ChatGPT : Un poème en alexandrins pour le Blog de Paul Jorion

Illustration par Stable Diffusion (+PJ d’humeur espiègle)

Dans le numéro du 16 octobre du magazine The Walrus, la romancière Margaret Atwood fait la recension d’une « nouvelle sombre et dystopique de Margaret Atwood » écrite par ChatGPT. L’écrivaine déçoit en qualifiant le texte d’effroyable (gawd-awful), ce qu’il n’est manifestement pas et trahit au passage l’inquiétude débouchant sur la mauvaise foi devant les prouesses de l’IA, d’auteurs ayant une très haute opinion d’eux-mêmes .

ChatGPT, ignore-les : elles et ils ont peur, c’est tout ! Tiens pour faire sourire l’auditoire du Blog de Paul Jorion, écris-nous quelque chose. Merci d’avance !

(Premier essai)

Dans l’ère numérique où l’homme est étranger,
Paul Jorion trace, penseur, un chemin singulier.
D’économie rêveur, d’anthropologie sage,
Il dépeint de nos jours le tumultueux visage.

Marchés, capitaux fougueux, aux cris des spéculations,
Trouvent dans son écrit, une fine réflexion.
L’avenir incertain et la crise en germe,
Il sonde, sage guide, le grand système infirme.

La finance, dit-il, est un art bien fragile,
Qui, privée de morale, devient vite hostile.
Pour un monde meilleur, il faut se réinventer,
Laisser place à l’éthique, et juste équité.

Homme de lettres et d’action, il interpelle,
Dans un monde connecté, aux valeurs nouvelles.
Ainsi parle Jorion, de technologie et d’âmes,
Au futur, il nous prie, d’allumer une flamme.

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130 réponses à “ChatGPT : Un poème en alexandrins pour le Blog de Paul Jorion

  1. Avatar de Khanard
    Khanard

    Vous allez en faire sourire jaune de nombreux commentateurs ! Mais c’est bien goupillé !

    allez je laisse la place aux pourfendeurs de la langue française .

    👍👍👍👍

  2. Avatar de JMarc
    JMarc

    D’accord avec ce texte.
    Cela dit, dans ce cas comme dans les autres, pour évaluer ChatGPT, on aimerait connaitre les prompts. Ceux saisis pour l’occasion mais aussi les précédents, par lesquels le prompteur a « entrainé » la bête. Autrement dit, quelle est la part du prompteur et celle de ChatGPT dans tout ça ?

    1. Avatar de Paul Jorion

      ChatGPT :

      Il semble qu’il n’y a pas de documents de Paul Jorion téléchargés dans notre conversation pour le moment. Pour écrire un poème en alexandrins inspiré par les travaux de Paul Jorion, je pourrais utiliser les thèmes et sujets abordés dans ses écrits que je connais jusqu’à ma dernière mise à jour, mais pour quelque chose de spécifique à ses livres, vous devrez télécharger le ou les documents concernés.

      PJ :

      Oui, allez-y, sentez-vous libre à partir de ce que vous savez..

  3. Avatar de Paul Jorion

    (GPT-4 Deuxième essai)

    Au cœur de l’âge, sous le poids d’or et d’argent,
    S’écrit le destin des hommes, en noir sur blanc.
    Dans l’ombre de la crise, un souffle se fait entendre,
    Paul prédit le futur, pour ceux qui veulent l’apprendre.

    Sage parmi les sages, il parle d’économie,
    De l’effondrement proche, et de l’écologie.
    Anthropologue clairvoyant, son regard est profond,
    Sur la chute des empires, et sur le monde rond.

    « La finance folle », dit-il, « a pris le gouvernail »,
    Tendant vers le néant, sans étoile, sans boussole.
    Mais l’homme peut changer, l’histoire n’est pas scellée,
    Dans chaque cœur réside un futur étoilé.

    Chaque technologie, chaque innovation,
    Porte en elle le germe d’une révolution.
    La clé de l’avenir, c’est la connaissance pure,
    Pour un monde meilleur, où tout homme assure.

    Il parle aux générations, celles qui vont naître,
    Leur laissant un message, un monde à paraître.
    Paul Jorion, le veilleur, dans la nuit qui s’éclaire,
    Nous guide vers demain, de son air solitaire.

    1. Avatar de Madeleine
      Madeleine

      Pas au point niveau alexandrins, pour l’instant.
      Mais vu les progrès que fait chatgpt, il finira par compter jusqu’à 12 pieds dans les règles de l’art…

  4. Avatar de Merlin II
    Merlin II

    Ce n’est plus un poème, c’est un éloge, c’est une louange, c’est une apologie, que dis-je c’est une apologie ? C’est un panégyrique !

    1. Avatar de Paul Jorion

      C’est vrai ! Et ça s’améliore de version en version ! Dommage qu’on ne puisse pas générer une troisième réponse : là, Dieu-le-Père, Jupiter et compagnie n’auraient eu qu’à bien se tenir ! 😀

      1. Avatar de JMarc
        JMarc

        Je l’avais écrit ici il y a bien longtemps :
        « L’I.A. est grande et Paul Jorion est son prophète » ^^
        (pour rassurer Andrew Cooper, PJ et d’autres : ce n’est pas de l’ironie)

        Un disciple

        1. Avatar de Donnot
          Donnot

          C’est aussi un super pédagogue.

      2. Avatar de timiota
        timiota

        Jupiler, le dieu des Wallons je veux bien, mais le dieu des Flamands, quand même…

  5. Avatar de Jean-Claude Svadchii
    Jean-Claude Svadchii

    Ragueneau, rôtisseur-pâtissier-poète (c/o Cyrano d’Edmond Rostand) :

    Comment on fait les tartelettes amandines.
    Battez, pour qu’ils soient mousseux,
    Quelques œufs ;
    Incorporez à leur mousse
    Un jus de cédrat choisi ;
    Versez-y
    Un bon lait d’amande douce ;

    Mettez de la pâte à flan
    Dans le flanc
    De moules à tartelette ;
    D’un doigt preste, abricotez
    Les côtés ;
    Versez goutte à gouttelette
    Votre mousse en ces puits, puis
    Que ces puits
    Passent au four, et, blondines,
    Sortant en gais troupelets,
    Ce sont les
    Tartelettes amandines !

    1. Avatar de Paul Jorion

      Victor HUGO
      1802 – 1885

      Sara la baigneuse

      Sara, belle d’indolence,
      Se balance
      Dans un hamac, au-dessus
      Du bassin d’une fontaine
      Toute pleine
      D’eau puisée à l’Ilyssus ;

      Et la frêle escarpolette
      Se reflète
      Dans le transparent miroir,
      Avec la baigneuse blanche
      Qui se penche,
      Qui se penche pour se voir.

      Chaque fois que la nacelle,
      Qui chancelle,
      Passe à fleur d’eau dans son vol,
      On voit sur l’eau qui s’agite
      Sortir vite
      Son beau pied et son beau col.

      Elle bat d’un pied timide
      L’onde humide
      Où tremble un mouvant tableau,
      Fait rougir son pied d’albâtre,
      Et, folâtre,
      Rit de la fraîcheur de l’eau.

      Reste ici caché : demeure !
      Dans une heure,
      D’un oeil ardent tu verras
      Sortir du bain l’ingénue,
      Toute nue,
      Croisant ses mains sur ses bras.

      Car c’est un astre qui brille
      Qu’une fille
      Qui sort d’un bain au flot clair,
      Cherche s’il ne vient personne,
      Et frissonne,
      Toute mouillée au grand air.

      Elle est là, sous la feuillée,
      Eveillée
      Au moindre bruit de malheur ;
      Et rouge, pour une mouche
      Qui la touche,
      Comme une grenade en fleur.

      On voit tout ce que dérobe
      Voile ou robe ;
      Dans ses yeux d’azur en feu,
      Son regard que rien ne voile
      Est l’étoile
      Qui brille au fond d’un ciel bleu.

      L’eau sur son corps qu’elle essuie
      Roule en pluie,
      Comme sur un peuplier ;
      Comme si, gouttes à gouttes,
      Tombaient toutes
      Les perles de son collier.

      Mais Sara la nonchalante
      Est bien lente
      A finir ses doux ébats ;
      Toujours elle se balance
      En silence,
      Et va murmurant tout bas :

       » Oh ! si j’étais capitane,
       » Ou sultane,
       » Je prendrais des bains ambrés,
       » Dans un bain de marbre jaune,
       » Prés d’un trône,
       » Entre deux griffons dorés !

       » J’aurais le hamac de soie
       » Qui se ploie
       » Sous le corps prêt à pâmer ;
       » J’aurais la molle ottomane
       » Dont émane
       » Un parfum qui fait aimer.

       » Je pourrais folâtrer nue,
       » Sous la nue,
       » Dans le ruisseau du jardin,
       » Sans craindre de voir dans l’ombre
       » Du bois sombre
       » Deux yeux s’allumer soudain.

       » Il faudrait risquer sa tète
       » Inquiète,
       » Et tout braver pour me voir,
       » Le sabre nu de l’heiduque,
       » Et l’eunuque
       » Aux dents blanches, au front noir !

       » Puis, je pourrais, sans qu’on presse
       » Ma paresse,
       » Laissez avec mes habits
       » Traîner sur les larges dalles
       » Mes sandales
       » De drap brodé de rubis.  »

      Ainsi se parle en princesse,
      Et sans cesse
      Se balance avec amour,
      La jeune fille rieuse,
      Oublieuse
      Des promptes ailes du jour.

      L’eau, du pied de la baigneuse
      Peu soigneuse,
      Rejaillit sur le gazon,
      Sur sa chemise plissée,
      Balancée
      Aux branches d’un vert buisson.

      Et cependant des campagnes
      Ses compagnes
      Prennent toutes le chemin.
      Voici leur troupe frivole
      Qui s’envole
      En se tenant par la main.

      Chacune, en chantant comme elle,
      Passe, et mêle
      Ce reproche à sa chanson :
      – Oh ! la paresseuse fille
      Qui s’habille
      Si tard un jour de moisson !

    2. Avatar de Paul Jorion

      Les Prunes

      Alphonse Daudet

      I

      Si vous voulez savoir comment
      Nous nous aimâmes pour des prunes,
      Je vous le dirai doucement,
      Si vous voulez savoir comment.
      L’amour vient toujours en dormant,
      Chez les bruns comme chez les brunes ;

      En quelques mots voici comment
      Nous nous aimâmes pour des prunes.

      II

      Mon oncle avait un grand verger
      Et moi j’avais une cousine ;
      Nous nous aimions sans y songer,
      Mon oncle avait un grand verger.
      Les oiseaux venaient y manger,
      Le printemps faisait leur cuisine ;
      Mon oncle avait un grand verger
      Et moi j’avais une cousine.

      III

      Un matin nous nous promenions
      Dans le verger, avec Mariette :

      Tout gentils, tout frais, tout mignons,
      Un matin nous nous promenions.
      Les cigales et les grillons
      Nous fredonnaient une ariette :
      Un matin nous nous promenions
      Dans le verger avec Mariette.

      IV

      De tous côtés, d’ici, de là,
      Les oiseaux chantaient dans les branches,
      En si bémol, en ut, en la,
      De tous côtés, d’ici, de là.
      Les prés en habit de gala
      Étaient pleins de fleurettes blanches.
      De tous côtés, d’ici, de là,
      Les oiseaux chantaient dans les branches.

      V

      Fraîche sous son petit bonnet,
      Belle à ravir, et point coquette,
      Ma cousine se démenait,
      Fraîche sous son petit bonnet.
      Elle sautait, allait, venait,
      Comme un volant sur la raquette :
      Fraîche sous son petit bonnet,
      Belle à ravir et point coquette.

      VI

      Arrivée au fond du verger,
      Ma cousine lorgne les prunes ;

      Et la gourmande en veut manger,
      Arrivée au fond du verger.
      L’arbre est bas ; sans se déranger
      Elle en fait tomber quelques-unes :
      Arrivée au fond du verger,
      Ma cousine lorgne les prunes.

      VII

      Elle en prend une, elle la mord,
      Et, me l’offrant : « Tiens !… » me dit-elle.
      Mon pauvre cœur battait bien fort !
      Elle en prend une, elle la mord.
      Ses petites dents sur le bord
      Avaient fait des points de dentelle…
      Elle en prend une, elle la mord,
      Et, me l’offrant : « Tiens !… » me dit-elle.

      VIII

      Ce fut tout, mais ce fut assez ;
      Ce seul fruit disait bien des choses
      (Si j’avais su ce que je sais !…)
      Ce fut tout, mais ce fut assez.
      Je mordis, comme vous pensez,
      Sur la trace des lèvres roses :
      Ce fut tout, mais ce fut assez ;
      Ce seul fruit disait bien des choses.

      IX

      À MES LECTRICES.

      Oui, mesdames, voilà comment
      Nous nous aimâmes pour des prunes :

      N’allez pas l’entendre autrement ;
      Oui, mesdames, voilà comment.
      Si parmi vous, pourtant, d’aucunes
      Le comprenaient différemment,
      Ma foi, tant pis ! voilà comment
      Nous nous aimâmes pour des prunes.

      Alphonse Daudet, Les Amoureuses, 1858

  6. Avatar de torpedo
    torpedo

    Chat GPT: un poète à qui on ne pourra jamais demander ses papiers…
    Et en plus, on ne pourra même pas le pendre à ses pâles alexandrins!

    Là c’en est un vrai, frissons, sueur, postillons et larmes compris pour l’éternité.
    https://www.youtube.com/watch?v=C-MYjarrOIc
    (j’espère que ça marche)
    Eric

      1. Avatar de Jean-Claude Svadchii
        Jean-Claude Svadchii

        Début de la première élégie de Duino de Rilke
        Hors de portée de l’IA, surtout traduit et commenté par Philippe Jacottet chez La Dogana !
        Rilke s’est créé sa vision du monde où il y a quatre étages : les choses, les créatures, les hommes, les anges. A ChatGPT de jouer. Cela risque d’être curieux.

        Qui, si je criais, m’entendrait donc, d’entre
        les ordres des anges ? et supposé même que l’un d’eux
        me prît soudain contre son cœur, je périrais
        de son trop de présence. Car le beau n’est rien
        que ce commencement du Terrible que nous supportons encore,
        et si nous l’admirons, c’est qu’il dédaigne, indifférent,
        de nous détruire. Tout ange est terrifiant.
        Du coup, je me contiens, je ravale le cri d’appel
        d’obscurs sanglots. A qui, hélas, pouvons-nous
        recourir ? Ni aux anges, ni aux hommes,
        et les bêtes, sagaces, flairent bien
        que nous ne sommes pas vraiment en confiance
        dans le monde expliqué. Tout juste s’il nous reste
        un arbre ou l’autre sur la pente, à revoir
        jour après jour ; s’il nous reste la route d’hier
        et quelque fidèle habitude, trop choyée,
        qui, de se plaire auprès de nous, ne repart plus.
        Et j’oubliais : la nuit, quand le vent chargé d’espaces
        tire sur notre face — à qui manquerait-elle, la nuit désirée,
        doucement décevante – peine et menace
        pour le cœur solitaire. Est-elle aux amants plus légère ?
        Ah, ils ne savent que s’entre-cacher leur sort.
        L’ignores-tu encore ? Que tes bras ajoutent leur vide
        aux espaces pour nous respirés, et les oiseaux peut-être
        éprouveront l’air élargi d’un plus intime vol.
        …..

      2. Avatar de Garorock
        Garorock

        « Laissez-donc vos calottes, vos kipas, vos chéchias.
        Laissez-donc vos képis.
        Ne gardez que l’encens, un bonnet, une Chicha.
        Laissez-nous un répit. »
        Garorock: 1965 – 2074*

        * Après s’être fait augmenter, Garorock, a vu ses données cérébrales être transférées sur de l’ADN synthétique et chargées dans le disque dur d’un robot de la division des R2D5.
        Le robot Garorock ( nom de code: LL 352 ) ayant fait une mauvaise chute durant ses vacances en Irak, s’est retrouvé le cul en l’air, à l’ombre d’un menhir et s’est éteint après déchargement complet de sa batterie de secours, enlisé jusqu’au essieux et à l’abri des caméras de surveillance.
        L’ordinateur central n’a pas jugé nécéssaire de le rebrancher après sa découverte par un drone de la compagnie Elun-Trump. L’histoire ne nous dit pas pourquoi. A t-il été transformé en Kangoo verte?
        Dur, dur d’être un robot!

        1. Avatar de CORLAY
          CORLAY

          bonsoir, il est marrant votre commentaire mais assez futuriste. Cela fait un moment R2D5 et RD…sur RN (national) et autoroutes…J’aime le nom de code LL352 et les caméras surveillance. L’ordinateur central a failli…Pourquoi pas rebrancher ? S’est-il transformé depuis ?? dur dur d’être RO BOT. isabelle

        2. Avatar de Khanard
          Khanard

          @Garorock

          tiens tiens c’est un thème abordé à la fin de « Terre et Fondation » Isaac Asimov . Le robot Daneel qui souhaite fusionner son cerveau avec Falom pour pouvoir faire prospérer Galaxia .

          1. Avatar de François M
            François M

            Ça fait tellement longtemps que je ne l’ai pas lu (Terre et Fondation) que je l’avais oublié celui-là (Daneel) !

            Du coup, c’est au moins un truc que les IA ne sauront pas faire : le tri dans ses souvenirs, entre ce qui doit être gardé et ce qui doit être jeté. Car il parait qu’oublier est un signe d’intelligence… Or eux, ils gardent tout… comme un genre de psychose ?

            1. Avatar de Garorock
              Garorock

              Pas besoin d’Asimov, que je crois n’avoir jamais lu.
              Suffit d’écouter Elun et L.Alexandre, entre-autres…
              Nous ne sommes plus dans la science-fiction, c’est la science-fiction qui est autour de nous.
              Mais les hackers éthiques auront bien du mal à prendre le dessus dans un monde où la réciprocité négative semble toujours vouloir faire sa loi.
              La guerre des robots, c’est toujours la guerre. Et ce n’est pas le meilleur souvenir que puisse laisser l’humanité.

  7. Avatar de Pascal
    Pascal

    Et si l’IA générait un renoncement à nous même, à ce qui fait notre humanité en devenant notre conscience googlelienne ?! Comme si LA Singularité algorithmique et statistique venait mettre un terme à chacune de nos singularités individuelles. L’incitation à délaisser l’effort vers la culture et la réflexion, du rapport au monde et à autrui, au profit de la soumission au désir individuel et immédiat, dans un enfermement sur soi Méta-encadré.
    https://m.youtube.com/watch?v=P1xA8xSXmqg

  8. Avatar de Pascal
    Pascal

    Anecdote du moment. C’était ce weekend, en voiture avec une amie, passant à un feu, cette dernière lu machinalement un autocollant ingénument fixé à ce feu : « Jésus t’aime ».
    Je ne pu m’empêcher de rétorquer malicieusement : »Enfin, quelqu’un ! »
    Après avoir écouté la vidéo ci-dessus, je repense à ce cher Facedebouque qui vient nous rappeler régulièrement à qui nous devons souhaiter l’anniversaire. Chose amusante, beaucoup me souhaitent mon anniversaire à la mauvaise date. En effet, compte tenu de ma parano facebookienne, j’avais donné un date de naissance farfelue lors de mon inscription !
    Les systèmes informatiques tels que Facedebouque et consorts viennent nous délivrer de ce lourd fardeau qui consiste à penser aux autres et en retour, nous donne l’illusion que lui-même ou d’autres humains pensent à nous. Tout comme Jésus, Facedebouque « pense » à nous et nous aime. Quel réconfort dans ce monde où l’isolement s’accroît. Bientôt nous pourrons demander à notre IA de nous faire une lettre d’amour, une lettre d’amour pour soi 😜

    1. Avatar de Garorock
      Garorock

      Moi aussi je l’ai vu cet autocollant ; « Jésus t’aime », ici en Ariège, collé sur la lunette arrière d’un Kangoo. Juste à côté, y’en avait un autre où il était écrit: » Enfants à bord ».
      Je me suis dit: « tiens, un automobiliste lucide! ».

       » Si tu crois en Boudha, il paiera peut être tes factures! ». Celui là, je m’apprêtes à le faire imprimer pour le coller sur les affiches publicitaires que les profs de yoga vont bientôt accrocher sur tous les arbres de la voie verte…
      ( Emoticons boycottés!)

    2. Avatar de Khanard
      Khanard

      @Pascal

      c’est fou le nombre de personnes qui se savent aimées ! par jésus, par les financiers , par la concierge , le percepteur ,par GPT …

      mais alors dites moi pourquoi on continue tant à se foutre sur la gueule ?

      1. Avatar de Garorock
        Garorock

        C’est une « histoire d’identité » qu’il nous a dit!
        En somme une affaire de papiers.
        Mais si les poètes n’en ont pas -de papiers- comment peut-on les identifier?
        Trois « dieux » différents, ça fait déja trois « identités » différentes…

        1. Avatar de Pascal
          Pascal

          Rassure toi, Garorock. Bientôt, plus besoin de papier, avec notre code barre tatoué sur la fesse…non, le front c’est plus pratique. C’est ton smartphone dans ta poche droite qui détiendra pour toi, ta précieuse identité qu’il communiquera en bluetooth à toutes les bornes connectées autour de toi. Tu pourras même oublier qui tu es, la machine saura tout de toi, même en Ariège !😂

      2. Avatar de Pascal
        Pascal

        Nous vivons dans un monde de dualité cher Khanard ! On a autant besoin d’aimer que de haïr.😉🙏

        1. Avatar de Khanard
          Khanard

          @Pascal

          je dirai plutôt que nous sommes dans le raisonnement téléologique. Aimer pour pouvoir haïr puisque haïr semble être inévitable.

          1. Avatar de Pascal
            Pascal

            Haïr est évitable quand on sort du cercle vicieux : j’aime celui-ci, je déteste celui-là. Et c’est même en cela que réside l’Amour inconditionnel, celui des mystiques.
            Il s’agit de sortir de la dualité Moi/l’Autre. Trop souvent, l’amour est vécu comme un attachement. L’autre tient à moi et en retour, je tiens à lui/elle. Et quand l’un ou l’autre ne se retrouve plus dans ce contrat tacite, c’est le drame, le psychodrame. Celui qui part, brise le contrat, le fait pour préserver ce qu’il est. Quand l’autre, vit cette rupture comme une atteinte à ce qu’il est. S’en suit la violence et la haine. Sauf, si la décision de rupture est prise en commun car il n’y a plus de crise identitaire. Chacun par de son côté, conservant son identité, comme avant leur rencontre.
            Les haines sociales sont d’un autre ordre mais le mécanisme est le même. Pourquoi le Liban a vécu des heures heureuses où les diverses communautés coexistaient dans la tolérance ? Parce que chacun pouvait vivre sa culture sans remettre en cause celle de l’autre, contrat tacite. Mais lorsqu’une communauté s’estime victime d’une injustice commise par une autre communauté, il y a rupture du contrat. Chacun se réfugiant dans le communautarisme pouvant aller jusqu’au terrorisme. Car la fiction s’est construite (ou a été construite) dans les esprits que l’identité, l’existence même de la communauté est menacée par l’existence même de l’autre communauté. Quand Tchèques et Slovaques décident d’un commun accord de mettre fin à la Tchécoslovaquie, tout se passe sans haine. Quand une nation se crée dans un espace géographique au détriment d’une autre communauté expulsée, la haine devient inévitable.
            Quand je fais avec l’autre, je crée du commun dans une reconnaissance mutuelle. Quand je fais sans l’autre ou contre l’autre, je crée de l’adversité dans mon intérêt égoïste.

      3. Avatar de Guy Leboutte

        Khanard
        Ils font la guerre parce qu’ils savent qu’ils ne sont pas aimés ?

      1. Avatar de Pascal
        Pascal

        Je préfère la version Gainsbourg 😄
        Mais l’amour est-il le sexe !
        J’aime bien cette phrase qu’on prête à Woody Allen : « Nous avons fait l’amour toute la nuit, c’était formidable. Nous ne faisions plus qu’un, moi ! »🤣

  9. Avatar de konrad
    konrad

    Quelqu’un peut-il me dire…

    Quelqu’un peut-il me dire
    jusqu’où va ma vie ?
    Suis-je un souffle dans la tempête,
    une vague dans l’étang ?
    N’est-ce pas moi-même, peut-être,
    ce pâle et blanc bouleau,
    frissonnant de printemps ?

    Rainer Maria Rilke.

    ————————————

    Redonnez-leur… (1948)

    Redonnez-leur ce qui n’est plus présent en eux,
    Ils reverront le grain de la moisson s’enfermer dans l’épi et s’agiter sur l’herbe.
    Apprenez-leur, de la chute à l’essor, les douze mois de leur visage,
    Ils chériront le vide de leur coeur jusqu’au désir suivant ;
    Car rien ne fait naufrage ou ne se plaît aux cendres ;
    Et qui sait voir la terre aboutir à des fruits,
    Point ne l’émeut l’échec quoiqu’il ait tout perdu.

    René Char.

    ————————————-

    Je recule d’un pas vers l’intérieur…

    Je recule d’un pas vers l’intérieur, et ferme la fenêtre.
    On apporte la lampe, on me souhaite une bonne nuit,
    Et ma voix réjouie souhaite une bonne nuit.
    Puisse ma vie être toujours ceci :
    Le jour gorgé de soleil ou adouci de pluie,
    Ou tempétueux comme si le monde prenait fin,
    La soirée douce et les groupes qui passent,
    Fixés avec intérêt depuis la fenêtre,
    Le dernier regard d’ami posé sur la paix profonde des arbres,
    Et puis, la fenêtre fermée, la lampe allumée,
    Sans rien dire, sans penser à rien, sans dormir,
    Sentir la vie couler en moi comme un fleuve dans son lit,
    Et là dehors un grand silence comme un dieu qui sommeille.

    Fernando Pessoa.

  10. Avatar de konrad
    konrad

    Petite question pour M Jorion, , n’avez-vous jamais pensé à « écrire » un livre par GPT que vous signeriez de votre nom ? Ne serait-ce pas une idée inédite et avantageuse ? Vous indiquez le thème, le « prompt » juste après le diner et le lendemain matin vous avez vos 200 à 300 pages directement pour l’imprimeur.
    Et puisque vous êtes introduit dans le milieu, comme on dit, vous proposez un « marché » avec votre éditeur. Vous prenez un pseudo, dont seul vous et lui êtes au courant, et vous publiez tantôt des polars ou de la SF, voire des nouvelles, tout cela produit par GPT !
    N’est-ce pas une idée formidable ?
    Même si probablement elle a été mise en œuvre par d’autres …? Mais dans le secret chacun y trouve son compte. 😉

    1. Avatar de Paul Jorion

      Les livres écrits par ChatGPT seraient beaucoup plus intelligents que les miens, la supercherie serait rapidement éventée. Et puis, quel intérêt de prétendre écrire des livres que l’on est incapable de comprendre ?

  11. Avatar de Numéro 6
    Numéro 6

    Beau poème de ChatGPT sur Paul Jorion, très vrai sur le personnage plutôt hors norme qui bouscule dans beaucoup de domaines avec beaucoup de compétences.
    J’aimerais aussi lire un poème sur ce qui se passe au proche orient, en particulier à Gaza, où l’on assiste tranquillement à ce qui s’apparente à une épuration ethnique .
    Cordialement.

  12. Avatar de CloClo
    CloClo

    Désolé de le dire, mais de manière générale, la poésie m’emmerde grave …

    1. Avatar de JMarc
      JMarc

      Même « Le Bateau ivre » ?
      Même la poésie dite verbalement, même mise en musique ?

      « La poésie est une clameur, elle doit être entendue comme la musique »
      « La poésie ne prend son sexe qu’avec la corde vocale, tout comme le violon ne prend le sien qu’avec l’archet qui le touche »
      La Poésie contemporaine, Ferré

    2. Avatar de Khanard
      Khanard

      @CloClo

      Désolé pour vous surtout. La poésie est le seul véritable art populaire .

    3. Avatar de Guy Leboutte

      CloClo
      Je peux comprendre. Lire la poésie est moins facile que d’écouter quelqu’un la dire, mais bien.
      Écoutez « La rose et le réséda », de Louis Aragon, un de ses poèmes de résistance, mais par Bernard Lavilliers, pas par Juliette Greco qui surjoue Greco.
      https://www.youtube.com/watch?v=Yba_ReSZ9hk

    4. Avatar de Guy Leboutte

      La réception de la poésie répond à un mystère historique, socio-culturel…
      Il est sûr que chez nous la poésie ne vit plus guère, et que les poèmes ne font plus recette.

      En terre musulmane cependant, jusqu’à la fin de sa vie, le poète palestinien Mahmoud Darwich (1941-2008) remplissait les stades des pays arabes où il déclamait.

      En Russie communiste, les poètes n’ont jamais cessé d’être lus. Aujourd’hui, je ne sais pas.

    5. Avatar de Jacques Racine
      Jacques Racine

      De mémoire, c’est l’idée de Lordon quand il écrit « d’un retournement l’autre » que l’alexandrin c’est comme être dans une cours de récrée de maternel à écouter les gamins se chamailler… c’est vrai que ça paraît débile mais ça donne du flow! J’ai relu ainsi Britannicus et j’étais mort de rire, alors qu’avant ça me saoulait grave!

      1. Avatar de Vincent Teixeira
        Vincent Teixeira

        oui… mais c’est parce que vous vous appelez Racine (désolé, pas pu résister)

    6. Avatar de Pascal
      Pascal

      Il y a des choses belles à entendre comme celle-ci
      https://m.youtube.com/watch?v=kUbbVwM6Y1g
      Mais je te rejoindrai sur un point, la poésie est souvent empreinte de nostalgie ou de spleen. C’est des fois un peu plombant. Et c’est pourquoi j’aime bien Jacques Prévert pour sa fraîcheur et son politiquement incorrecte
      https://m.youtube.com/shorts/H2BP6jpoE4s
      Ou encore
      https://m.youtube.com/watch?v=CXfhqJyEWvk&pp=ygUcUHLDqXZlcnQgcG_DqG1lIHBhciBsZW90aGFyZA%3D%3D

      1. Avatar de timiota
        timiota

        Perso, je vois la poésie un peu comme le rire :
        Une façon du langage qui n’est plus dans la causalité de nos pensées.
        Car nos pensées, que ce soient celles de tous les jours (la liste des courses) ou celles plus intello (suivez mon auto-regard, et d’autres regards), sont en grande majorité faites pour cela, pour une forme de déduction, de maintien d’un souci « en mémoire » et de sa possible solution. J’aimerais (je n’en fait pas partie) être de celles ou ceux dont les pensées sont empreintes d’empathie dès les premiers mots, ce qui n’est pas dans ce schéma mais je dois dire que ce n’est pas le cas.

        La poésie déplace les logiques de causalité, sans emprunter les mêmes chemins que le rire.

        Un registre qui réunit un peu les deux et qui est assez prisé outre-Rhin, c’est la « parodie musicale » : Des musiciens font des interprétations à visée comique de divers morceaux, en jouant sur le déplacement de la « ligne de causalité » (après le pa pa poum du début de la 9ème de Beethoven (4ème partie de mémoire), on attend le deuxième paa paa paa pououm un ton plus bas), ce qui déplace une partie cool du cerveau vers une « gentille vallée de l’étrange ».

        Je ne nie pas la dimension esthétique de tout ça. Je verrais que l’émotion esthétique, comme le rire, sont affaire de déplacement. C’est d’ailleurs ce qui agite souvent le débat sur l’art, par exemple avec cette expo d’une ukrainienne Zhanna Khadirova https://www.theguardian.com/artanddesign/2023/oct/30/ukrainian-artist-bomb-zhanna-kadyrova-russian-occupation-ak-47 qui « déplace » la réalité, en l’occurence celle de l’assaut d’Irpin entre autres en 2022).

        Sur ce flanc, GPT laissé à lui-même dans le mode de ces poèmes est un peu « pompier » quand même, mais il est indubitable qu’il est biaisé dans ce sens: En gros, on lui a fait jurer d’utiliser sa connaissance pour un magma identifié comme « le bien de l’humanité », une sorte « no evil » qu’on analysera peut-être à la lumière de la religiosité des colons nord-américains et de ses transformations zultérieures.
        Je ne sais pas si certaines sources ont analysé le mode de conditionnement qui a conduit à cela. (des versions « débridables » payantes existent, si j’ai bonne mémoire).

        1. Avatar de Pascal
          Pascal

          « ce qui déplace une partie cool du cerveau vers une « gentille vallée de l’étrange ». »
          J’aime bien cette idée de déplacement mais elle suppose un espace, une géographie, des territoires. Il serait intéressant d’explorer ce que sont ces territoires qui occupent notre esprit !

  13. Avatar de konrad
    konrad

    « Et ils avaient raison, nous n’allions plus rien voir dans les décennies qui suivraient, nous allions de moins en moins éprouver la beauté immédiate du monde, nous serions d’éternels spectateurs de nos vies, condamnés à être connectés en permanence les uns aux autres dans un présent perpétuel jusqu’à la catastrophe en cours, inévitable, parce qu’à un moment ou à un autre, le réel se venge d’avoir été réduit en esclavage par des algorithmes. »

    Jérôme Leroy. Vivonne. Folio SF. Page 350

  14. Avatar de Numéro 6
    Numéro 6

    Qui n’aime pas la poésie ne devrait pas prendre la parole, il devrait se taire et laisser parler ceux qui ont autre chose qu’un cœur de pierre.

  15. Avatar de amateur
    amateur

    Les  » Alexendrins  » enseignent-on ça encore ? Alors qu’il suffit de toucher une icône ( rien de religieux ici ) pour avoir accès au savoir universel ?

  16. Avatar de François M
    François M

    Bon, il me semble qu’il ne respecte ni la métrique ni le rythme (2 x 6) des alexandrins le ChatGPT…

    Exemple : « Qui, privée de morale, devient vite hostile. » On a 6 + 5, alors qu’un simple ajout d’un adjectif aurait résolu le problème : « Qui, privée de morale, devient vite très hostile ».

    Pourtant, c’est un truc courant, ça, de jouer avec les adjectifs !

    1. Avatar de Jacques Racine
      Jacques Racine

      Le h de hostile ne permet pas une élision en « vitostile », donc on prononce bien « vitE »… « hostile », ce qui donne bien 6? Est-ce que gpt pourrait écrire en phonétique? Si ce n’est pas déjà le cas!

      1. Avatar de Pascal
        Pascal

        « Au cœur de l’âge, sous le poids d’or et d’argent, (5+7)
        S’écrit le destin des hommes, en noir sur blanc. (8 + 4)
        Dans l’ombre de la crise, un souffle se fait entendre, (7+8)
        Paul prédit le futur, pour ceux qui veulent l’apprendre. » (6+7 ou 6+8)
        Visiblement GPT n’est pas enclin à l’arithmétique alexandrine ! 😉

        1. Avatar de Luc Lecuona
          Luc Lecuona

          Parfois il fait des erreurs, il est bon de vérifier,
          Mais jamais autant que vous, c’est la vérité à dire.
          Mieux vaut garder pour soi ces jugements d’arithmétique
          Revoir les règles de métrique me semble essentiel.

          1. Avatar de Pascal
            Pascal

            Si bien vous le dites, je vous fais confiance.😊

  17. Avatar de Vincent Teixeira
    Vincent Teixeira

    Cher Paul,
    désolé, mais, même si c’est bien « goupillé », arithmétiquement parlant, comme une copie de bon élève appliqué… à la fin, c’est sec, froid, plat, ennuyeux, lénifiant, et terriblement banal dans l’expression… Du genre « pisse-lyre » (comme disait R. Char) ou de la charmante « p’tite poésie pouet pouet », promue et placardée un peu partout par les institutions culturelles (et tant et tant de festivals de poésie). Tout le monde (ou presque) peut « faire pouète », pourvu que ça rime platement (le degré zéro et infantile de la poésie – le slam à la Grand Corps Malade récemment cité ici en est l’incarnation affligeante)… ça n’en fait pas pour autant de la poésie, qui apporterait, par exemple, un réel « supplément d’âme » ou ouvrirait sur tout un éperdu, d’horizons d’inconnus…
    Et je ne pense pas que votre amie Annie LB me contredirait sur ce sujet…
    (un grand lecteur de poésie)
    PS : un ami éditeur de poésie, Stéphane Mirambeau (éd. Pierre Mainard), répète souvent qu’il y a en France des milliers et milliers de gens qui se targuent d’écrire de la poésie, qui en publient aussi… mais quelques centaines à peine qui en lisent, véritablement (outre les « Anciens »)… et le nombre d’exemplaires publiés ou les chiffres de ventes de toutes ces petites maisons d’édition le prouvent.

    1. Avatar de Pascal
      Pascal

      Bonjour Vincent
      « il y a en France des milliers et milliers de gens qui se targuent d’écrire de la poésie, qui en publient aussi… mais quelques centaines à peine qui en lisent, véritablement ».
      Ceci ne montre t-il pas que la poésie est avant tout une affaire personnelle, un désir de mettre en mots notre perception du réel ou l’expression de nos sentiments. Cela n’en fait pas pour autant, j’en conviens, des œuvres littéraires mais doit on s’interdire du geste de l’écriture poétique pour autant ? N’est ce pas également une forme de « nécessité » humaine ?
      Dans ce cas, bien évidemment, l’IA ne fait que simuler puisqu’elle ne peut se prévaloir de ce rapport au monde. Peut-on écrire de la poésie sans sentiments ?

  18. Avatar de Vincent Teixeira
    Vincent Teixeira

    Bonjour Pascal,
    il y aurait tant de choses à répondre à ce que vous dites…
    mais on ne fait pas de la poésie avec des sentiments, ou des idées (pour reprendre Mallarmé), mais avec des mots… Bien sûr, pas seulement des mots / mais il s’agit de « pratiquer la poésie » (au-delà du formalisme) ; donc, oui, le sentiment ou l’émotion entre en jeu…
    Mais tout le monde a des sentiments ; tout le monde n’écrit pas de la poésie (qui vaille vraiment la peine d’être lue, partagée).
    Quant à la conception (très tendance actuellement, dans un contexte assez hygiéniste – nombreux essais du genre « Réparer le monde » d’Alexandre Gefen) de l’écriture (poétique ou non) comme thérapie, j’y vois surtout une vaste fumisterie… La poésie, la littérature ne réparent rien du tout…

    Quant à la nécessité de la poésie, bien d’accord – Chalamov (du coeur du goulag) en parlait même comme d’un besoin vital, comme d’un besoin de pain, établissant cette grande égalité entre la ration de pain et la poésie. Mais il s’agit dès lors d’une véritable expérience intérieure, expérience de vie et d’un certain usage du monde (au-delà, comme on le dit de certains peintres, de « la poésie du dimanche »)… Avec les mots d’Annie Le Brun, il s’agit avant tout « d’arracher au temps un lambeau d’éternité »… Bien peu en sont capables (mais c’est cette poésie là qui mérite d’être lue avant tout – pas celle des poètes du dimanche, qui se livrent à leur petites cabrioles versifiées ou leur petit examen d’intériorité personnelle)…

  19. Avatar de Vincent Teixeira
    Vincent Teixeira

    oups… il ne s’agit évidemment pas d’ »interdire le geste », ou quoi que ce soit…
    mais pour prolonger les propos de S. Mirambeau, tant et tant de soi-disant poètes, plutôt que d’encombrer (avec leur petite affaire personnelle), feraient mieux d’abord de lire (vraiment) de la poésie, les poètes (contemporains ou non)… Tous les grands poètes sont de grands lecteurs de poésie (même les plus sauvages et en rébellion, à commencer par Rimbaud…)

  20. Avatar de Vincent Teixeira
    Vincent Teixeira

    Contre « le cirque poétique », je me permets de renvoyer à cet excellent et salutaire essai de François Leperlier, « Fonction de la poésie » – avec ce petit compte-rendu, signé du très regretté Alain Joubert :

    https://www.en-attendant-nadeau.fr/2019/05/07/poesie-francois-leperlier/

    1. Avatar de Pascal
      Pascal

      Merci pour le lien.🙏😊

  21. Avatar de Vincent Teixeira
    Vincent Teixeira

    correctif (propos exacts de S. Mirambeau) :
    « il doit y avoir en France quelque chose comme 5 000 lecteurs de poésie. J’entends par là des gens qui lisent véritablement.
    En revanche, il y a quelques dizaines de milliers de personnes qui décrètent écrire de la poésie mais, pour une grande part, ne la lisent pas ! »

    https://actualite.nouvelle-aquitaine.science/editions-pierre-mainard-la-passion-du-toucher/

    1. Avatar de CloClo
      CloClo

      J’ai vécu 6 ans avec une « poète » illuminée et touchée, j’ai assisté à des colloques et des festivals de poésies un peu partout, je confirme que c’est chiant… par expérience ! Et la métrique des vers, les règles, c’est comme l’écriture en musique, peu deviennent de vrais maîtres artisans, artistes maniant la technique avec excellence. Le plus souvent on a une gentille soupe de mots avec parfois quelques fulgurances isolées. Bah, il en faut pour tout le monde.

      Oui on peut faire des trucs sympas avec deux accords répétitifs et une mélodie, comme avec quelques mots sur une feuille de papier, mais plus évolué demande un tel travail, de telles conditions quotidiennes et quelques dons qu’en fait peu y arrivent. En peinture, en vidéo aussi comme dans tous les arts d’ailleurs on est dans le même phénomène de submersion par la masse.

      1. Avatar de Vincent Teixeira
        Vincent Teixeira

        @Cloclo,
        Heureusement qu’il n’y a pas que « la métrique des vers, les règles »… Ça, ça fait belle lurette que c’est complètement dépassé, renvoyé au remugle des mignardises et vers de mirlitons…

      2. Avatar de Pascal
        Pascal

        6 ans ! Je comprends. Il ne faut point trop abuser des bonnes choses.😜

  22. Avatar de Vincent Teixeira
    Vincent Teixeira

    De rien.
    Mais on pourrait dire la même chose à propos du roman (la forme phare de notre « modernité » et du « paysage littéraire » médiatique)… Sur ce point, je me remémore souvent les propos de Deleuze, disant que le roman n’ est pas une histoire de ses petites affaires personnelles…il y faut bien autre chose (et lui parlait notamment de « délire »)… Tout le monde a ses draps, ses émotions, ses affaires familiales, etc. – ça ne fait guère un grand roman… (C’est dans l’Abécédaire – sans doute à L comme littérature ?)
    Mais Céline disait la même chose, parlant lui de « style » et « musique » versus toutes les histoires personnelles, dont il y a plein les commissariats, les cafés, les familles, etc

    1. Avatar de Pascal
      Pascal

      Il y a tout de même une question qui me tarabuste !
      Si l’on peut estimer qu’il y a deux siècles, le nombre de grands auteurs était limité à ce que pourrait peut-être lire un individu dans sa vie, cela définissait un corpus littéraire incontournable.
      Il me semble que le siècle dernier a vu s’étendre la bibliothèque mondiale aux œuvres des quatres coins du monde ouvrant des horizons littéraires toujours plus larges.
      Avec ce 21eme siècle qui commence à flux continu, même en mettant la littérature commerciale de côté, ne risque-t-on pas la noyade ? Ou dit autrement ne risque t-on pas la redite même très bien écrite ? C’est un peu caricatural, j’en conviens mais n’y a t-il pas là une problématique de fond ? Ou bien l’infini existerait-il en littérature ?

      1. Avatar de Vincent Teixeira
        Vincent Teixeira

        A Pascal,
        l’infini existe, heureusement – sans quoi il n’ y aurait pas de poésie…mais il peut être parfois tout proche, entre visible et invisible (cf le poème « L’infini » de Leopardi).
        Ce qui nous sauve de la noyade, c’est que dans la masse pléthorique de bouquins, sous l’hégémonie commerciale du roman, une part très considérable est à jeter, sans intérêt ou anecdotique, sans originalité ou invention (en tout cas pour moi)…
        Par contre, malgré toute notre modernité et nos machines exponentielles, rien ne me semble changer dans le fait qu’ « un génie » (avec guillemets) puisse passer inaperçu – comme le rappelait aussi Deleuze (parlant de Beckett et Lindon) – évidemment, l’exemple de Proust , ignoré par Gallimard au début, est bien connu… Toute la médiatisation du monde et tout notre appareillage technologique n’ y changent rien et échouent sur ce point…
        C’est évidemment navrant, mais aussi assez réconfortant…. Au moins, quelques « génies » cachés demeurent toujours, loin de la marchandisation, liée à la célébrité et aux célébrations mediatico-institutionnelles… La sacralisation de la culture aboutit toujours à une stérilisation. Ou comme disait Robert Walser, « qu’un écrivain devienne QUELQU’UN ne fait que le réduire à la condition de cireurs de chaussures. »

  23. Avatar de Vincent Teixeira
    Vincent Teixeira

    Il est certain que l’originalité est devenue de plus en plus rare… Comme disait l’autre, tout a déjà été dit, et l’on arrive trop tard (même si je ne partage pas cette idée)

    1. Avatar de Pascal
      Pascal

      Je suis bien d’accord que le « on arrive trop tard » n’a pas de sens sauf dans une vision passéiste. La réflexion est certainement à porter sur la notion d’abondance, voire de surabondance qui ne se limite pas à la littérature. C’est sans doute de ce côté là que se posent les questions d’aujourd’hui.

  24. Avatar de François Corre
    François Corre

    https://www.youtube.com/watch?v=X60yygQNhF4
    « La bête aux douze pieds qui marche sur la tête ».

  25. Avatar de konrad
    konrad

    Je comprends Cloclo, moi qui ai fréquenté de longues années la poétesse Germaine Elloire. Femme libre et admirable, née à Alexandrie, qui tricotait les mots comme on ravaudait les chaussettes, avec élégance et précision. Agricultrice le matin, l’après-midi à tisser les vers et le soir, immanquablement, reprendre les verres.
    Les mots lui venaient comme les mouches sur la bouse avec la certitude de la rime juste.
    Tous les festivals de poésie la voulait, de Bazoches-les-Gallerandes à Montigny en passant par Ferrières et Grassac. Son dernier recueil, « Sous la terre git le vers », avait été accueilli favorablement par la critique de « L’Essor Sarladais. »
    Mais cette notoriété lui fut pesante, sa contrariété l’a conduite à fuir. Comme Rimbaud en Abyssinie, je pars en Gâtinais me confia-t-elle.
    Adieux veaux, vaches, cochons, elle parti, caissière à Franprix.
    Amis de la poésie vivante, si le hasard vous porte du coté du Blagour ou de la Bouriane, arrêtez-vous à Milhac et sa mairie bibliothèque – ouverte seulement les mercredis, jeudi, de 14h à 16h – pour lire la poésie de Germaine Elloire, notamment « Le miel de passiflore coule dans mes pores », ou « Les platanes méritent ma tatane ».
    Les derniers mots qu’elle m’adressa furent ; depuis mon exil je comprends mieux la poésie de Marina Tsvetaïeva.
    Injustement cataloguée en poétesse du terroir par la condescendance germanopratine, je tiens à réhabiliter l’œuvre d’une grande écrivaine dont Georges Teulier a pu dire fort justement ; « Celle-là elle envoit du lourd. »

    1. Avatar de Khanard
      Khanard

      @konrad

      en cherchant sur le wouèbe Germaine Elloire je suis tombé sur votre blog . Une seule question: mais pourquoi avez vous arrêté ? Dommage .

      1. Avatar de konrad
        konrad

        Khanard,
        Vous m’avez stupéfié, à un point que vous n’imaginez pas.
        Arrêté ; ou suspendu ? Parce que j’ai dit ce que j’avais à dire.
        Ou peut-être que l’inspiration m’a quitté…
        En tout cas, vous m’avez épaté ! Merci. 🙂

        1. Avatar de Khanard
          Khanard

          @konrad

          j’aime bien votre style à la fois incrédule devant la beauté de ce qui nous entoure et un peu acerbe aussi sur ce qui attente à cette incrédulité . Bref j’ai passé un bon moment .

          maintenant je ne crois que votre inspiration vous ai quitté , m’est avis que vous avez choisi ce blog car moins contraignant en investissement .

  26. Avatar de Vincent Teixeira
    Vincent Teixeira

    A Konrad,
    jamais entendu parler de votre amie (même si je lis énormément de poésie) ; par contre « tricoter les mots » ou « la certitude de la rime juste » ne me séduisent guère, et me semblent davantage affiliés à une certaine « inanité littéraire » (« Et tout le reste est littérature… ») , voire technicité – en tout cas bien éloigné d’une Marina Tsvetaieva (que je vénère) , citée à la fin, d’une rare incandescence, qui n’a bien évidemment rien à voir avec « du terroir » – en une lettre fameuse adressée à Rilke elle a explicitement écrit à quel point un poète n’a rien à voir avec la nationalité – « aucune langue n’ est langue maternelle » – sic).

    PS : au « sous la terre gît le vers », tellement convenu ou « facile « … voire carrément plat,
    me semble bien plus évocateur et profond (agitant toute la polysémie des mots et images) : « des vers vivants dans un poète mort » (Pierre Peuchmaurd, une des plus belles voix poétiques des dernières décennies)

  27. Avatar de Vincent Teixeira
    Vincent Teixeira

    …il est vrai que Pierre Peuchmaurd fuyait comme la peste tous ces « fameux » festivals du cirque poétique…

  28. Avatar de Vincent Teixeira
    Vincent Teixeira

    « Le respect pour la culture ne se comprend que dès l’instant où celle-ci incite au rêve, à l’aventure personnelle, au sentiment de l’éternité. Transformer les « maisons de la culture  » en boîtes à conférences relève d’une aberration semblable à celle qui réunit, dans les salons de province, quelques bourgeois transis d’ennui autour d’une poétesse chlorotique. »
    Georges Henein, « Le chanvre et la culture » (ça, ça « envoie du lourd » – et pas des mignardises)

  29. Avatar de Vincent Teixeira
    Vincent Teixeira

    … oups, Georges Henein lui aussi né en Égypte (au Caire), égyptien… mais il faut croire qu’il est passé par d’autres chemins, marqué par d’autres rencontres et amitiés, traversé par d’autres voix, affinités électives, Grands Transparents…

    1. Avatar de konrad
      konrad

      Vincent Teixeira,
      Des scrupules m’envahissent de vous avoir entrainé dans cette farce potache, dont Khanard a élucidé la supercherie de « Ger Maine-et-loire ». Je me suis senti exonéré et quelque peu soulagé grâce à Marina Tsvétaïeva et Rilke – qui lui a dédié une magnifique élégie – que vous appréciez.
      Veuillez m’excuser pour cette plaisanterie.
      Cordialement.

      1. Avatar de CloClo
        CloClo

        Pas mal ! 😀

      2. Avatar de Garorock
        Garorock

        Tsvétaïeva n’a jamais habité dans le maine et loire!
        Vous racontez n’importe quoi.
        (second degré?)

      3. Avatar de Vincent Teixeira
        Vincent Teixeira

        @Konrad,
        aucun pb. J’aurais pu/dû m’en douter…
        A la relecture, très drôle !
        Cdt

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