Billet invité.
1- Des études de plus en plus précises (concernant la France, par exemple), convergent pour décrire le même phénomène de robotisation (par le remplacement du travail manuel par le robot et du travail intellectuel par le logiciel).
2- Le gros de la robotisation n’avait visé jusqu’ici que la classe ouvrière, or c’est l’ensemble du salariat qui est désormais concerné, les classes moyennes et supérieures étant maintenant elles aussi atteintes. Seules les classes sociales en « apesanteur sociale », en sont les bénéficiaires : les happy few mondialisées ou les rentiers à vie en sont a priori exclues, le phénomène visant justement à les alimenter elles en revenus du capital, social ou monétarisé.
3- Le capitalisme ayant visé jusqu’ici à créer les conditions d’émergence d’une classe de consommateurs (moyenne et sup) sur lesquelles est fondée la démocratie représentative (ce sont ces classes sociales, moyennes et supérieures, qui sont représentées dans ce système), la désintégration de ces classes sociales par la robotisation implique celle du système politique actuel. Des systèmes de gouvernement coercitifs et liberticides seront donc nécessaires pour garantir l’évolution en cours.
4- Aucun système de redistribution, fiscal ou autre, n’est envisagé face à ce phénomène. Tout au contraire : le processus est précisément en place pour alimenter les rentiers. Ce processus est intrinsèque au capitalisme : il est son implication logique, liée à la recherche de productivité (gains de moins en moins redistribués socialement, voire pas du tout). La robotisation ‘socialisée’ est le stade ultime du capitalisme : la robotisation a éliminé le travail humain et seul le capital demeure désormais rémunéré.
5- Même la mise en place d’une redistribution sociale sous forme ‘x’ ou ‘y’, qui viserait à tempérer l’évolution en cours, ne serait qu’un palliatif : un nouveau système d’« adaptation sociale ». Il serait d’ailleurs en permanence miné par le maintien comme justification idéologique de l’évolution en cours du principe du Tout travail mérite salaire – mais lui seul !, qui demeurerait en place.
Ayant conduit à ce que seul soit encore rémunéré le capital, le travail humain ayant lui entièrement disparu, la robotisation aura opéré la concentration de la richesse entre les mains des seuls capitalistes. La robotisation, ayant apporté la solution finale à la question du salariat (ou du prolétariat, les deux termes étant synonymes), par l’élimination pure et simple de celui-ci, constitue bien le stade ultime du capitalisme.
185 réponses à “LA ROBOTISATION, STADE ULTIME DU CAPITALISME, par Zébu”