L’actualité de la crise : « LA SOLIDARITÉ N’EST PAS GRATUITE », par François Leclerc

Billet invité

« Une stratégie de suicide assisté », c’est ainsi que Wolfgang Münchau qualifie dans le Financial Times la politique suivie par l’Allemagne vis-à-vis de la Grèce. Analysant celle-ci, il en conclut que « nous sommes arrivés à un point où le succès n’est plus compatible avec la démocratie » et que les assurances que les dirigeants européens recherchent sont « extrêmement peu crédibles ».

Si l’on veut y réfléchir, la multiplication de ces assurances, sous la forme de dispositions destinées à assurer le remboursement des prêts – appelées « pilules de poison » par le journaliste – ne fait que refléter le doute grandissant qui s’est emparé des négociateurs européens. Plus elles sont sévères et heurtent l’opinion grecque, plus elles reflètent l’irréalisme des objectifs fixés à la Grèce, dont les Européens sont conscients et cherchent à se prémunir.

La tenue ou non des élections législatives d’avril sera de ce point de vue un test supplémentaire. Comme le fait également remarquer Wolfgang Münchau, l’exigence de leur report, si on était en Allemagne, violerait la constitution, qui accorde au parlement le contrôle absolu sur la souveraineté du pays. C’est sous ses auspices symboliques que les nouvelles dispositions européennes de discipline budgétaire pourraient être ratifiées, si les dirigeants européens en arrivaient là.

Une alternative aurait été de forcer la Grèce au défaut, une option tentante si l’on recense toutes les déclarations en sa faveur ainsi que celles qui mettaient de l’huile sur le feu en Grèce avec ce même objectif en tête. Une autre stratégie semble l’avoir emporté, qui consiste à obtenir un résultat identique, mais à petit feu et plus tard, par étouffement progressif. En débloquant l’aide financière au compte-goutte, tranche par tranche, et en se payant sur la bête au fur et à mesure pour se rembourser, avant de l’abandonner exsangue.

Viviane Reding, désormais commissaire européen à la justice, a déclaré que « la solidarité n’est pas gratuite, la Grèce doit également faire sa part pour gagner cette aide ». Avec cette vision de la justice, elle était toute désignée pour ce poste. Que tous les démunis de la terre se le disent, la solidarité implique désormais des contreparties, elle est payante pour ceux qui en bénéficient. Il suffisait d’être humble, il faut désormais tendre le cou.

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