Piqûre de rappel : Costa Mesa (Calif.), 1997, le 26 juin 2025

Dans la série « Mes USofA à moi » – qui sont en de très mauvaises mains en ce moment même.

La scène se passe un dimanche matin à Costa Mesa, une communauté essentiellement latina de Californie méridionale. La réunion des Quakers du comté d’Orange va débuter dans un quart d’heure. Et comme les Quakers sont le plus souvent des squatters, le « meeting » aura lieu ici dans une classe d’école. Dans un coin de la salle : un piano.

Il faut savoir que les Quakers sont des intellectuels protestants très à cheval sur les principes (simplicité volontaire, objection de conscience et de croissance, désobéissance civile, etc.) et particulièrement allergiques à tout ce qui évoque véritablement l’idée d’une religion dans cette lointaine banlieue hispanique de Los Angeles tels que processions, encens, prières, cantiques et autres dorures et paillettes, pouah !

Margaret, ses quatre-vingt-cinq ans bien sonnés, a repéré le piano. Elle dit (suffisamment bas pour que personne ne puisse l’entendre) : « Je suppose que personne n’aura d’objection… » et se dirige résolument vers le piano devant lequel elle s’assied, puis se met à jouer l’un des morceaux les plus kitsch du répertoire de la Gospel Song blanche : « In the Garden » de Charles Austin Miles (1868 – 1946), qui abandonna la carrière respectable de pharmacien à Philadelphie pour la composition de cantiques.

Sa voix s’élève, chevrotante, humble mais triomphante : « Et Il marche à mes côtés, Et Il s’adresse à moi… » et… ignorant les regards noirs que lui jettent ses « amis » (c’est ainsi que les Quakers se saluent entre eux : « Ami ! »), elle continue de jouer et de chanter, imperturbablement.

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3 réponses à “Piqûre de rappel : Costa Mesa (Calif.), 1997, le 26 juin 2025”

  1. Avatar de PB
    PB

    Ce matin, la chanson qui a été choisie au hasard à la messe était In the Garden de C. Austin Miles (1912)…

  2. Avatar de JMarc
    JMarc

    Ce dialogue dans un vieux western (?) qui se passe chez les quakers (?) qui bêchent durement la terre :
    Lui : « Il nous faudrait un tracteur. »
    Elle : « Si Dieu avait voulu que nous utilisions des tracteurs, Il les aurait créés. »
    Lui, désignant sa bêche : « Est-ce que Dieu a créé cet outil ? »

    La sacralisation de l’humain contre l’IA même par les athées, comme bien d’autres positions « de gauche » : On renouvelle de temps en temps le décor de l’obscurantisme mais garde sa substance.

    Si un jour le piano devient réalité, nous ne saurons plus chanter.

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