Sérénité, par Panagiotis Grigoriou

Billet invité. Aussi disponible sur son blog www.greekcrisis.fr

Temps béni des olives, moment de récolte. Nous sommes enfin prêts, entre véraison et maturité pleine, des olives bien entendu. “Qui se souvient des discours que nous faisions autour de la table dans ce café, au sujet des  perspectives politiques ?”, me dit notre amie K. Elle a démissionnée de ses fonctions pour créer si possible du sens, au moyen de la création artistique. Ce qui complique encore le choix dans ce vieux pays, c’est que toutes les olives ne mûrissent pas en même temps… offrant cependant la beauté des paysages en plus.

Paysage, île de Póros. Novembre 2017

Paysages du sud de la Grèce. Bourgades du Péloponnèse dépourvues du lustre de la saison touristique. Cafés fermés, voire inexistants, agrumes, jusqu’à faire craquer les ramures, oliviers remplis, les filets sont omniprésents, aux dires des habitants cette méthode est actuellement ce qui se fait de mieux pour recevoir les olives lors de la récolte.

Les discussions de saison tournent autour des récoltes, ou des prévisions de la météo ainsi que des derniers supposés exploits de l’équipe d’Olympiakós du Pirée. “As-tu-vu Kóstas, notre Olympiakós parvient à obtenir le match nul face à Barcelone. Notre gardien de but, Proto, en a des c… face à Messi. Sur cette frappe de Messi de l’extérieur de la surface de réparation, le nôtre, il a plongé sur sa droite tel un félin, ce n’est pas du cinéma cela.”

Ces discussions sous les oliviers peuvent alors durer durant des heures. Entre véraison… et maturité pleine, les habitants déshabitués et désabusés des discussions politiques commenteront tout de même au passage, la récente inculpation du Président démissionnaire de leur équipe favorite et armateur Marinákis pour matchs truqués, au même titre que 27 autres personnes également inculpées dans cette affaire (plusieurs équipes sont impliquées, presse de la semaine) . Décidément dans ce pays, comme dans tant d’autres, tous les matchs ne mûrissent pas en même temps.

Olives et le Temple de Poséidon. Póros, novembre 2017

 

La cueillette des olives. Péloponnèse, novembre 2017

 

Récoltes des olives, Temple de Poséidon, île de Póros, novembre 2017

 

Chèvres… et oliviers. Péloponnèse, novembre 2017

 

Nos olives. Athènes, novembre 2017

Récolte des olives en cours, de même que sur le site du Temple de Poséidon de l’île de Póros. Plus que symboliquement, nous avons récolté nos maigres olives sacrées… elles se prépareront durant de très longues semaines de l’hiver. Ailleurs dans la région, ce sont les chèvres qui s’occupent des arbres, et ce n’est pas du cinéma non plus.

Au lendemain du match de football, ceux du Péloponnèse qui nous ont accueillis, n’avaient pas d’autre première parole à nous exposer : “En effet Olympiakós, puis notre gardien…”. En effet, nous n’en savions rien. Comme le dirait notre poète Yórgos Seféris, à peine paraphrasé: Notre modernité des humains appliquée à leur cosmologie limitée de fait, ou plutôt appliquée à leur cosmétique, (le mot en grec est pratiquement le même dans ces deux acceptions et cela pour cause). Un beau monde mangé par la vermine.

Puis, une fois les affaires du ballon rond… arrondies dans la tête des gens, vint l’affaire de l’assassinat de la jeune femme, âgée de 32 ans (et agent du fisc), déjà évoquée il y a quelques jours aussi à travers ce blog. Son assassin, lequel l’a sauvagement frappé à maints coups au couteau dans un cimetière d’Athènes, où la victime s’était rendue se recueillir devant la tombe d’un proche, le coupable passé aux aveux, vient donc d’être arrêté. Un toxicomane, récidiviste, et individu très violent, lequel avait aussitôt revendu le téléphone dérobé à la jeune femme pour vingt euros place Omónia.

Belleville à Athènes. Novembre 2017

 

Brocante. Athènes, novembre 2017

 

Archéologie… économique. “Compagnie de l’éclairage par gaz”. Athènes, novembre 2017

L’homme -malade, dangereux et qui devait être soigné –  venait tout juste de sortir de prison, suite à une loi permettant la mise en liberté théoriquement surveillée, loi Syriziste portant le nom du ministre de la justice Nikos Paraskevopoulos, (en fonction entre janvier 2015 et novembre 2016). Le sens bien commun indique que cette loi a été d’abord et surtout conçue pour permettre aux escrocs affiliés à la nébuleuse politico-affairiste lourdement condamnés (cela arrive parfois) de quitter la prison légalement, le tout, sous le prétexte de faire baisser la population carcérale laquelle évidemment est plus importante que jamais.

Dans une réalité et un climat d’aggravation et de multiplication des crimes et délits frappant le plus grand nombre depuis la crise, processus en accélération depuis 2015, Paraskevopoulos déclare à la presse que comme sa loi vient de remplir tout son rôle, elle peut désormais être abrogée. Il faut dire que de très nombreux détenus dangereux, et pas seulement crapuleux, bénéficient depuis la loi Paraskevopoulos de cette liberté ainsi concrétisée. Et ni Olympiakós, ni son gardien, ne récupéreront alors cette situation. “Ces gens nous tuent par l’austérité, nous condamnent par le chômage et… ils nous exposent volontairement aux tueurs et aux demeurés. Quelle calamité pour notre pays !”, cette fois c’est Kóstas, le voisin qui s’exprime. Un… si “bas monde” ainsi mangé entre véraison et maturité.

Dans ce contexte, les Grecs évoquent parfois entre eux les “Paradise Papers”, mais pas tant que cela je dirais, confinés comme ils sont mentalement dans leur espace concentrationnaire crisique et hellénocentrique. L’affaire est tout de même également grecque, Mareva Grabovski Mitsotakis, ancienne de la Deutsche Bank et épouse de Kyriákos Mitsotakis (chef du parti népotiste et germanochrome de la Nouvelle Démocratie), en est concernée, car elle détenait le s50 % d’une société offshore domiciliée aux îles Caïmans (presse grecque de la semaine) .

En attendant mieux dans la morale des affaires, ceux qui ne seront jamais concernés par la paperasse du Paradis pourront enrichir leur regard du côté des brocantes à Athènes, ou sinon en repérant dans leur ville les traces des entreprises jadis locales, emblématiques et toutes survenues sans le Paradis des îles exotiques, telle la “Compagnie de l’éclairage par gaz” (1887-1938). Archéologie économique.

Café ‘Grèce’. Péloponnèse, novembre 2017

 

Petite chapelle, île d’Hydra. Novembre 2017

 

Aide aux plus pauvres. Église du Péloponnèse, novembre 2017

 

“Chers pèlerins…” Église du Péloponnèse, novembre 2017

 

Ancienne activité liée au tourisme, délabrements. Péloponnèse, novembre 2017

En attendant mieux dans la morale des affaires, c’est devant une église du Péloponnèse que ceux qui le peuvent, déposent alors objets, vêtements et vivres, en vue de leur rétribution, au bénéfice de ceux qui n’en peuvent décidément plus. Et ils sont en réalité bien nombreux sous nos si beaux paysages. C’est bien connu, toutes les olives ne mûrissent pas en même temps et tous les paysages ne sont pas comestibles (pour tous).

“Chers et respectueux pèlerins. Vous, qui comprenez ce que douleur, larmes et malheur signifient, et autant, la compassion, vous, qui faites preuve de sensibilité et de ‘filotimo’ (en grec de la dignité, de la fierté, du sacrifice et du respect). Renforcez autant en cette église, l’œuvre de l’épicerie solidaire, en y apportant de vivres au bénéfice de ceux qui en ont réellement besoin. Ces vivres sont: Lait de toute sorte et spécialement lait pour enfants, légumes secs, tous les légumes secs (haricots, pois chiches, lentilles), pâtes (macaronis, petites pâtes, linguines, vermicelle), riz de toutes les variétés, jus pour les enfants, des conserves, tomates pelées en boite, conserves de poisson, biscuits, biscottes, aliments pour enfants. Nous vous remercions. De la part de cette Sainte Église.”

Ailleurs, dans Athènes par exemple, on se contentera parfois de vivre dans les décombres tout simplement, autant que nos animaux adespotes (sans maître). Ailleurs encore, sur la belle et riche île d’Hydra à la saison touristique en ce moment dégonflée, les associations des amis des adespotes font savoir qu’il ne faudrait pas leur donner autre nourriture que les croquettes. Vie animale, question d’optique.

Dans les ruines d’Athènes. Novembre 2017

 

Les canons de la Guerre d’Indépendance (1821) et les animaux adespotes. Hydra, novembre 2017

 

Animaux adespotes. Port d’Hydra, novembre 2017

Sur l’île d’Hydra les (rares) foyers appauvris sont discrètement aidés, puis, les restaurateurs se plaignent de la géomorphologie de leur île : “Nous n’avons pas tant de plages ici, Hydra ce n’est que du rochet pratiquement. Du temps de ‘l’Enfant et du dauphin’, du temps où Hydra était déjà cosmopolite et que Mykonos et Santorin étaient alors inconnues, nous avions déjà notre produit touristique et d’ailleurs de qualité. Nous devrions avoir plus de plages, plus de place pour faire comme Mykonos et connaître leur succès, car depuis, Hydra fait du sur place.”

Belle Hydra où l’on rêve de l’abime, comme de l’hybris de Mykonos, la beauté des hommes ne rime pas forcement avec celle des lieux, un… beau monde mangé par la vermine, comme dirait Yórgos Séféris. Hydra en novembre, alors aux restaurants fermés et aux terrasses vides, et au port toujours fréquenté entre les voiliers et les chats. Hydra, ce sont également ces demeures achetées et rénovées, en réalité reconstruites par les fortunés réellement existants. Vie locale, question d’optique.

Terrasses vides. Hydra, novembre 2017

 

Demeure rachetée et rénovée. Hydra, novembre 2017

Hydra, temps arrêté, les travailleurs saisonniers, souvent d’origine albanaise, et qui déménagent pour l’hiver parfois au même moment que leurs patrons, le monument dédié à la mémoire du vieux film “L’enfant et le dauphin”. Son titre en français c’est : “Ombres sous la mer” tourné à Hydra avec Sophia Loren, Alan Ladd, Clifton Webb et Alexis Minotis.

D’après l’histoire, “Phaedra est une piètre pêcheuse d’éponge sur la belle île grecque d’Hydra. Alors qu’elle plonge, elle découvre une ancienne statue en or et bronze d’un enfant chevauchant un dauphin, lequel dit-on possède le pouvoir magique de réaliser des vœux. Son paresseux de petit ami souhaite la vendre à un amateur d’art peu scrupuleux, mais Phaedra veut le donner à l’anthropologue Jim Calder, qui le renverrait au gouvernement grec” .

“Je n’oublierai jamais Hydra” déclarait Sophia Loren , beautés et légendes du siècle passé, cinéma et temps bénis des olives, moments de récolte, novembre.

Sophia Loren à Hydra en 1957. Scène du film ‘Ombres sous la mer’

 

L’affiche du film ‘Ombres sous la mer’ dans sa version originale

 

Monument dédié au film de 1957. Hydra, novembre 2017

Sophia Loren et le film, temps des dauphins et des enfants… il y a 60 ans. Elle avait 23 ans, et le poète Yorgos Séféris en avait 57. C’est à cette période d’ailleurs que le poète trouvait que déjà Hydra et surtout Póros, qu’il fréquenta jadis, avant et après la guerre des années 1940, avaient déjà changé.

Póros, a été également le lieu de tournage de nombreux films du cinéma grec, dont la légendaire comédie grecque “Marlon Brando de pacotille”, un film de 1963 dont le héros principal est l’acteur comique (en réalité tragique) Thanássis Véggos, essentiellement tourné à l’hôtel “Aube dorée” (il a changé son nom depuis, avec l’apparition des néonazis homonymes).

“À son arrivée sur l’île de Póros pour les vacances, Stéfanos (Thanássis Véggos), un pauvre bougre et fonctionnaire des services de l’état civil, est accueilli plus que chaleureusement car il est pris pour un célèbre poète dont il porte le nom. Le vrai poète (Kóstas Kakkavas) quant à lui, cache sa véritable identité voulant démontrer à son ami (Ángelos Theodorópoulos) qu’il peut séduire les cœurs des dames sans la célébrité. Mais lorsque le poète se rend compte que les choses ne tournent pas comme il les avait imaginées, que le fonctionnaire est devenu le centre de toutes les attentions grâce à l’usage de son patronyme et que les femmes le poursuivent avec délire, il révélera la vérité et le poète pourra enfin séduire la femme qu’il aime (Dina Triandi)” .

Thanássis Véggos devant l’hôtel. Scène du film, 1963 à Póros

 

Même endroit devant l’hôtel. Póros, novembre 2017

Ainsi, pour les autres connaisseurs des lieux comme des lieux de mémoire, un autre monument de Póros est certainement cet hôtel, bien moderne en son temps, inauguré au début des années 1960 et immortalisé par ce film. Notons que Thanássis Véggos (1927-2011), grand acteur du cinéma et du théâtre, il a tourné dans plus d’une centaine de films, le plus souvent dans des rôles comiques.

Vers la fin de sa vie, à travers ses rôles en homme alors âgé, il avait été choisi pour ses qualités d’acteur (en réalité d’home) doté d’une sensibilité inimitablement tragique, choisi par Théo Angelópoulos, comme dans “Le regard d’Ulysse”. Tout cinéphile se souvient ainsi, d’un monologue du personnage incarné par Véggos, en somme par lui-même, en réalité par tout grec capable de flairer un certain destin collectif, au-delà des apparences politiques, parfois trompeuses en ces années 1990:

“Tu sais quoi ? La Grèce est en train de mourir. Nous mourons en tant que peuple. Nous avons terminé notre cycle. Je ne sais même plus depuis combien de temps tout cela se fabrique, tant de milliers d’années à travers les ruines et les statues brisées… et nous mourons. Mais autant mourir, vaut mieux mourir rapidement. Car l’angoisse dure trop longtemps, faisant ainsi tant de vacarme”.

Scène du film devant l’hôtel. Póros, 1963

 

Même endroit, Póros, novembre 2017

Si je rappelle cette histoire (et ce n’est pas la première fois sur ce blog), c’est parce que justement ou plutôt fort injustement, une séquence extraite de ce film est depuis 2012 utilisée par l’Aube dorée qui n’est plus un hôtel, mais un parti néonazi, à des fins de propagande. On y découvre notre Véggos dire: “Alors nous nous rendons tous à l’Aube dorée” s’agissant bien entendu de l’hôtel. L’affaire avait été remarquée à l’époque (2012) même par la presse locale de Póros, “puisque la montée électorale de ce parti de l’extrême-droite ferait de la publicité fortuite à notre île” .

La souillure de la mémoire de l’acteur est tout autant évidente, surtout lorsqu’on sait que Véggos (politiquement situé à gauche) avait été déporté sur l’île de Makrónissos entre 1948 et 1950 pour des raisons politiques, c’est à dire, et qu’en plus, son propos antinazi et anti néonazi avait été fort explicite dans certains ses rôles incarnés.

Mais du côté de l’Aube dorée et pas uniquement, on sait désormais… remanier et falsifier les symboles, aussi et notamment grâce à l’utopie numérique, singulièrement pseudo-démocratique, aux nouvelles technologies médiatisant parfois la médiocrité triomphante. Ce qui complique encore le choix dans ce vieux pays, c’est que tous ses fruits ne pourrissent pas en même temps.

Scène du film. Póros, 1963

 

Même endroit. Póros, novembre 2017

 

L’hôtel (qui ne se nomme plus ‘Aube dorée’). Póros, novembre 2017

Il fut un temps, Yorgos Séféris avait repéré (en 1946) un naufrage près de l’ilot de Daskalio, toujours à Póros, un navire auxiliaire de la Marine nationale grecque, sabordé pour ne pas être saisi par la Marine allemande durant l’Occupation (celle des années 1940). Séféris, en congés (après 9 ans de service ininterrompu, il était diplomate) et hébergé à la villa ‘Galini’ (‘Sérénité’), il y écrira un de ses plus célèbres poèmes ‘La Grive’, publié l’année suivante inspiré par ce naufrage.

“Entre l’îlot et la côte, la Grive coulée ; seule la cheminée émerge de quelques pouces. ‘On l’a coulée pour que les Allemands ne puissent mettre la main dessus’ me dit-on. (…) Le batelier disait: ‘Une fois coulé, il a été pillé par ceux qui faisaient du marché noir.” (Carnet de Yorgos Séféris, 14 août 1946).

Poésie du délabrement: “Il me faut du temps, ainsi qu’une grande peine pour écrire ce peu que j’arrive à écrire”, (Carnet de Yorgos Séféris, 24 octobre 1946). Póros, Daskalio, ‘Sérénité’, la villa de Séféris, et le calme (même relatif) du mois de novembre, autorise enfin un peu de cette consistance perdue dont nos imaginations avait été dotées il n’y a guère si longtemps. Du moins, nous avons pu cueillir nos propres olives.

La villa ‘Sérénité’. Póros, novembre 2017

 

Villa ‘Sérénité’, il y a un siècle à Póros

 

Yórgos Séféris, poète et diplomate (1900-1971)

“Le temps change, les hommes lorsqu’ils deviennent déments, ils ne changent alors jamais”, avait dit le poète Séféris lors d’une interview accordée au quotidien “Phileléftheros” de Chypre, quelques mois seulement avant sa disparition physique (interview du 15 avril 1970) .

Touti, la chatte des Séféris accompagnait alors parfois le poète à Póros. Nos olives, nos îles, nos chats. “Un sentiment fort quant à la dissolution mentale chez les gens. Ils te parlent et tu te sens tendre les mains dans une brume de lambeaux. Terrible manque de consistance, de rythme, de droiture: tu ne peux pas faire confiance à personne: Horreur”. (Carnet de Yorgos Séféris, 31 décembre 1946 – 1er janvier 1947). Ce qui restait valable aux yeux du poète et du diplomate en 1947, l’est également en cette Grèce de 2017.

“Ils sont divisés, fiers de leurs petites boutiques politiques, incapables de préparer et encore moins d’incarner le moindre contre-projet tangible et heureux, face au totalitarisme actuel. Ceux, issus des gauches (ceux des droites c’était déjà connu), tout comme ceux ayant quitté SYRIZA, ils sont tout simplement en quête de future réélection à défaut de programme. Ils adorent les verbiages, ils adoptent parfois nos analyses et phrases dans leurs discours, mais c’est tout. J’avais rencontré une fois Tsipras, il y a longtemps. Je lui ai dit certaines choses, il a pris mes mots… sans leur sens, et encore moins le sérieux de l’engagement qui devait en résulter. Et comme pour tout le reste, il a tout salopé”, me disait récemment un ami, fin connaisseur du… dernier situationnisme grec.

Sur l’île d’Hydra. Novembre 2017

C’est alors dans ce sens que le voyage en Grèce de Jean-Luc Mélenchon n’a pas vraiment été remarqué. Lafazánis (Unité Populaire), visiblement gêné en dit un mot hésitant, après l’avoir brièvement rencontré, Alavános via le site de son ‘Plan-B’ ayant ouvertement critiqué les positions insuffisantes de la France Insoumise, surtout face à l’hybris européiste, il reste, le mouvement de Zoé Konstantopoúlou, lequel avait officiellement invité le président de la France insoumise, une opération de survie politique, sans plus à mon avis.

Zoé Konstantopoúlou dont les historiens retiendront son mérite d’avoir défendu la Constitution ainsi que d’avoir constitué le Comité sur la dette grecque, n’a plus d’avenir politique ici, elle n’a pas de projet d’ensemble. Et comme elle ne franchira probablement pas la barre requise pour être élue (au sein un pseudo-parlement il faut le dire), elle pourrait – d’après ce que Jean-Luc Mélenchon laisse entrevoir – éventuellement être élue au pseudo-parlement de la dite Union européenne, via une liste de la France Insoumise qui dépasserait alors les frontières. C’est une hypothèse.

Zoé Konstantopoúlou pourrait-elle alors être élue de la sorte… pérennisant ainsi les illusions européistes, et l’amertume des peuples avec. Après avoir bu toute la cigüe Syriziste (et ce n’est pas terminé), nous savons à présent que le premier acte de résistance consiste à ne plus participer aux pseudo-scrutins, nationaux (du moins jusqu’à reconsidérer la situation) et encore moins aux dites élections européennes. Sans concession, ni enfumages. Le cynisme, n’est alors pas que la dernière arme des chiens.

Nos olives. Péloponnèse, novembre 2017

Ou comme le dit notre amie K.: “Qui se souvient des discours que nous faisions autour de la table de ce café, au sujet des perspectives politiques ?”. Nous sommes enfin prêts, entre véraison et maturité.

Alors, nos olives, nos îles, nos chats. Sérénité !

Chat de l’île d’Hydra. Novembre 2017

 

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* Photo de couverture : Daskalio, l’îlot du poète Séféris. Póros, novembre 2017

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