Paul Jorion : en vitesse, le 9 juillet 2015 – (retranscription)

Retranscription de . Merci à Olivier Brouwer !

Bonjour, on est le jeudi 9 juillet, et je ne fais pas cette vidéo un jeudi parce que demain vendredi je serai trop occupé – j’en ferai une demain – mais c’est simplement parce que j’ai envie de dire des choses, et puis j’ai été occupé toute la journée. J’étais à ce Haut-Comité pour l’avenir financier de la Belgique. On a discuté entre nous, puis on a eu un long entretien avec le Ministre des Finances belge, etc., et je voudrais quand même dire un certain nombre de choses.

L’un d’entre vous m’a écrit, c’était hier (je n’ai pas pu répondre tout de suite) en disant : « Quoi ? Vous ne parlez que de la Grèce, alors que les députés français ont voté le traité transatlantique, le NASDAQ a été en panne pendant une heure et demie (qu’est-ce qu’il y avait encore ? Ah oui !), il y a la panique sur les marchés chinois, et vous êtes obsédé par la Grèce, etc. »

Alors, moi, j’ai eu aujourd’hui l’opinion à titre confidentiel du Ministre des Finances belge sur la situation de la Grèce. Et dans notre groupe, il y avait un ancien (très récent) gouverneur de la Banque Nationale de Belgique, et ils nous ont donné leur opinion à titre confidentiel, et je ne vais pas trahir ce qu’ils ont dit, ce n’est pas mon rôle, mais en tout cas, je peux vous dire une chose, c’est que ce qu’ils ont dit n’infirme pas la thèse selon laquelle on pourrait considérer quand même que cette question de la Grèce, c’est la mère de tous les dangers, et qu’il faut qu’on s’en occupe et qu’on en parle.

Alors, sur le blog, on en parle beaucoup. On a raison, parce que je crois qu’ailleurs, on n’en parle pas suffisamment. On est dans une zone d’inconnues, on ne sait pas trop ce qui va se passer. Tout le monde sait qu’on est, je dirais, sur la corde raide, on sait qu’on est dans la région, effectivement, de tous les dangers, parce qu’on est dans des contextes qui sont plus ou moins imprévisibles.

Alors, par comparaison, eh bien, la Chine, vous avez vu : la Chine, ce n’est pas une démocratie. La Chine, ce n’est pas une démocratie, ça veut dire que quand il y a une panique sur les marchés boursiers, et qu’on considère en haut lieu que c’est à cause des gens qui prennent des positions courtes (short) à découvert, eh bien, qu’est-ce qu’on fait ? On les arrête et on les met en prison. Alors, vous savez, dans nos pays, ce n’est pas tellement parce qu’on est dans une démocratie, parce que toutes ces choses sont un peu relatives, mais c’est parce qu’on considère que « les marchés sont omniscients », et que si donc, les choses… si il y a un crash (ou un krach), eh bien, c’est parce qu’il y a une « correction » et que « les marchés » considèrent qu’une correction est nécessaire. Voilà.

Alors, c’est pour ça qu’il ne faut pas parler trop des paniques en Chine, parce qu’on en voit tous les jours. Il y a des bulles immobilières, il y a des krachs boursiers, il y a ceci ou cela, et on vous dit toujours, et ça fait des années qu’on vous dit : « C’est la catastrophe, tout ça va s’effondrer ! » et puis on s’aperçoit que trois semaines plus tard, c’est rentré dans l’ordre. Pourquoi ? Parce que, effectivement, on ne croit pasà l’omniscience des marchés en Chine, comme je vous dis : quand ça ne marche pas, on cherche les responsables et on les met hors d’état de nuire.

Alors, le traité transatlantique en France, eh bien ce n’est pas une bonne idée de le voter, mais enfin ça fait quand même, ça fait quoi ? Ça fait trois ans, quand même, qu’il y a une majorité de députés, en France, qui votent les pires mesures, et quand ils ne les votent pas, eh bien, on fait passer l’[article] 49 [alinéa] 3, et ça passe quand même. Alors, ce n’est pas une bonne idée, et ces gens devraient faire beaucoup mieux, on le répète à longueur de journée sur le blog. Ce n’est pas une bonne idée.

Un incident technique sur le NASDAQ, ça arrivera encore, ce n’est pas très très grave, etc. Mais, ce qui est dangereux, le plus dangereux, c’est des situations comme celle qu’on a en ce moment : l’Europe et la Grèce. Il y a deux opinions qui sont inconciliables, il y a deux façons de voir les choses, on est dans un contexte absolument dégradé, parce que – comme vous le savez – en arrière-plan, il n’y a pas le système qu’il devrait y avoir. Ce devrait être un système fédéral qui est derrière une monnaie unifiée. Il n’y a pas ça, et par conséquent, on ne sait pas ce qui va se passer si on ne prend pas les bonnes mesures.

Voilà, je voulais vous dire ça en vitesse, parce que, bon d’abord parce que l’écrire, ça aurait pris un temps fou, mais bon, il faut suivre un peu l’actualité, et c’est vrai, on est sur le créneau de la Grèce et on ne parle pas beaucoup d’autre chose, mais c’est parce qu’il y a de bonnes raisons. C’est là, dans un système financier aussi fragilisé que celui qu’on a – ce n’est pas qu’on ne sait pas ce qu’il faudrait faire pour réparer les erreurs de 2007-2008, mais c’est parce que le milieu financier met les bâtons dans les roues, empêche qu’on prenne les bonnes mesures. Alors, du coup, on est dans des situations extrêmement fragilisées, et on ne sait pas ce qui va se passer dans une situation comme celle dans laquelle on est par rapport à la Grèce.

Voilà. En vitesse. Au revoir !

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