La monnaie compensable en chaînes de blocs au service de l’économie réhumanisée, par Pierre Sarton du Jonchay

Billet invité.

La démonstration de Matthieu Thiboust sur la finalité réelle possible des chaînes de blocs part du constat accablant de la déconnexion systémique de l’économie libérale actuelle avec la perspective d’une humanité civilisée.

La globalisation des processus de transformation du réel dans un monde divisé entre plusieurs religions, plusieurs représentations de l’humain, plusieurs conceptions du droit, a rendu la concurrence des intérêts particuliers opaque en morale des personnes responsables. L’intérêt général à l’existence bonne de tous les êtres humains vivants n’est visiblement pas représentable dans les transactions financières réglées par le réseau interbancaire global dépourvu de limites et de frontières.

Pour acquérir des biens et services, voire accéder aux ressources de la simple survie, le consommateur final n’a actuellement aucune alternative à la confiance aveugle dans ses fournisseurs ; lesquels sont passionnément intéressés à capter son pouvoir d’achat en monnaie. Un produit conforme aux droits humains et à la protection de la vie sur terre est vendu au même prix nominal que le même objet issu de l’esclavage et de la destruction du milieu naturel. La monnaie par quoi le consommateur règle ses dettes avec les revenus de son propre travail de production n’est pas vérifiable en droits humains universels, ni en durabilité des ressources naturelles, ni en dépenses communes nécessaires à l’existence d’un contexte d’échange humainement juste.

Ontologie de la plus-value dans la personne

Pour que le prix d’un bien réglé en monnaie ne soit pas juste une chose matérielle détachée de la réalité humaine du monde physique, il faut nécessairement matérialiser les chaînes de valeur réelle par des chaînes de personnes solidaires du prix final complet pour le consommateur. Pour qu’une monnaie de règlement soit la contrevaleur d’un bien réel pour toute personne humaine quelle que soit sa place et son rôle dans la chaîne de production de l’objet final à consommer, il faut nécessairement enchaîner toutes les informations qui qualifient la réalité objective entre toutes les personnes impliquées dans le coût comme dans le bénéfice.

Une chaîne de blocs réunit tous les blocs de causalité par laquelle la cause du prix final est réglée à tous les producteurs du bien effectivement constitué dans des lois humaines. Un bloc est un élément de causalité du prix d’un bien entre un acheteur et un vendeur solidaires par des représentations communes et partagées de leurs droits personnels. Un bloc est financièrement une unité d’œuvre de comptabilité analytique. Le prix final est analysable dans le chaînage de toutes ses causes par la personne qui en effectue le règlement en monnaie. Autrement dit, le bloc est un étalonnage de la monnaie si la finalité de la monnaie est de régler des dettes causées par des droits humains effectivement produits et réalisés.

Les chaînes de blocs sont actuellement un sujet de recherche et de discussion dans les banques parce qu’elles conceptualisent la nécessité d’établir une relation continue explicative fiable non falsifiable entre l’écriture informatique d’un crédit et la réalité économique vérifiable. Le prix passé ou futur des biens doit renvoyer à des objets effectivement en production et à vendre comme biens. Le prix du titre bancaire de la chose encore indéterminée attribuée à quelqu’un n’est concrètement pas vérifiable en droits réels d’un acheteur et d’un vendeur quelconques sans l’identification de toutes les personnes qui travaillent à l’existence de la chose et en demandent la valeur effective.

Le bien de la Loi monétisé par l’État de droit

La chaîne de blocs est une méthode de résolution de la complexité du prix matérialisable en monnaie dans un contexte marchand unifié au-dessus de la diversité des États de droit et des intérêts concurrents que les États font exister. L’espace international des échanges s’est formé par la mise en réseau des systèmes informatiques locaux originellement militaires et bancaires. Le pouvoir économique et politique s’est par là affranchi de son cadre étatique au bénéfice exclusif des milices privées et des banquiers hors sol. La chaîne de blocs est un moyen technique de ré-encapsuler l’information numérisée du prix humain des biens et services réels dans des représentations de la loi morale portée par des personnes morales politiques.

La morale exprime les externalités sociales et environnementales qui justifient le contexte d’un prix d’un objet matériel donné. Dans une morale qui définit, limite et articule leurs intérêts, un acheteur et un vendeur peuvent régler le prix d’un bien par une loi de plus-values réalisables par leur commune. La relation morale s’intègre au prix à la condition d’une société reliant l’acheteur au vendeur. La société vient garantir l’existence et la réalisation des droits des parties à l’objet d’une transaction par les lois dont elle est dépositaire au bénéfice de tous ses membres.

Une société garante des lois par lesquelles ses membres existent pleinement les uns envers les autres dans le règlement de toute dette, forme un État. Un État est l’existence morale d’une personne politique disposant du pouvoir d’intervenir dans chaque transaction au nom de l’intérêt général, source de l’existence effective des intérêts particuliers. Un État a pour fonction de garantir que les prix réglés en monnaie représentent effectivement des biens pour toute personne membre de la cité ou en relation extérieure d’échange avec ses citoyens.

Interface « bloquée » de la complexité du sujet dans l’objet

La religion libérale féroce qui structure la géopolitique financière du monde actuel récuse la personnalité des États. Pour concentrer la plus-value du travail humain sur quelques individus, il ne faut pas qu’un intérêt général puisse exister pour relier tous les acteurs du prix par une communion. L’unité de calcul et de comptabilisation du prix doit rester dans quelques mains indépendantes des sociétés réelles de personnes. Pour ne pas s’exposer à la censure libérale, la plateforme de monnaie informatique Ethereum a dénommé « oracle » un arbitrage d’État portant sur la réalité ou l’existence d’une valeur entre des transacteurs en « Ether ».

Comme le suggère Matthieu Thiboust, il y a une interprétation humaniste possible des chaînes de blocs. Mais à l’origine, le concept est formulé par des informaticiens et des financiers pour parfaire la déconnexion entre la loi et la monnaie ; entre le prix et les droits de la personne ; entre les règlements monétaires et l’arbitrage de l’intérêt général. Pour ne plus avoir à répondre à la question morale du qui, du pourquoi et du comment, la « blockchain » focalise l’attention sur la sécurité physique et logique du flux d’information financière qui effectue le paiement d’un prix dans la chaîne interbancaire actuelle.

Si la réalité humaine bonne est la finalité des règlements en monnaie, alors il ne suffit pas de décentraliser l’information qui justifie les prix ; il ne suffit pas de rendre cette information transparente par l’ubiquité numérique, et infalsifiable par la cryptographie. Il faut aussi que des personnes identifiables puissent répondre de l’exercice du pouvoir d’achat déposé en monnaie par leur devoir de vendre la réalité objective à des personnes. La contrevaleur réelle d’un vrai prix actualisable n’est pas une écriture informatique dans une machine bancaire mais bien la confiance accordée dans la durée d’une personne concrète qui achète à une personne concrète qui vend.

Le prix de ce qui n’existe pas encore doit systématiquement renvoyer à la description objective compréhensible de la valeur attendue. C’est pourquoi le chaînage des blocs de causalité du crédit des prix doit référencer l’objet à une loi politique socialement partageable. Le cryptage de la monnaie doit assurer la propriété exclusive d’un État de droit identifié effectivement formé sur la lisibilité légale des causes du prix. En tant que personne morale un État est le tiers de confiance du crédit dans la monnaie qui le signifie. Il est le garant de la responsabilité morale par l’identification infalsifiable des parties engagées dans les transactions.

L’état civil des corps personnels au fondement de l’émission monétaire

La seule identification non falsifiable d’un bien est sa représentation physique virtuelle ou concrète dans un espace social public ouvert ; et la seule identification objective d’une responsabilité politique d’un prix est le corps physique des personnes qui en vendent ou en achètent l’objet sur la place publique. Une place de marché établit des prix réels humainement vrais si chaque offre de bien ou de règlement en monnaie est apportée par une personne physique reconnaissable par un identifiant unique dans tous les systèmes de paiement.

La fonction financière d’un État est de déterminer l’existence du marché par l’identité des personnes acheteuses et vendeuses qu’il cautionne. Un état civil est le registre des personnes solvables par une communauté de droits lisibles dans une loi nationale partagée. Le crédit mesure la contre-réalité de l’émission monétaire, à la condition du rattachement de chaque emprunteur ou prêteur physique au nom unique des personnes morales qui garantissent l’existence, la réalité, la légalité et la responsabilité individuelle objective de la plus-value.

Les chaînes de blocs réintègrent effectivement les externalités sociales et environnementales dans le prix final si et seulement si tous les blocs d’information du crédit peuvent se relier entre eux par une chaîne ininterruptible de personnes morales couvertes par des États de droit. Les États garantissent effectivement les personnes morales intermédiaires et locales s’ils fonctionnent financièrement comme des personnes morales : impérativement représentées par des personnes physiques et dotées d’un capital propre à proportion de leurs emprunts et des primes de crédit assurant leurs ressortissants et leurs représentants.

La réintégration au prix des objets des externalités sociales et environnementales qui font exister les biens pour toute humanité, ne peut pas signifier autre chose que la représentation financière de la loi et de la morale dans les monnaies exclusivement garantie par des États. Le chaînage des blocs d’information financière doit instituer les personnes morales politiques au service des personnes physiques. Entre les États répondant des droits des personnes morales et physiques inscrites dans leur périmètre de souveraineté, les réserves de change telles que définies actuellement sont le capital de garantie réalisable des droits comptabilisée en crédits de monnaie domestique.

L’escroquerie libérale par la monnaie détachable des personnes

Le système bancaire mondial est actuellement en faillite du point de vue de la croissance et du développement des droits humains pour trois raisons fondamentales. La masse mondiale des crédits comptabilisés en monnaie n’est structurellement pas vérifiable par des livraisons effectives de biens définis et autorisés par des lois de souveraineté politique partagée. Ni les représentants des États, ni les dirigeants des banques et des entreprises transnationales, ne sont financièrement responsables dans des souverainetés délimitées des crédits et des droits qu’ils comptabilisent en monnaie. Enfin la régulation des marchés est fragmentée entre des entités impersonnelles non coordonnées de façon à dissocier la comptabilité monétaire du capital de la comptabilité juridique des dettes.

Les oligarchies transnationales ont pris possession du monde globalisé en éliminant du marché des changes les banques centrales adossées aux États. Le prix des monnaies les unes par rapport aux autres et les primes de change qui garantissent le prix de conversion des acheteurs et vendeurs de monnaie sont négociés exclusivement par des intérêts privés placés au-dessus des lois et des souverainetés nationales. La Réserve Fédérale des États-Unis et la BCE sont des banques privées : les citoyens déposants de leur pouvoir d’achat dans la monnaie de ces banques n’ont aucun pouvoir de contrôle sur la contrevaleur conforme à l’intérêt général des paiements effectués.

John Maynard Keynes avait dès 1944 appuyé sa proposition de chambre de compensation des dettes internationales sur la démonstration d’irrationalité d’un régime monétaire détachable de la responsabilité personnelle physique de banquiers qui soient intégralement soumis par la loi aux États souverains. L’oligarchie étatsunienne propriétaire du système de crédit en dollar n’a évidemment rien compris aux propositions d’assurance concertée des masses nationales de crédit par les souverainetés étatiques. Bien pire, l’inondation des dollars puis des euros prêtés et émis par des intérêts exclusivement privés a servi à corrompre le raisonnement économique des élites dirigeantes du monde d’après-guerre.

Liquider systémiquement la perte des subprimes

Depuis le krach des subprimes, les élites de pouvoir libéral ont perdu leur crédit auprès des citoyens et des déposants. Il suffit de constater l’explosion de la dette mondiale, le détournement massif des revenus du travail au bénéfice du capital nominal spéculatif, l’effondrement de la demande solvable, le pillage incontrôlable des ressources naturelles, la destruction de la biosphère et la guerre civile légalisée des riches contre les pauvres. Les chaînes de bloc peuvent tout autant lever les derniers obstacles à la dictature du chaos financier total comme former l’infrastructure informatique réticulaire d’une restauration efficiente de la responsabilité politique personnelle physique et morale.

L’identifiant numérique unique de chaque personne physique incarnée doit valoir dépôt de ses droits dans la personne morale identifiée d’un État de droit. La monnaie de dépôt d’un droit spécifie la responsabilité étatique qui le signifie. Alors la monnaie devient représentation comptable de la valeur humaine civilisée. Tout règlement du prix d’une dette induit l’obligation réelle vérifiable de livrer un bien vrai en contrepartie. Chaque personne morale est inscrite en compensation à égalité de dignité avec les personnes physiques. Il revient à la personne morale de régler par un crédit de sa monnaie propre ses achats de biens réels intermédiaires aux personnes physiques qui travaillent pour elle.

La personne morale rembourse ses crédits par ses ventes de biens et services aux personnes physiques. L’équilibrage financier de l’offre à la demande de toute chose en toute personne se réalise par la décomposition analytique explicite de tout prix entre la réalité et la nominalité. Le prix de ce qui n’existe pas encore pour quelqu’un qui n’a encore rien acheté est un crédit du nominal. Dès que la chose est vendue et rend effectivement la valeur de son prix à l’acheteur, elle devient capital réel. La différence comptable entre le prix nominal moralement crédité et le prix réel physiquement débité est la prime imputable comme plus ou moins-value au capital des personnes morales impliquées dans la chaîne de valeur.

La mission de la personne morale d’intermédiation financière est de garantir les crédits qu’elle comptabilise : elle assure la comptabilité juridique conforme aux droits de chaque personne des biens effectivement livrés. Toute personne morale solidarisant des personnes physiques est émettrice d’un capital nominal. La compensation interbancaire des paiements consiste alors non seulement à régler le prix nominal des dettes mais à négocier à l’intérieur du flux nominal de monnaie la prime à reverser aux parties du contrat qui ont pu être lésées dans leurs droits d’une quelconque manière. La prime de compensation de la justice transactionnelle s’impute sur le capital de la personne morale garante du vendeur.

Catégorisation financière des fonctions morales du prix

La prime de justice d’un paiement quelconque est négociable si tous les intérêts du plus général au plus particulier sont représentés dans la compensation du prix d’une dette. Les catégories – aristotéliciennes – d’intérêt résident matériellement dans les personnes morales : les catégories sont valorisées par le capital des personnes morales. Toutes les catégories d’intérêt du général au particulier en passant par tous les degrés de publicité et de privauté sont représentés dans la négociation primale par les personnes physiques engageant chacune le capital d’une catégorie de personne morale.

Le chaînage des blocs d’information financière permet donc la compensation morale souveraine des prix nominaux par les primes. Chaque bloc renvoie à une et une seule personne physique qui représente dans la transaction bloquée une et une seule trinité de personnes morales. La compensation interbancaire s’opère alors par blocs de l’acheteur vers le vendeur pour le prix nominal ; des personnes bénéficiaires de la réalité effectivement livrée vers les personnes éventuellement lésées pour la prime de réalité du prix nominal.

La personne morale d’intermédiation financière est partie prenante de la négociation de la prime en tant que représentant d’un seul État de droit qui garantisse les droits de ses ressortissants. L’intermédiaire financier est engagé dans la répartition de la prime de liquidation des transactions entre les déposants, les créanciers et la personne morale étatique du droit. Le prêteur de la monnaie reçoit sur la prime le prix du temps entre le débit de ses droits et la dépense effective de son pouvoir d’achat. Le créancier du réel anticipé, dont l’intermédiaire financier est une partie, reçoit le prix des droits promis non livrés par le vendeur. Enfin la personne morale étatique reçoit la prime de liquidation fiscale qui rémunère le prix des services publics communs requis à l’existence effective du bien livré.

Dans l’économie de la justice entre les personnes, un bloc contiendra donc l’identification d’une personne physique dans trois personnes morales : un État qui assure les personnes en nommant et titrisant les biens dans une même loi commune ; une entreprise qui ordonne et livre la réalisation objective des biens servis ; une société qui solidarise les personnes physiques par la coordination de leur travail de production des biens servis. Les externalités sociales et environnementales sont réintégrées dans le prix final par le versement fiscal à l’État domiciliataire d’une fraction de la prime de compensation.

Rationalisation de la convertibilité monétaire par les blocs

La compensation des paiements par les blocs s’opère alors dans la personne morale des banques dont la fonction n’est pas de « créer » la monnaie mais bien de la comptabiliser proportionnellement à leur appréciation du droit transacté entre les personnes dans la loi souveraine de l’État démocratique. Le capital d’une banque ne doit plus être possédé par des personnes physiques anonymisées dans un « paradis fiscal » mais par des personnes morales toutes couvertes par la loi d’un et d’un seul État reconnaissable dans sa monnaie.

La différentiation des corps de loi souveraine par des monnaies distinctes non fongibles les unes dans les autres induit la variation économique rationnelle du prix des réserves de change déposées dans des responsabilités politiques distinctes. Techniquement, tout État de droit forme une zone monétaire régulée par définition dans une seule responsabilité souveraine. Tout achat d’importation est réglé par un crédit au vendeur en monnaie nationale. Toute vente d’exportation est réglée par un dépôt de l’acheteur étranger dans une zone monétaire étrangère.

Dans le marché des changes découpé en blocs de responsabilité politique étatique, les prix de chaque unité de compte étrangère aux échéances des crédits domestiques et des dépôts étrangers, est garanti par les réserves de change communes en monnaie domestique. Les réserves de change domestiques sont la somme de toutes les primes de change achetées par la communauté nationale pour garantir le pouvoir d’achat des dépôts de créances sur l’étranger et des crédits domestiques à l’étranger. Les réserves de change sont donc le capital public commun en monnaie domestique par quoi tous les crédits domestiques et étrangers sont garantis en valeur réelle du droit national.

Si la balance commerciale des échanges de biens et services réels avec l’étranger apparaît déséquilibrée en compensation monétaire nationale, il suffit pour restaurer l’équilibre à terme des paiements de déprécier en cas de déficit, ou de réévaluer en cas de surplus, la parité nominale garantie. Les achats de prime de change financés sur le capital national sont accrus par la dépréciation et réduits par la réévaluation. Les blocs de causalité des prix en monnaies renationalisées opèrent selon la même rationalité économique que l’or métal qui a nominalement étalonné les monnaies jusqu’au 15 août 1971.

La politique de l’économie moralisée par les blocs

La variabilité des primes de change achetées par la personne morale des États de droit et le « blocage » à prix variable compensé en droit et en justice des parités nominales extérieures des monnaies « nationales », est un système d’indexation des prix par la réalité humanisée. Il aura la même fonction économique logique que jadis les transferts d’or entre banques centrales pour solder des dettes internationales excessives. Mais l’étalonnage de la monnaie par le capital légal des personnes morales en lieu et place de la matière précieuse métallique, crée objectivement la prospérité des personnes. La finalité des paiements à satisfaire des personnes remplace la chrématistique libérale : accumulation virtuelle illimitée de pouvoir par quelques possédants.

L’identification de la responsabilité morale des personnes physiques par les blocs d’information des prix effectivement réglés transforme les paiements interbancaires actuellement invérifiables, en compensation aristotélo-keynésienne. La monnaie n’est plus crée « ex nihilo » par des banquiers irresponsables mais matérialisée sur des jugements politiques personnels solidairement garantis par la réalité objective. Pour que les paiements en monnaie remplissent leur finalité morale, sociale et politique, il faut que les algorithmes de compensation compilent dans une temporalité rationalisée les blocs d’information financière.

L’analyse logique des déterminants d’une prime de prix nominal moralement vérifiable dans la réalité sensible commune, révèle l’ethicité de sept rôles physiques et cinq rôles moraux. Un prix est décomposable dans toutes ses natures de risque à la condition du chaînage de sept blocs attribuables à l’identification d’un directeur, d’un comptable, d’un acteur, d’un gérant, d’un président, d’un actionnaire et d’un citoyen. Les six premiers produisent l’offre du bien livrable dans la réalité objective tandis que le citoyen demande nominalement le bien dans le respect de tous ses droits.

Les rôles moraux sont assumés par cinq fonctions sociales : la production, la gérance, le métier, le crédit et l’assurance. La production est la source de la réalité ; la gérance, la source du bénéfice moral ; le métier, la source du capital ; le crédit, la source du prix ; l’assurance, la source de la justice économique. La personne morale de l’État de droit solidarise par le contexte de la même monnaie les cinq sociétés ordonnant les sept personnes physiques à la réalisation de la valeur dans le prix du bien livrable.

Algorithmique de compensation en responsabilité personnelle temporelle

Les douze fonctions personnelles nécessaires à la réalité juste du prix sont toutes définies dans le Code Napoléon adopté par les Français au début du XIXème siècle. Ces principes organiques formels de la justice économique ont été oubliés dans la globalisation libérale pour permettre à quelques propriétaires anonymisés du capital de concentrer la monnaie du bien commun public dans leurs mains privées cachées. L’algorithme de chaînage des blocs aura donc pour fonction d’interdire la confusion des rôles, d’obliger chaque acteur physique à prendre position dans sa fonction et chaque nature de société à engager son allocation de capital à la garantie du prix final par la médiation de son gérant incarné.

Le chaînage des blocs engendre une compensation à la condition d’un séquencement des offres de capital par rapport à l’échéance de livraison engagée par la production. Le prix promis à l’échéance ne peut pas être réel et juste si chacune des sept personnes physiques n’est pas préalablement enregistrée et assurée dans ses droits de propriété, sa compétence de travail et sa responsabilité spécifique dans les cinq fonctions sociétales engagées. L’actionnariat, le crédit et la capitalisation des sociétés est une condition du pouvoir d’engagement des personnes physiques qui incarnent les personnes morales.

Le citoyen vendeur du prix par son pouvoir d’achat en monnaie ne peut pas commander un bien qui ne soit pas déposé dans les sociétés qui en produiront la réalité bénéfique en droit. Une société potentiellement vendeuse de la chose et acheteuse du prix n’a pas d’existence active sans être préalablement incarnée par au moins quatre personnes physiques distinctes capables d’agir dans la réalité visible pour la première, de diriger pour la seconde, de compter pour la troisième et de présider à la gérance pour la quatrième.

Penser et travailler ensemble aux prix de la réalité objective

Le modèle causal du prix juste des biens réels est universel. Il s’applique tout autant à la matérialité physique, qu’à l’idéalité spirituelle ; au prix du titre des sociétés, qu’au travail d’intelligence des corps humains personnels. La compensation aristotélo-keynésienne structurée par les blocs est donc potentiellement le logiciel de la démocratie réelle. C’est à dire du régime politique par lequel tous les biens nécessaires à l’existence bonne de tout citoyen, a un prix calculable en travail de transformation des personnes physiques par la médiation des personnes morales dans une même société politique.

La structuration d’un bloc d’information financière chaînable en co-propriété de quatre personnes dont l’une surgit physiquement et les trois autres moralement, restaure l’unité plurielle du réel entre l’existence matérielle objective et l’existence formelle subjective. L’économie redevient politique : le prix n’est plus réductible à une abstraction métaphysique spéculative ; le prix récupère une réalité substantielle non spéculative : l’objet sous-jacent est discutable entre son acheteur et son vendeur autant que le prix est négocié. Acheteur et vendeur sont politiquement reliés par trois personnes morales : l’une nomme l’objet ; la seconde le produit en réalité ; et la troisième assure l’existence de toutes les personnes reliées par l’objectivité du bien.

L’interfaçage numérique réticulaire du réel subjectif à la réalité objective opère deux transformations symétriques de la réalisation politique et de l’existence économique. D’un coté, toute réalité concrètement produite et effectivement servie à des acheteurs est matérialisable par un prix. De l’autre coté, toute verbalité politique objectivement délibérée dans une société de personnes est accréditée d’un prix de transformation possible en réalité. L’acheteur de l’idée exprimée en reçoit le revenu monétaire à la condition d’en livrer une réalité appréciée par un vendeur de l’idée.

La modélisation du réel réalisable par des blocs de subjectivité objective crée un plan rationnel spécifiquement financier de comparaison universelle par les prix. Toute chose est hiérarchisable dans les idées appropriées aux personnes. La parole et l’action d’un responsable politique est alors comparable à la décision et à l’exécution d’un entrepreneur comme à l’apprentissage et au travail d’un salarié. Un responsable politique devient le salarié des citoyens et l’entrepreneur de toute entreprise. Un entrepreneur devient le salarié de ses clients citoyens et le salarié l’entrepreneur politique de son patron en économie.

Arrimer la plus-value à son financement par la démocratie

La mémorisation infalsifiable des blocs sur un journal numérique ubiquitaire certifie la distinction effective de tous les rôles qu’une même personne peut et doit jouer dans les différents contextes où elle agit. En termes financiers, un bloc encapsule un prix nominal d’option avec le nom des trois personnes morales dépositaires du capital, du crédit et de la liquidité de l’objet. L’objet est codé dans un bloc au nom d’un propriétaire physique réel unique et vivant à la date du bloc. La personne physique bloquée dans l’objet est propriétaire de la prime acheteuse ou vendeuse du prix contre le bien sous-jacent. Le bloc est donc à la fois une unité d’œuvre du prix et un vote de confiance dans les gérants des personnes morales engagées dans la réalisation bloquée de l’objet.

La méta-technologie du bloc est efficiente moralement, économiquement et financièrement à la condition de l’identification unique centrale des personnes par des souverainetés étatiques. Si une personne physique est « bloquée » par des personnes morales étatiques financièrement vérifiées, alors elle devient efficace moralement, économiquement et financièrement en tout lieu de la planète même hors des frontières physiques de l’État qui la cautionne. Mais l’efficacité morale universelle de l’État de droit, nécessairement territorialisé et local dans ses frontières géographiques, est subordonnée à la démocratie vraie donc à l’immatérialité monétaire.

L’assurance d’un État sur les personnes physiques n’opère que si la structure morale de l’État est démocratique. Les sujets humains du prix sont plus que des individus. Ils sont des personnes physiques en relation d’intégration réciproque par le lien de la cité qui les établit en peuples par des nationalités. Le pouvoir du peuple par le peuple pour le peuple signifie que les personnes physiques sont solidaires de leur existence individuelle propre par un lien de subjectivité responsable réciproque spécifiable. La matérialisation comptable de la subjectivité responsable réciproque spécifiable, c’est la monnaie étalonnée en blocs chaînables.

Si la monnaie peut être matérialisée indépendamment des chaînes de bloc et circuler physiquement sans être rattachable à la démocratie qui signifie la valeur effective du prix nominal dans la réalité, alors l’individu est affranchi de son devoir d’humanité. Dès qu’il sort du périmètre physique de vigilance de la personne morale par qui il agit en citoyen, l’individu est potentiellement libre de se transformer en bête féroce pour capter la plus-value produite par le travail vital de ses semblables. A l’inverse, si le signe monétaire perd son pouvoir libératoire légal quand la personne physique ne répond pas en morale positive des finalités qu’elle achète, alors il devient difficile de faire croire que la destruction du réel et l’esclavage du prochain aient laissé une plus-value.

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