Trump : Un président américain vraiment pas comme les autres
Le 8 novembre 2016, Donald Trump était élu 45e président des États-Unis. Il ne le fut pas en nombre absolu des suffrages : Hillary Clinton obtint 48,2 % des voix, contre 46,1% à Trump, mais selon le système à deux étages des collèges électoraux, Trump l’emporta par 304 voix contre 227. Il obtint un soutien massif dans des états désindustrialisés comme le Michigan, le Wisconsin et la Pennsylvanie.
Aucun « état de grâce » cependant pour Trump : sa cote de popularité se stabilisa autour de 40% et ne dépassa jamais 46%. Depuis 1945, date des premiers sondages, il est le premier président américain à n’avoir jamais bénéficié d’une majorité d’opinions positives (à titre de comparaison, la cote de John Kennedy fluctua entre 72% et 82%).
Alors que l’électorat Républicain soutient massivement Trump, l’électorat Démocrate le rejette en bloc. L’affiliation aux deux grands partis s’est en fait recomposée autour de la personnalité du Président. Les fluctuations n’ont jamais affecté que les électeurs « indépendants » (en octobre : Républicains : 28% Démocrates : 31%, Indépendants : 39%).
Un sondage effectué en 2018 parmi des historiens de renom classa Trump dernier sur 44 présidents américains. Parmi ceux qui s’affirmaient Républicains, son score fut à peine meilleur : 40e.
La politique intérieure du Président, inspirée par le suprémacisme blanc, un engagement qu’il trahit lors des événements de Charlottesville en août 2017 qui virent la mort d’une contre-manifestante, en déclarant : « … nous condamnons avec la plus grande fermeté cette manifestation flagrante de haine, de sectarisme et de violence de part et d’autre. De part et d’autre », fut désavouée par une demi-douzaine de ses généraux. Sa politique extérieure a renversé les alliances traditionnelles des États-Unis, son alignement géopolitique le conduisant à faire prévaloir l’opinion du président russe Vladimir Poutine sur celle de ses conseillers officiels. Son comportement n’a fait que polariser davantage l’opinion : dans le classement des historiens, Trump se détache comme le plus polarisant des présidents américains.
Il n’est pas étonnant du coup qu’un projet de destitution ait rapidement émergé. Ses adversaires avaient compté dans un premier temps sur la commission Mueller mise sur pied en mai 2017, quatre mois à peine après son accession à la présidence. La commission ne put fournir la preuve d’un crime grave, à l’exception notable d’une liste de dix cas d’entrave à la justice. La raison en était, souligna-t-elle, les mensonges systématiques de certains des inculpés, convaincus qu’ils bénéficieraient ultérieurement de la grâce présidentielle. Le Président accorde en effet celle-ci sur la seule base de la loyauté envers lui. Il a ainsi rapidement gracié Joe Arpaio, un policier coupable de fabrication de fausses preuves contre des suspects d’origine mexicaine, et gracie ces jours-ci des criminels de guerre, meurtriers de civils en Afghanistan.
La Constitution américaine prévoit la destitution d’un Président par la procédure d’impeachment. Les motifs retenus sont « Treason, bribery, high crimes and misdemeanours ». Si « treason » et « bribery » (habituellement traduit par « corruption ») sont sans ambiguïté, les commentateurs s’interrogent sur la signification de « high crimes and misdemeanours ». Les Constituants de 1787 hésitèrent et ne retinrent l’expression qu’après avoir écarté « maladministration » et « mal-practice or neglect of duty ». Chacune de ces expressions appartient en réalité à la même catégorie que les juristes appellent ejusdem generis : « choses du même genre », une version savante d’« etc. ».
Les auditions en ce moment révèlent le peu de pertinence des interrogations sur la signification de « high crimes and misdemeanours », les chefs d’impeachment tombant sous les catégories de « treason » et de « bribery » étant déjà nombreux dans le cas de Trump. « Treason » couvre les décisions du Président favorisant une nation hostile sinon ennemie plutôt que la sienne, « bribery » ou corruption, renvoie au fait d’avoir conditionné l’aide militaire à l’Ukraine (votée par les chambres) à un avantage personnel pour le Président : discréditer son concurrent Joe Biden à la présidentielle 2020.
Si les Républicains affirment ne pas être convaincus de la validité de ces articles d’impeachment, la Cour Suprême, quelles que soient ses sympathies pour le camp Républicain, est contrainte elle par le texte de la Constitution des États-Unis.
@PAD Du coup, j’ai relu votre post. Qu’est-ce que vous voulez dire par : « Si nous n’étions pas les auteurs de…