L’Encyclopédie au XXIème siècle :

APPEL À CONTRIBUTIONS

Les contributeurs des premiers projets d’articles de L’Encyclopédie au XXIème siècle se sont réunis à Paris le 23 novembre. Ils sont convenus de lancer un appel à contributions une fois qu’une charte éditoriale aurait été rédigée et aurait reçu l’approbation des participants à la réunion. Seul point encore ouvert à la discussion à l’heure qu’il est : le sens à donner à « sur ce regard ‘venu du futur’ (‘venu de Sirius’) ». Pour illustrer ce qui est entendu par là, je reproduis à la suite de la charte mon billet du 28 janvier 2009 intitulé « Une lettre persane ».

La correspondance relative à cet Appel à contributions peut être adressée ici : L’Encyclopédie au XXIème siècle ou en utilisant la fonction « Me contacter » en haut à droite de la page d’accueil du blog.

L’Encyclopédie au XXIème siècle : Charte éditoriale

Le projet d’Encyclopédie au XXIème siècle, fruit d’une réflexion collective menée au sein des Amis du Blog de Paul Jorion, se base sur l’étude des événements actuels liés à la Crise du capitalisme analysée par PJ et les contributeurs de son blog. L’idée essentielle est de concevoir dans une démarche similaire à celle des Encyclopédistes du XVIIIème siècle, les nouveaux paradigmes qui permettront de sortir « par le haut » de la crise actuelle, sur la base des idées véhiculées par le blog.

Il s’agit d’abord d’un projet d’essence politique au sens noble et premier du terme.

L’E21 devra aller au-delà de la simple description de l’effondrement de nos sociétés actuelles, confrontées à un soliton formé par la conjonction de trois crises, suivantes : la crise du capitalisme avec sa concentration des richesses, la crise de la complexité des systèmes mis en place par l’Homme, et la crise écologique causée par le comportement colonisateur opportuniste de l’espèce humaine. L’E21 se donne donc pour objectif de concevoir et présenter les solutions à ce soliton. Pour ce faire, les auteurs devront prendre délibérément le parti de se projeter dans le futur, par hypothèse à une époque où les solutions pensées dans l’E21 auront permis de sortir « par le haut » de la crise globale actuelle, offrant la possibilité d’un regard rétrospectif sur les erreurs passées et actuelles.

Ce qui importe dans ce travail est donc moins la manière dont ces solutions vont émerger que l’étude de ces solutions elles-mêmes. Une telle présentation permettra de convaincre le plus grand nombre que ce que beaucoup voient encore comme des utopies constituent en fait un futur non seulement désirable mais aussi vraisemblable.

L’Encyclopédie au XXIème siècle se présentera sous la forme d’entrées, couvrant les caractéristiques de l’homme, dans sa dimension collective, individuelle comme intellectuelle, inséparables de son environnement et de ses activités.

Chaque entrée consistera non pas en une simple critique ou une description « statique » de nos faillites actuelles mais en une présentation du ou des nouveaux paradigmes qui permettront de sortir de la crise globale que nous constatons tous, ce qui démontrera nécessairement l’obsolescence et l’incongruité de notre présent.

La forme de ces entrées est sans importance, tous les modes d’écriture étant par principe admis : article de fond ou portrait, aphorisme ou curiosité (poème, BD…). La taille ne sera pas un critère, la diversité des styles de chacun étant acceptée et même encouragée. Seule l’intelligibilité par le plus grand nombre devra être soignée, l’Encyclopédie cherchant à toucher le grand public.

En revanche, l’accent devra être mis sur ce regard « venu du futur » (« venu de Sirius »), totalement détaché des contingences à court terme du présent, et sur la cohérence de l’ensemble.

C’est ainsi que les entrées et les nouveaux paradigmes abordés dans E21 ne devront pas entrer en contradiction entre elles, ni avec les travaux précédents du blog PJ ou de ses publications.

Il sera possible que pour certains des nouveaux paradigmes proposés, des divergences de fond irréconciliables demeurent malgré le travail collectif. Dans ce cas très particulier et qui devra rester exceptionnel, plusieurs entrées pour la même notion pourront être envisagées.

Dans un souci d’organisation du travail, 5 pôles de travail pour la relecture ont été constitués. Chaque contributeur devra donc préciser dans quel(s) pôle(s) il entend intégrer son travail. Cette classification n’est qu’une organisation de travail et n’implique aucun choix quant à la forme définitive de E21.

Ces 5 pôles sont à ce jour :

Thématique

  • Écologie
  • Économie
  • Sciences et techniques
  • Politique
  • Humain et Humanité

C’est sur ces bases que toutes les contributions seront étudiées, et que le projet E21 sera mené jusqu’à son terme, pour une publication dont la forme n’est pas encore arrêtée (livre, site Web, etc.).

Une lettre persane

Un voyageur venu d’un autre système stellaire a récemment visité la Terre et a tenu à informer les siens de ce qu’il avait pu y observer. Arrivé sur notre planète alors qu’y fait rage une crise profonde, il en informe ses correspondants lointains dans les termes que voici :

« Il existait ici il y a quelques années seulement un grand commerce de biens appelés « ABS adossées à des prêts subprime » dont on s’aperçut un jour que leur valeur avait tant baissé qu’ils se vendaient désormais beaucoup plus cher que ce qu’ils valaient. Les acheteurs éventuels disparurent aussitôt et plus personne n’entendit traiter avec ceux qui détenaient de tels biens en grande quantité de peur qu’ils ne fassent bientôt banqueroute. Certains ayant caché de tels ABS au sein d’autres produits appelés CDO (pour Collateralized–Debt Obligations), chacun soupçonna alors chacun de vouloir le gruger et plus personne n’entretint commerce avec personne. Or les habitants de la Terre ont pour habitude d’utiliser pour toutes leurs entreprises, plutôt que leur argent propre, celui qui appartient à quelqu’un d’autre, usage très dispendieux cependant car il leur faut payer un loyer pour l’argent qu’ils empruntent et le montant de ces « intérêts » ne manque pas de se retrouver alors en proportion importante dans le prix de tout ce qui se vend et s’achète.

Je demandai à un Terrien pourquoi ne pas utiliser son propre argent plutôt que celui des autres et il m’apprit alors que la plupart de ceux qui ont besoin de cette commodité en manquent, soit qu’il s’agisse pour eux de l’utiliser au titre d’avances pour se procurer les matières premières et les outils nécessaires à leurs tâches, soit qu’il s’agisse de consacrer un tel argent à l’achat d’un bien dont ils ont besoin pour survivre ou pour vivre, sommes qu’ils rembourseront et dont ils acquitteront les intérêts à partir de leurs gages. La question que je lui posai alors fut celle qui eut le plus l’heur de le surprendre : « Comment se fait-il », lui demandai-je, « que l’argent ne se trouve pas là où il est le plus nécessaire ? » Il me fit la réponse suivante : « Cet argent dont nous parlons, on l’appelle quand on ne l’a pas : « capitaux ». Ceux qui en disposent en grandes quantités et qui se font spécialité de les prêter, nous les appelons : « capitalistes » et c’est pour cela que nous appelons « capitalisme » la façon dont nous organisons nos sociétés ».

Je lui expliquai que l’argent devant être emprunté pour s’acquitter des tâches les plus communes et pour vivre au jour le jour, il n’était pas surprenant que toute activité s’interrompe aussitôt que ceux qui en disposent refusent de s’en défaire et le grand désarroi où est plongée sa planète me semblait causé par ce simple fait.

Je lui demandai alors d’où était née chez eux cette idée de confier l’argent aux seuls capitalistes. « Il ne s’agit pas d’une décision qui fut jamais prise », me déclara-t-il, « mais de la conséquence de la combinaison de deux principes : celui de l’héritage et celui de la propriété privée qui permit l’appropriation des communs par un petit nombre ». « Ne voyez-vous pas », lui dis-je, m’échauffant quelque peu, « que l’appropriation privée des communs n’était tolérable que tant que vous n’étiez que peu nombreux et que votre planète vous apparaissait comme un vaste terrain en friche ? ». Au comble de l’exaspération je m’écriai alors : « Si ces principes mettent aujourd’hui votre existence en péril que n’en changez-vous ! » « La chose fut proposée autrefois », me répondit-il sans se départir de son calme, « par un idéaliste appelé Jean-Jacques Rousseau qui, si j’ai bon souvenir, vivait dans un tonneau, mais nous ne pouvons guère modifier ces principes car ils nous furent confiés par nos aïeux qui les tenaient des leurs et nous dirent de bien nous garder d’en changer, raison pour laquelle nous les appelons : « sacrés » ».

Je ne sus bien sûr que répondre. Quelques jours plus tard cependant je prenais la décision de rentrer au pays ».

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