LA SITUATION À FUKUSHIMA (XIV), par François Leclerc

Mise à jour n° 218 (jeudi 22h40)

Tepco a confirmé non seulement la fusion partielle ou totale du combustible dans le réacteur n°1, mais également l’existence d’un trou de plusieurs centimètres de diamètre dans sa cuve, permettant de comprendre à la fois la baisse du niveau de l’eau malgré les injections d’eau massives et la contamination relevée dans le bâtiment, hors de l’enceinte de confinement.

Le corium résultant de cette fusion et tombé au fond de la cuve serait cependant refroidi, telles que les températures du bas de la paroi de la cuve le confirment selon l’autorité de sûreté nucléaire japonaise.

Cette situation remet en question toute perspective de poursuivre le refroidissement du réacteur – pris comme test, car considéré comme le plus favorable pour l’opération – en installant un circuit fermé d’eau. Dans l’immédiat, l’opérateur n’a pas d’autre choix que de poursuivre les injections d’eau avec les moyens actuels, sachant que la fuite va alimenter la masse d’eau hautement contaminée, sans savoir où elle est répandue vu les difficultés d’exploration du réacteur et de ses bâtiments.

Tepco reconnaît aussi que la même situation pourrait exister dans les réacteurs n°2 et 3, lui imposant de reconsidérer son analyse de la situation des réacteurs et remettant en cause son planning de travail devant aboutir à un arrêt à froid vers janvier 2012 des réacteurs.

La fusion partielle du combustible au sein des trois réacteurs était déjà connue. Mais le fait que leurs cuves soient percées modifie totalement les données. Il n’était envisagé jusqu’à maintenant qu’une déchirure dans le tore du réacteur n°2 et aucune fuite n’avait été localisée dans le réacteur n°3, ce qui est désormais le cas.

Toute reprise en main de la situation est remise en cause. L’opérateur a annoncé qu’il rendrait public un nouveau planning de travail le 17 mai prochain. La question étant de savoir sur quelles effectives nouvelles ressources il peut s’appuyer dans cette situation, qui accroit brutalement les incertitudes et les dangers potentiels.

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Mise à jour n° 217 (jeudi 09h32)

Les obstacles à la stabilisation de la situation se multiplient.

D’alarmantes hypothèses sont faites à propos du réacteur n°1. Un dysfonctionnement de la jauge de niveau d’eau initialement mise en cause – l’opérateur ne comprenait pas que le niveau d’eau était mesurée baisser alors que 150 tonnes d’eau étaient injectées quotidiennement – est désormais écarté. Une fuite de la cuve est en cause, l’eau se déversant dans l’enceinte de confinement.

Il résulte de l’analyse des données contradictoire disponibles par l’autorité de sûreté nucléaire japonaise que le combustible est bien refroidi – comme l’attestent les mesures de température (100 à 120° C sur la paroi en bas du réacteur) – mais qu’une partie ou la totalité de celui-ci devrait avoir fondu et se retrouver au fond de la cuve du réacteur. Le niveau de l’eau serait en effet en dessous du bas des barres de combustible.

Il se confirme également que la centrale fuit de partout, des fuites d’eau radioactive ont été trouvées dans chacun des trois réacteurs n°1, 2 et 3.

Une importante nouvelle contamination de la mer (présence de césium-134 dans une proportion 18.000 fois la limite) a été confirmée.

L’opérateur a obstruée la fuite avec du ciment dans le puits technique où elle a été découverte. Des recherches ont été entreprises, au cas où d’autres existeraient. Le pompage de l’eau hautement radioactive dans le réacteur n’a toujours pas débuté.

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Mise à jour n° 216 (mercredi 16h18)

Une nouvelle fuite d’eau hautement contaminée a été détectée, provenant cette fois-ci du réacteur n°3. Elle a découverte dans un puits, à l’extérieur, où la concentration de césium-137 mesurée est 620.000 fois le maximum admis par les normes officielles.

Une forte suspicion existe sur le fait que l’eau pourrait ruisseler dans la mer, comme c’était le cas depuis un autre puits proche du réacteur n°2. De la mousse a été en effet été observée près de la prise d’eau du réacteur, signe d’un déversement.

Tepco étudie les moyens d’y remédier, sans plus de précision sur les moyens et les délais dans l’immédiat. Aucune nouvelle mesure de la contamination de la mer n’a été rendue publique.

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Mise à jour n° 215 (mercredi 01h29)

Après avoir marqué de premiers points, Tepco n’est plus dans ses marques et piétine.

Les difficultés rencontrées au cours du test engagé dans le réacteur n°1 pourraient mettre l’opérateur dans l’obligation de changer les plans qu’il avait annoncés. Car rien n’a encore pu en conséquence être entrepris dans les 2 autres réacteurs, et il n’est pas certain que le test soit positif.

La mise en service d’un système de refroidissement en circuit fermé s’avère en effet beaucoup plus aléatoire qu’escompté, en raison de la persistance d’une forte contamination dans certaines zones du bâtiment du réacteur.

La question se pose : que faire d’autre, si cette perspective doit être abandonnée  ? C’est le retour à un minimum de contrôle de la situation qui est en jeu.

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Mise à jour n° 214 (mardi 14h13)

Un niveau de radioactivité élevé a été mesuré dans un échantillon d’eau prélevé dans la piscine du réacteur n°3. Soit 140.000 becquerels de Césium-134 par centimètre cube, 150.000 becquerels de Césium-137 et 11.000 becquerels d’iode-131.

L’opérateur émet l’hypothèse que cette contamination pourrait être le résultat de la projection dans la piscine de débris radioactifs, suite à l’explosion d’hydrogène intervenue. Ceux-ci sont en effet répandus dans tout le bâtiment.

Cette hypothèse a l’avantage d’exclure tout nouveau phénomène de fission résultant d’incidents de criticité ou d’autre origine.

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Mise à jour n° 213 (mardi 09h12)

Chaque réacteur pose ses problèmes spécifiques et requiert des solutions propres.

Le niveau des radiations mesuré au sein du réacteur n°1 est par endroits trop élevé pour la sécurité des ouvriers. L’opérateur considère qu’une fuite d’eau radioactive dans des tuyaux du réacteur en est à l’origine et voudrait installer des feuilles de plomb aux endroits où les ouvriers vont devoir intervenir pour effectuer leurs travaux. Sans garantie de succès.

Une autre fuite est suspectée au sein du réacteur n°3, où la température continue de monter en dépit de l’augmentation du débit d’injection d’eau. En témoigne le niveau de l’eau hautement contaminée mesuré dans la tranchée, qui continue de monter.

Des travaux sont en cours, afin de changer de tuyaux d’injection de l’eau, au cas où celui qui est utilisé serait fautif. Par ailleurs, l’opérateur active les préparatifs afin de pomper l’eau hautement contaminé dont le niveau a dépassé la cote d’alerte qu’il s’est lui-même donné.

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Mise à jour n° 212 (lundi 17h45)

Un nouvel obstacle vient d’apparaître.

A son tour, l’opérateur a annoncé qu’une émission radioactive de 700 millisieverts par heure a été détectée au 1er étage du bâtiment du réacteur n°1. Un tel niveau ne permettrait aux ouvriers que d’y travailler pour une période maximum de 20 minutes, au regard du maximum admissible de 250 millisieverts. Or la majorité des équipements et tuyaux à inspecter sont à ce niveau là.

L’opérateur doit étudier les moyens de diminuer cette exposition et les mettre en place avant de pouvoir entamer les travaux.

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Mise à jour n° 211 (lundi 11h41)

Rapportées par la télévision publique NHK, les déclarations relatives au niveau interne de radioactivité mesuré à l’intérieur du bâtiment du réacteur n°1 sont contradictoires suivant les sources.

Tepco fait état de niveaux variant entre 40 et 100 millisieverts par heure. L’Autorité de sûreté nucléaire de 10 à 700 millisieverts par heure. Des maximums très élevés dans les deux cas.

Dans les deux cas, la radioactivité interne est donc très inégalement répartie, rendant les travaux à entreprendre par les ouvriers plus aléatoires et dangereux.

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Mise à jour n° 210 (lundi 00h58)

Après avoir pénétré dans le bâtiment du réacteur n°1 et y être restés pendant 30 minutes, afin de vérifier sous le contrôle de l’autorité de sûreté nucléaire japonaise le niveau des radiations, ses portes sur l’extérieur ont été ouvertes. Une tente avait préalablement été installée afin de créer une zone de surpression et d’éviter toute fuite radioactive.

Tepco a par contre détecté de hauts niveaux de strontium dans le sol du site de la centrale, jusqu’à 5 centimètres sous la surface. A trois endroits différents – à 500 mètres des réacteurs n°1 et 2 – des contaminations atteignant jusqu’à 57 becquerels de strontium 90 par kilogramme et 4.400 becquerels de strontium 89 ont été mesurées. Des mesures vont être effectuées dans l’air ambiant.

Très toxiques pour l’organisme humain, le strontium 90 a une demi-vie de 28 ans et le strontium 89 de 50 jours.

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Mise à jour n° 209 (dimanche 20h02)

Tepco a rendu public une vidéo tournée aujourd’hui par une caméra installée à l’extrémité du bras articulé permettant de déverser de l’eau dans la piscine du réacteur n°4.

L’image montre les barres de combustible qui y sont entreposées, rangées dans des casiers et recouvertes d’eau, sans que rien de particulièrement anormal ne soit visible. Différents bris d’installations le sont par contre, résultat de l’explosion d’hydrogène intervenue dans le réacteur le 15 mars dernier.

Les analyses des prélèvements d’eau, selon l’opérateur, montrent que les barres de combustible n’ont pas été « sérieusement endommagées ». 1.535 barres sont entreposées dans la piscine.

Des bulles sont remarquées, signe que l’eau est en ébullition, en dépit des efforts de refroidissement qui se poursuivent, qui sont donc insuffisants.

Aucun élément d’information n’a été communiqué à propos du démarrage des travaux de consolidation de la piscine avec des piliers d’acier, sa fragilité étant un grand sujet d’inquiétude.

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Mise à jour n° 208 (dimanche 10h36)

Son atmosphère interne désormais suffisamment décontaminée, les portes du bâtiment du réacteur n°1 vont être ouvertes ce dimanche sans risque de fuite radioactive dans l’environnement selon l’opérateur, une fois reçu l’accord de l’autorité de sûreté.

Les ouvriers pourront pénétrer dans celui-ci munis d’un masque couvrant entièrement le visage. La durée possible de leur intervention n’a pas été précisée.

L’inspection interne des tuyauteries permettant de créer ensuite un nouveau circuit de refroidissement en circuit fermé devrait pouvoir ensuite débuter.

Par ailleurs, aucune nouvelle de la suite des opérations de pompage sur le site de l’eau hautement contaminée n’est disponible.

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Mise à jour n° 207 (dimanche 00h59)

L’opérateur continue de rencontrer des difficultés avec le réacteur n°3, afin de maîtriser la température en son sein. Elle atteignait 150° C samedi en bas de la cuve, soit 40° de plus que 10 jours auparavant. Cela est attribué à un débit insuffisant d’injection d’eau, et Tepco a l’intention de changer le tuyau utilisé, afin de l’accroître.

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Mise à jour n° 206 (samedi 11h53)

L’électronucléaire est un sujet éminemment politique, pour qui en douterait. La récente intervention du premier ministre japonais, Naoto Kan, ainsi que les réactions qu’elle suscite dans le pays, en sont une nouvelle illustration.

Naoto Kan a demandé à l’opérateur de la centrale de Hamakoa de « suspendre » l’activité de deux réacteurs en activité (l’autre étant en maintenance), en raison de forts risques de séisme dus à leur localisation dans une région qui en a connu de très importants. La centrale aurait 87% de chances d’être atteinte par un séisme de magnitude 8 dans les 30 années à venir, selon les scientifiques.

La direction de Chubu, l’exploitant, a consacré samedi une réunion d’une heure et demi au sujet, pour ne finalement rien décider, même pas la date de sa prochaine réunion !

Le premier ministre a également essuyé un feu de critiques, au sein de son parti – le parti social-démocrate – et en provenance du parti libéral démocratique, dans l’opposition après avoir très longtemps dirigé le pays.

Il a en effet ouvert une boîte de Pandore qu’il lui est intimée de vite refermer. De nombreux réacteurs nucléaires étant situés dans des endroits à haut risque. Le premier ministre a-t-il bien pris en considération les besoins en énergie du Japon, lui est-il reproché ?

Une cinquantaine de réacteurs nucléaires fournissant 30% de son électricité sont en exploitation au Japon.

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Mise à jour n° 205 (samedi 10h30)

C’est une des rares fois où les choses se passent comme annoncé, sans encombre et dans les délais : la contamination de l’air à l’intérieur de l’enceinte du réacteur n°1 a diminué nettement plus que prévu, suite à l’installation de systèmes d’épuration.

Les ouvriers pourront à nouveau y pénétrer demain dimanche, afin d’installer un système de mesure du niveau de l’eau et d’inspecter les tuyaux. Les préliminaires au remplissage de l’enceinte, qui n’a donc pas commencé hier comme annoncé par erreur sur la base d’une dépêche d’agence. Tout se passe comme si Tepco mettait assez souvent la charrue avant les bœufs.

D’ici là, le filtrage va se poursuivre, afin de diminuer au maximum le niveau des radiations.

Le test entrepris au réacteur n°1 serait encourageant pour sa poursuite dans les deux autres réacteurs, si ceux-ci ne connaissaient pas des fuites dans leurs enceintes de confinement, certaines pour le n°2, présumées pour le n°3.

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Mise à jour n° 204 (vendredi 12h43)

Naoto Kan, le premier ministre japonais, vient d’exiger l’arrêt de la centrale nucléaire de Hamaoka, en raison des risques qu’elle représente.

Elle est située dans une région du centre du pays à forte probabilité sismique, à environ 200 kms de Tokyo.

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Mise à jour n° 203 (vendredi 11h48)

Les ouvriers qui sont entrés dans l’enceinte du réacteur ont été exposés, d’après Tepco, à une contamination de 93 millisieverts par heure. Ce qui correspond, dans l’état actuel des choses, à un séjour maximum possible de deux heures et 40 minutes pour chacun d’entre eux, le seuil légal à ne pas franchir – relevé au début de la catastrophe – étant de 250 millisieverts.

L’autorisation ayant été accordée, Tepco a commencé à augmenter de 6 à 8 tonnes par heure le débit d’injection de l’eau dans l’enceinte de confinement.

Deux enjeux sont à surveiller : la résistance des structures à la masse d’eau qui va être injectée ; la baisse de la pression interne à l’enceinte pouvant amener de l’air à pénétrer et augmenter le risque d’une explosion d’hydrogène.

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  1. Et cette fois-ci…. le « contenu » est « plus blanc que blanc » ..!! (Pub non rémunérée..^!^^…) https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/nouvelle-flottille-pour-gaza-qui-seront-les-elues-lfi-a-bord-du-bateau-handala_252489.html

  2. @Hervey Mieux que ça chez Trump : n’avez vous pas honte d’être progressistes ?! https://www.franceinfo.fr/culture/cinema/superman-devient-woke-ca-vous-excite-la-sphere-trumpiste-s-indigne-avant-la-sortie-des-nouvelles-aventures-du-heros-aux-etats-unis_7368550.html Vu d’ici ça semble complètement…

  3. Assistanat d’apparence. L’Etat nous fait savoir qu’il nous aime de multiples façons. Ses preuves d’amour sont la protection contre la…

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