Billet invité
Il n’existe aucune trace des réunions des cinq différentes commissions gouvernementales qui ont géré la catastrophe de Fukushima en mars 2011. Ni comptes-rendus, ni minutes, ni enregistrements des débats et des décisions ! Un black-out qui ne pourrait pas être mieux nommé, s’agissant de l’industrie électronucléaire.
Venant d’être reconnue, cette lacune fait obstacle à la reconstitution des événements et à l’analyse de la catastrophe ainsi que des réponses qui lui ont été ou non apportées. Elle participe à un ensemble de révélations qui s’accumulent et concourent à mettre en évidence l’état d’impréparation et de manquement des acteurs et des structures dédiées à la sûreté nucléaire, gouvernement ou opérateur privé de la centrale.
Yukio Enado, le ministre de l’économie, du commerce et de l’industrie, a présenté ses excuses en confirmant ce trou de mémoire. Porte-parole du gouvernement à l’époque du démarrage de la catastrophe, il a jugé “regrettable” l’absence de ces documents.
L’Agence de sûreté nucléaire et industrielle (NISA), dont la responsabilité a été pointée dans la presse japonaise, a rétorqué que les décisions prises à l’occasion de ces réunions ayant été communiquées à la presse, le mal n’était pas si important !
L’actuel gouvernement a depuis décidé d’établir a posteriori des compte-rendus, en se basant sur les témoignages des participants à ces réunions, mais quelle confiance pourra-t-il leur être accordé, des rumeurs faisant état de documents destinés à s’assurer de la convergence de leurs récits ?
Comme les activités financières, l’électronucléaire est consubstantiel aux conduites de secret ; danger tout aussi néfaste que l’insidieuse dissémination de la radioactivité, quand une défaillance aux proportions incommensurables et aux effets méconnus intervient.
87 réponses à “FUKUSHIMA : LES CONDUITES DE SECRET DE L’ÉLECTRONUCLÉAIRE, par François Leclerc”