Aujourd’hui : l’ex-ambassadrice US en Ukraine, Marie « Masha » Yovanovitch.
Devin Nunes, pour les Républicains, commence par lire une retranscription de la conversation de Trump avec Zelinsky au moment de son élection à la présidence de l’Ukraine. Probablement pour souligner qu’il n’y avait rien de bizarre dans les relations entre Trump et le président ukrainien. Mais personne ne s’est jamais inquiété de cette conversation, celle qui est problématique parce qu’elle trahit un chantage est celle du 25 juillet.
Yovanovitch rappelle qu’elle a été diplomate en Somalie, en Russie au moment d’une tentative de coup où elle se trouva un jour dans un échange de balles, ensuite en Ukraine. [Trump a suggéré dans des tweets que partout où elle est allée les choses ont mal tourné. L’autre façon de voir les choses est que vu ses extraordinaires qualités elle fut envoyée dans des nations en proie à de très sérieuses turbulences].
Yovanovitch souligne que des personnes aux États-Unis se sont alliées avec des Ukrainiens impliqués dans des affaires de corruption, jouant le jeu de la Russie dans ses tentatives de déstabilisation du gouvernement ukrainien.
Yovanovitch dit avoir personnellement souffert dans la défense des intérêts des États-Unis, de l’alliance entre des forces, dirigées par le Président Trump, et des adversaires du gouvernement ukrainien en raison de leur implication dans la corruption endémique, adversaires en métropole et à l’étranger.
Le fait qu’une politique de calomnie à l’égard d’un ambassadeur (elle) orchestrée par une équipe parallèle (dirigée par Rudy Giuliani, avocat de Trump), a pu conduire à son éviction, a rendu manifeste à l’étranger à quel point il est facile d’ébranler les institutions américaines.
Adam Schiff, qui dirige la commission, demande à Yovanovitch si Donald Trump Jr. et Rudy Giuliani ont été impliqués dans la campagne de calomnie visant son éviction, en coordination avec certains adversaires du gouvernement ukrainien. Elle répond Oui.
Schiff demande si Mike Pompeo, Secretary of State, ministre des Affaires étrangères, a répondu aux pressions du corps diplomatique de la protéger contre les efforts visant à son éviction. Elle répond que Non.
Schiff demande si son éviction a pu être considérée comme une défaite dans la lutte contre la corruption en Ukraine. Elle répond que Oui.
Le juriste Goldman demande à Yovanovitch si elle sait pourquoi Pompeo ne l’a pas protégée. Elle dit que quelque chose est intervenu. Goldman demande s’il s’agit d’une intervention de Trump. Elle répond que Oui.
Goldman montre à Yovanovitch sur un écran que Trump l’a qualifiée de « mauvaise nouvelle » dans sa conversation avec Zelensky, ajoutant « il lui arrivera de très mauvaises choses ». Goldman lui demande si elle s’est sentie menacée. Elle répond que Oui.
Entracte. [Pendant cet entracte, j’écoute d’une oreille distraite, le sommaire qu’offrent de la première partie trois journalistes du Washington Post. Ce qui me frappe, c’est le sentiment qu’ils partagent que leur nation est en train de glisser insensiblement vers une république bananière, à la tête de laquelle se trouve un personnage à mi-chemin entre Caligula et Néron. Je suppose que cela fait partie du message subliminal qu’ils essaient de transmettre, qu’ils sont d’une objectivité irréprochable, mais je ne suis pas sûr que le ton déprimé sur lequel ils rapportent tout cela ne trahisse pas, pour le téléspectateur ou l’internaute, une certaine résignation].
On apprend à l’instant que Roger Stone a été jugé coupable – par un jury (9 femmes et 3 hommes, précise la presse) – des 7 chefs d’accusation retenus contre lui : parjure, subornation de témoins. Comme dans le cas de Paul Manafort, ces accusations tournent autour du pot (= espionnage). Bien entendu, tout comme l’enquête visant en ce moment Giuliani, ce verdict contribue au sentiment général, venant de la société civile, que le cercle se resserre autour de Trump et ses « cronies » (DeepL me propose « sbires », comme traduction 😉 ce qui me convient !).
On s’apprête à reprendre. Mais avant, je mentionne ce que viennent de dire les trois journalistes du Washington Post (une chose que je n’ai jamais mentionnée jusqu’ici), un thème sous-jacent à la manière dont la presse favorable à Trump présente la procédure d’impeachment en cours comme l’un des éléments parmi de nombreux autres du « complot juif » : chacun des fonctionnaires acceptant de témoigner devant la commission serait une « marionnette de Georges Soros » (une fameuse bête noire de toutes les extrêmes-droites).
[Quand j’assiste à des discussions comme celle-ci, je suis extrêmement reconnaissant de ne pas être né abeille ou fourmi où des débats comme celui-ci tournant autour de questions d’éthique n’ont pas lieu. Nous sommes sans aucun doute au mieux de notre forme, nous humains, quand nous débattons du « juste » et de l’« injuste ».]
J’avais mentionné avant-hier que les Républicains devaient être furieux du choix qu’ils avaient fait du conseiller juridique les représentant, ils ne doivent pas être plus heureux aujourd’hui : il roule manifestement pour l’accusation (l’impeachment) malgré un vernis de sympathie envers le point de vue Républicain.
[Toute comparaison entre Trump et Hitler est bien entendu très délicate (les fameux « points Godwin »), il faut cependant reconnaître que les suggestions par le camp Trump qu’une quelconque mise en question de l’éthique du Président (qui semble pourtant peu familier du concept, pour ne pas dire plus) fait apparaître en surface « le complot juif », encourage certainement la comparaison].
Mike Conaway, un Républicain, ne pose aucune question, il consacre tout le temps dont il dispose à complimenter Yovanovitch. Ce qui est probablement significatif en soi.
Terri Sewell, une Démocrate, souligne que le pouvoir attribué au président de choisir les ambassadeurs selon son bon vouloir lui permettait de révoquer Yovanovitch sans devoir pour autant orchestrer une campagne de calomnie contre elle, ce qui provoqua le désarroi dans l’ensemble du corps diplomatique.
Quels que soient les futurs développements de l’audition aujourd’hui, les Démocrates seront parvenus de manière convaincante à démontrer que l’équipe parallèle mise en place par Trump en Ukraine, avec Giuliani à sa tête, avait conclu une alliance avec la composante la plus corrompue de la société ukrainienne.
Le Démocrate X [je découvrirai qui il est] demande à Yovanovitch si, bien qu’on lui ait offert maintenant un poste intéressant dans une université, elle n’aurait pas préféré ne pas se retrouver au centre d’un spectacle télé de très mauvaise qualité, un sujet avec lequel certains sont très familiers. Mme Yovanovitch ne parvient pas à réprimer un sourire.
William Hurd, un autre congressiste Républicain qui essentiellement joue systématiquement contre son camp. [Je suppose que comme dans le cas de Mike Conaway, il se présente comme loyal envers Trump, tout en réservant l’avenir en se montrant « fair » (juste, équitable)].
Le Démocrate Y [je découvrirai là aussi qui il est] intervient avec une indignation difficilement contenue, pour remercier Yovanovitch de son service pour la nation. Il exprime sa honte que son pays soit tombé aussi bas.
Aucun congressiste Républicain n’a (osé) s’en prendre (jusqu’ici) à la personne de Marie Yovanovitch. C’est le tour de Jim Jordan (les choses peuvent donc encore changer). Non, il restera dans les clous (ce qui ne peut que signifier un certain découragement de sa part).
Le Démocrate Z [je découvrirai là aussi qui il est] dit que la politique de Trump fonctionne selon un seul principe : l’intimidation. L’ex-ambassadrice ne dit rien mais hoche la tête.
Une congressiste Démocrate assure Marie Yovanovitch qu’elle la cite en exemple à ses quatre filles.
La séance est levée. Une salve d’applaudissements, une ovation, éclate parmi les auditeurs au fond de la salle.
P.S. Au moment de clore, je reçois de l’un d’entre vous le message suivant :
Ce soir en voyant Jim Jordan ou Mme Stefanik, ou d’autres républicains je découvre « dans la vraie vie » de parfaits salauds qui me causent un profond sentiment de dégoût, sentiment que je n’ai jamais ressenti pour aucun de mes semblables à ce jour… À tel point qu’il fallait que je le partage avec quelqu’un, qui lui aussi « a vu »: vous, en l’occurrence.
Je réponds :
Oui, c’est fou ! Mais en même temps, quelles occasions merveilleuses ces méchants offrent aux bons de manifester le meilleur d’elles et d’eux mêmes !
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