LACRIMIS REIPUBLICAE, par Daniel Pol

Billet invité.

« On ne peut pas exclure une révolte sociale », confiait récemment Jean-Claude Juncker, ajoutant même que le spectre d’une guerre en Europe redevenait plausible. Or, quand on connaît le Premier ministre luxembourgeois, ex-président de l’Eurogroupe, on sait que ces mots ont un sens et qu’ils sont le fruit d’une réflexion en profondeur.

D’ailleurs, les derniers évènements français apportent, s’il en était besoin, de l’eau au moulin de celui qui collectionne depuis des années les distinctions européennes de toutes natures, tout en donnant un éclairage particulier à la guerre intestine qui gangrène l’UMP depuis de nombreux mois, pour ne pas dire depuis des années. Une guerre qui oppose les fidèles aux valeurs de la République et les partisans d’un État autoritaire et xénophobe (voire homophobe).

Que ce soit la mise en examen de l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, la démission de Jérôme Cahuzac, ou le mariage pour tous, tous les prétextes sont bons pour élever le ton, franchir la ligne rouge d’un dialogue citoyen digne, et se laisser aller aux outrances de langage dans un affrontement verbal insultant et de plus en plus ordurier.

Et le dernier épisode en date des participants à la manifestation de dimanche contre le mariage pour tous, tentant de franchir le cordon de CRS pour envahir les Champs-Elysées, alors que le Préfet de Police en avait interdit l’accès, et mettant leurs enfants en première ligne pour créer « l’incident », démontre la volonté d’en découdre d’une droite devenue extrême avec un pouvoir qui ne cesse de perdre sa crédibilité.

Dans ce contexte, créé par le marasme économique, la faillite d’un système social qui n’a pas su assurer sa pérennité, et le retour d’une classe indigente de plus en plus nombreuse, tous les ingrédients sont effectivement réunis pour une explosion sociale qu’une banale étincelle est désormais capable de provoquer.

Sous la houlette d’une partie de ses dirigeants, et bien qu’elle continue de s’en défendre mais de plus en plus mollement, une partie de l’UMP est prête à gouverner avec le FN. Pour restaurer un État fort, diront-ils. Mais fort contre les faibles, et au service des grands argentiers dont les appétits hégémoniques sont sans limite…

Ainsi, au-delà des gaz lacrymogènes, les larmes des enfants de ces manifestants fanatiques de dimanche risquent fort d’être celles d’une République qui se voit mourir!

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