LA SITUATION À FUKUSHIMA (XIX), par François Leclerc


Mise à jour n° 284 (jeudi 30 juin 15h24)

Clé de voûte de la reprise en main de la centrale, la chaîne de décontamination de l’eau hautement contaminée va-t-elle totalement répondre à l’attente de l’opérateur ? La démonstration doit encore en être faite.

Les tests se succèdent et les incidents se multiplient, laissant s’installer un doute sur le rendement final du système. L’objectif proclamé est de réduire dans les trois mois de 34.000 tonnes les 120.000 tonnes d’eau hautement contaminée, ce qui supposerait que le système fonctionne à 90% de ses capacités. Il en est loin, atteignant actuellement 55%.

La vie quotidienne du chantier nucléaire est ponctuée par des impondérables, dont la solution réclame d’importants efforts.

Dans le réacteur n°4, les ouvriers ont pu atteindre pour la première fois le niveau 5 du bâtiment, où ils doivent mettre en état un nouveau circuit de refroidissement de la piscine, mais ils ont découvert un amoncellement de débris radioactifs qui y font obstacle, à la suite de l’explosion intervenue le 15 mars dernier. Un moyen va devoir être trouvé pour les déblayer.

Installé depuis mercredi, le même système devrait incessamment fonctionner dans le réacteur n°3. Des tests sont effectués.

La très lente progression des travaux se poursuit, alors que de nouvelles poches de contamination radioactive sont découvertes au-delà des zones d’exclusion déjà décrétées, imposant des évacuations. Et que les contrôles de contamination interne au césium font apparaître chez les enfants de la ville de Fukushima, à 60 kms de la centrale, des niveaux élevés, les maximums autorisés par les autorités de plus en plus contestés.

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Mise à jour n° 283 (samedi 25 juin 15h03)

Tepco a annoncé que la chaîne de décontamination de l’eau, composée d’installations américaines et françaises mises bout à bout, allait être en mesure de réduire celle-ci comme prévu, le composant français remédiant au défaut de fonctionnement de l’américain.

L’absence d’informations détaillées sur les derniers tests effectués comme sur le niveau de contamination des 2.500 tonnes d’eau annoncées comme traitées implique toutefois de réserver son jugement à ce sujet.

Le début des opérations en continu est annoncé comme pouvant intervenir dans quelques jours, laissant le suspens entier. Aucune nouvelle information n’est donnée sur l’évolution du niveau de l’eau dans les sous-sols.

L’installation d’une nouvelle jauge de niveau d’eau dans le réacteur n°2 n’a pas été couronnée de succès, la température contribuant à vaporiser l’eau dans les tuyaux et empêchant toute mesure. Connaître le niveau de l’eau dans la cuve du réacteur, où elle peut être très basse, est essentiel afin de stabiliser son refroidissement.

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Mise à jour n° 282 (jeudi 23 juin 09h32)

Toute la partie Nord-Est du Japon est sous des pluies diluviennes continues, tandis que l’opérateur fait ce qu’il peut afin de prévenir qu’elles pénètrent dans les bâtiments des réacteurs. Ceux-ci sont entourés de sacs de sables et des bâches sont utilisées pour tenter de colmater les trous dans leur toiture.

Les injections d’eau dans les réacteurs, afin de les refroidir, ont encore été diminuées, quitte à ce que la température y augmente.

Parallèlement, les tests destinés à assurer le bon fonctionnement de la chaîne de décontamination de l’eau hautement contaminée se poursuivent. Les informations contradictoires se succèdent à ce propos, laissant penser pour certaines qu’il ne s’agit que de questions de réglages, et d’autres que le mal est plus profond et pourrait être lié à la conception du système.

Aucune indication n’est donnée sur le niveau de l’eau contaminée dans les sous-sols.

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Mise à jour n° 281 (mercredi 22 juin 12h42)

L’opérateur a pu enregistrer une diminution importante du taux d’humidité au sein du réacteur n°2 après l’ouverture de portes, mais la radioactivité reste très élevée au sein du bâtiment. Les ouvriers ont réparé une jauge du niveau d’eau et des caméras de surveillance au rez-de-chaussé, mais ils ne peuvent accéder aux étages supérieurs et commencer les travaux prévus.

La radioactivité est de 15 à 60 millisieverts par heure au rez-de-chaussé, mais elle grimpe jusqu’à 97,2 millisieverts par heure au-dessus.

Il y a 6,1 mètres d’eau hautement contaminée dans le sous-sol et il a été mesuré à la surface un niveau extrêmement élevé de radiation compris entre 388 et 430 millisieverts par heure.
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Mise à jour n° 280 (mercredi 22 juin 09h58)

L’heure est venue de nouveaux expédients, dans une situation qui n’en manque pas. Confronté au prochain débordement de l’eau hautement contaminée des sous-sols des réacteurs, l’opérateur tente de gagner du temps.

Devant l’arrivée de la saison des pluies, pendant laquelle elles sont diluviennes, il a entouré les bâtiments des réacteurs de sacs de sable, afin d’éviter que les eaux de pluie n’y rentrent et ne viennent grossir celles qui sont déjà contaminées. Ne pouvant rien faire pour le haut des bâtiments, qui sont étêtés, où elle s’engouffrera.

Tepco a aussi diminué ses injections d’eau dans le réacteur n°3, pour les mêmes raisons. La conséquence a été immédiate : la température s’est immédiatement élevée de 4°C en bas du réacteur et de 7°C en haut, ce qui pourra le conduire à augmenter le débit à nouveau.

L’opérateur est une fois de plus pris entre deux impératifs contradictoires. En dépit de cet effet, il va diminuer les injections d’eau dans les réacteurs n°1 et 2, où la température est actuellement selon lui « relativement stable ». [RECTIFICATIF: une diminution était déjà intervenue, mais moindre que pour le réacteur n°3, elle va être accentuée.]

Aucune nouvelle n’a été donnée sur la remise en route éventuelle de la chaîne de décontamination de l’eau.
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Mise à jour n° 279 (mardi 21 juin 17h23)

Devant la menace se précisant d’un débordement des sous-sols des réacteurs de masses d’eau hautement contaminées, et alors que s’annonce avec retard la saison des pluies, qui ne peut qu’empirer la situation, Tepco dispose d’une très faible marge de manœuvre.

Afin de gagner du temps, l’opérateur réduit dans l’immédiat et autant que faire se peut les injections d’eau destinées au refroidissement des réacteurs, surveillant attentivement l’élévation de la température qui en découle, afin de contribuer au minimum à l’élévation du niveau de l’eau. Il envisage aussi d’utiliser des expédients non identifiés pour stocker l’eau.

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Mise à jour n° 278 (mardi 21 juin 07h34)

Un nouveau test de fonctionnement de la chaîne de décontamination de l’eau a du être interrompu. C’est cette fois-ci la pompe d’un autre système qui s’est automatiquement arrêtée mardi matin (heure de Tokyo).

La question est de savoir s’il s’agit chaque fois d’erreurs de jeunesse d’un système inédit et composé de sous-systèmes venant des Etats-Unis et de France, ou si des erreurs de conception le rendent irrémédiablement inutilisable.

Dans le premier cas, le rendement du système pourrait toutefois être affecté, ralentissant de manière plus ou moins importante la décontamination de l’eau et détériorant le rapport entre les 500 tonnes d’eau quotidiennement produite sur le site et les 1.200 tonnes qu’il est prévu de décontaminer par jour.

Aucune nouvelle prévision n’a été donnée relativement au débordement de l’eau contaminée sur le site.

En dépit des conditions, l’opérateur a annoncé la poursuite des travaux de consolidation de la piscine n°4 avec la pose prévue de 32 piliers d’acier de 8 mètres de haut prenant appui sur le 2 éme étage du bâtiment. Du ciment sera ensuite coulé afin d’envelopper les piliers. Date prévisionnelle de fin des travaux : fin juillet.

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Mise à jour n° 277 (lundi 20 juin 19h07)

Après avoir éliminé de premières hypothèses, Tepco est toujours à la recherche des raisons du dysfonctionnement de la chaîne de décontamination de l’eau. Pendant ce temps, la centrale continue de produire quotidiennement 500 tonnes d’eau hautement contaminée et le moment approche d’un débordement sur le site et vers l’océan des masses d’eau déjà accumulées. L’opérateur parle d’une semaine depuis déjà deux jours.

D’autres opérations en cours se poursuivent ou ont du être engagées sans avoir été prévues. Le taux d’humidité à l’intérieur du réacteur n°2 a diminué depuis l’ouverture de portes du bâtiment, mais seulement à leur abord proche, tandis qu’il reste très élevé là où les ouvriers devraient intervenir pour recalibrer des instruments de mesure. Une radioactivité évoluant entre 5 et 27 millisieverts par heure a été mesurée, attribuée par l’opérateur à l’explosion qui a détérioré la chambre de condensation du réacteur.

De l’eau a du être d’urgence déversée dans la piscine n°4, son niveau ayant baissé d’un tiers depuis le 11 juin dernier. L’opérateur ne donne aucune raison à cela ni à ce remplissage tardif étant donné la date à laquelle cette baisse a été découverte. Le combustible stocké dans la piscine à été partiellement découvert et l’opérateur craint que le haut niveau de radiation en haut du réacteur – où se trouve la piscine – ne compromette les travaux prévus de consolidation de sa structure. Dans l’immédiat, les ouvriers ne peuvent pas accéder à ce niveau du bâtiment, l’espoir étant que la radioactivité diminue le combustible de nouveau refroidi par l’eau.

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Mise à jour n° 276 (dimanche 19 juin 12h36)

Plusieurs jours vont selon Tepco être nécessaires pour nettoyer la chaîne de décontamination de l’eau et comprendre si elle va pouvoir être remise en service ensuite, et dans quelles conditions.

Le début du débordement de l’eau hautement contaminée est désormais estimé pouvoir intervenir d’ici à une semaine.

Les radiations émises par les tuyaux alimentant les différentes parties constituantes de l’installation et permettant de l’alimenter vont devoir également être prises en considération.

On a appris à cette occasion que l’installation était également conçue pour retenir le technetium, un métal radioactif présent en grande quantité dans les déchets nucléaires, issu pour l’essentiel de la fission de l’uranium 235 ou du plutonium 239 dans les réacteurs.

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Mise à jour n° 275 (samedi 18 juin 11h15)

Tepco connaît un revers majeur, qui met en cause tout le processus de reprise en main de la centrale, s’il n’est pas résolu très rapidement. Arrêté dans son élan, l’opérateur a du stopper les opérations de décontamination de l’eau, cinq heures après les avoir engagées.

Tout avait bien commencé, en dépit de premiers essais qui avaient fait apparaître des fuites, bientôt réglées, mais un dysfonctionnement redoutable est vite apparu. Pour des raisons qui restent à élucider, la chaîne de décontamination n’a pas fonctionné comme prévu : la radioactivité de la zéolite destinée à absorber le césium radioactif – prévue pour être changée tous les mois – a augmenté beaucoup plus rapidement que prévu.

Non seulement l’installation devient dangereuse en elle-même, en raison de ses émissions, mais sa capacité de traitement de l’eau en est affectée, pouvant remettre en cause l’ensemble du projet de création de circuits fermés de refroidissement des réacteurs. La quantité d’eau contaminée s’accroît chaque jour de 500 tonnes alors que l’installation était prévue pour traiter 1.200 tonnes quotidiennes, afin de progressivement décontaminer les 100.000 tonnes déjà présentes sur le site et pouvoir les utiliser pour refroidir les réacteurs.

Cela repose dans toute son ampleur la question non résolue de leur stockage et rend inévitable leur débordement sur le sol et dans l’océan dans les quelques jours à venir, faute de pis-aller. Sans tenir compte de l’accroissement très important de la masse de boues très radioactives qui résulteront du fonctionnement de l’installation et dont, à leur tour, la question du stockage se pose et n’est pas à ce jour résolue.

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