Billet invité
LA CAUSE DES BANQUES
La cause est entendue, si elle n’est pas publiquement admise. C’est sur fonds publics que tous les gouvernements essayent de renflouer leurs systèmes bancaires, exonérant pour l’essentiel les responsables de la déconfiture financière, essayant de ne pas faire trop de vagues, sans parvenir à ce jour à leur fin. Sans savoir même s’ils y parviendront, quand et comment. Attendant Dieu sait quel miracle, ils bricolent dans l’improvisation et l’urgence des mesures de soutien à l’économie et raclent à cet effet leurs fonds de tiroir, sans plus de succès d’ailleurs. Des voix des plus autorisées commencent à s’élever pour craindre qu’il ne soit pas sûr que le pire est derrière nous.
Peut-être serait-il temps de se demander, afin de parler sérieusement, où va bien pouvoir se manifester cette relance dont tout le monde déclare voir au lointain les signes avant-coureurs, dans l’espoir de faire patienter, sans trop se demander par quel mécanisme (ou par quelle magie) elle va pouvoir intervenir ? En réalité, tous les grands pays occidentaux connaissent, à un degré ou à un autre, une récession prolongée et le seul espoir crédible consiste, au mieux, en une stabilisation possible de la situation économique. C’est-à-dire à une poursuite durable de la récession. Mais comment l’avouer, comment l’admettre, comment y faire face ?
La crise financière, irrésolue, fait résolument obstacle à la relance économique. Combien de temps faudra-t-il pour que d’une manière ou d’une autre le bouchon saute ? Sans que la manière en soit alors innocente, car elle ne le sera pas. Il faudra payer, dans une monnaie ou dans une autre.
Dans ces conditions, le miracle d’une relance pourrait-elle venir des Etats-Unis, dont on a toujours dit qu’ils tiraient la croissance mondiale ? Il faudrait pour cela que soit relancée la machine à fabriquer l’endettement des particuliers, pour que la consommation, moteur de la croissance américaine, puisse reprendre. La machinerie financière prétend certes avoir retrouvé sa bonne santé, mais cela ne convainc pas, tant l’opacité continue de régner de manière flagrante sur ses comptes. Et puis, il ne suffirait pas de relancer le crédit, il faudrait également que la solvabilité des emprunteurs soit rétablie, c’est-à-dire que l’économie soit elle-même relancée. Un problème classique d’œuf et de poule.
Alors, les regards se tournent vers la Chine, le deuxième partenaire de ce « G2 » auquel tout le monde accorde un rôle majeur dans le proche avenir. Mais est-il vraisemblable que celle-ci puisse, en si peu de temps, réorienter les bases mêmes de sa croissance, pour s’appuyer désormais sur celle de son marché intérieur ? Supposant une importante réorganisation de son appareil de production, qui était largement orienté vers les marchés extérieurs, et impliquant également que les chinois cessent d’épargner pour se mettre à consommer, à la faveur de la mise en place d’un système public de santé, qui ne va pas se construire en deux coups de baguette. Peu probable, tout du moins dans les délais dont on nous parle.
L’Europe pourrait-elle être la candidate de dernier recours à ce rôle ? Elle, dont le FMI considère que son système financier va encore devoir faire face à une très lourde charge de dépréciations, et qui est pénalisée par l’absence d’une politique commune de relance ainsi que par les limites de la construction européenne ? Elle, qui porte le boulet de la crise des pays de l’Europe de l’Est, mais aussi celui de la Grande-Bretagne, la grande malade avec l’Espagne, pour s’être tous deux intensivement prêtées aux mirages du capitalisme financier dérégulé ? La vieille Europe résiste comme elle peut, mais il ne faut pas lui en demander davantage.
Où que l’on se tourne, un retour même timide de la croissance n’est pas au rendez-vous, alors que le financement des plans de relance économiques (que l’on ferait mieux de qualifier tout simplement de plans de sauvetage), qui vont devoir immanquablement se succéder, suscite des interrogations de plus en plus prononcées pour l’avenir.
Les pays émergents, qui bénéficient d’excédents abondants, n’envisagent pas de les mettre à disposition des organisations internationales, sans contre parties politiques et sans garanties. Les Américains, qui bloquent les réformes en profondeur de ces mêmes organisations, récoltent ainsi ce qu’ils continuent de semer. A part les Etats-Unis, aucun pays n’envisage de s’appuyer sur une politique de création monétaire intensive, même s’il faudra bien s’y résoudre tôt ou tard. Alors que les banques centrales, dont les bilans gonflent démesurément, commencent à s’inquiéter de la qualité des contreparties que les banques leur fournissent. Le marché obligataire de la dette publique, enfin, objet de toutes les convoitises, n’est pas extensible et les experts avisés calculent déjà qu’il ne saurait répondre à toutes les sollicitations à venir. Et que le FMI, chargé d’une mission internationale de secours tout azimut, n’aura jamais les moyens de faire face à toutes les demandes d’aide financière, d’autant qu’il peine à boucler le budget que lui a alloué le dernier G20 de Londres.
Il y a pire encore que la description de ce panorama déjà peu réjouissant. Il est clairement apparu que la manière dont les banques essayent de « réparer » leurs dégâts est porteuse de nouveaux dérèglements, de nouvelles fragilités, dans une espèce de fuite en avant, sans décidemment aucun substitut d’envisageable. On a dit qu’une nouvelle bulle était en préparation, celle de la dette publique, mais c’est sans compter avec celle de la dette privée, qui est en train de se reconstituer, sous de nouvelles auspices, au fur et à mesure qu’elle se dégonfle par ailleurs, sous les anciennes. C’est avec peu ou prou les mêmes mécanismes que ceux qui ont suscité la crise au sein de laquelle nous nous trouvons que l’on essaye d’en préparer la sortie. Voilà le plus accablant des constats que l’on peut faire aujourd’hui.
Nous sommes entrés dans l’acte II de la crise, écrivais-je il y a quelque temps. En me demandant quel nouveau discours les politiques allaient bien pouvoir tenir, une fois épuisé celui sur la relance prochaine, pour demain ou bien après-demain. Avec la pandémie de la grippe porcine actuelle, montée convenablement en épingle, ils ont trouvé quelques répits. Une frayeur chasse l’autre, une crise en masque une autre. L’époque semble avoir besoin, expression de sa névrose anxiogène collective, de ces grandes peurs largement irrationnelles qu’elle contribue à fabriquer, et qui sont désormais mondiales, comme le reste. Tous les corps institutionnels y contribuent, y trouvant leur pitance et leur raison d’être. Fabriquant une diversion, certes, mais qui sera de courte durée.
La crise, la vraie, reprendra vite ses droits.
50 réponses à “L’actualité de la crise : La cause des banques, par François Leclerc”
Oups….
La diversion a été trouvée à peu de frais car les ingrédients de la pandémie actuelle, déjà identifiée comme un scandale de l’agro-business, sont à rechercher dans les racines du système.
lire l’article : http://www.bastamag.net/spip.php?article566
@Charles
merci pour cet article, qui confirme ce que j’en pensais. Peut-être avez-vous lu ‘Toxic’ de William Reymond, journaliste d’investigation vivant aux Etats-Unis ?
Le plus écoeurant dans cette histoire est la manipulation faite par l’OMS de la crédulité des populations et la communication acharnée pour ne pas viser l’industrie agro-alimentaire. Parce que sur le plan scientifique, oser parler de pandémie quand on n’a pas atteint le millier de cas dans le monde laisse pantois. Quand aux EU ce sont près de 1200 personnes qui décèdent chaque jour des maladies dues à l’obésité et à la malbouffe, c’est juste « un problème de comportement »…
Alors que vient faire ce commentaire sur ce blog traitant d’affaires financières et économiques ? Que le sujet traité relève du même domaine que l’industrie financière folle qui nous a entraîné où l’on sait : qu’à la poursuite du plus grand profit dans le plus court terme on est devenu capable de vendre n’importe quoi, que ce soit en produits financiers ou en alimentation, en sachant pertinemment que c’était du poison.
Toutes ces affaires ne concourent qu’à une chose : aggraver la crise du crédit, au sens de la confiance entre les individus et le système, et quand il n’y aura plus de confiance entre les individus eux-même ce sera le chaos. Alors…
Je viens de lire « la Crise… » suite à l’interview paru il y a quelques semaines dans Télérama.
J’ai beaucoup apprécié le regard non conventionnel de Paul Jorion sur les mécanismes ayant conduits à l’enchainement des faits que nous vivons encore.
Cependant, il me semble qu’il manque à cette analyse tout ce qui concerne le rôle de l’industrie manufacturière, pilotée par le couple finance-patron dans l’agravation de cette crise… et ce rôle ne me semble pas négligeable. J’aimerais faire confirmer ou infirmer l’analyse que j’en fait:
Dès le début de la crise, quand elle a paru inéluctable sur le place publique, au début de l’été 2008, les grandes entreprises manufacturières ont donné des consignes très stricte de réduction drastique des stocks interne à tout niveau. Le prétexte à cette demande était d’assurer les ressources en liquidités nécessaires à payer le personnel à chaque fin de mois. En réalité n’était-ce pas surtout fait pour fournir à l’industrie financière les liquidités qui commençait à lui manquer ?
Cette exigence de réduction des stocks, dans les grosses entreprises très hiérarchisées où la part de rémunération en bonus n’est pas négligeable, est rapide à mettre en oeuvre: les commandes des centres de distribution aux usines sont immédiatement stoppée (ou fortement réduite), quasi instantanément, le flux de commandes vers les fournisseurs est bloqué. Comme ce dernier est souvent à délai plus long que les ceux des usines d’assemblage, l’en-cours de commande est lui même rapidement ré-échelonné.
Il en a résulté dès la fin de l’été 2008, dans les usines des industriels manufacturiers, de la suppression de quasiment toute forme de travail temporaire puis de la mises au chômage technique de 20 à 50% des salariés, en commençant par les usines des pays émergeants (qui servent de variable d’ajustement à très court terme).
Chez nombre de fournisseurs de composants, peut-être moins liés au monde de la finance, le choc a été brutal et visible avec un peu de retard, au quatrième trimestre. Comme ils n’ont que très peu de stock (ou des stocks peu écoulables), ils ont été très vite mis en difficulté: plus de portefeuille, pas de quoi payer les fins de mois. Beaucoup ne s’en relèveront pas, ce qui convient fort bien aux exigences de concentration qu’on les grands groupes vis à vis des myriades de fabrquants de pièces détachées.
La demande en bien, liés à la construction, à l’industrie a effectivement été à la baisse au dernier trimestre 2008. Une part de cette baisse est évidemment liée à la montée des stocks de logements invendus qui a bloqué les nouveaux programmes de construction. Mais une autre part de cette baisse n’est-elle pas dûe à l’arrêt brutal des lignes de production pour réduire des stocks et produire des liquidités ? La part de la baisse liée au surstock de logements sur la demande industrielle n’a-t-elle pas eu un effet seulement comparable aux biocarburants sur la demande de céréales ?
Comme il y a peu de spéculation sur les marchandise industrielles, les prix n’ont pas bougé mais il en a résulté un tarissement de la demande jusqu’au matières premières (ce qui a contribué au dégonflement de cette bulle) et un assèchement des besoins en transport et en fabrication de produits industriels. Il en a aussi résulté un stock d’immobilier industriel devenu inutile et un outil de production surcapacitaire partout qui a tari les commandes de bien d’équipement…
A mon sens, l’impératif imposé aux industriels par les financiers au début de l’été a contribué très fortement à amplifier les effets de la crise des subprimes et des diverses bulles financières.
Comment l’industrie aurait-elle pu jouer un rôle amortisseur au lieu de servir d’amplificateur ?
Cette crise industrielle a-t-elle pu être évitée par des mécanismes de régulation non financier ?
Ne faudrait-il pas mieux découpler finance et industrie ? (le mécanisme des stockoptions et le pouvoir financier des conseils de gérance liant investiteurs et patrons et favorisant une optimisation des partis vis à vis d’une optimisation du tout…)
Actuellement, la situation commence à ce détendre, ce qui semble bien prouver que la création de richesse liée à l’industrie (la vraie) commence à reprendre le dessus, toujours tirée par les pays émergents actifs. Cela montre peut-être aussi que cette fois encore, heureusement, l’inginiérie financière débridée n’aura pas réussie à tuer l’économie réelle qui la fait vivre…
Mais au prix de combien de souffrance dans les familles sans travail, pour les petites entreprises qui ferment, pour les pays émergents qui subissent non seulement les avriations de cours de l’alimentaire mais aussi d’être la première variable d’ajustement des pays riches…
Le principe de « l’interdiction des paris sur les variations de coût » est-il suffisant pour que le capitalisme puisse s’auto-réguler ?
@à tous
Comme je l’ai déjà signalé ailleurs à Paul Jorion, il me semble que le niveau bas des salaires ouvriers chinois va poser un problème pour la création d’un marché intéreur de consommation en Chine (20 euros par mois!)
Dans ce contexte, il me semble que le seul espoir possible serait d’émettre, au niveau des banques centrales, une monnaie anticrise (fondante)!
En effet, seule une telle monnaie OBLIGERA ses détenters à la faire circuler, notamment en ne se détournant plus des autres placements et en retournant dans l’économie réelle (producion de biens et services, seule source des richesses véritable.
Car c’est bien le fait que tous ceux qui ont encore des réserves (et ces réserves restent très abondantes, mais en peu de mains!) savent très bien que la trappe aux liquidités est grande ouverte. Pour cause, parce que la trappe, c’est eux!
Tant qu’ils peuvent attendre, et, très riches, ils peuvent attendre quasiment indéfiniement, ils attendront, car la dépréciation des actifs mobiliers et immobiliers valorise d’autant leur magot: la baisse des prix augmente le « prix » de la monnaie!
C’est la monnaie elle-même, en tant que VALEUR REFUGE ULTIME, qui est gardée et devenue l’objet de spéculation pour lui-même!
Et la situation est telle que ceux qui nagent dans cet argent (comme l’oncle picsou) savent aussi que la libération rapide de ces magots déclencherait l’hyperiflation et les appauvrirait sensiblement. Alors, ils ne se bousculent pas pour libérer l’argent gelé.
Ce n’est qu’en infligeant une « fonte », même modérée, à ces magots liquides et maintenus liquides que l’âne aura soif à nouveau, ne serait-ce que pour « protéger » son patrimoine face à la fonte.
L’émission d’un monnaie anticrise, sans toutefois retirer la monnaie actuelle tout de suite, serait un moyen d’irriguer l’économie avec du « sang neuf oxygéné » tout en rassurant les détenteurs des magots que leurs biens leur restent aquis s’ils gardent gentiment l’ancien argent en poche- et c’est ce qu’ils vont faire dans un premier temps, mais ils devront peu à peu quand même se repositionner sur la nouvelle monnaie, ne serait-ce que pour utiliser « à la marge » leurs magots.
A ce moment-là, même si cela n’empêchera pas la survenue d’autres faillites retentissantes, l’économie repartira très naturellement, et la crise financière n’affectera plus guère l’économie réelle, car l’argent injecté en haut descendra enfin dans l’économie réelle!
jf
Qui va se dévouer pour lui offrir cette monnaie en chocolat si fondante de notre enfance ?
Il faut reconnaître que johannes finckh a une sacrée constance !
Pour le chocolat, il est partout à -50% en ce moment !
La Chine court des risques d’instabilité sociale gigantesques. Exode à l’envers suite aux fermetures d’usines, maintien d’une rigueur de fer sur des classes moyennes émergentes dont les besoins et revendications vont pourtant aller croissant, politique d’aménagement territorial minée par la corruption et le mépris total des équilibres écologiques…
Au niveau politique, la querelle des dogmes fera nécessairement rage, et on peut se demander ce que fera leur armée…
Ils ont beau acheter des tonnes d’or et investir ailleurs que dans les bons du Trésor américain, la politique de découplage production/consommation conclue avec les Américains est un vrai pacte de Faust, et va leur sauter à la figure.
D’autant que, pas si loin, le mouvement eurasianiste de Douguine séduit plus que jamais le Kremlin…qui ne ratera pas une occasion de reprendre la main à l’international !
Techniquement, comment la crise pourrait-elle être jugulée par ces financiers, ou plutôt ces garnements que l’on n’a même pas fessés ? Bien pire, les normes comptables américaines sont assouplies pour cacher -bien mal- le pot aux roses !
Les USA mènent clairement une politique de junkie qui cherche l’overdose, ou de monomaniaque qui s’emballe. Ils sont idéologiquement morts. Du moins les adeptes de cet imbécile d’Alexander Hamilton.
Et le Moyen-Orient ? Que devient Israël sans son mentor économique et garde du corps depuis 1947 ? Que devient surtout son arme nucléaire ?
Les « pays émergents », qui « émergent » depuis 60ans (quel iceberg ! Serait-ce l’Atlantide ou le Léviathan ?) sont comme la Chine, des pays à l’économie extravertie et phagocytée par les Occidentaux. Ce sont des tirelires, pas des moteurs.
Par quelle force surnaturelle aucune critique officielle ne surgit-elle à propos de la dette des Etats, qui est un racket monstrueux, et dont le dogme a proliféré (avec la Bombe d’ailleurs) après la seconde Guerre mondiale ?
Cesser de rembourser indéfiniment les intérêts d’un capital imaginaire emprunté à des banques privées, génèrerait une quantité de cash à ne plus savoir qu’en faire !
En voilà de l’argent pour lutter efficacement contre cette crise !
On en parlait récemment, mais on pourrait s’attendre dans les mois à venir à une belle grande PERCOLATION, entre Etats non ou peu alignés sur les USA : Chavez est loin d’être idiot, Lula en a gros sur le coeur, Poutine ne demande que ça, Khadafi ne sait quoi faire de son pognon, le Pakistan et l’Afghanistan sont des nids à mercenaires…
On y trouvera peut-être le fameux nouveau « moteur » mondial…
Mais je ne pense pas que ce soit précisément un moteur capitaliste…
Charles Munger, le vice-président de Berkshire Hathaway et bras droit de Warren Buffett, déclare lui-même que les banques utiliseront leur « énorme pouvoir politique » pour échapper aux réformes nécessaires.
Comme de plus, il l’affirme contre ses propres intérêts (il possède des intérêts considérables dans Goldman Sachs et Wells Fargo), ses propos sont d’autant plus pertinents.
http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601087&sid=aRGmF1WqsCgA&refer=home
Bonjour,
Qui peut m’expliquer en quoi la rémontée à 3.2 pct des taux longs US est porteuse de danger pour l’économie ?Et si oui de quelle manière avec quelles conséquences possibles?Merci
@ alain soler:
vos moqueries me blessent!
@ coucou:
Sans doute, la perspective d’une économie rétablie grâce à la monnaie anticrise me rend « constant » ou persévérant, merci!
Votre analyse sur la Chine me semble totalement pertinente, ainsi que celle concernant les Etats-Unis.
L’idée de la « monnaie fondante » surprend toujours, je sais bien, mais l’affaire me semble sérieuse!
Je démontre aussi dans tous mes messages que la « fonte » qui serait ainsi prévue pour frapper l’unité monétaire en tant que support matériel réellement existant dans le temps, cela a pour contrepartie une réstitution du montant de la fonte de la masse monétaire (de l’ordre de 5% annuels dans le projet gesellien) par l’institut d’émission la banque centrale). Ctte réstitution devra être prévue dès la mise en place d’une monnie fondante.
Nous voyons donc que, contrairment à ce que le mot « fondant » laisse entendre, la masse monétaire n’a nullement à fondre! L’institut d’émission (la banque centrale) remettra les sommes émises en réstitution par exemple à l’état qui se chargera de les dépenser, j’en suis certain!
Ce projet de la monnaie « fondante » ou anticrise (toujours circulante) aura surtout l’effet de protéger mieux l’économie réelle du monde de la finance, devenu fou, car tous les déséquilbres financiers du monde laisseront la monnaie anticrise totalement indifférente, car elle circulera en toute, je dis bien en toute circonstance sans jamais refuser ses services pour devenir VALEUR REFUGE ULTIME comme c’est le cas avec la monnaie actuelle.
De plus, la remise en route efficace de l’économie permettrait de régler « en douceur » et en prenant le temps nécessaire tous ces dééquilbres accumulés.
L’économie rendue plenement efficace dégagera vite les surplus néessaires pour apurer peu à peu, et en prenant le temps qui faut, tous les déficits. La réduction de ces déficits réduira dans le meêm mouvement les accumulations les plus obscènes en face de ces dettes!
De plus, du fait de sa circulation intégrale et totalement prévisible, la monnaie anticrise constitue une demande extrêmement stable et régulière. Cette situation rend la théorie quantitative utilisable, et les prix pourront être maintenus très stables, et il s’agit naturellement des prix moyens n’empêchant pas la baisse de certains prix et la hausse d’autres en fonction des évolutions technologiques notamment, etc…
Pour les épargnants, ils pourront se sentir à l’abri de tout risque inflationniste, les emprunteurs seront protégés des déflations et des crises.
Les Taux d’intérêt baisseront très largement sans trappe aux liquidités, car la monnaie anticrise circulera bien EN TOUTE CIRCONSTANCE!
Est-ce plus clair pour les moqueurs?
jf
@ dissy
Si nous parlons bien de la même chose, la hausse des taux longs sur les obligations US (à dix ans notamment) a pour conséquence d’augmenter le coût de la dette américaine; à montant constant, cela impose des restrictions budgétaires.
Une stratégie envisagée par les banques pour échapper à la régulation financière: l’exemple de Morgan Stanley. Ça s’apppelle « un coup de barre à gauche, un coup de barre à droire ».
Cour de barre à gauche: on renonce au statut de « banque d’investissement » afin de devenir un holding bancaire classique et bénéficer des capitaux publics.
Coup de barre à droite: pour échapper aux contrôles plus stricts qui découlent de la recapitalisation de l’Etat, lequel appelle au relèvement des ratios, à la limitaton des effets de levier et au plafonnement des bonus, on détache les départements les plus spéculatifs pour les transformer en hedge funds, dans lesquels on prend des parts.
http://online.wsj.com/article/SB124053759917451185.html
Oui, le merdier est quasi-total dans la mesure où la traditionnelle relance des états , en raison de la quantité gigantesque de l’endettement général mais surtout parce que le problème de la solvabilité des etats eux même commence à poser problème, non seulement va à un certain échec, mais, pire, va finir par discréditer la seule institution capable de fédérer et de faire accepter une cohérence commune, à savoir l ‘ ETAT.
Si les idéalistes de l’alter gauche combattante s’imaginent qu’un état ne peut pas être en faillite , ils se fourrent le doigt dans l’oeil ou ailleurs, bien profond. Bin entendu, l’Etat ne disparaît jamais : soit il devient sa propre ombre dans un océan de désordres et de stratégies de « chacun pour soi », soit il devient oppressif et plus ou moins totalitaire -même si c’est pour la ‘bonne cause’-, soit il se disloque en pouvoirs locaux, chacun traitant le problème à sa façon.
Si la relance Obama queute, je ne vois plus trop comment on évitera l’enclanchement d’ une depression assez mortifère. Il parait que l’embellie boursière est manipulée et que les signaux positifs sont sur-interprétés : est-ce une tentative ‘désespérée’ du système pour n’avoir pas trop à ce ‘remettre’ en cause ?
Et chacun de penser que ce sera donc l’occasion d’une opportunité de mettre en place un autre chose , ou de penser qu’il pourrait peser dans un certain sens … Je ne dis pas que cela sera inutile, ni que cela n’est pas indispensable, mais l’histoire risque de ne pas offrir beaucoup de fenêtres de tir.
Et ceci pour la simple raison que la faillite généralisée , au lieu de se faire rationnellement , en se déclarant comme telle, et en choisissant de désigner les perdants -ceux qui supporteront le coût d’une disparition d’une partie de la dette- , va se mettre en place progressivement dans le chaos du ‘chacun pour soi’ . Et là, après que les possédants aient sauvé ce qu’ils pouvaient sauver en orientant leur patrimoine et leur pouvoir dans une série de niches (C’est probablement ce qu’ils sont en train d’organiser), le ‘peuple’, orientera chacun de ses dirigeants à une défense vigoureuse de ses propres intérêts .
Car face à la destruction de la valeur des actifs, à la stratégie de dissimulation des ‘riches’ ou de simple conservation de son petit patrimoine familial, face à la contraction réelle de la richesse par une baisse de l’activité économique due aux désordres monétaires, et, enfin, face à la désillusion de constater qu’une partie de l’existence de la richesse concentrée à mieux partager n’étaient que l’envers d’une partie de notre ‘exploitation’, face à tout cela , on risque bien de n’avoir plus à partager qu’une très belle baisse de niveau de vie où nos illusion généreuses seront irrémédiablement ‘tempérées’ par une logique de ‘sauve qui peut’ où d’une main nous tenteront de conserver le maximum pour soi-même tout en brandissant , de l’autre, la liste des vrais responsables de ce beau gâchis … et les solutions magiques qu’on auraient pu ou dû mettre en oeuvre lorsqu’il était encore temps.
Une fuite parue dans le Süddeutsche Zeitung du 24 avril indiquait que, selon un rapport interne de la BaFin (Bundesanstalt für Finanzdienstleistungsaufsicht), l’organisme de supervision du secteur bancaire allemand, destiné au gouvernement, la somme à débourser pour l’instauration d’une « bad bank » s’élèverait à 816 milliards d’euros ! Rien que pour l’Hypo Real Estate, le ticket s’élèverait à 268 milliards, celui de la Commerzbank à 101 milliards, celui de la Westdeutsche Landesbank 84 milliards et même la Deutsche Bank en a un de 21 milliards. Depuis cette divulgation, la BaFin et les autorités compétentes s’échinent à minimiser l’importance de ces montants, prétextant qu’il s’agit d’estimations. Ben voyons !
Aucun pays n’est en mesure de financer de la sorte simultanément son secteur bancaire et la relance économique. Aussi longtemps qu’on n’oblige pas tout ce beau monde à liquider à l’amiable leurs créances bidons, on ne s’en sortira jamais. Avec ou sans FMI, Avec ou sans la Chine ou autre pays « porteur ». Qu’on cesse de prétendre que ces dettes toxiques existent. Ce ne sont que des promesses. Il suffit de ne plus les tenir compte pour en être débarrassés et tous ces milliards ne seraient plus nécessaires. Mais pourquoi s’esquinte-t-on à les matérialiser ? C’est de la démence !
Un peu de psychologie (de comptoir):
Les responsables d’un système mondialement défaillant doivent-ils ou encore peuvent-ils admettre leurs erreurs, sachant qu’il est question d’un système massivement létal, aussi bien symboliquement que physiquement, allant de « simples » destructions d’entreprises jusqu’à la ruine de populations entières?
– Doivent-ils: D’un point de vue moral, ma réponse est oui, bien entendu.
– Peuvent-ils: Ma réponse est non. Et pour cause:
Constatant l’ampleur des dégâts, les responsables admettant leurs erreurs s’exposeraient sans doute dans le meilleur des cas à une accusation de crime contre l’humanité, le genre d’accusation dont on ne ressort pas indemne (euphémisme), dans le pire des cas à un lynchage public pur et simple.
Ces gens, aussi peu scrupuleux soient-ils (ce qui n’est pas forcément le cas au demeurant), n’en sont pas moins humains. Or les humains se caractérisent, comme la plupart des autres êtres vivants, par leur instinct de survie. A court et même moyen terme, ils n’ont par conséquent aucun intérêt à « confesser » leurs erreurs. Ce n’est pas, à bien y regarder, de la démence. Bien au contraire, ces gens suivent en dernier ressort, comme tout un chacun, cette logique, certes primaire mais indiscutable, qui conduit néanmoins aux aberrations que l’on sait.
Bonjour.
J’aimerais avoir votre avis sur cette formulation: « selon le point de vue d’un économiste structuraliste, le jeu comptable qui est à l’origine de la monnaie interne (j’entends par là le fait que « les institutions financières, les banques en fait, achètent des titres primaires à des sociétés non-financières ou accordent des crédits aux agents non-financiers, sans qu’il y ait a priori de crédit dans les comptes. puis crédit->dépôts->créditsss…) fait apparaître des ressources qui n’existent pas, mais qui sont pourtant utilisées. Elles peuvent l’être tant que n’est pas remise en cause la confiance de l’épargnant dans la liquidité potentielle de son épargne. »
Est-ce bien l’existence de ce château de cartes que certains discutent depuis quelques temps sur ce blog? Est-ce son écroulement que veulent éviter les gouvernants en tentant de purger les banques? Lehman Brothers étant une banque d’affaire, elle ne représentait donc pas un risque de signal d’alarme pour les épargnants? Mais plus de banques d’affaires en faillite -> banques avec beaucoup de dépôts risquent faillite ; donc on ne laisse pas les banques d’affaire sombrer?
Merci d’avance.
@Dissonance,
Les classes dominantes ne reconnaissent jamais leurs erreurs car cela reviendrait à se condamner elle-mêmes. Le pouvoir des classes dominantes ne repose pas essentiellement sur l’argent , les forces armées ou policières, même si celles-ci sont gardées en réserve, à portée de main en quelque sorte, mais sur la certitude qui doit être partagée par tous que leur pouvoir est fondé sur l’ordre NATUREL des choses, que c’est eux ou le chaos. Elles peuvent certes se diviser sur la marche à suivre, elles peuvent même reconnaitre des dysfonctionnements provisoires à corriger, mais jamais leur faillite généralisée car sinon elles perdraient la confiance du peuple et qui perd la confiance du peuple se condamne à vivre dans l’alarme continuelle du lendemain. Les classes dirigeantes sont infiniment minoritaires, elles ont besoin d’une foule de serviteurs pour exister et il faut que ces serviteurs soient convaincus qu’il n’existe pas d’autre voie que de les suivre. C’est à la future classe qui aspire à les remplacer que revient la tâche de bâtir et de faire partager une certitude plus forte. C’est en ce sens que tout changement radical ne peut être pensé que dans une logique d’affrontement. Le débat démocratique peut exister au sein de chaque classe en présence, mais jamais entre les deux classes car là c’est certitude contre certitude. « Plutôt une fin effroyable qu’un effroi sans fin, tel est le testament de toute classe agonisante » disait pépé Marx qui ne croyait pas à la possibilité d’une révolution démocratique paisible où à là fin d’un vaste débat entre gens de bonne compagnie, l’avenir du monde serait voté sous les acclamations des masses soulagées de ne pas être condamnées à servir de chair à canon, une fois de plus. Je suis assez d’accord avec Oppossùm , nous nous dirigeons plutôt vers un vaste chaos où chacun sera sommé de choisir entre le pire ou le moins pire, au sens de survie immédiate et qu’importe alors les belles idées.
@ Opposum, Wladimir
vous décrivez le scénario du pire, c’est en effet une option.
Mais nous n’avons pas le droit au pessimisme quant à la portée de nos propres actions, c’est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre.
Il ne faut pas se voiler la face sur la situation, terrible évidemment, mais il n’appartient qu’à nous de l’examiner avec le plus de profondeur et de minutie possibles pour en déceler les éventuelles failles, aussi ténues soient-elles, car c’est par ces failles que nous pouvons nous engouffrer dans un espace politique nouveau (que je ne confonds pas avec l’espace institutionnel, officiel), et faire ainsi dévier un cours des évènements que d’aucuns disent inéluctable.
Comme toujours nous sommes nos pires ennemis et nous aggravons notre cas en pensant que les autres seront aussi « pires » que nous pensons pouvoir l’être. Bref, il y a un combat à mener, et je suis d’accord avec vous pour dire qu’une certaine gauche alter est naïve de penser que l’Etat sera toujours là pour remettre les choses en place. D’ailleurs cette gauche là n’est pas réellement combattante, au sens du combat des idées. Elle n’a qu’une vision stratégique bien mince, une tactique qui se résume à critiquer ceux auxquels ils s’opposent politiquement dans l’arène officielle des consultations électorales. Cette gauche dispose d’une tribune, mais elle ne croit pas réellement à une force des analyses et du discours, préférant le slogan issu du marketing politique. Elle attribue sa puissance à sa capacité de convaincre des électeurs pour l’exercice d’un pouvoir futur. Elle ne croit pas à la puissance d’invention de la réalité que constitue potentiellement le discours. Je ne parle pas ici des effets de manche, mais de ces discours cohérents qui ne s’inscrivent pas dans le déterminisme du déjà vu et de ce fait font basculer les esprit dans l’inouï, l’inédit.
Cela peut encore se produire, rien n’est jamais trop tard. A la faveur d’évènements exceptionnels des talents peuvent se révéler, des individualités se transcender.
Quant à l’idée que le « débat démocratique peut exister au sein de chaque classe en présente, mais jamais entre deux classes », me paraît dans une certaine mesure fausse, c’est à dire tant que la communauté politique existe encore bel et bien, comme c’est encore le cas aujourd’hui. Certes la démocratie a pour fonction de réguler les différents, tensions, intérêts contradictoires qui se manifestent entre les différentes classes sociales. Mais la démocratie n’est pas pour autant l’ère du consensus comme une certaine vulgate voudrait le faire accroire. C’est même l’inverse : la mésentente présuppose la démocratie et s’exprime dans son exercice même, lorsqu’il y a débat. Il y a en la conviction partagée par les citoyens qu’ils sont tous dotés de la faculté de raison. S’il en était autrement le débat n’aurait plus sa raison d’être. La raison commune implique, que, tout au moins sur ce plan, celui qui consiste à raisonner nous sommes tous égaux. De façon symptomatique, le tyran ou dominant ne peut exercer durablement sa domination par la seule force brute ou même par la menace, il lui faut donc un discours justificateur de sa domination. Or pour être obéis en vertu de ce discours de domination, il faut une condition préalable : que le dominé puisse comprendre le discours qui est tenu par le dominant et le cas échéant en être convaincu, ce en quoi il participe à la construction de sa propre aliénation. C’est précisément en cela que tout discours politique présuppose l’égalité en raison de tous les membres d’une communauté politique. Tout discours est une construction qui ne demande qu’à être déconstruite, pour une nouvelle construction et ainsi de suite.
Moralité : le combat des idées est essentiel et il est transversal d’une classe à l’autre, via des individus, lesquels, même s’ils appartiennent à telle ou telle classe n’en ont pas moins du moins potentiellement, leurs singularités propres, et donc leurs discours propres. Si ce n’était pas le cas nous ne serions pas ici pour débattre mais laisserions les représentants désignés de nos classes respectives s’exprimer à notre place. Le combat est inégal car nous n’avons pas la force économique, financière, qui nous permettent d’infléchir la puissance des pouvoirs dominants, mais nous avons les mots, des raisonnements, lesquels s’ils ne sont pas lestés d’un poids quantifiable comme la monnaie ou les armes, n’en sont pas moins réels et agissant, ici, et, par ricochet, dans la communauté politique toute entière. Ne préjugeons donc pas de nos de nos forces, ni de nos faiblesses.
PS.
A la réflexion, ce que je dis en préambule concernant la gauche alter, s’applique, peu ou prou, à tous les partis officiels.
.
@ oppossum
les montants que vous citez sont en effet de plus en plus astronomiques et ne font que souligner mon analyse que la monaie actuelle se comporte comme un trou noir qui engloutit tout à sa portée.
C’es CELA la fonction valeur refuge ultime de la monnaie actuelle!
Un Moloch.
Seule l’émission d’une monnaie nouvelle, anticrise (fondante) est susceptible de relancer l’économie réelle instantanément tout en permettant de traiter bien plus tranquillement les grands déséquilibres mondiaux!
jf
Pour reprendre une proposition de Jaques Attali ( de mémoire) « le métier de banquier doit redevenir un métier long et ennuyeux » Et pourquoi ne pas remplacer les banquiers par un réseau informatique? un ordinateur ne pense pas, il n’innove pas , il exécute. Ce seraient des banques virtuelles et verrouillées où celui qui tape ses besoins sur le clavier n’est autre que le client.
J’y vois également un retour de la valeur travail aux dépends d’un excès de virtuel.
Bonjour, juste pour info; L’axe Chine-USA étant un fondamental à mon sens (mais pas le seul)
http://www.dedefensa.org/article-_poliment_et_discretement_la_chine_retire_son_soutien_aux_usa_01_05_2009.html
L’article me fait également penser à l’élément « irrationel » pas assez développé en général comme par exemple l’arrivée du printemps…
Argent et banquiers font partie du bain culturel de nous autres, humains du siècle des débuts d’internet.
Pour nous , pas de banquiers = pas d’argent .
Mais…heu….Un monde avec de l’argent et sans banquiers est il possible ?
Je suis d’accord avec Pierre-Yves plutôt qu’avec Wladimir ou Opposum. Entre le milieu du XIXème siècle, quand Marx mettait dans la bouche des dominants “Plutôt une fin effroyable qu’un effroi sans fin » en tant que testament la classe agonisante, la démocratie représentative a vécu un siècle et demi et s’est policée. Les « méchants » n’ont plus la même hargne et devraient être prêts à accepter les compromis auxquels la majorité les CONTRAINDRA. Donc, pas de lutte «paisible où à là fin d’un vaste débat entre gens de bonne compagnie, l’avenir du monde serait voté sous les acclamations des masses» mais des rapports de forces à inverser et à soutenir. Ce sera pénible, long et parfois violent mais pas nécessairement catastrophique. L’excès de pessimisme, comme l’excès d’optimisme; démobilise et « with this regard, their current turn awry and loose the name of action ».
Merci Pierre Yves D de remonter le moral des troupes.
Ca va HURLER.
La monnaie fondante (vendue anti-crise) est une idée. C’est une très mauvaise idée.
Elle va ruiner définitivement tout les pensionnés qui ont pu constituer un petit pécule d’une part et d’autre part elle va réduire les travailleurs qui ne dépensaient pas tout leur salaire à des machines à hyper consommer.
Déjà nous dénoncions la société de consommation et bien on en remet une couche, et une fameuse.
Tant qu’à condamner à la mort économique et donc sociale une part significative de la population, raisonnons « économiquement » jusqu’au bout.
Relancer l’économie, vite et fort : rien de plus facile : condamnons à la mort tout les individus âgés de plus de X années (mettons 70 pour commencer, si çà suffit pas on pourra toujours baisser la barre).
Conséquence : Transfert massif de capitaux par l’héritage, renflouement des états par les taxes, disparition d’une grande part de la charge des pensions et de la majeure partie des soins de santé….
Avec les surplus dégagés par les états occidentaux, parce que ces derniers sont très moraux, le tiers et le quart -monde sont
massivement aidés afin de faire disparaître jusqu’au souvenir de leur existence.
C’est pas chouette tout ça ?.
Bon Dieu, je crois qu’il y en avait un qui avait déjà mis quelque chose du genre en route il y a 60 ans environ.
Hitler il s’appelait et faisait massacrer ceux qu’ils présentait comme les capitalistes de l’époque : les juifs.
Aujourd’hui on à beaucoup progressé dans l’éthique (on fait plus de différences entre les races, il suffit d’être vieux).
@ Alain A
Dans ce même sens,bien que de Gustave Thibon–accordons lui quand même son génie couronné par l’académie française en 2000– ce propos :
« …..L’esprit philosophique consiste à préférer aux mensonges qui font vivre les vérités qui font mourir… »
@Pierre-Yves D,
Je en pense pas décrire le scénario du pire, je pense décrire le scénario probable. Si vous admettez, ce qu’il me semble, que nous sommes au début d’une crise historique, pire que 29 (Paul Jorion parle même de fin du capitalisme, excusez du peu !), alors vous admettrez aussi que le trouble causée par cette situation s’amplifiera à l’extrême, entraînant des mouvements d’opinion de plus en plus désordonnés basculant sans cesse d’un extrême à l’autre. En France, pour l’instant, les seules victimes directes sont les dizaines de milliers de chômeurs qui chaque mois vont payer leur tribut au système économique (30% de leur revenus nets, la différence entre leur salaire antérieur et les indemnités chômage actuelles). Le reste de la population est peu concernée, pour ce qui est des salariés bénéficiant d’une garantie d’emploi c’est même l’évidence, et même se félicite de la déflation qui vient puisqu’elle leur donne du pouvoir d’achat. Mais que se passera t’il lorsque une masse critique de plusieurs millions de chômeurs s’apercevra qu’il n’y a aucun espoir de retrouver du boulot avant très longtemps ou quand une hyper-inflation ruinera les rentes de tous ceux qui n’auront pas le pouvoir de négocier une augmentation correspondante, du fait de leur inutilité dans le procès économique ? A mon avis ces gens descendront dans la rue et réclameront du travail A TOUT PRIX et la stabilisation de l’inflation A TOUT PRIX, quelque soit la réalité de la situation économique et politique et suivront les démagogues de tout poil, pourvu que ceux-ci les rassurent et leur promettre un avenir radieux. L’exemple de la crise de 29 est quand même là et c’était une époque où il y avait des partis politiques et des syndicats puissants et jouissant d’une grande sympathie dans les couches populaires. Nous n’avons même plus cela, anesthésiés que nous sommes par l’individualisme chronique, le politiquement correct et le principe de précaution (surtout ne rien faire qui pourrait mettre notre petit avenir en péril). Je ne dis pas qu’il ne faut rien faire, il est même nécessaire de bouger pour ne pas subir, mais, en réalité en ces temps troublés, chacun se détermine selon sa propre certitude, et dieu sait si en temps de crise il faut avoir des certitudes solides, et non en s’inclinant devant la parfaite logique d’une thèse irréfutable.
Pour ce qui est du débat démocratique en temps de conflit, si je prend l’exemple d’une grève dans une entreprise, vous n’allez pas discuter démocratiquement avec votre patron représentant le pouvoir au sein de l’entreprise de vos revendications. Les négociations ne sont que l’expression d’un rapport de force où vous allez chercher le plus haut possible le point de rupture potentiel, car la justice de vos revendications a déjà été approuvée par l’ AG des grévistes. Le seul espace démocratique est alors l’assemblée des grévistes où les collègues non-grévistes ne s’expriment pas en général, même s’ils le pourraient, tout simplement parce qu’ils ne se sentent pas concernés. La légitimité des grévistes est alors justifiée par le principe simple qui dit que si la grève échoue, ce sont eux seuls qui en payeront le prix de leur salaire ou même de leur emploi, alors que si la grève réussit tout le monde, même les non-grévistes profiteront des avancées obtenues.
@ Wladimir, Pierre-Yves D. et ali…
Merci pour ces explications et ce débat.
Démocratie, classe… de quoi l’on parle exactement? La démocratie est-ce une manière de résoudre les conflits ou une manière de civiliser les conflits (on discute, on débat plutôt que de se faire la guerre)? S’il s’agit de résoudre les conflits pour arriver à une paix merveilleuse, alors il faudrait peut-être d’abord commencer par l’épuration (sociale, ethnique, voire de genre tiens…). Classe? ça existe une classe sociale homogène, comme un peuple homogène? N’y a-t-il pas toujours des classes dans la classe? Des revendications plus extérieures encore?
Lors d’une conférence j’ai entendu un homme dire sa « peur » de la démocratie parce qu’il avait expérimenté que ses revendications d’être humain qui n’a pas le droit d’avoir des papiers étaient démocratiquement passées à la trappe lors des débats syndicaux…
Classe. En tant que petit suisse, je suis assez sidéré de penser que la plus grande part des richesses dont se gave ce pays, ses services publiques, ses corporations privées… a été d’une manière ou d’une autre extorquée aux plus pauvres, aux plus damnés de cette terre…
Il me semble parfois que le désir de paix aboutit à une drôle de violence et qu’à l’inverse l’acceptation du conflit, avec ses règles, ses inégalités, ses frustrations… peut permettre de vivre plus ou moins ensemble.
@ tous et @EOMENOS:
La monnaie fondante (« vendue » anticrise) serait une mauvaise idée?
Votre démonstration pour soutenir cela est faible, à mon sens, évidemment, parce que je soutiens le contraire!
Je recommence donc mon exposé pour être le plus clair possible et pour essayer de vous rassurer!
Vous dites que la monnaie fondante ruinerait « tous les pensionnés qui ont pu constituer un petit pécule d’une part et d’autre part elle va réduire les travailleurs qui ne dépensent pas tout leur salaire à des machines à hyperconsommer. »
1) J’ai toujours cherché à démontrer que l’épargne et les retraites ne seront aucunement affectées par une quelconque « fonte »! et voici, à nouveau pourquoi:
*c’est le détenteur du billet qui serait « incité » à se séparer de son billet dans un délai disons d’un mois quand on propose une « fonte » (faible) de sa valeur faciale d’environ 0,4 ou 0,5% tous les mois, montant payant par exemple tous les dix du mois pour rétablir le billet plein (timbre ou tampon ou procédé à puce peut-être).
Se séparer du billet matériellement peut vouloir dire dépense, mais il peut s’agir aussi bien d’un retour à la banque sur un compte d’épargne par exemple, compte d’épargne a priori non concerné par la fonte.
*en cas de dépôt sur un compte courant, la banque appliquera sans doute une « fonte équivalente » sur ces dépôts, car la banque ayant reçu ce retour devra faire face aux frais qui en résultent.
*la banque cherchera ensuite à faire le meilleur usage possible du billet en question. Ayant cours légal, il est certain que la banque fera tout pour le remettre en circulation le plus vite possible, ou, au moins, s’en séparer à son tour, par exemple en le prêtant ou en remboursant une dette qu’elle a dans d’autres banques ou à la banque centrale.
*la chose qui sera devenue coûteuse, la seule réellement, ce sera le fait de « geler » pour un temps plus ou moins long de tels billets. Ces billets ne seront plus RESERVE DE VALEUR.
*Cette situation nouvelle obtiendra une circulation assez parfaite de cette monnaie sous forme de billets ou de dépôts à vue.
*Nous obtiendrions alors, effectivement, un écoulement assez régulier et rapide de tout ce que le marché produira en biens et services.
* mais cela n’implique aucunement une hyperconsommation dès lors que la politique monétaire maintiendra un niveau de prix stables! Et ce niveau de prix stables sera plutôt plus facile à obtenir qu’avec la monnaie actuelle, car nous aurions, justement, une circulation parfaite et maximale de la monnaie sans formation des masses « gelées » importantes d’aucune sorte, et ce fait suffirait pour ajuster, au niveau central (la banque centrale), la quantité de monnaie nécessaire pour la stabilité des prix. La « fonte de la masse » de l’ordre de 0,4 ou 0,5% mensuellement (5% annuellement) nécessiterait évidemment des ajustements centraux pour restaurer cette masse, cela devra accompagner l’émission d’un telle monnaie! Les sommes ainsi restitués iraient dans les caisses de l’état par exemple, ou, pour vous faire plaisir, pourraient être versées directement aux économiquement faibles, cela me plairait assez (cf revenu minimum de « dignité »).
Il vaut, en fait, mieux parler de monnaie vivante (et donc ayant une durée de vie) qu’une monnaie « fondante ». Car, comme la vie elle-même et comme tous les biens et services produts dans l’économie marchande, l’idée de la monnaie « vivante et mourante » s’inspire de la nécessité que l’échange marchand n’est « équitable » que quand celui qui propose de la monnaie se trouve devant la même « urgence » à échanger que le marchand de biens et services. Sinon, l’avantage du détenteur est structurel, et c’est cet avantage même qui génère, dans la situation actuelle, le péage lié à la monnaie, à savoir l’intérêt monétaire net!
2)A mon sens, la monnaie « vivante » protégerait parfaitement l’épargnant, car les prix seraient totalement stabilisés!
Il protégerait le travailleur, car tout ce qu’il produit serait toujours écoulé, étant donné que la demande serait toujours stable et toujours solvable!
Il n’y aurait cependant aucune pousse particulière à l’hyperconsommation qui accompagnerait la monnaie « vivante » anticrise, car l’individu qui ne veut pas acheter épargnerait dans des conditions très sûres!
La notion de valeur refuge ne serait aucunement supprimée, mais seulement séparée de la monnaie circulante!
Et les banques prêteraient, évidemment, plutôt facilement et pour « pas cher » les liquidités qui leur reviendraient abondamment, et les investisseurs/empunteurs se chargeraient d’effectuer les achats et les investissements assurant le bon fonctionnement de l’économie.
Les taux faibles -mais sans trappe aux liquidités- feraient que les emprunteurs resteraient parfaitement solvables, d’autant qu’ils pourraient compter sur un climat conjoncturel très stable.
On voit que la monnaie anticrise stabiliserait singulièrement la conjoncture sans surchauffe et sans dépression.
3) En ce qui concerne la crise financière: l’émission de la monnaie anticrise permettrait de maintenir à flot l’économie EN TOUTE CIRCONSTANCE! Accessoirement, les banques retrouveraient par là-même une solvabilité satisfaisant plus ou moins vite. Certaines faillites ne seraient sans dout pas évitées, mais cela n’aurait plus jamais d’effet systémique, cas LA MONNAIE FONDANTE CIRCULERAIT TOUJOURS ET ENCORE!
POUR LE RESTE DE VOTRE TEXTE:
Je suis toujours triste et consterné de lire et d’entendre autant de polémique autour d’un faux procès d’intention qui « situerait de près ou de loin les idées de Silvio Gesell à proximité du nazisme! » C’es tout simplement odieux!
C’est quoi cette remarque concernant « la condamnation à mort des vieux »? Je ne vois aucun rapport dans la mesure où la nouvelle sécurité économique liée à la monnaie anicrise protège notamment ceux qui sont plus faibles! Il me semble que votre réflexion vient de votre crainte que la monnaie anticrise ruinerait les « pensionnées ». J’espère vous avoir convaincu qu’il n’en est rien!
La suite du texte tombe d’elle-même! C’est vous qui évoquez « les juifs » et « Hitler »; pour ma part, j’aimerais que vous retiriez ces réflexions insinuantes et malveillantes et dépourvues de tout fondement respectable, de votre pensée!
Je ne sais pas qui vous a pu inspirer de tels propos!
Vouloir réformer l’émission monétaire pour empêcher ainsi la poursuite du capitalisme tel que nous le connaissons et qui nous ruine est sans doute un projet ambitieux qui modifierait en profondeur les relations humaines et qui entamerait durablement la rente capitaliste liée à la monnaie, mais cela n’est en rien un projet fasciste!
En attaquant comme vous faites, vous protégez toujours et encore le « capitalisme » qui n’en demande pas tant!
jf
@ Wladimir
Vous faisez référence aux luttes sociales. Sur le point vos remarques me semblent tout à fait pertinentes.
Vous avez raison de rappeler que la « vie démocratique » ce sont aussi ces luttes sociales où se jouent effectivement des rapports de forces.
Ce dont je parlais plus haut c’est de l’élaboration des discours politiques qui concerne donc tout discours écrit, oral, se rapportant à la politique, dans l’espace commun, plus ou moins public. Or cette élaboration n’est pas, absolument partisane. Qu’on lui attribue une valeur positive ou négative, il y a bien une idéologie dominante, et c’est bien elle qui est travaillée par le débat démocratique.
Je précise donc que par débat démocratique je ne fais pas forcément référence à ces débats autour d’une table, mais bien à tout type de discussion sur rapportant à des idées dont la portée est politique et qui s’exprime par les voies les plus diverses.
Il n’y a donc pas, absolument, d’un coté les discours d’une certaine classe sociale et de l’autre ceux d’une autre. Ces discours s’opposent mais les lignes sur lesquelles ils s’opposent évoluent et changent parfois tellement de contenu qu’elles deviennent au cours du temps méconnaissables. Quoi de commun entre le discours, » modernisateur » ou de la rigueur d’un Fabius, Jacques Delors ou même Rocard, des années 80, et la ligne politique de progrès social d’un Front populaire ? Pas grand chose évidemment puisque les socialistes ont assimilé et contribué à propager l’idéologie néo-libérale, empruntant leurs ‘armes’ à l’idéologie renouvelée du camps adverse. Evidemment la formation des partis peut donner l’impression que les positions sont tranchées et qu’il y a simplement affrontement bloc contre bloc. Nous constatons donc que le discours propre à la classe dominante ne cesse de se transformer. D’aucuns diront pour mieux asseoir sa domination. Dans les faits, qu’y compris le discours dominant est « contaminé » de façon récurrente et à des différents degrés par les discours concurrents, des autres partis, mais aussi et surtout tous les nouveaux discours, et les arguments dont ils sont composés, qui apparaissent dans le débat public. Cela peut s’analyser en termes de repli tactique, ou de rhétorique pure et simple pour gagner du temps, jeter un écran de fumée sur des actions qui ne vont pas dans le sens de l’infléchissement idéologique annoncé. Un sarkozy qui devient « refondateur » du capitalisme par exemple. Mais nous pouvons aussi y voir le déplacement des lignes de partage du discours ambiant, ainsi par exemple de celle qui partage ce qui relève des affaires privées et ce qui relève des affaires publiques.
A terme c’est tout l’axe de la représentation qu’une communauté politique se fait d’elle-même et du monde dans lequel elles s’inscrit qui peut basculer. Un exemple qui n’est que trop voyant : la façon dont on considère aujourd’hui le libéralisme économique. Avant la crise tous les magazines pour managers et autres cadres en mal d’efficacité, ne juraient que par la « création des richesses » produites par les capitalistes et dont bénéficiaient tout le monde. Aujourd’hui le rôle social des entreprises est considéré comme étant après tout une idée pas si absurde. Il y a donc sur ce point un retrait de l’idéologie capitaliste, et peu importe qu’il soit sincère ou pas là n’est pas la question, ce qui importe c’est que tout l’espace des possibles est reconfiguré. Les capitalistes, le moment venu pourront de nouveau être plus virulents — et certains continuent de l’être — mais le train de l’Histoire les a déjà dépassés, et un jour ils pourraient bien se retrouver nus comme le roi « aveugle » de la nouvelle d’Andersen.
Les luttes sociales proprement dites jouent un rôle dans ce déplacement des lignes et le définition des concepts pivot autour desquels s’articulent l’échange des arguments. Mais le « travail » de la pensée sur la situation — globale — via le langage a un rôle plus important encore, car il se situe en amont, voire, parfois, même si c’est assez rare, accompagne les luttes sur le terrain. Ce travail est plus lent, et moins visible que celui des responsables syndicaux des ouvriers en lutte qui s’opposent frontalement sur le terrain, terrain qui détermine en grande partie la nature de leur lutte et les moyens qui s’offrent à eux pour la mener. Mais ce travail de la pensée, de la réfutation, en somme celui qui consiste à imaginer d’autres mondes, modèles possibles, est tout aussi déterminant sinon plus, dans la durée, car il reconfigure le cadre, le « terrain », cette fois à l’échelle d’un pays, d’un continent, voire du monde au l’aune duquel les citoyens pensent leurs décisions. Cette reconfiguration de l’espace des idées est d’une certaine manière l’exercice d’un rapport de forces. Il ne s’agit pas seulement en effet d’être cohérent, mais aussi de convaincre, ce en quoi la politique est un discours en raisons qui s’adressent à nos éthos. De ce point de vue il y a de la bonne et de la mauvaise politique.
La mauvaise ne s’embarrasse pas de considérations sur la nécessaire articulation de l’individuel et du collectif via une certaine éthique. Dans tous les cas le discours politique est une puissance, car, pour paraphraser Bourdieu, il s’appuie, construit parfois les visions et divisions à partir desquelles nous envisageons notre monde.
Pour toutes ces raisons il m’apparaît hasardeux de faire des pronostics quant aux réactions, actions possibles des individus devant une situation qui serait bien pire — pour une majorité de citoyens, que celle que nous connaissons aujourd’hui, car nous ne savons pas où en seront toutes les idées aujourd’hui débattues et en gestation. Or les éthos qui caractériseront les citoyens futurs seront déterminés par la circulation des idées, leur percolation générale, dont nous n’avons pas fini de voir les effets. Préjuger de la configuration future de l’espace des idées, c’est, je le crains, adopter une position d’extériorité et se situer en dehors du jeu politique. Plus classiquement dit, ce qu’on appelle la fatalité. Chaque idée compte, et la façon dont on l’exprime, le contexte et les voies particulières de la transmission sont toujours à prendre en considération avec la plus grande attention.
@ Johannes F.
Ne nous égarons pas. Je vous respecte beaucoup mais ne partage absolument pas l’idée de monnaie fondante et ceci pour diverses raisons que j’évoque ci-dessous.
J’aime faire assez court, un ton polémique enlevé y contribue (alors c’est les autres qui s’étendent…)
Excusez-moi si au délà du débat d’idées je vous ai blessé.
Ceci étant je maintien que la monnaie flottante est une idée absurde.
1°) La monnaie au sens papier qu’on échange ne représente qu’une part infime des transactions.
Je rigole déjà d’imaginer les cartes bleues fondre dans les porte-feuille. Je sais que de temps à autre nos épouses aiment les
faire chauffer mais tout de même…
Depuis de nombreuses années la « monnaie plastique » et/ou informatisée règne de manière significative.
En France, les transactions pour les français sont limitées à 3.000 € en cash, en Belgique, pour tous, à 15.000 €.
2°) Vous précisez qu’il faut une série de condiitions pour que çà fonctionne….
3°) Qu’elle est douce et apolitique, la merveilleuse mécanique par laquelle les banques se transforment en glaciers puisque
l’argent cesse d’y fondre.
A propos de glace, à votre avis, qui a perdu la boule ?
@ johannes
Je n’arrive pas à comprendre l’intérêt d’une monnaie fondante en plus de l’utopie de son application.
Si j’étais RICHE, effectivement je pourrais attendre avec mon magot, mais je ne le garderai pas en monnaie, à la rigueur j’achèterai un peu d’or à placer dans un coffre, mais surtout j’investirai dans des immeubles locatifs ou pas, dans de la terre à louer ou pas et dans des forêts; j’ai en mémoire deux exemples récents
1)- celui de M. de Castre, PDG d’Axa, qui en plus de son château, vient d’acheter près de La Flèche dans la Sarthe, un petit manoir du XV siècle à restaurer avec 400 ha de terres et bois, les travaux sont en court pour un certain temps…..
2) – celui de Michel Drucker, épinglé par le Canard Echaîné, qui investit dans une deuxième ou troisième villa dans les Alpilles, ses gros revenus lui permettent…..
En quoi l’ instauration d’une monnaie fondante aurait changé la donne ?
Peut être que je n’ai pas tout compris.
@ ton vieux copain Michel
Super la manip de Morgan Stanley!….Ils sont malins ces Banquiers….
@johannes finckh
Merci de votre lecture et puisque vous m’avez interpellé, je tente une petite réponse sur votre monnaie fondante, sachant que mon intérêt pour le concept de monnaie ne date que de quelques mois, à vrai dire au visionnage de la vidéo de P. Grignon que j’avais intuitivement trouvé très caricaturale, voire assez scandaleuse. Après reflexion mon intuition s’en est trouvé confortée, même si tout n’était pas faux (quelques mauvaises questions étaient posées dans un sens très orienté c’est à dire absence de démarche accompagnée par un minimum de doute, fondant une approche -non pas scientifique, c’est un domaine trop mouvant- mais au minimum « honnête »)
Votre monnaie fondante répond à l’objectif de circulation, problème spécifique à une situation de crise.
Même en admettant que cela puisse fonctionner, vous ne ‘pensez’ cette monnaie que par rapport à un contexte précis, or la crise est une situation anomale, même si elle est cyclique.
Je dis ‘même en admettant’ car en fin de compte rien ne dis que même fondante la monnaie ne serait pas, en temps de crise, donc en temps de destruction de la valeur des actifs, un refuge dans la mesure où la fonte des actif serait plus rapide que celle de la monnaie ?
De plus, comme vous le savez, malgré l’endettement prodigieux de tous les agents économiques, les liquidités sont bien là , en grandes quantités, attendant sagement que la déflation des actifs ait atteint son terme , pour se repositionner sur les actifs sains. Et alors là, il n’y aura plus besoin de monnaie fondante puisque l’hyper inflation jouera largement ce rôle, inutile d’en rajouter ! (Bien entendu, ce scénario suppose qu’on aille au bout de la crise pour identifier les maillons faibles et faire dégorger le système de ses créances/dettes qui ne peuvent plus être tenues)
Pour le cas ou la confiance et la croissance reviendrait un peu comme avant , avec plus ou moins de règles régulatrices et prudentielles en sus, là aussi votre monnaie fondante ne serait pas indispensable .
Si encore elle avait le pouvoir de prévenir les crises ! mais on ne voit pas en quoi elle pourrait empêcher le mécanisme fondamentalement à la base de la crise qui est l’endettement (et pas la thésaurisation -figure suprême de la valeur refuge- : phénomène de pure réaction et temporaire)
Bref monnaie fondante, concept fondant.
Ah si, cette monnaie pourrait avoir des vertus en cas de sortie de crise à la japonaise … Encore que la stagflation soit un cas de figure combinant à la fois atonie économique et inflation prononcée. Si stagnation économique et monnaie fondante étaient compatible (seule l’expérience le confirmerait éventuellement), je ne voit plus aucun intérêt à ce caractère ‘fondant’.
Et, pour mon estoquade finale, je vous dirais que nous allons peut-être aborder des modèles de croissance à base de gant de crin , dans lesquelle ou le but ne sera peut-être plus de stimuler la croissance de la même façon que jusqu’à présent et donc de ‘forcer’ à tout prix la circulation de la monnaie.
Et j’ajouterais d’une façon générale que l’homme developpe des trésor d’ingéniosité pour contourner les sytèmes, par des raccourcis qu’on ne découvre qu’après coup.
Bon mais cela ne veut pas dire qu’il ne soit pas utile de réfléchir là dessus. Pour le reste je laisse la parole à vos détracteurs habituels 😉
@ Johannes FINCKH
Je vous remercie beaucoup de l’envoi que vous m’avez fait. « L’ordre économique naturel » est un livre extraordinaire, et son auteur un homme d’esprit indépendant. Nous manquons d’hommes de cette trempe.
La proposition d’instauration de monnaie fondante me semble pouvoir trouver des applications locales.
Je suis persuadé en revanche que ce type de monnaie – que la nature fiduciaire de cette monnaie- représente une part minoritaire de la monnaie. Si la vitesse de circulation de la monnaie est un facteur déterminant il s’agit de la vitesse de circulation de l’ensemble de la masse monétaire. Le bas de laine n’est plus aujourd’hui le lieu de stockage de la monnaie valeur.
Les questions relatives à la répartition de la richesse créée, celles concernant la nature des biens produits, celles des valeurs qui sous-tendent la valorisation des biens (consumérisme….), les questions qui se posent quant à notre préparation aux transitions, crises, catastrophes et constructions à venir me paraissent plus importantes.
Ce serait agréable de trouver « une » mesure qui permette de changer grandement la face des choses, une sorte de formule magique. De par la nature des choses, éminemment complexe, je doute qu’une mesure suffise, même à modifier sensiblement, les désordres de l’économie.
Qu’une constitution de l’économie soit nécessaire, ne serait-ce que pour lister les mesures souhaitables (le jour de son application à l’ensemble des nations n’est pas visible à l’horizon) je n’en doute pas.
Pour l’instant des mesures prises par l’Europe, ou un groupe plus restreint de nations, peut-être contraintes par les catastrophes que l’on peut craindre (ou espérer) me sembleraient plus efficaces.
– interdiction de la spéculation
(En particulier par la suppression : des Ventes à découvert, des interventions sur les marchés des matières premières par des agents non impliqués dans l’usage des dites matières premières, des produits dérivés, des assurances non liées à l’activité de l’entrepreneur…..)
– fiscalité redistributive
Toutes mesures fiscales permettant de distribuer équitablement les gains réalisés par les sociétés entre actionnaires et employés. Toutes mesures réduisant les écarts de rémunérations entre les divers agents salariés ou mandataires sociaux. Toutes mesures décourageant le dumping social.
En ce qui me concerne, et mon cas n’est pas unique, à part quelques piécettes dans ma poche et quelques billets régulièrement pompés au distributeur, la monnaie dont je fais usage n’est pas fiduciaire. Je n’aurais jamais un timbre à coller, et je ne connais personne qui aurait à envisager de le faire.
Dans telle ou telle communauté, une monnaie détachée de la monnaie légale, destinée à assurer une stabilité à un système économique bien défini, pourrait se justifier, comme les SEL et les Openmoney qui semblent naître ici et là. C’est autre chose.
Je n’en suis qu’au début de mon instruction en ces matières, et j’ai bien vu que les spécialistes les plus chevronnés ont parfois des hésitations. Peut-être ce qui vous est évident me le deviendra demain ou après-demain. Ou pas.
Quoi qu’il en soit je suis heureux que vous m’ayez fait connaître ce bonhomme. Vous avez pris son relais, lui qui écrivait « L’idée jeune et neuve que nous avons vu germer parmi les glèbes du préjugé, doit être protégée contre le vent glacial du doute, jusqu’à ce qu’elle soit devenue un arbuste vigoureux, aux épines protectrices. » (p135)
@ tous: oui, ne nous égarons pas!
Au moins ai-je obtenu des remarques et objections un peu plus civilisées cette fois-ci!
Sur le plan politique et s’agissant d’obtenir une adhésion à cette idée, la chose est effectivement, de toute évidence, compliquée.
La résistence et l’incompétence de l’immense majorité des économistes universitaires est, à mon sens, un très grand obstacle, le deuxième étant l’hostilité des milieux financiers!
Les universitaires se font ainsi complices de la haute finance! A l’insu de leur plein gré, de plus, car ils ne savent pas ce qu’ils disent le plus souvent, en tout cas sur cette question!
@ eomenos:
J’aimerais mieux vous convaincre, au sens où l’absurdité technique n’est pas!
Appliquée au numéraire, relativement facile avec des timbres ou des tampons, ou, mieux, en incorporant une puce dans le billet (ça fait plus moderne…), le but serait simplement de faire en sorte que le billet circule EN TOUTE CIRCONSTANCE, crise ou pas crise!
Il ne m’a pas échappé la prédominance actuelle des comptes courants pour effectuer les transactions courantes, évidemment. Il convient donc d’étendre la « fonte » aux comptes courants, mais les banques le feraient sans problème et sans hésiter, car les ordinateurs pourraient aisément être programmés pour cela, j’imagine.
On put ainsi décider que tous les comptes POSIIFS seraient débités de 0,4% le dix du mois, excactement comme les billets.
Le but est que les montants des comptes courants soient utilisés pour les achats courants, ou alors, transférés plutôt sur des comptes d’épargne, NON AFFECTéS par cette mesure!
La conséquence en serait alors que les particuliers qui ne veulent pas tout utiliser de leur compte courant seraient incités à alimenter les comptes d’épargne pour rendre disponibles leurs liquidité pour le marché du crédit.
L’abondance de l’épargne ferait baisser les taux d’épargne, et les banques, pour ne pas être submergées par des liquidités (qui leur « coûtent » la « fonte » à elles dès qu’elles ont les dépôts!), devront baisser les taux du crédit.
Ces mesures stimuleront très certainement l’activité et permettront aussi un refinancement par des crédits nouveau pour remplacer les anciens, plus coûteux.
Les banques, disposant de liquidités importantes, pourront aussi se désendetter plus facilement, en soldant les anciennes dettes via les entrées en monnaie fondante, moins chères en intérêts.
D’autre part, la mesure est destinée surtout à opérer un découplage entre les problèmes d’insolvabilité des banques et l’économie réelle, par le fait que cette nouvelle monnaie ne restera certainement pas « gelée » dans les circuits. Elle est fite pour toujours circuler!
Quel que sera le destin d’un établissement financier, même le plus grand, ses péripéties ou sa faillite ne pourront plus empêcher l’économie (et le monde) de tourner!
Quant au fait qu’il s’agirait d’une mesure anticrise, il est évident qu’un retour en arrière vers la monnaie traditionnelle (VALEUR REFUGE ULTIME!) ne sera plus possible!
Et nous nous apercevrons alors rapidement à quel point la monnaie actuelle a fait le capitalisme que la monnaie fondante va défaire aisément pour mettre en place une économie de marché pleinement efficiente sans crise.
Tous les problèmes, écologiques en particuliers, seront assez faciles à résoudre en régime de monnaie fondante!
Pour ce qu’il en est de l’inflation, j’y ai déjà répondu souvent, avec la monnaie fondante, le maintien des prix stables sera assez facile pour les banque centrales, en jouant notamment sur la masse circulante, les billets d’abord, et les comptes courants qui en découlent.
La remarquable stabilité (et sécurité) de l’économie qui en résultera justifiera à elle seule déjà la baisse de taux d’intérêt qui finiront par osciller autour de zéro!
Et on comprend mieux l’hostilité des milliardaires de la haute finance, les seuls « perdants » dans ce cas, perdants au sens que leur enris=chissement « en dormant » cessera rapidement et qu’ils devront bien se remettre à financer lesinvestissments nécessaires à l’économie, simplement pour se prémunir du risque de la liquidité.
En plus, au fur et à mesure que la rente capitaliste « fondrait », sonéquivalent réapparaîtra dans ltous les revenus du travail, car, actuellement, les intérêts encaissés par les uns sont bel et bien prélevés sur les revenus (du travail) des autres. Car, que je sache,tous les revenus proviennent du travail, forcément!
Encore un point qui a été évoqué (j’en oublie, mais les questions reviendront, j’en suis sûr!): les éprgnants choisiraient alors d’autres valeurs refuges (l’or, des actions, des terres etc…), je réponds, oui, bien sûr, mais cela n’aura pas le même impact ravageant sur la conjoncture que ne peut avoir le fait d’empêcher la monnaie de circuler comme c’est le cas actuellement. Je dis même que le « refuge » en favur des biens durables serait une source d’enrichissement pour tous, et on se détournerait très largement de l’hyperconsommation
C’est vrai qu’une taxe foncière adéquate sera nécessaire, mais elle l’est déjà (nécessaire, pas forcément déjà « adéquate » actuellement).
Je sais bien que je recevrai d’autres objections, mais j’y répondrai pied à pied!
Si ceux qui réflecissent à l’économie apprenaient à distinguer « capitalisme » et « marché », que ces deux termes ne sont synonymes, on avancerait aussi!
@précision: « capitalisme » et « marché » ne sont PAS synonymes!
jf
@ Johannes Finckh
Là je suis bien : le marché, correctement organisé, est un espace de liberté même si bien souvent c’est un peu le souk.
@ Pierre-Yves D.
Scénario du pire ? Peut-être à ce détail près que même si cette crise pourrait être assez grave, ce n’est pas la fin du monde : pensez à ce qu’était l’Europe au sortir de la guerre, ou à d’autres moments de l’histoire.
Nous disposons théoriquement de moyens intellectuels et pratiques de gérer cette crise ou de la rendre supportable. Bien sûr de ces moyens , certains sont déjà en place, d’autres seront le résultats de ‘luttes’.
(Même si cette crise fera encore plus de morts, encore plus tôt, là où ils étaient déjà plus ou moins programmés, dans les pays pauvres).
Dans votre dernière contributions à Wladimir, vous soulignez bien que cette fois ci, il y a des dispositifs de contestations du discours dominants, dont vous soulignez le caractères foisonnants , multiforme et globalisé en ce sens que tout le monde peut y être partie prenante grace aux nouveaux moyens d’échange de l’information. Je suis d’accord avec vous , mais.
Le travail de l’opinion existait probablement aussi autrefois, mais il était d’une autre nature. Car là nous avons vraiment une nouvelle situation. C’est vrai qu’il y a un discours dominant assez fort, en même temps qu’il est très fragile, car il ne tient pas conceptuellement vraiment : il ne tient que par les preuves matérielles de la prospérité que le système qu’il défend, amène. (Bien , on peut discuter ensuite de la validité de ces preuves mais elles ont l’avantage temporaires d’être là). Ce discours ne relève pas d’un complot , il est l’expression d’un système idéologique et médiatique qui s’est mis en place en toute bonne foi et qui au départ contenait sa propre alternative, mais qui, au fil des évolutions du système économiques lui-même (qui évolue par là où on ne l’attendait pas trop) , et des évolutions des hommes eux-mêmes, a fini par produire un consensus ne permettant plus de véritable alternative.
Ce consensus est d’ailleurs extraordinairement ductile : il est amusant de voir les ‘droites’ faire le procès du système (encore que pour certains -Gaullistes de gauche, centristes humanistes ou droites très à droite- , ils n’aient pas attendu la crise pour cela), et encore plus les hommes de gauche socialistes renier leur reniement des années 80 !!! . Il faut voir ces plateaux télé ou ces émissions de radio où la surenchère anti-système devient du dernier mondain, et à laquelle tous communient, mis à part quelques vieux barbons dépassés.
(Ce consensus produit d’ailleurs une sur-opposition quasi névrotique et infantile entre droite et gauche sur des sujets où seul le bon sens et la mesure devrait présider, de sorte qu’ en plus de la crise , on à -en France su moins- l’art de se faire chier les uns les autres un maximum en rendant ubuesque des mesures à force de crier « au loup! » tous les quart d’heure – mais c’est un autre débat-)
D’un autre côté , les nouveaux tuyaux permettent, ‘en face’, le developpement de discours alternatifs et la diffusion de remise en cause de certaines façon de penser. Ces espaces ne sont pas institutionalisés -et Boudieu, puisque vous le citez, était un de ceux qui larmoyaient régulièrement et larmoient encore, sur le fait que leur surface médiatique n’était pas équilibrée par rapport aux autres, oubliant simplement le fait que la pensée de Bourdieu c’est 1% du grand machin que se partage la droite et la gauche classique avec les écolos à présent.
Mais ce peu de surface devient grace à internet et la ‘percolation’ , un atout considérable. Il ne faut pas se leurrer, l’internet est devenu un moyen de propagande et de désinformation , non pas par la fausseté de ce qui peut y être diffusé mais par la focalisation répétitive sur un détail, sur quelques images, sur un raccourcis bien trouvé …
L’ école -de la maternelle aux fac- ayant renoncé à inculquer quelles que valeurs que ce soit , sauf un vague concentré d’indignation très égocentrique et superficielle, et une défiance systématique pour tout ce qui porte le vilain masque de l’autorité, internet devient le support magique libre qui véhicule la vérité qu’on veut nous cacher (Bon , parfois c’est bigrement vrai. Parfois). Un lent travail de sape est donc peu à peu opéré, travail qui , en effet, permet de mettre en place les structures mentales qui pourraient accompagner, justifier des basculements, pour le cas où la crise serait perçue comme très dure.
Heureusement , internet permet aussi de véhiculer de véritables échanges et un travail de prise de conscience, raisonnée et partagée. A vrai dire on en ignore le poids véritable, mais il peut, peut-être jouer un rôle inflexif dans plusieurs cas de figure.
Vous parlez de ‘position d’extériorité’ qui mènerait à une certain fatalisme. Je me sent effectivement très observateur (même si assez passioné) de ce qui se passe. Et fataliste dans le sens ou je pense que malgrè tous les dialogues démocratiques necessaires, dans un premier, un deuxième et un troisième temps, chacun défendra ses intérêts. Contre ceux d’en dessus ; puis une fois l’alliance passée à l’intérieur des espace nationaux, ou des entités de même niveaux économiques, car il faut bien qu’ à un moment on passe à l’étape suivante, ceux d’ailleurs seront oubliés, quant on ne rentrera de fait, en guerre économique avec eux, pour proteger les ‘acquis’ globaux de notre expace géographique.
Vous parlez du » “travail” de la pensée sur la situation – globale – via le langage » , qui peut se situer en amont où accompagner des luttes . Et je comprends ce que vous voulez dire , mais plus globalement , ce que j’espère c’est que ce travail accompagne un peu tous les cas de figure, à savoir par expl que si le système devait perdurer qu’il soit alors accompagné de ruptures radicales, mais que si le système devait basculer on n’oublie pas de conserver un réalisme humaniste et que les idéalistes sur-indignés ne nous emènent pas sur des chemins du « Meilleur_des_Mondes.V_02 »
Sur les évolutions des discours des classes sociales en situation de crise, on peut également utiliser l’angle historique.
En 1789, lors de la convocation des Etats Généraux – période de crise s’il en est – la percolation des idées du siècle des lumières a traversé aussi bien le clergé, la noblesse que le Tiers Etat.
Est remarquable à cet égard la nuit du 04 août qui voit des membres de la noblesse être les premiers à aller au devant de la fin de leurs privilèges.
Il est vrai qu’il y avait en parallèle les insurrections populaires et que la branche de l’ancien régime était bien pourrie.
Et ce ne fut qu’un bref instant de consensus entre les classes, car l’histoire n’est jamais finie, mais quand même, un instant qui révolutionna le monde.
@ Oppossùm
J’entends bien votre critique du « meilleur des mondes ».
Quand j’insiste lourdement sur les mondes possibles, que l’on peut être tenté parfois d’assimiler à l’utopie qu’il faudrait viser coûte que coûte, c’est parce qu’il est difficile de nous passer d’eux, politiquement, et même d’un point de vue éthique. Il n’est en effet d’éthique sans ordre des possibles. Et je précise, les mondes possibles, ne sont pas seulement ces mondes situés dans une futur plus ou moins lointain mais constituent le milieu même dans lequel nous évoluons. Si l’on part du principe que notre monde n’est pas univoque, qu’il est donc traversé de tendances contradictoires, parfois infimes, mais bien réelles, alors nous ne cessons, lorsque nous faisons des choix, d’opter pour un certain monde possible relatif à la situation dans laquelle nous nous trouvons. Autrement dit nous faisons le choix de privilégier une chose plutôt qu’une autre, ou même de refuser cette chose qui s’offre à nous, parce que nous avons l’idée que si nous agissons de telle façon plutôt que d’une autre, nos actions auront des conséquences individuelles et sociales, différentes, affectées par nous selon les cas d’un caractère positif ou négatif. Bien entendu, dans la plupart des cas les choix s’opèrent au sein d’un monde — de l’action possible immédiatement — défini par ses valeurs consensuelles, mais d’autres fois, et c’est ici qu’interviennent les mondes possibles, c’est en regard d’un monde encore à faire, que nous refusons d’agir dans ce même monde consensuel et que parfois même nous nous employons à faire advenir ce monde possible que nous avons en vue.
Ces mondes possibles ne sont pas pour moi d’abord des mondes tout prêts, pensés de A à Z et qu’il n’y aurait plus qu’à substituer au monde actuel. Ce sont plutôt des horizons de pensée. Des contre-modèles à l’aune desquels nous pouvons penser notre monde contemporain. Critiquer le monde contemporain en pointant simplement ses excès me semble insuffisant. De là vient par exemple la thématique de la moralisation du capitalisme financier, qui ne mène nulle part, car elle fait l’économie de l’analyse du système dans sa globalité. Lorsque Hobbes ou Rousseau, exemple parmi tant d’autres, (les philosophes ne font-ils pas autre chose que d’imaginer des mondes possibles ?) imaginaient l’un l’état de nature en opposition au pouvoir souverain et l’autre l’état sauvage par opposition au monde civilisé ils inventaient chacun une fable qu’ils ne confondaient pas avec la réalité historique. Dans le cas de Hobbes l’état de nature était simplement un façon de dire que l’homme dans certaines conditions reste attaché à sa condition animale ce contre quoi il se proposait de lutter. Dans le cas de Rousseau il s’agissait de montrer qu’un autre monde possible peut exister puisqu’il en exista un avant que la civilisation ne vienne corrompre les vertus, et de là sa justification du contrat social. Bien entendu d’aucuns pourront dire que Rousseau a engendré quelques monstres mais on pourrait en dire autant de toute pensée qui s’évertue à penser le monde dans sa globalité. Peut-être aurais dû préciser, que lorsque j’évoque un autre monde possible, ce monde devra donner une place égale à l’individuel et au collectif, co-création l’un de l’autre, ce qui limite déjà, dans sa conception, les dérives totalitaires que vous craignez, et qu’il nous faut en effet éviter absolument tout comme nous devons éviter que le monde actuel ne résolve ses contradictions dans un chaos destructeur.
Pour résumer, avant d’avoir une valeur programmatique, la proposition d’autres « mondes possibles » a une valeur de critique du monde existant ; c’est un miroir tout d’imagination conceptuelle — tendu à notre monde qui doit faire ressortir ses défauts les plus saillants et nous permettre d’agir en vertu d’une certaine éthique. Le meilleur des mondes c’est autre chose. C’est un monde possible qui deviendrait réalité et ne tolérerait plus la moindre émergence d’autres mondes possibles en son sein.
@Pierre-Yves D
Définition impeccable du « meilleur des mondes » !
Encore une fois, j’aimerais qu’on m’explique comment une économie shootée à l’énergie abondante et gratuite (ou si bon marché !) va pouvoir redémarrer quand énergies et matières premières ne seront plus ni si abondante et encore moins bon marché.
En bref, toute exploitation de ressources non renouvelable commence à zéro (logique, avant d’utiliser le charbon ou le pétrole, ceux ci dormaient sagement depuis qq millions d’années sous les pieds de nos ancêtres), pour finir à zéro quand on a tout consommé, en étant passé par un maximum quelque part entre ces deux points temporels.
Tout porte à croire que nous sommes arrivé à ce maximum, ou que nous sommes sur le point de s’y trouver… Après ce maximum de « production », l’exploitation du pétrole (par exemple) ne pourra que décroître.
Finie la production croissante d’énergie pas chère.
Finie la production croissante de biens d’équipement et de consommation.
Finie la consommation croissante de produits toujours plus beaux, moins chers et tout et tout…
Fini le « pouvoir d’achat » (faute d’avoir un autre pouvoir…).
A quoi pourrait donc bien servir une monnaie fondante ou pas ? A consommer d’avantage ? A ne pas thésauriser pour consommer plus tard sans rien foutre ?
Comment l’économie pourra-t-elle s’adapter à une augmentation mathématique du prix de l’énergie (mais aussi du minerai…) quand ceux ci seront toujours moins abondant et toujours plus chers (loi de l’offre et de la demande).
Le GIEC nous enjoint de cesser de brûler des énergies fossiles si nous voulons conserver une hausse des température inférieure à 2°C. Ses 2500 membres (entre autres scientifiques) tirent chaque jour la sonnette d’alarme sur l’augmentation galopante des gaz à effets de serre (GES) émis (397 ppm selon une dernière étude), sur la disparition des glaciers, l’acidification et la désertification des océans et au final sur la perte de biodiversité dont l’une des branches la plus fragile risque de disparaître d’ici peu. Ban Ki Moon s’en émeut lui même.
Peut-on sérieusement discuter encore de croissance et de redémarrage de l’économie quand parallèlement, les conditions nécessaires à la reprise salvatrice ne sont pas et ne seront jamais plus au rendez-vous ?
Igor Mihit
J’adhère à votre conception de la démocratie lorsque vous posez la question en ces termes :
» Démocratie, classe… de quoi l’on parle exactement? La démocratie est-ce une manière de résoudre les conflits ou une manière de civiliser les conflits (on discute, on débat plutôt que de se faire la guerre)? S’il s’agit de résoudre les conflits pour arriver à une paix merveilleuse, alors il faudrait peut-être d’abord commencer par l’épuration (sociale, ethnique, voire de genre tiens…). Classe? ça existe une classe sociale homogène, comme un peuple homogène? N’y a-t-il pas toujours des classes dans la classe? Des revendications plus extérieures encore? »
Vous faites ici référence à deux façons d’envisager la démocratie.
Je ne pense pas qu’elles doivent nécessairement s’opposer.
La première voit dans la démocratie un processus par principe toujours inachevé, c’est donc une dynamique, qui ne peut s’identifier complètement à une forme de gouvernement ou à un mode de vie caractérisé. La vie démocratique, consiste, raison contre raison, à définir les termes dans lesquels doit se concrétiser l’égalité des individus qui constituent la communauté politique. A ce titre, le « débat » contradictoire, entre égaux — car tous les citoyens sont dotés d’une raison — , porte précisément sur ce que doit être le contenu de la puissance du peuple. Cette puissance s’oppose à ce que Rancière appelle la Police, autrement dit le pouvoir coercitif de l’Etat qui garantit un certain ordre social, par définition toujours inégalitaire et donc toujours contestable. La démocratie définie en termes dynamiques doit certes sa possibilité à l’existence de certaines institutions, dont l’Etat, mais la démocratie, selon cette conception, ne peut être le seul processus qui consiste à désigner des représentants pour gouverner via un appareil d’Etat. AInsi la démocratie est-elle ce qui vient en excès du dénombrable, elle ne cesse de nommer ce qui n’existait pas encore, elle ne peut donc avoir pour objectif l’éradication d’une classe.
La seconde est une vision plus régulatrice, celle dont parle par exemple Paul lorsque il propose une Constitution pour l’économie, façon, dit-il, de parfaire la démocratie actuelle. Implicitement il fait référence alors aux institutions qui permettent la démocratie et donc une vie démocratique, celle dont j’ai parlé plus haut. Clairement, il s’agit de civiliser les conflits, sans les nier pour autant. Il s’agirait plutôt d’en limiter le périmètre, un périmètre trop important risquant de faire basculer le conflit dans le chaos destructeur.
Jacques Rancière insiste beaucoup sur la vision dynamique, celle-ci garde toute sa pertinence, mais cette vision ne peut à elle seule constituer une réponse à la hauteur des défis qui s’imposent à nous aujourd’hui au moment où survient une crise globale qui révèle les limites de l’exercice démocratique. Comment en effet revendiquer de nouvelles égalités si les dés sont pipés, dans la mesure où la portée de l’action politique se voit limitée par l’état encore « sauvage » du monde de l’économique ? La force de contradiction et de proposition de la raison tourne à vide, ne débouche sur aucune puissance politique tant que la puissance économique se définit encore selon une vison univoque de l’économie dont le letmotiv est qu’un gain collectif — économique — résulterait de la lutte de tous contre tous, ce qui représente en définitive la négation du pouvoir de la raison dans le domaine politique, la confinant à la seule sphère économique, propre au capitalisme.
@ Pierre-Yves D.
Cela fait bcp de bien de voir que l’on peut dépasser des oppositions stériles… En réalité je commence seulement à déconstruire un certain nombre d’illusions attachées à ce mot démocratie pour qu’il devienne autre chose qu’un mot justement, quelque chose dans l’ordre du réel, limité mais plus créatif que je ne l’imagine. Une façon pour m’offrir déjà à l’interne, dans les replis de mon esprit, une certaine ouverture pour la liberté. Ce n’est pas si facile.
C’est d’ailleurs pour cela que je trouve ce blog, entre autres choses dans ce monde, si précieux. J’avoue que pour l’instant je n’y ai pas encore participé de manière pécuniaire, cela viendra, je le souhaite.
Je me demande à quel point « l’ensauvagement » de l’économie a contaminé le reste de la vie humaine… Je me dis que le boulot de recivilisation est énorme…
@ Opposùm
Je vous cite : « L’ école – de la maternelle aux fac – ayant renoncé à inculquer quelque valeur que ce soit , sauf un vague concentré d’indignation très égocentrique et superficielle, et une défiance systématique pour tout ce qui porte le vilain masque de l’autorité… »
Qu’est-ce qui vous permet d’affirmer quelque chose comme cela ? Sur quoi appuyez-vous cette « analyse » ? Merci d’avance pour votre réponse.
Pierre-Yves D. : « Lorsque Hobbes ou Rousseau, exemple parmi tant d’autres, (les philosophes ne font-ils pas autre chose que d’imaginer des mondes possibles ?) imaginaient l’un l’état de nature en opposition au pouvoir souverain et l’autre l’état sauvage par opposition au monde civilisé ils inventaient chacun une fable qu’ils ne confondaient pas avec la réalité historique. Dans le cas de Hobbes l’état de nature était simplement un façon de dire que l’homme dans certaines conditions reste attaché à sa condition animale ce contre quoi il se proposait de lutter. Dans le cas de Rousseau il s’agissait de montrer qu’un autre monde possible peut exister puisqu’il en exista un avant que la civilisation ne vienne corrompre les vertus, et de là sa justification du contrat social. »
C’est quelque chose que je n’ai jamais compris dans la théorie du contrat social. Hobbes ou Rousseau pensaient-ils réellement raconter des fables? J’en doute. S’ils avaient dit que c’étaient des fables, je doute aussi que les théories du contrat social se soient imposées. En plus, une phrase comme celle-ci « Dans le cas de Rousseau il s’agissait de montrer qu’un autre monde possible peut exister puisqu’il en exista un avant » est absurde si ce monde possible est juste imaginaire.
Je n’ai jamais obtenu durant mes études que des réponses vagues et fuyantes à mes doutes sur cette question. Si vous en avez une plus claire, je suis preneur.
@ Opposùm (toujours)
Et de quoi parlez-vous quand vous parlez « d’autorité » précisément ? Merci encore pour vos réponses.
@ Moi
Cela peut paraître absurde en effet, mais dès lors que l’on accorde à l’imaginaire toute sa place, celui-ci devient dans l’esprit de celui qui le considère aussi vrai que le monde réalisé, avec sa logique propre, qui exprime la possibilité que le monde actuel soit autre qu’il n’est.
A la limite peut importe qu’ils croyaient ou pas à leurs « fables ». L’important est que celles-ci aient porté de nouvelles idées qui ont ensuite fait leur chemin, si bien que le monde en fut transformé. Fable le mot est peut-être trop connoté, on pense au mensonge, mais ici il ne s’agit pas de cela.
Concernant Hobbes, je me réfère à l’analyse de Gérard Mairet, un spécialiste de cet auteur.
Je résume son propos : l’état de nature ressortit au monde de l’homme, impensable du point de vue animal. Il n’y a donc pas un état d’antériorité historique de l’état de nature où l’animal, pur donné, sans projet, serait advenu au monde. L’état de nature est donc une « fable » ou allégorie qui permet de justifier proposer un projet politique, celui de la souveraineté, qui se justifie en l’occurrence par son opposition à « l’état de nature », lequel n’est en réalité qu’une tendance inhérente à l’humain, sa part animale.
“..c’est pourquoi je parle ici de l’animal humain en cherchant, avec Hobbes, à distinguer ce qui chez lui est animal (bestial) et ce qui est humain. Hobbes a parfaitement connaissance que l’homme dont il piste la trace, afin de l’amener à la République, puisqu’il n’y a pas de république des bêtes, ne se trouve pas dans la nature ou, plus exactement, puisque cet être est évidemment un être de la nature, la question de sa mise en société politique requiert qu’il se sépare de son animalité naturelle (bestiale). C’est là le sens allégorique de l’état de nature où la condition humaine est celle de la bête, rivée au présent donné de la nature. ..”Dans une telle situation dit Hobbes, il n’y a de place pour aucune entreprise parce que le bénéfice est incertain, et, par conséquent, il n’y a pas d’agriculture, pas de navigation …il n’y a aucune connaissance de la surface terrestre, aucune mesure du temps, ni arts ni lettres, pas de société ; et ce qui est le pire de tout, il règne une peur permanente, un danger de mort violente. La vie humaine est solitaire, misérable, dangeureuse, animale et brève.” Mairet avait précisé plus haut dans son analyse : “les modernes (dont Hobbes NDLR), ont plutôt développé l’idée que dans l’humain, ce n’est pas l’animal qui vient au monde en faisant advenir le monde : ce qui fait advenir le monde est l’homme tout court, c’est à dire l’animal qui lentement se défait de son animalité même en faisant apparaître son humanité seule. La différence existant, en la considérant sous cet angle nouveau, entre le monde et le pur donné, est celle qu’il y a respectivement entre l’humanité et l’animalité. Le monde est l’homme – ou bien n’est rien. Le sens historial des modernes est de penser la différence existant entre le donné et le monde, comme le devenir homme de l’homme. Pour mieux dire, l’humain n’est pas un être donné dans la nature, mais dans l’histoire. Aussi, la différence dont nous parlons, entre le monde (devenir) et le donné (l’inerte) est la différence existant au sein de l’animal humain.”(in La fable du monde, Gérard Mairet, Ed. Gallimard, 2005)
à johannes finckh
sur cette question de la monnaie fondante,
Est-ce que par exdxemple : les retraites par répartition (contrairement aux retraites par capitalisation) peuvent être considérées apparentées comme une mise en pratique, une application à relier des principes inspirés de la monnaie fondante ?
@Pierre-Yves D. : « A la limite peut importe qu’ils croyaient ou pas à leurs “fables”. »
Je ne suis pas de cet avis. Des fables ont changé le monde (la résurrection du Christ, le Coran dicté par un ange, etc), mais pas en tant que fables, il faut que les gens y croient comme à une vérité. L’état de nature est de cet ordre et d’ailleurs aussi bien Rousseau que les autres s’intéressaient hautement aux « sauvages » que les européens rencontraient en Amérique ou ailleurs. Chacun y voyait évidemment une preuve tangible de ses théories (pour les uns « bons sauvages », pour les autres « bêtes sauvages »).
Pour ce qui est de Hobbes, cela peut se discuter, car Hobbes s’inspire grandement pour son état de nature de la guerre civile qu’il a vécu. Pour lui, l’état de nature c’est l’homme civilisé moins l’Etat plutôt que l’homme d’avant l’Etat (voir « La théorie politique de l’individualisme possessif » de McPherson). Donc, avait-il conscience de ce qu’il décrivait? Mais pour les autres, Rousseau en tête, il me semble clair qu’ils ne parlaient pas de fables.
@ moi
vous m’avez mal lu, je n’oppose pas la fable et la vérité, au contraire, la fable a sa vérité propre et c’est cette vérité qui est une puissance, pour l’action.
Une fable comme son nom l’indique c’est une histoire au sens littéraire, or toute histoire, fût-elle imaginaire, n’est jamais une invention « ex nihilo ».
Les Fables de La fontaine, toutes imaginaires qu’elles sont n’en sont pas moins une transposition du réel, ce sont des animaux les héros de ces historiettes mais ce sont bien les humains qui y sont décrits, parodiés, critiqués.
Aristote tenait l’épopée qu’il classait dans le genre poétique, pour plus vraie que l’Histoire avec un grand H.
Il argumentait en disant que le poétique est supérieur au récit historique parce qu’il est ce qui pourrait être et non pas ce qui déjà été. Autrement dit le poétique, ici la fable, donne accès à la généralité, tandis que l’Histoire fait référence au particulier.
Vous faites référence à la Bible, je vous accorde que la valeur historique du livre joue un rôle dans la croyance, mais la bible et ses significations sont loin de s’épuiser dans cette référence historique. C’est si vrai que beaucoup des valeurs propres au christianisme sont partagés par une immense majorité des occidentaux, et au delà, et qu’ils soient chrétiens ou non, à tel enseigne que beaucoup de valeurs religieuses ont été sécularisées. Ce qui fait la force de la Bible c’est surtout son contenu singulier, son enseignement, sans parler de la qualité littéraire de l’ouvrage. Bref, le livre Bible a ouvert de nouvelles perspectives pour l’Humanité, tout comme il en est de même pour toutes les grandes créations de l’esprit.
On peut aussi voir les choses sous un autre angle et considérer cette fois que l’Histoire intègre une dimension narrative.
C’est en ce sens que pourrai alors dire que tous les philosophes qui font référence à l’Histoire — votre point de vue –, ne font pas que de l’Histoire, mais racontent aussi une histoire singulière, mais de portée générale. Or raconter une histoire c’est toujours sélectionner des agents, des moyens, des fins. c’est exactement ce qui caractérise l’idée de monde possible. Un monde possible est un monde habitable, c’est à dire qui pourra être réalisé dès lors que des agents – moi, vous, nous — entreprendront telles ou telles actions, dans un premier temps imaginables, puis dans un deuxième temps accomplies.
Dit dans un langage plus contemporain, le rôle de la fable philosophique est de définir un cadre nouveau pour des actions inédites.