Jorion jette l’éponge… Quel con, ce Jorion !, par Olivier Hofman

Billet invité. P. J. : Pas très aimable, le Olivier Hofman : « Qu’est-il à apprécier chez un type qui ne s’est jamais battu réellement… », « ce mec qui n’a jamais voulu vaincre que sans périls… », mais il me donne une idée : raconter l’histoire de ma vie, pour l’obliger à revoir ses jugements à l’emporte-pièce ! 😀

Bonjour,

Et hop ! Il l’annonce sur son blog ce matin, Paul Jorion jette l’éponge… Raisons : il n’a pas su sauver le monde, expliquer ce qui se passe est vain, il va donc nous expliquer comment vivre après l’effondrement… Quel con, ce Jorion ! Et là, je suis furax !

Les diseurs de mauvaise aventure du genre à nous engluer les portugaises au nom de ce qu’il faudrait « sauver la Terre » m’ont toujours profondément emmerdé à nous faire bouffer leur putain d’orgueil incommensurable. Et qui pense sauver le monde me casse les valseuses tout autant. Comment peut-on avoir autant d’orgueil ? Enfin, comment peut-on avoir plus d’orgueil que moi ? Merde, une loi devrait nous prémunir de ce genre de chose, merde !

Mais, bon, celui qui se vante d’avoir vogué sur la grande bleue lâche la barre au premier coup de Trafalgar qui pourrait être le dernier. Alors que c’est à ce moment-là que tout commence ! Facile de caboter à travers des écrits et des conférences en lesquels on navigue à vue, à m’as-tu vu peut-être, dans un flot de belles paroles qui devrait emporter tout sur son passage comme une lame de fond où se noieront pourtant celles et ceux que la logorrhée des intellos de service a peu de chances de toucher. Alors que ceux et celles-là, touchés de plein fouet par la vie ne peuvent que s’attacher à trouver des solutions, si minimes soient-elles, pour vivre un jour de plus sans sombrer définitivement. Ceux et celles-là, qu’on n’écoute jamais depuis les prétoires où prêche qui sait, qui serait intelligent, qui se veut pourvoyeur de solutions, ceux et celles-là, qui ne peuvent que prendre des risques – pour leur liberté, leur vie -, ceux-là apprécieront.

Qu’est-il à apprécier chez un type qui ne s’est jamais battu réellement, mis à l’abri par son statut, tantôt trader, tantôt professeur, qui quitte la bagarre quand celle-ci pointe son nez et la ramène encore pour nous dire qu’il va nous expliquer comment vivre après que l’effondrement ait eu lieu ? Rien. Rien de rien. Non, je ne regrette rien chez ce mec qui n’a jamais voulu vaincre que sans périls. N’oublions pas la belle excuse, ce qu’il fait est « vain » nous dit-il… Bonjour l’ego ! Qu’attendait-il, un changement, une victoire ? Merde, si tu veux sauver le monde, tu prends une cape rouge et un moule-couilles, et hop ! Sinon…

Les voilà, les intellos, les autorités, les mollah, les guides qui me foutent en führer, ça veut se battre et ça ne sait pas qu’un combat ne finit jamais ! Qui s’est qu’a commencé ? Ben, toi, ma couille ! On n’est jamais mieux desservi que par ses propres illusions. C’est pour cela que je me bats, car je n’ai jamais eu le moindre espoir. Comme le disait Eric Idle des Monty Python : « qui s’attend au pire n’est jamais déçu ! ». Mais cela, faire preuve d’un peu de poésie, les bisons futés de la vie qui défendent l’art et la culture ignorent ce que c’est au quotidien. Non, ce qu’il leur faut, c’est de l’intellectualisme, des certitudes, de l’assurance, de la vérité, du réel, des lois, des règles. Mais sentir, fabriquer de l’attention ! La poésie, l’inspiration, le souffle, ils le réservent aux musées, aux théâtres, aux romans, à la fiction. Il leur suffit ensuite de dire à travers des paroles et des écrits aussi secs que le Sahel que cela nous est nécessaire, qu’il faut, qu’on ne peut s’en passer. Ils passent leur vie à la segmenter, à poser des cadres, à trier, à catégoriser, et puis s’étonnent d’être incapables de remonter le machin et de le faire fonctionner.

Bien sûr, personne ne les écoute, personne ne les suit, leurs propos n’ont pas assez d’attention, et blablabla, comme c’est triste ! De vrais ministres ! Passé autant de temps à s’instruire, à construire de belles théories, à user de moyens mnémotechniques, vous savez, ces trucs pour se souvenirs des choses, et finir aussi con, putain, quelle perte de temps ! Et, encore une fois, on s’étonne que tout foute le camp… Bon, t’es mignon, mon grand, mais t’étais où pendant tout ce temps ? C’est bien, un beau gros cerveau, mais cela ne donne ni courage, ni force, ni honneur…

Bon, c’est vrai, j’ai arrêté 14527 fois d’écrire et recommencer 14528 fois. C’est vrai, tous les matins, ou presque, je me dis que la faucheuse n’est malheureusement pas passée, qu’il va falloir y mettre un coup, encore. Bon, c’est vrai, j’ai tout perdu, famille, enfants, l’amour de ma vie, et même mon froc quelque fois. Mais, est-ce que ça tient à cela ? Non. Des raisons de continuer, ce ne serait que folie ! Je sais bien que la foule de mes auditeurs, bande de putes, de pédés, de gouines, de négros, de bougnoules, de glandeurs, de vauriens, de fainéants, de voleurs, de dealers – pire, des poètes ! -, ne changera rien au merdier actuel, que demain on va s’en ramasser une, et une bonne, et peut-être même que mon moteur aura une fuite d’huile ! Et alors ? Et alors ?

Faut-il une raison, une seule, pour aimer ? Faut-il une raison, une seule, pour jouir de la vie, des étoiles, du soleil, du vent, de la pluie, d’un caillou dans la godasse, du moustique qui vient te piquer le gland alors que tu pisses dans les fougères – véridique… -, d’un sourire inattendu, d’une pièce dans la rigole, d’un train en retard, d’une ivresse passagère – ou pas -, d’un éclat de rire, d’un chevreuil qui crève dans tes bras, du hasard qui n’existe pas ? Faut-il une raison, une seule ?

Arrêter, c’est lâche, minable, petit, pitoyable, navrant, déplorable, lamentable, désespérant, triste, et, si t’es capable de l’être plus que moi, c’est que t’es vraiment fort !

Prenons soin de nous.

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