Obama vs. US Chamber of Commerce, début du deuxième round

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Thomas Misrachi de BFM m’a donc proposé comme sujet dont nous parlerions entre autres samedi, la deuxième conférence de presse d’Obama, il y a deux jours : « le fond et la forme ». Je m’étais contenté jusqu’ici d’en lire un résumé, ce qui était sans doute symptomatique, mais puisque j’aurais à parler de la forme également, je suis allé visionner la vidéo. Et l’information qui transparaît par la forme de son intervention est en effet très révélatrice en soi.

D’abord, son allocution d’entrée, précédant le moment des questions et réponses, Obama s’est contenté de la lire sur un prompteur, et c’est davantage un texte aseptisé, genre communiqué de presse lu par un porte-parole officiel, que la déclaration d’un Président au pouvoir depuis soixante jours seulement. Ensuite, et tout le monde l’a remarqué, la presse susceptible de lui poser des questions délicates, New York Times, Washington Post, Wall Street Journal, a été ignorée, au point que la journaliste d’une publication mineure à qui il donne la parole, n’y croit pas vraiment – à moins qu’il ne l’ai carrément réveillée en sursaut – et il est obligé de lui dire « Eh oui ! c’est à vous que je parle ! »

Ceci dit, encore heureux qu’il n’ait pas eu à répondre à des questions sur la finance : une petite question relative à AIG, sur le temps qu’il lui a fallu pour réagir à l’affaire des bonus, provoque de sa part une réponse en quatre mots qui est davantage l’aboiement d’un chien enragé qu’une véritable réponse.

Ce qu’on a vu là, à l’occasion de cette deuxième conférence de presse, c’est un Président qui aurait de loin préféré passer la matinée au bord de l’eau, à contempler la mer ou un torrent de montagne, plutôt que d’être en face d’un micro. Déjà las et exaspéré. Un seul diagnostic possible : il ne savait pas qu’il avait été acheté par Wall Street et la nouvelle lui vient comme une très mauvaise surprise. Plutôt naïf donc que retors : les bons sentiments qu’il exprime dans ses livres doivent être les siens. Un avocat brillant sans aucun doute mais qui n’avait pas compris l’Amérique : aïe ! Il est en train de la comprendre et ce qu’il découvre, il ne l’aime pas du tout. En particulier Mrs. Geithner et Summers lui revendant le Plan Paulson comme la seule issue possible.

Ce qu’il a dit est sans intérêt, ce qui est logique puisqu’il s’est refusé à parler de quoi que ce soit d’important. Donc pour ce qui est du fond : zéro. Pour ce qui est de la forme : épuisé mais en colère, donc pas encore désespéré.

Obama, le challenger, contre « the US Chamber of Commerce », le champion en titre depuis deux cents ans. Début du deuxième round. Jusqu’ici le champion en titre n’a pas l’air de pouvoir être inquiété et mène aux points. Mais l’outsider se révèle hargneux. Alors, qui sait ?

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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