Les États–Unis otages de la Chine

Mercredi dernier, l’indice Dow Jones avait perdu 1 % de sa valeur. La raison en avait été un bond du taux d’intérêt à 10 ans, qui était passé dans la journée de 4,7 % à 4, 97 %. Une des rumeurs à l’ouverture des marchés boursiers avait été que la Chine vendait une partie des Bons du Trésor américains dont elle possède des quantités considérables dans ses coffres.

Hier, mardi, le Dow Jones a subit le même sort : il a à nouveau perdu 1 % de sa valeur, alors que le taux à 10 ans frôlait cette fois les 5,25 %. Le jour précédent, Alan Greenspan, qui n’est plus Président de la Réserve Fédérale, la Banque Centrale américaine, mais demeure très écouté, avait déclaré à l’occasion d’un colloque consacré à l’immobilier, que la Chine n’entend pas liquider son énorme portefeuille d’obligations américaines. Ses auditeurs avaient dû pousser un soupir de soulagement. Quand ils l’entendirent préciser que la raison en était qu’il ne trouverait pas preneur, ils avaient dû s’étouffer.

À cela, se sont ajoutées dans la journée d’hier, les nouvelles de l’inflation galopante en Chine, qui obligera le gouvernement de contenir l’expansion de ses exportations, et signifiera à terme, moins d’argent à consacrer à la dette budgétaire américaine.

Dans « Vers la crise du capitalisme américain ? », un sous–chapitre s’intitule « Les États–Unis otages de la Chine ? » (pages 236 à 238). Dans la section que je consacre au « scénario catastrophe », j’écris : « 2.2. La Chine cesse de financer la dette budgétaire américaine en achetant des Bons du Trésor et des Mortgage-Backed Securities à l’aide de son surplus de dollars ; les taux d’intérêt grimpent » (page 243).

La chute de la bourse est une mauvaise nouvelle en soi. La montée des taux d’intérêt est également une mauvaise nouvelle pour les États–Unis dans la mesure où la croissance est en perte de vitesse à 0,6 % pour le premier trimestre 2007 : le renchérissement du crédit dans un climat où l’économie aurait besoin au contraire d’un bon coup de fouet, présage mal de l’avenir. Mais la hausse des taux d’intérêt est essentiellement une mauvaise nouvelle en raison de son impact sur la crise en cours dans l’immobilier : pour soulager les emprunteurs menacés de la saisie, la Federal Reserve avait l’intention dans les mois à venir de recourir au seul moyen dont elle dispose : diminuer le taux d’intérêt à très court terme dont elle détermine le niveau par décret. L’envolée des taux sur les marchés en a décidé autrement. Le rêve que la Fed entretenait de venir en aide aux propriétaires endettés en leur permettant de se refinancer à un taux plus avantageux, s’envole en fumée.

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