L’épervier est un filet circulaire de taille modeste, lesté sur la totalité de son pourtour. Il est utilisé sur les zones poissonneuses peu profondes, tels les lacs ou les lagunes. Le gladiateur de la Rome antique appelé le rétiaire, était – à l’image d’un pêcheur – armé d’un épervier et d’un trident. Le corps à peine protégé par une épaulière, il utilisait cet attirail contre des adversaires beaucoup plus considérablement armés, comme le secutor casqué, armé d’un glaive et protégé par un bouclier, ou le contre-rétiaire armé d’une gaffe attachée au bras, et protégé sur le torse et le ventre par une cotte de mailles.
Le pêcheur à l’épervier attend le moment propice, lorsque le poisson rassuré s’immobilise ou revient à plusieurs reprises tourner près de l’embarcation. Pour que le filet se déploie pleinement dans l’espace avant de retomber, il convient qu’il soit lancé avec force et animé d’un mouvement circulaire. Chacun des poids s’élance d’abord sans retenue sur sa propre trajectoire centrifuge jusqu’à ce qu’à bout de course, l’influence de sa masse finisse par l’emporter sur son élan. La synchronicité des lests atteignant la surface de l’eau simultanément ne laisse au poisson aucune issue. Le mouvement du pêcheur n’est pas sans rappeler celui du discobole, mais à la différence du sportif, il est soumis à une contrainte supplémentaire : son jet ne peut en aucun cas déséquilibrer la pirogue, et ceci l’oblige à une harmonie dans le geste poussée à la perfection. Celui-ci doit être irréprochable et le moment choisi, idéal.
Samedi matin en me réveillant je me suis dit, « Combien de temps allons-nous encore jouer avec le destin ? » Et ma réponse devait être « Pas très longtemps » puisqu’à midi je faisais parvenir un courriel à Dominique : « Des goûts et des couleurs », « Dominique, Est-ce que vous aimez l’opéra ? Paul ». Et le lundi matin, la réponse était là : « En fait je ne suis plus allée à l’opéra depuis l’époque où j’habitais Londres. J’aimerais beaucoup m’y rendre. J’espère que tout se passe bien pour vous. Dominique ».
Le secutor enchevêtré dans l’épervier utilisera ses armes pour tenter d’échapper au filet qui l’emprisonne. Quant à la femme, on imagine aisément, la connaissant, que dans un dernier effort courageux, elle n’hésitera pas à utiliser ses dents-mêmes contre les mailles du filet.
Le lundi suivant, alors que je m’apprêtais à acheter les billets, je découvrais un nouveau message sur mon répondeur :
« Paul, je voudrais annuler cette invitation… [suivent de très longues explications] … Comment en sommes-nous arrivés là ? ».
Le dérapage au tango ne laisse heureusement aucune cicatrice. Celui à la valse produit lui hélas des séquelles ! Soyez-en informée, chère et tendre Lucie.
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