdiction des paris sur les fluctuations de prix. L’interdiction est objet invisible d’un acte subjectif dont l’efficience implique la définition d’un objet visible qui soit l’alternative à ce qui est interdit. Si l’interdiction des paris sur les fluctuations de prix est effective, que reste-t-il pour prouver qu’il n’y a plus de paris ? Autrement dit qu’est-ce qu’un prix éventuellement fluctuant à l’abri de tout pari ? Entre l’état d’interdiction réelle et l’état actuel de non-interdiction, il faut nommer et marquer une différence qui soit visible et intelligible à n’importe qui. S’il n’est pas dit ce qu’est visiblement une fluctuation de prix sans pari, il demeure impossible à quiconque d’affirmer en pleine assurance l’absence de pari. Les spéculateurs ne mentent pas vraiment en falsifiant des objets sans réalité. Spéculer, c’est interdire ou autoriser un objet dont l’existence n’est pas probable.

La visibilité de l’alternative interdiction sur non-interdiction est au sens courant du terme une option. L’option signifie qu’il existe un choix formulé par le langage où une même réalité se trouve soit dans un état soit dans l’autre mais pas les deux à la fois et nécessairement l’un ou l’autre. L’option est la grammaire de la réalité : un sujet, un verbe et un objet dans un même acte exprimable en langage universel accessible à n’importe quelle intelligence humaine. L’option d’interdiction des paris sur les fluctuations de prix signifie que n’importe quel sujet humain doit pouvoir affirmer dans la certitude de ne pas se tromper qu’il y a ou qu’il n’y a pas de pari. N’importe qui doit pouvoir constater la fluctuation d’un prix attribuée à un objet réel sans que la fluctuation ne soit provoquée par l’affirmation gratuite d’un sujet réputé plus informé que le commun des mortels.

Grammaire du sujet humain du prix

L’option d’un sujet universellement sujet casse l’incertitude de la vérité d’un objet. Elle rend un objet véridique. La grammaire de l’option s’applique par le langage à n’importe quel sujet de la réalité accessibles aux sens d’un autre sujet. Elle fixe par la parole n’importe quel objet de réalité sensible transformable par le verbe du sujet. L’option est bien la réalité de la relation que n’importe quel sujet établit par le verbe avec n’importe quel objet. Si un sujet humain de parole opte par un verbe pour un objet, il le nomme et rend possible la discussion de la vérité objective ; de la vérité qui porte sur un objet reconnaissable par n’importe quel sujet. Par l’option d’un sujet de nommer un objet, le sujet fixe une représentation verbale de l’objet qui le rend discutable à n’importe quel sujet. La vérité de l’objet est offerte par son sujet à tout autre sujet qui peut la demander. La vérité de tout objet de réalité est verbalisée et discutée par l’option des sujets ; par le choix de l’intelligence de s’acter dans l’objet dont elle se fait sujet.

L’option est la condition de la vérité qui est la condition de l’interdiction. Ce qui est réel ne peut pas être interdit en vérité puisque cela existe indépendamment d’un accord entre tous les sujets humains. Par contre s’il existe une vérité qui soit l’accord possible entre tous les sujets humains, alors l’interdiction prend le sens de réprobation des réalités potentielles sur lesquelles les humains ne peuvent pas universellement tomber d’accord. Pour que l’interdiction soit effective, il faut que son objet existe verbalement dans les deux états nommés possibles de l’option. Et il faut que n’importe quel sujet puisse acter sa position d’option dans l’interdiction ou en dehors de l’interdiction ; que l’option soit visible en dehors de la parole subjective qui l’énonce à un certain instant en un certain lieu. La condition de l’option entre la vérité et l’interdiction de la réalité optée par le sujet, est le marché.

L’option du prix de marché

Le marché n’est pas une réalité en soi mais une réalité optée. Cette réalité est une option de plusieurs sujets de se réunir dans un même espace où ils se rendent visibles les uns aux autres afin d’échanger visiblement des objets. L’objet marché qu’autorise l’option du marché est une réalité parfaitement définie par la réunion visible de tous les sujets qui offrent ou demandent un même objet visible de négociation. Cette définition interdit l’appellation de marché vraie à ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui « marchés financiers ». Ces marchés sont des options de mensonge puisque les sujets qui négocient les objets ne sont pas universellement visibles. Les monnaies et actifs négociés sur les marchés financiers sont intrinsèquement toxiques : ils ne sont pas visibles ni en tant qu’objets de réalité universellement vérifiable ni en tant que propriété de leurs sujets. Les propriétaires des actifs toxiques ne sont pas identifiables comme sujet responsable réel de leur prix.

La toxicité ou non-toxicité financière est un problème de vérité de l’effet, de contradiction néfaste entre ce qu’on croit et ce qui est réel. En l’occurrence actifs et monnaies ont actuellement un prix nominal qui n’est visiblement pas leur prix réel. La réalité des « marchés » dissimulée par la spéculation est l’opacité de la relation entre les sujets et les objets. Le motif humain de cette dissimulation est clairement d’offrir à certains sujets la possibilité de raconter des histoires à d’autres ; des histoires dont la vérité soit non discriminable afin d’interdire la réalité derrière la parole. La vérité et la réalité sont rendues indifférentiables par l’invisibilité des sujets qui fixent le prix des objets. Le pari de la vérité d’une réalité dissimulée en attribue le prix aux sujets qui fabriquent l’objet par le marché. Le contrôle du marché détermine l’existence de l’objet par son seul prix indépendamment de la réalité effectivement partagée par les acteurs. Le pari utilise la fiction du marché pour fixer l’attention sur une vérité de l’objet sorti de la réalité vérifiable.

Opérer la différence entre vérité et réalité

L’outil de dissimulation de la réalité à l’intelligence est l’idéologie qui utilise le concept de liberté contre la vérité. La vérité néo-libérale confond la vérité et la réalité. Elle interdit l’interdiction qui structure la parole par la réalité. Elle nie le sujet de la réalité capable d’opérer un choix conscient entre ce qu’il reconnaît comme interdit ou non-interdit. La négation de la vérité distincte de la réalité dissimule le prix nominal comme conséquence de l’option en acte. Elle attribue le prix d’incertitude de la vérité à celui qui opte le prix sans se dévoiler pour ne pas répondre de l’incertitude du nominal en réalité. En niant la différence ontologique entre la réalité et la vérité, c’est à dire en affirmant que la vérité n’existe pas ou que la réalité n’est pas universellement vraie, le spéculateur dispense le sujet d’opter. Il lui vole sa réalité en lui disant qu’il est libre. Pendant que le spéculé cherche la réalité que lui joue le spéculateur, il n’acte aucun choix et laisse le prix de sa liberté au spéculateur. Le prix de la réalité libre est la prime d’option. Le spéculateur la vole au sujet en lui dissimulant la réalité de son option à acheter ou à vendre le prix nominal.

Interdire les paris sur les fluctuations de prix, c’est nommer et montrer la réalité de l’objet auquel l’offre de marché attribue un prix par la demande. Mais c’est également nommer et montrer le sujet qui assume les fluctuations de prix de l’offre demandée de l’objet réel ; d’une offre et d’une demande qui ne soient pas abstraites d’un réel jamais visible. Le prix ne doit plus exister sans l’objet visible qui passe effectivement des mains de l’offre à celles de la demande en contrepartie de la circulation du prix par la monnaie. Dans un vrai marché, la fluctuation de prix ne peut plus exister sans la permanence de l’objet visible effectivement échangé à un prix qui varie. Le sujet légitimement propriétaire de la prime de l’objet nommé est celui qui assume la réalité de la variation du prix à l’échéance de l’échange du réel opté dans une limite de temps. L’option de réalité définit la prime du prix nominal, la prime d’une parole engagée dans la réalisation de son objet. La prime implique que la variation du prix nominal s’impute intégralement et réellement sur le sujet primaire distinct et autonome de l’objet qui reste secondaire. Être propriétaire objectif d’une réalité signifie assumer par soi la variation nominale de son prix quelle que soit les choix de l’offre et de la demande de cette réalité nommée séparément de la prime.

Analyse de la vérité par la réalité

Le marché d’option interdit les paris sur les fluctuations de prix par la visibilité de trois réalités analytiquement distinctes rassemblées par les négociateurs du nominal et de la prime d’option : la réalité matérielle de l’objet échangé visible à un quelconque moment du temps, la réalité formelle de l’objet nommé entre tous ses acheteurs et vendeurs et la réalité effective du prix réglée en monnaie. De ces trois réalités, seule la matérielle est par elle-même visible à la livraison de l’objet. Le nominal avant la livraison du réel, l’accord entre les acheteurs et les vendeurs ainsi que le paiement du réel et de la moins-value éventuelle sur le prix nominal ne sont visibles que par le marché. Si le motif de marché n’est pas la liberté d’information totale et réciproque de l’objet en négociation à fin d’échange effectif à une certaine échéance, alors le prix est une falsification qui ne porte pas sur un objet identiquement vérifiable pour son offre et sa demande. Le spéculateur fait alors varier le prix avec n’importe quel argument. Il parie indépendamment de la réalité de l’objet au mépris de l’intérêt objectif de sa contrepartie acheteuse ou vendeuse.

La visibilité marchande des sujets de l’option, acheteur et vendeur du nominal ainsi qu’acheteur de la prime garant de la réalité du prix à terme, n’est pas objective dans le temps sans une matière qui compromette nominalement les sujets engagés. C’est la raison d’être de la monnaie. Afin de ne pas retenir physiquement les acteurs de l’option dans l’espace du marché pendant toute la durée de l’option, un intermédiaire de marché se porte garant de l’existence d’un engagement contractuel qui certifie l’objet, son prix nominal et l’achat de la prime de monnaie. Le vrai marché qui porte les options de la vérité des prix dans le temps est nécessairement incarné par des intermédiaires financiers. L’intermédiaire porte la relation des parties à l’option de l’objet sans participer ni au prix du nominal, ni au prix de la prime ni à la production du livrable sous-jacent.

Le prix témoin de réalité par la finance

L’intermédiaire financier de marché est témoin de la réalité du contrat d’option et par conséquent dépositaire de la prime de monnaie qui réalise, qui prouve, l’existence optionnelle de l’échange contractuel. Il est témoin actif en rendant la prime intelligible par la liquidité du prix de l’objet réel sous-jacent au nominal. Il organise la confrontation de l’offre et de la demande du réel, l’établissement du prix qui satisfasse le maximum de sujets et le règlement du prix en monnaie. La présence du dépositaire de la prime négociable est arbitre de l’existence du prix nominal comptant et à terme. Elle garantit la relation objective de la prime avec le prix du réel actuel et tout prix engagé à terme. L’objectivité de la prime est prouvée par son paiement en monnaie convenu entre l’acheteur et le vendeur du nominal au bénéfice du tiers qui prend en charge la variation à terme du prix nominal négociable dans le marché. L’intermédiaire de marché est la quatrième partie garante de l’information de la liberté contractuelle des trois parties requises à l’équilibre de l’option.

L’intermédiaire marchand compte la monnaie reçue par l’acheteur de la prime. L’acheteur et le vendeur du nominal à terme vendent la fluctuation probable du prix entre l’origine et l’échéance de l’option afin d’assurer la réalité de leur intérêt. Le vendeur du nominal veut être sûr de la rentabilité du livrable qu’il s’engage à produire ; l’acheteur du nominal s’assure du prix de la réalité livrable dans le futur. Et l’acheteur de la prime s’intéresse à l’anticipation réaliste de l’objet sous-jacent au prix ; La prime est le bénéfice à nommer par anticipation ce que le vendeur du nominal peut réellement produire à l’échéance. L’anticipation de l’objet livrable à terme contient une double réalité associant l’acheteur et le vendeur nominaux, associant l’objet physique invisible au présent et le paiement en monnaie qui représente le prix. La réalité matérielle et formelle du nominal effectivement livrable est garantie par l’acheteur et le vendeur de la prime. L’acheteur de la prime reçoit la monnaie du vendeur qui est garant du réel livrable pendant que l’acheteur est garant du paiement à terme en monnaie.

Capital de réalisation des prix par le temps

Si l’acheteur primaire doit à l’échéance prélever sur sa prime la différence négative du prix réel comptant sur le prix nominal à l’origine de l’option, le vendeur primaire doit lui, assumer toute la réalité non monétaire, c’est à dire la réparation du préjudice de la non-livraison à l’acheteur nominal. Le préjudice possible d’un acheteur à terme est matériellement la livraison non conforme du réel promis et formellement un défaut de crédit, un défaut du vendeur nominal à réaliser la valeur de son engagement en droit. Le défaut possible en réalité concrète d’un vendeur nominal est la justification réelle du capital. Un vendeur à terme de réel dispose nécessairement d’un capital sans quoi sa promesse de livrer dans le futur ne repose au présent sur aucune réalité.

Le rôle du vendeur primaire de l’option est donc l’appréciation de la réalité nécessaire au présent pour appuyer une réalité promise au futur à un certain prix. La capitalisation du vendeur nominal par le vendeur primaire est la vente de l’option de la réalité vérifiée par le marché. La vérification est l’achat de la variation du prix réel anticipé de la certitude nominale. Un capital est une prime de réalité adossée à une prime de nominalité exprimée en monnaie. Un propriétaire de capital est propriétaire de la prime d’option de certitude de la livraison à terme par le vendeur. Le propriétaire d’un capital est en logique de réalité vendeur d’une prime de crédit à la vente à terme d’un prix nominal certain.

Détournement politique et financier de la prime de liquidité

Si les propriétaires de capital ne sont pas confrontés sur un même marché aux propriétaires à terme de la valeur nominale des objets réels en cours de production, l’équilibre réel entre la vente de primes d’option et l’achat de primes de la même réalité nommée ne peut pas être établi ; ne peut pas être rationalisé ni donc anticipé. Or le capitalisme financier est depuis le XIXème siècle construit sur le cloisonnement du marché du capital et du marché des primes d’option des prix à terme. L’équilibre entre ces deux marchés se réalise discrètement et empiriquement à l’intérieur des sociétés financières autorisées à intervenir sur les deux marchés.

La négociation sur les marchés à terme du réel livrable permet de capter l’information sur le risque d’écart actuel entre le réel et le nominal. La négociation sur le marché du capital et de l’investissement permet de capter l’information sur le risque d’écart à terme entre le réel et le nominal. L’absence de marché public de compensation entre le risque du terme et le risque du comptant offre aux opérateurs financiers de cacher leurs positions afin de conserver la prime sans le risque et de vendre le risque sans régler la prime à l’économie réelle ignorante de l’économie financière. Ces positions financières asymétriques sont profitables aux banques d’affaire et aux autorités publiques. Les gouvernements profitent de l’opacité de la compensation du risque en captant la prime d’émission monétaire. Cette prime historiquement dénommé seigneuriage revient à celui qui dispose du privilège de battre monnaie sans rendre compte de la réalité.

L’arbitrage marchand entre la finance et la politique

L’absence de marché unifié de compensation du risque par le droit dissocie les engagements sous-jacents aux nominaux de prix des engagements sous-jacent aux nominaux de capital. Les banques d’affaire peuvent titriser du capital au-delà des primes réellement vendues par les vendeurs de réel. Les gouvernements peuvent se financer hors du contrôle de la démocratie en faisant émettre de la monnaie au-delà des primes de monnaie réellement versées par l’anticipation de la production du réel. Banques d’affaire et gouvernements prélèvent un impôt caché sur l’économie réelle par les moins-values sur titres de capital, par les pertes de crédit non remboursées aux épargnants et par la dévaluation réelle dissimulée de la monnaie. La rente oligarchique politique et financière est issue de l’indéfinition de la valeur du risque en droit, de la dissociation entre la réglementation du marché et la réglementation du crédit et de la possibilité d’une responsabilité financière limitée en capital qui garantit le crédit.

L’intermédiaire marchand dans un marché du risque est nécessaire comme auteur de la certitude de l’existence d’une option. Il crée lui-même cette certitude en vendant l’option de la réalité juridique à tous les acteurs qu’il admet dans la négociation de marché. Si la livraison à terme d’un objet réel en droit n’est pas correctement couverte par une prime de capital suffisante négociée dans le marché, l’intermédiaire financier de marché prélève sur les primes qu’il a collectées le dédommagement dû à l’acheteur à terme. Témoin de la réalité juridique dès la matérialisation de la prime dans le règlement en monnaie de tout vendeur potentiel enregistré dans le marché, l’intermédiaire marchand interdit le pari en constatant la réalité de l’objet engagée dans l’option par le paiement de la prime en monnaie.

Projection économique du pouvoir judiciaire par le marché

L’interdiction du pari par l’option a pour conséquence de générer la monnaie sous la réalité subjective des parties à l’option et sur la réalité objective probable et vérifiable du nominal. La vérification marchande de l’option de son origine à son échéance offre à la société de droit qui accueille le marché de subordonner l’émission monétaire au crédit sous-jacent au prix à terme ; un crédit qui ne soit pas dissociable de la prime qui garantisse la réalité du prix à terme de l’objet. Il suffit aux banques d’escompter le prix à terme et à la banque centrale d’escompter la variation des prix dans les primes pour aligner la création monétaire et le crédit sur la réalité. Une réalité engagée par l’équilibre véritable de l’offre et de la demande du réel. L’équilibre à terme réel détermine la demande de crédit tandis que l’offre de crédit est issue de l’équilibre des primes achetées et vendues sur l’équilibre comptant nominal.

Dans un marché d’option transparent, le prix des primes de tout objet négociable traduit l’équilibre des anticipations fondée sur le présent objectif, le futur subjectif et la réalité optée. Le crédit est équilibré par l’égalité de droit vérifiable des acheteurs et vendeurs de nominal garantis par des acheteurs et vendeurs de primes. L’égalité de droit est effective sur le marché du risque parce que transgressable ni par les banquiers d’affaire ni par les gouvernements. Elle implique la séparation absolue de l’investissement financier dans les primes entre la prise en charge du risque, le calcul du crédit et la négociation du prix réel. Comme un gouvernement prend des risques, prête ou emprunte et fixe le cadre juridique de la négociation des prix, il ne doit jouer aucun rôle d’intermédiation financière ni judiciaire. Les pouvoirs de marché doivent rester distincts des pouvoirs de gouvernement qui doivent rester distincts des pouvoirs judiciaires.

Intégration du coût réel de la justice dans les prix de marché

C’est le pouvoir judiciaire souverain qui veille à l’égalité des droits sur le marché. Le législateur et l’exécutif ne peuvent avoir aucun privilège de négociation de prix sur les intérêts privés. En revanche le pouvoir judiciaire réduit les intérêts privés par l’intérêt public à l’égalité réelle des droits. Il doit pouvoir être saisi sans privilège ni restriction par tout acteur économique de droit. Le financement matériel de l’action judiciaire est donc assuré par une prime fiscale proportionnelle au capital coté sur le marché par les primes d’option réglées. L’investissement dans la valeur à terme contient alors le prix de la justice réelle qui devient un argument matériel du prix du risque. Le pouvoir politique ne peut plus se contenter d’annoncer ses dettes de justice publique sans en faire calculer le prix par le marché. La prime prélevée sur les primes de prix marchand qui finance le fonctionnement de la justice est calculée par une cour de justice financière dont les juges sont élus par les citoyens.

Le juge financier a pour unique fonction d’anticiper le prix économique de la justice dans le cadre des lois votées par la démocratie selon le jugement qu’il porte sur l’efficacité du marché. Si les lois sont incohérentes et mal écrites, si les acteurs de marché s’ingénient à tordre l’application de la loi dans les contrats de marché, les juges financiers augmentent la taxation du capital afin d’accroître le travail judiciaire d’investigation et de jugement. Si le juge financier abuse de la taxation, il diminue le potentiel de croissance économique en surévaluant le coût de la justice. Les citoyens n’ont pas intérêt à élire des juges financiers qui majorent artificiellement leurs coûts de transaction à emprunter et investir dans le juste prix de la valeur à terme. Le juge financier est le garant de la politique monétaire de proportionalisation du crédit à la valeur à terme effectivement achetée sur le marché transparent en droit.

Monnaie objective d’évaluation des monnaies nationales

Les gouvernements et les institutions financières se sont placés en position réciproque de faillite de justice par la crise des subprimes. Les gouvernements ont déréglementé la finance pour s’attribuer des capacités d’emprunt formellement illimitées. La finance a spéculé sans limite sur l’opacité de la compensation économique des risques par la réalité du droit. Gouvernements et opérateurs financiers opèrent par la nominalité tronquée de son optionalité un prélèvement illimité de réalité sur les activités non politiques et non financières. Ni les opérateurs politiques, ni les opérateurs financiers ne peuvent reconnaître leur déni de justice en tant que ressortissants d’un droit national. La faillite judiciaire des institutions politiques et financières ne peut être prononcée qu’à partir d’un état de droit international dans une réalité objective visible à tout sujet.

Puisque tout sujet humain est civilement responsable uniquement dans la loi du pays où il se domicilie, la responsabilité financière et politique de l’intérêt général humain ne peut être pleinement invoquée à l’intérieur des espaces juridiques nationaux. Le chaos politique et financier provient d’un espace de la négociation financière surplombant les nationalités et les zones monétaires ; et d’un espace de la négociation politique fragmenté dans les interprétations nationales d’une justice qui ne peut pas ne pas être universelle. L’interdiction des paris sur les fluctuations de prix doit nécessairement couvrir les paris sur les monnaies. Le prix des monnaies doit pouvoir être livré à l’intérieur d’un droit national quelconque applicable par une monnaie matériellement sans nationalité ; dont la valeur nominale ne dépende pas d’une interprétation nationale du Droit tout en étant l’application réelle du Droit.

Couverture financière du Droit par le marché commun

Le marché généralisé d’option implique des prix d’actifs financiers et de dettes publiques qui soient identiques quel que soit la nationalité du doit appliqué. La prime de capital des opérateurs financiers et politiques doit être négociable dans une monnaie internationale insensible à leurs intérêts particuliers financiers et monétaires. Les prix en monnaies nationales dont ils contrôlent la réalité par la nominalité, doivent être optés par une prime réglée en monnaie internationale dont la valeur est exclusivement déterminée par l’égalité des droits indépendamment des nationalités. L’instauration d’un marché financier d’option généralisée induit un étalon économique de la valeur en droit contrôlé par un capital entièrement négociable entre ses actionnaires effectifs qui sont publics par le marché et privés par la responsabilité réelle personnelle.

Le principe du capital en monnaie internationale est la responsabilité personnelle nominalement illimitée mais réellement limitée par les actifs effectivement déposés sur le marché négociables en garantie. L’Union Européenne, communauté d’états de droit nominalement démocratiques, réunit toutes les conditions pour fonder le marché d’option de l’étalon monétaire mondial du prix d’économie. L’Union réunit plusieurs systèmes juridiques, plusieurs gouvernements démocratiques, plusieurs monnaies, un tiers de la valeur ajoutée mondiale et une communauté multinationale de citoyens attachés à la démocratie. Elle est dotée d’un système d’institutions législatives, exécutives et judiciaires nationales et supranationales qui forment un marché multinational de la loi et de la régulation financière.

Financement universel du droit par l’Union Européenne

Il suffit que quelques États européens s’associent dans le marché commun de compensation financière pour fonder un système de prix universels garantis par des primes négociables de la réalité nommée en droit. L’étalon nominal unitaire sous-jacent à ce marché est la monnaie rationnelle que Keynes avait suggéré par le bancor. Les monnaies, dettes publiques et dettes bancaires des États fondateurs du bancor retrouvent immédiatement le prix réel des engagements qu’ils représentent par les primes de change et primes de crédit qui couvrent les prix nominaux en monnaie de droit universel.

La limitation du marché par l’application réelle du droit sans limite de nationalité ni de responsabilité nominale du réel interdit tout pari sur les fluctuations de prix. Il devient impossible de spéculer contre les monnaies et les dettes des états fondateurs du bancor sans en payer le prix réel par des primes de compensation généralisée du risque induit. Les créanciers et débiteurs des états fondateurs sont informés en temps réel du prix de leur nominal et de leur prime par le dépôt en bancor des actifs sous-jacents. La fondation du bancor par quelques pays de l’Union vaut accord de change et de convertibilité mondiale des monnaies. Les parités de change reflètent la valeur réelle des monnaies en bancor et sont ajustables les unes aux autres par des primes de change incluant le prix du risque de justice évalué en droit européen.

Option de démocratie par la monnaie

Dès lors que la rationalité systémique du bancor est établie comme interdisant effectivement les paris sur fluctuation de prix, la non-adhésion ou la non-utilisation du bancor vaut intention de perpétuer le prélèvement spéculatif politique et financier sur l’économie réelle de la justice. Le marché commun international du bancor d’option interdit mais n’empêche pas effectivement les paris sur les fluctuations de prix. En revanche il donne à tout utilisateur de la monnaie le pouvoir de défier un opérateur politique ou financier sans renoncer à la démocratie. En convertissant ses créances en bancor, le citoyen exprime son doute quant à l’application effective du droit par la monnaie nationale.

Acheter en bancor une dette publique ou bancaire en monnaie nationale oblige à vendre la prime de crédit et la prime de change de son débiteur. Le prix de la liquidité réelle du débiteur et de l’État vendu est renchéri par la dévaluation de la monnaie nationale ou par le renchérissement de la prime en bancor. Les citoyens nationaux qui vendent leur monnaie pour acheter du bancor se sanctionnent eux-mêmes en tant que débiteurs insolvables mais se récompensent en tant que débiteurs solvables produisant une valeur réelle supérieure à leurs dettes nominales. La logique économique du bancor optionnel est politiquement et juridiquement irréfutable du point de vue de l’auteur de cette étude. Si une majorité de citoyens européen adopte ce point de vue, ils placent ipso facto les dirigeants politiques et financiers qui doutent du bancor en situation de déni du droit humain de démocratie.

Auto-révolution financière de la démocratie européenne

Les citoyens européens doivent se convaincre que la non-adoption du bancor sous l’argumentation intéressée des opérateurs politiques et financiers dissimulés dans les paradis fiscaux équivaut à une renonciation à la démocratie qui fonde l’Union Européenne. Il doivent se convaincre par intuition personnelle que l’argumentation des élites politiques et financières contre la faisabilité du bancor vaut poursuite de la guerre civile mondialisée des riches contre les pauvres. Quand la bascule des opinions publiques sera suffisamment évidente, le Président de la République Française pourra recourir à l’article 16 de la constitution pour restaurer « l’indépendance de la nation » et « l’exécution des engagements internationaux […] menacés d’une manière grave et immédiate » par la désintégration du système financier international et la crise européenne de la dette publique.

Le président français comme ses collègues européens convaincus du démantèlement en cours de la démocratie européenne par la finance recourra à ses pouvoirs exceptionnels afin de suspendre la liberté de circulation des capitaux entre la communauté mondiale des démocraties et la ploutocratie internationale. La restauration d’un équilibre international durable des changes et de la solvabilité financière des démocraties impose le dépôt de tous les actifs européens internationalement négociables dans le nouveau système de compensation financière généralisée en réalité, droit et monnaie. La liberté de circulation des capitaux sera rétablie dès que les fondateurs du bancor se trouvent prêts à réaliser la première compensation en bancor sous le contrôle du pouvoir judiciaire européen. Tout litige sur la réalité du droit qui ne serait pas compensable par le nouveau marché doit pouvoir être présenté à l’arbitrage des juges nationaux garantis par la solidarité de justice de l’Union.

Compensation par le droit, le capital et le crédit

La compensation généralisée en bancor implique deux compartiments de marché animés par des opérateurs financiers distincts entre eux et distincts des opérateurs en monnaie nationale. Les banques d’investissement en bancor procèdent à la compensation des primes pendant que les banques de crédit compensent les échéances de crédit. La consolidation du marché est assurée par les banques de marché qui veillent à la couverture de tous les prix nominaux par la négociation de primes de risque positives anticipant la couverture de toutes les moins-values de crédit. Toutes les compensations locales sont coordonnées par un compensateur central de la liquidité garanti par un régulateur du crédit acheteur et vendeur des primes de capital de toutes les institutions financières en bancor.

Le capital du système est souscrit par les États fondateurs du bancor. Ce capital se trouve coté par le marché lui-même qui négocie le besoin systémique de capitalisation avec la puissance publique financée par le capital fiscal. Les pouvoirs politiques exceptionnels sont nécessaires à la bascule dans le nouveau système financier afin de bloquer la subornation du pouvoir politique par des puissances financières non identifiables. L’adoption du bancor rétablit les capacités de fiscalisation du capital en fonction des coûts de justice qu’il engendre. Le financement de la puissance publique par l’imposition des revenus du capital et du travail doit être ré-équilibré afin de rétablir le plein emploi économique du travail et du capital disponibles, de restaurer la valeur économique de la solidarité nationale et de remplir les engagements économiques financés par l’extérieur.

Plus-value de la démocratie réelle

La refondation de la démocratie européenne impose la contractualisation entre les nations conservant une même monnaie des solidarités fiscales et budgétaires qu’elle implique ; faute de quoi, la restauration des monnaies nationales est nécessaire pour rétablir la solvabilité relative des États européens. La convertibilité monétaire régulée par la garantie internationale du bancor rétablit la rationalité politique de la monnaie. L’interdiction des paris sur les fluctuations de prix est la seule possibilité de sortir du chaos de la finance mondialisée non régulée par l’intérêt général au-dessus des intérêts particuliers. Le marché commun européen d’option généralisée du prix à terme du droit systématiquement garantis offre une option de financement de la démocratie.

Si les citoyens européens ne s’obligent pas par la réforme politique de leur institutions financières à acheter l’option du bancor, non seulement ils renoncent à la démocratie mais ils seront pillés par la ploutocratie jusqu’à disparition complète de leur civilisation. L’effort à accomplir est de nature cognitive et morale. Il consiste à sortir de l’illusion libérale scientiste d’une capacité de l’intelligence à embrasser la totalité du réel humain. Le risque financier a une cause légitime dans la valeur de la réalité démocratique discutable par tous les points de vue personnels. Dans la fausse démocratie, la valeur du risque est prélevée sur les pauvres. Dans la vraie démocratie, la plus-value est produite par l’enrichissement des pauvres introduits dans la liberté économique active par la société solidaire en prix de marché.

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108 réponses à “RESTAURER L’HUMANITÉ DU CAPITAL : INTERDIRE LES PARIS SUR LES FLUCTUATIONS DE PRIX, par Pierre Sarton du Jonchay”

  1. Avatar de Colomba
    Colomba

    Il y a un article très interessant au Financial Times sur un type de paris, les ventes courtes, écrit par John Chapman « The truth behind short selling’s public face« 

  2. Avatar de sentier198
    sentier198

    @ PSDJ

    dommage d’écrire « ..Le capitalisme est une idéologie. Qu’elle soit à l’agonie ne dit rien de la réalité du capital qui peut rester libre des idéologies qui veulent capter le capital. Quand on dit que quelque chose est « capital », on ne dit pas que cette chose fait partie du capitalisme… » comme si je ne le savais pas …
    par exemple ,quand je disais , il y a quelques jours , qu’il y avait quelque-chose de l’ordre de la violence dans votre rhétorique..

    par ailleurs je ne partage pas votre conviction qu’il soit possible de « …Créer une salle d’enchère mondiale pour employer le capital à la garantie des réalités nommées par des prix… »

    car « …soustraire le capital à la captation du capitalisme .. » le tue instantanément , car c’est son oxygène.

    vous avez le droit bien sur de ne pas partager mon point de vue , mais nous sommes alors strictement dans un temps subjectif sans possibilité pour l’un de nous de s’appuyer sur une quelconque « objectivité » pour assoir son avis.

    quand à vos vœux de transparence d’une régulation du capital par un dispositif mondialisé , je crains que ce ne soit le contraire qui s’en suive , dans la mesure où il s’agirait de l’imposer à la planète sans le moindre débat véritablement démocratique car je n’en détecte aucune des modalités requises dans vos propositions.

    vous faites totalement fausse route dans votre appréciation de ce que recouvre « l’idéologie » capitaliste , idéologie qui rends compte d’une terrible angoisse humaine , celle de perdre (la vie , l’amour , le plaisir …)

  3. […] du pétrole), un protectionnisme intégré au niveau de l’Euroland ; l’interdiction des paris sur les fluctuations de prix ; la nationalisation de toutes les banques lors de la prochaine débandade financière (rachat […]

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