Ce texte est un « article presslib’ » (*)
L’histoire bancaire du Grand-Duché de Gerolstein simplifie sans doute de manière caricaturale le processus de création monétaire mais son but n’était pas d’apparaître réaliste de ce point de vue là. Ce que je visais à l’aide de cette illustration était d’un autre ordre : j’entendais décrire l’évolution d’un système bancaire au sein du microcosme d’une petite société où les questions d’argent ne se posent pas de manière purement abstraite et dans un vide social mais dans le cadre des relations qu’entretiennent effectivement les trois grands groupes qui constituent nos sociétés : les capitalistes ou investisseurs, les entrepreneurs ou dirigeants d’entreprises et les salariés, et en focalisant l’attention sur le rôle très spécial que jouent les banquiers à l’articulation de ces groupes, non pas du fait de leur fonction d’intermédiation mais en raison du rapport d’emblée déséquilibré qu’entretiennent ces trois groupes dans nos sociétés.
Après avoir créé un cadre très simple, centré sur une banque commerciale où les citoyens ordinaires peuvent déposer sur un compte-courant l’argent dont ils n’ont pas un besoin immédiat, et dans un deuxième temps sur un compte-épargne, je mets en évidence comment ce système évolue du fait que ceux qui empruntent l’argent déposé sur ces comptes doivent s’acquitter d’intérêts. Je montre enfin comment – d’une manière a priori invraisemblable – l’endettement croissant d’une partie de la population peut apparaître par un processus pervers comme enrichissement de la nation toute entière. L’astuce réside ici dans le processus de la titrisation, c’est–à–dire dans la marchandisation de la dette des emprunteurs individuels, titrisation qui crée une machine à générer de la « pseudo-richesse » mais qui conduit la banque centrale du Grand-Duché à traiter ces créances comme ce qu’elles feignent d’être, à savoir une richesse authentique.
Bien entendu l’argent n’a pas été inventé avec ce type de processus en vue : il s’agit avec la concentration du capital et la nécessité du versement d’intérêts que celle-ci entraîne, et ensuite avec le titrisation, de dévoiements, par ceux qui leur ont découvert des modes de détournement possibles, des principes qui présidaient initialement au fonctionnement de l’argent : du coup, le loyer de l’argent et les reconnaissances de dette apparaissent comme les équivalents d’une richesse véritable, et leur engendrement comme celui d’une nouvelle richesse.
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