Billet invité
D’abord, je suis un scientifique et un intellectuel libre, je ne fais aucunement partie du « système ». Physicien théoricien des particules et de l’astrophysique, donc capable, je pense, de comprendre sinon la physique du noyau, du moins celle qui régit les réacteurs. Après avoir été proche de Georges Charpak, j’ai « viré ma cuti » l’été dernier, en conscience, après 4 mois de travail sur Fukushima (la première édition de mon livre (*) a été trop rapide et superficielle). Le problème gravissime est la menace de fusion du cœur. Se battre contre les « causes » possibles est futile : elles sont innombrables, ex : TMI conjonction de 3 pannes mineures dans un système complexe. Or le melt-out est un danger imparable : pollution des nappes phréatiques etc. rendant l’espace invivable pendant 300 ans au moins. Les centrales actuelles sont sans défense (la « protection géologique appropriée » de l’ASN, outre son prix, me semble un gag, digne des plaisanteries militaires d’une époque révolue) EPR est nettement mieux grâce au « cendrier », mais seule la « génération IV » apporte de réels progrès.
Elle verra peut-être le jour… mais dans très longtemps et à quel prix ?
Fessenheim est le prototype d’une sottise à arrêter d’urgence : à l’aplomb d’une nappe phréatique de 33 milliards de m3, Vallée du Rhin région la plus active et peuplée d’Europe, Canal d’Alsace, zone sismique etc. etc. sans compter l’accident « bête » type TMI (voir le livre de Ch. Perrow « Normal Accidents »). Il y en a d’autres ! (voir la vallée du Rhône.) J’ajoute que l’arrêter = la démanteler ce qui créera de l’emploi de haute qualification (que nous possédons). Arrêtons les sottises de la campagne actuelle sur ce sujet. Créons donc chez nous cette compétence technologique de très haut niveau qui s’offre à nous !
Quant à prétexter le réchauffement climatique: c’est se moquer des gens (au mieux) : il faudrait multiplier le parc nucléaire mondial par 10 (4000 à 5000 réacteurs) pour apporter une contribution non ridicule (et à quel prix !).
Il faut revoir tout notre système énergétique dans les meilleurs délais (économies d’énergie, renouvelables, etc.). Est-ce utopique ou risible de plaider pour une politique énergétique européenne ?
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(*) Jean-Louis Basdevant est l’auteur, entre autres, de Maîtriser le nucléaire : Sortir du nucléaire après Fukushima, Eyrolles, 2011
148 réponses à “LES CENTRALES NUCLÉAIRES ACTUELLES SONT SANS DÉFENSE, par Jean-Louis Basdevant”