L’actualité de la crise : La cause des banques, par François Leclerc

Billet invité

LA CAUSE DES BANQUES

La cause est entendue, si elle n’est pas publiquement admise. C’est sur fonds publics que tous les gouvernements essayent de renflouer leurs systèmes bancaires, exonérant pour l’essentiel les responsables de la déconfiture financière, essayant de ne pas faire trop de vagues, sans parvenir à ce jour à leur fin. Sans savoir même s’ils y parviendront, quand et comment. Attendant Dieu sait quel miracle, ils bricolent dans l’improvisation et l’urgence des mesures de soutien à l’économie et raclent à cet effet leurs fonds de tiroir, sans plus de succès d’ailleurs. Des voix des plus autorisées commencent à s’élever pour craindre qu’il ne soit pas sûr que le pire est derrière nous.

Peut-être serait-il temps de se demander, afin de parler sérieusement, où va bien pouvoir se manifester cette relance dont tout le monde déclare voir au lointain les signes avant-coureurs, dans l’espoir de faire patienter, sans trop se demander par quel mécanisme (ou par quelle magie) elle va pouvoir intervenir ? En réalité, tous les grands pays occidentaux connaissent, à un degré ou à un autre, une récession prolongée et le seul espoir crédible consiste, au mieux, en une stabilisation possible de la situation économique. C’est-à-dire à une poursuite durable de la récession. Mais comment l’avouer, comment l’admettre, comment y faire face ?

La crise financière, irrésolue, fait résolument obstacle à la relance économique. Combien de temps faudra-t-il pour que d’une manière ou d’une autre le bouchon saute ? Sans que la manière en soit alors innocente, car elle ne le sera pas. Il faudra payer, dans une monnaie ou dans une autre.

Dans ces conditions, le miracle d’une relance pourrait-elle venir des Etats-Unis, dont on a toujours dit qu’ils tiraient la croissance mondiale ? Il faudrait pour cela que soit relancée la machine à fabriquer l’endettement des particuliers, pour que la consommation, moteur de la croissance américaine, puisse reprendre. La machinerie financière prétend certes avoir retrouvé sa bonne santé, mais cela ne convainc pas, tant l’opacité continue de régner de manière flagrante sur ses comptes. Et puis, il ne suffirait pas de relancer le crédit, il faudrait également que la solvabilité des emprunteurs soit rétablie, c’est-à-dire que l’économie soit elle-même relancée. Un problème classique d’œuf et de poule.

Alors, les regards se tournent vers la Chine, le deuxième partenaire de ce « G2 » auquel tout le monde accorde un rôle majeur dans le proche avenir. Mais est-il vraisemblable que celle-ci puisse, en si peu de temps, réorienter les bases mêmes de sa croissance, pour s’appuyer désormais sur celle de son marché intérieur ? Supposant une importante réorganisation de son appareil de production, qui était largement orienté vers les marchés extérieurs, et impliquant également que les chinois cessent d’épargner pour se mettre à consommer, à la faveur de la mise en place d’un système public de santé, qui ne va pas se construire en deux coups de baguette. Peu probable, tout du moins dans les délais dont on nous parle.

L’Europe pourrait-elle être la candidate de dernier recours à ce rôle ? Elle, dont le FMI considère que son système financier va encore devoir faire face à une très lourde charge de dépréciations, et qui est pénalisée par l’absence d’une politique commune de relance ainsi que par les limites de la construction européenne ? Elle, qui porte le boulet de la crise des pays de l’Europe de l’Est, mais aussi celui de la Grande-Bretagne, la grande malade avec l’Espagne, pour s’être tous deux intensivement prêtées aux mirages du capitalisme financier dérégulé ? La vieille Europe résiste comme elle peut, mais il ne faut pas lui en demander davantage.

Où que l’on se tourne, un retour même timide de la croissance n’est pas au rendez-vous, alors que le financement des plans de relance économiques (que l’on ferait mieux de qualifier tout simplement de plans de sauvetage), qui vont devoir immanquablement se succéder, suscite des interrogations de plus en plus prononcées pour l’avenir.

Les pays émergents, qui bénéficient d’excédents abondants, n’envisagent pas de les mettre à disposition des organisations internationales, sans contre parties politiques et sans garanties. Les Américains, qui bloquent les réformes en profondeur de ces mêmes organisations, récoltent ainsi ce qu’ils continuent de semer. A part les Etats-Unis, aucun pays n’envisage de s’appuyer sur une politique de création monétaire intensive, même s’il faudra bien s’y résoudre tôt ou tard. Alors que les banques centrales, dont les bilans gonflent démesurément, commencent à s’inquiéter de la qualité des contreparties que les banques leur fournissent. Le marché obligataire de la dette publique, enfin, objet de toutes les convoitises, n’est pas extensible et les experts avisés calculent déjà qu’il ne saurait répondre à toutes les sollicitations à venir. Et que le FMI, chargé d’une mission internationale de secours tout azimut, n’aura jamais les moyens de faire face à toutes les demandes d’aide financière, d’autant qu’il peine à boucler le budget que lui a alloué le dernier G20 de Londres.

Il y a pire encore que la description de ce panorama déjà peu réjouissant. Il est clairement apparu que la manière dont les banques essayent de « réparer » leurs dégâts est porteuse de nouveaux dérèglements, de nouvelles fragilités, dans une espèce de fuite en avant, sans décidemment aucun substitut d’envisageable. On a dit qu’une nouvelle bulle était en préparation, celle de la dette publique, mais c’est sans compter avec celle de la dette privée, qui est en train de se reconstituer, sous de nouvelles auspices, au fur et à mesure qu’elle se dégonfle par ailleurs, sous les anciennes. C’est avec peu ou prou les mêmes mécanismes que ceux qui ont suscité la crise au sein de laquelle nous nous trouvons que l’on essaye d’en préparer la sortie. Voilà le plus accablant des constats que l’on peut faire aujourd’hui.

Nous sommes entrés dans l’acte II de la crise, écrivais-je il y a quelque temps. En me demandant quel nouveau discours les politiques allaient bien pouvoir tenir, une fois épuisé celui sur la relance prochaine, pour demain ou bien après-demain. Avec la pandémie de la grippe porcine actuelle, montée convenablement en épingle, ils ont trouvé quelques répits. Une frayeur chasse l’autre, une crise en masque une autre. L’époque semble avoir besoin, expression de sa névrose anxiogène collective, de ces grandes peurs largement irrationnelles qu’elle contribue à fabriquer, et qui sont désormais mondiales, comme le reste. Tous les corps institutionnels y contribuent, y trouvant leur pitance et leur raison d’être. Fabriquant une diversion, certes, mais qui sera de courte durée.

La crise, la vraie, reprendra vite ses droits.

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50 réponses à “L’actualité de la crise : La cause des banques, par François Leclerc”

  1. Avatar de charles
    charles

    Oups….
    La diversion a été trouvée à peu de frais car les ingrédients de la pandémie actuelle, déjà identifiée comme un scandale de l’agro-business, sont à rechercher dans les racines du système.

    lire l’article : http://www.bastamag.net/spip.php?article566

  2. Avatar de Yves de Bressy
    Yves de Bressy

    @Charles
    merci pour cet article, qui confirme ce que j’en pensais. Peut-être avez-vous lu ‘Toxic’ de William Reymond, journaliste d’investigation vivant aux Etats-Unis ?
    Le plus écoeurant dans cette histoire est la manipulation faite par l’OMS de la crédulité des populations et la communication acharnée pour ne pas viser l’industrie agro-alimentaire. Parce que sur le plan scientifique, oser parler de pandémie quand on n’a pas atteint le millier de cas dans le monde laisse pantois. Quand aux EU ce sont près de 1200 personnes qui décèdent chaque jour des maladies dues à l’obésité et à la malbouffe, c’est juste « un problème de comportement »…
    Alors que vient faire ce commentaire sur ce blog traitant d’affaires financières et économiques ? Que le sujet traité relève du même domaine que l’industrie financière folle qui nous a entraîné où l’on sait : qu’à la poursuite du plus grand profit dans le plus court terme on est devenu capable de vendre n’importe quoi, que ce soit en produits financiers ou en alimentation, en sachant pertinemment que c’était du poison.
    Toutes ces affaires ne concourent qu’à une chose : aggraver la crise du crédit, au sens de la confiance entre les individus et le système, et quand il n’y aura plus de confiance entre les individus eux-même ce sera le chaos. Alors…

  3. Avatar de LBT
    LBT

    Je viens de lire « la Crise… » suite à l’interview paru il y a quelques semaines dans Télérama.
    J’ai beaucoup apprécié le regard non conventionnel de Paul Jorion sur les mécanismes ayant conduits à l’enchainement des faits que nous vivons encore.
    Cependant, il me semble qu’il manque à cette analyse tout ce qui concerne le rôle de l’industrie manufacturière, pilotée par le couple finance-patron dans l’agravation de cette crise… et ce rôle ne me semble pas négligeable. J’aimerais faire confirmer ou infirmer l’analyse que j’en fait:
    Dès le début de la crise, quand elle a paru inéluctable sur le place publique, au début de l’été 2008, les grandes entreprises manufacturières ont donné des consignes très stricte de réduction drastique des stocks interne à tout niveau. Le prétexte à cette demande était d’assurer les ressources en liquidités nécessaires à payer le personnel à chaque fin de mois. En réalité n’était-ce pas surtout fait pour fournir à l’industrie financière les liquidités qui commençait à lui manquer ?
    Cette exigence de réduction des stocks, dans les grosses entreprises très hiérarchisées où la part de rémunération en bonus n’est pas négligeable, est rapide à mettre en oeuvre: les commandes des centres de distribution aux usines sont immédiatement stoppée (ou fortement réduite), quasi instantanément, le flux de commandes vers les fournisseurs est bloqué. Comme ce dernier est souvent à délai plus long que les ceux des usines d’assemblage, l’en-cours de commande est lui même rapidement ré-échelonné.
    Il en a résulté dès la fin de l’été 2008, dans les usines des industriels manufacturiers, de la suppression de quasiment toute forme de travail temporaire puis de la mises au chômage technique de 20 à 50% des salariés, en commençant par les usines des pays émergeants (qui servent de variable d’ajustement à très court terme).
    Chez nombre de fournisseurs de composants, peut-être moins liés au monde de la finance, le choc a été brutal et visible avec un peu de retard, au quatrième trimestre. Comme ils n’ont que très peu de stock (ou des stocks peu écoulables), ils ont été très vite mis en difficulté: plus de portefeuille, pas de quoi payer les fins de mois. Beaucoup ne s’en relèveront pas, ce qui convient fort bien aux exigences de concentration qu’on les grands groupes vis à vis des myriades de fabrquants de pièces détachées.
    La demande en bien, liés à la construction, à l’industrie a effectivement été à la baisse au dernier trimestre 2008. Une part de cette baisse est évidemment liée à la montée des stocks de logements invendus qui a bloqué les nouveaux programmes de construction. Mais une autre part de cette baisse n’est-elle pas dûe à l’arrêt brutal des lignes de production pour réduire des stocks et produire des liquidités ? La part de la baisse liée au surstock de logements sur la demande industrielle n’a-t-elle pas eu un effet seulement comparable aux biocarburants sur la demande de céréales ?
    Comme il y a peu de spéculation sur les marchandise industrielles, les prix n’ont pas bougé mais il en a résulté un tarissement de la demande jusqu’au matières premières (ce qui a contribué au dégonflement de cette bulle) et un assèchement des besoins en transport et en fabrication de produits industriels. Il en a aussi résulté un stock d’immobilier industriel devenu inutile et un outil de production surcapacitaire partout qui a tari les commandes de bien d’équipement…

    A mon sens, l’impératif imposé aux industriels par les financiers au début de l’été a contribué très fortement à amplifier les effets de la crise des subprimes et des diverses bulles financières.
    Comment l’industrie aurait-elle pu jouer un rôle amortisseur au lieu de servir d’amplificateur ?
    Cette crise industrielle a-t-elle pu être évitée par des mécanismes de régulation non financier ?
    Ne faudrait-il pas mieux découpler finance et industrie ? (le mécanisme des stockoptions et le pouvoir financier des conseils de gérance liant investiteurs et patrons et favorisant une optimisation des partis vis à vis d’une optimisation du tout…)

    Actuellement, la situation commence à ce détendre, ce qui semble bien prouver que la création de richesse liée à l’industrie (la vraie) commence à reprendre le dessus, toujours tirée par les pays émergents actifs. Cela montre peut-être aussi que cette fois encore, heureusement, l’inginiérie financière débridée n’aura pas réussie à tuer l’économie réelle qui la fait vivre…
    Mais au prix de combien de souffrance dans les familles sans travail, pour les petites entreprises qui ferment, pour les pays émergents qui subissent non seulement les avriations de cours de l’alimentaire mais aussi d’être la première variable d’ajustement des pays riches…

    Le principe de « l’interdiction des paris sur les variations de coût » est-il suffisant pour que le capitalisme puisse s’auto-réguler ?

  4. Avatar de johannes finckh

    @à tous
    Comme je l’ai déjà signalé ailleurs à Paul Jorion, il me semble que le niveau bas des salaires ouvriers chinois va poser un problème pour la création d’un marché intéreur de consommation en Chine (20 euros par mois!)
    Dans ce contexte, il me semble que le seul espoir possible serait d’émettre, au niveau des banques centrales, une monnaie anticrise (fondante)!
    En effet, seule une telle monnaie OBLIGERA ses détenters à la faire circuler, notamment en ne se détournant plus des autres placements et en retournant dans l’économie réelle (producion de biens et services, seule source des richesses véritable.
    Car c’est bien le fait que tous ceux qui ont encore des réserves (et ces réserves restent très abondantes, mais en peu de mains!) savent très bien que la trappe aux liquidités est grande ouverte. Pour cause, parce que la trappe, c’est eux!
    Tant qu’ils peuvent attendre, et, très riches, ils peuvent attendre quasiment indéfiniement, ils attendront, car la dépréciation des actifs mobiliers et immobiliers valorise d’autant leur magot: la baisse des prix augmente le « prix » de la monnaie!
    C’est la monnaie elle-même, en tant que VALEUR REFUGE ULTIME, qui est gardée et devenue l’objet de spéculation pour lui-même!
    Et la situation est telle que ceux qui nagent dans cet argent (comme l’oncle picsou) savent aussi que la libération rapide de ces magots déclencherait l’hyperiflation et les appauvrirait sensiblement. Alors, ils ne se bousculent pas pour libérer l’argent gelé.

    Ce n’est qu’en infligeant une « fonte », même modérée, à ces magots liquides et maintenus liquides que l’âne aura soif à nouveau, ne serait-ce que pour « protéger » son patrimoine face à la fonte.
    L’émission d’un monnaie anticrise, sans toutefois retirer la monnaie actuelle tout de suite, serait un moyen d’irriguer l’économie avec du « sang neuf oxygéné » tout en rassurant les détenteurs des magots que leurs biens leur restent aquis s’ils gardent gentiment l’ancien argent en poche- et c’est ce qu’ils vont faire dans un premier temps, mais ils devront peu à peu quand même se repositionner sur la nouvelle monnaie, ne serait-ce que pour utiliser « à la marge » leurs magots.
    A ce moment-là, même si cela n’empêchera pas la survenue d’autres faillites retentissantes, l’économie repartira très naturellement, et la crise financière n’affectera plus guère l’économie réelle, car l’argent injecté en haut descendra enfin dans l’économie réelle!
    jf

  5. Avatar de Alain Soler
    Alain Soler

    Qui va se dévouer pour lui offrir cette monnaie en chocolat si fondante de notre enfance ?

  6. Avatar de coucou
    coucou

    Il faut reconnaître que johannes finckh a une sacrée constance !
    Pour le chocolat, il est partout à -50% en ce moment !

    La Chine court des risques d’instabilité sociale gigantesques. Exode à l’envers suite aux fermetures d’usines, maintien d’une rigueur de fer sur des classes moyennes émergentes dont les besoins et revendications vont pourtant aller croissant, politique d’aménagement territorial minée par la corruption et le mépris total des équilibres écologiques…

    Au niveau politique, la querelle des dogmes fera nécessairement rage, et on peut se demander ce que fera leur armée…

    Ils ont beau acheter des tonnes d’or et investir ailleurs que dans les bons du Trésor américain, la politique de découplage production/consommation conclue avec les Américains est un vrai pacte de Faust, et va leur sauter à la figure.

    D’autant que, pas si loin, le mouvement eurasianiste de Douguine séduit plus que jamais le Kremlin…qui ne ratera pas une occasion de reprendre la main à l’international !

    Techniquement, comment la crise pourrait-elle être jugulée par ces financiers, ou plutôt ces garnements que l’on n’a même pas fessés ? Bien pire, les normes comptables américaines sont assouplies pour cacher -bien mal- le pot aux roses !
    Les USA mènent clairement une politique de junkie qui cherche l’overdose, ou de monomaniaque qui s’emballe. Ils sont idéologiquement morts. Du moins les adeptes de cet imbécile d’Alexander Hamilton.

    Et le Moyen-Orient ? Que devient Israël sans son mentor économique et garde du corps depuis 1947 ? Que devient surtout son arme nucléaire ?

    Les « pays émergents », qui « émergent » depuis 60ans (quel iceberg ! Serait-ce l’Atlantide ou le Léviathan ?) sont comme la Chine, des pays à l’économie extravertie et phagocytée par les Occidentaux. Ce sont des tirelires, pas des moteurs.

    Par quelle force surnaturelle aucune critique officielle ne surgit-elle à propos de la dette des Etats, qui est un racket monstrueux, et dont le dogme a proliféré (avec la Bombe d’ailleurs) après la seconde Guerre mondiale ?

    Cesser de rembourser indéfiniment les intérêts d’un capital imaginaire emprunté à des banques privées, génèrerait une quantité de cash à ne plus savoir qu’en faire !
    En voilà de l’argent pour lutter efficacement contre cette crise !

    On en parlait récemment, mais on pourrait s’attendre dans les mois à venir à une belle grande PERCOLATION, entre Etats non ou peu alignés sur les USA : Chavez est loin d’être idiot, Lula en a gros sur le coeur, Poutine ne demande que ça, Khadafi ne sait quoi faire de son pognon, le Pakistan et l’Afghanistan sont des nids à mercenaires…
    On y trouvera peut-être le fameux nouveau « moteur » mondial…

    Mais je ne pense pas que ce soit précisément un moteur capitaliste…

  7. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    Charles Munger, le vice-président de Berkshire Hathaway et bras droit de Warren Buffett, déclare lui-même que les banques utiliseront leur « énorme pouvoir politique  » pour échapper aux réformes nécessaires.

    Comme de plus, il l’affirme contre ses propres intérêts (il possède des intérêts considérables dans Goldman Sachs et Wells Fargo), ses propos sont d’autant plus pertinents.

    http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601087&sid=aRGmF1WqsCgA&refer=home

  8. Avatar de dissy
    dissy

    Bonjour,

    Qui peut m’expliquer en quoi la rémontée à 3.2 pct des taux longs US est porteuse de danger pour l’économie ?Et si oui de quelle manière avec quelles conséquences possibles?Merci

  9. Avatar de johannes finckh

    @ alain soler:
    vos moqueries me blessent!
    @ coucou:
    Sans doute, la perspective d’une économie rétablie grâce à la monnaie anticrise me rend « constant » ou persévérant, merci!
    Votre analyse sur la Chine me semble totalement pertinente, ainsi que celle concernant les Etats-Unis.

    L’idée de la « monnaie fondante » surprend toujours, je sais bien, mais l’affaire me semble sérieuse!

    Je démontre aussi dans tous mes messages que la « fonte » qui serait ainsi prévue pour frapper l’unité monétaire en tant que support matériel réellement existant dans le temps, cela a pour contrepartie une réstitution du montant de la fonte de la masse monétaire (de l’ordre de 5% annuels dans le projet gesellien) par l’institut d’émission la banque centrale). Ctte réstitution devra être prévue dès la mise en place d’une monnie fondante.
    Nous voyons donc que, contrairment à ce que le mot « fondant » laisse entendre, la masse monétaire n’a nullement à fondre! L’institut d’émission (la banque centrale) remettra les sommes émises en réstitution par exemple à l’état qui se chargera de les dépenser, j’en suis certain!

    Ce projet de la monnaie « fondante » ou anticrise (toujours circulante) aura surtout l’effet de protéger mieux l’économie réelle du monde de la finance, devenu fou, car tous les déséquilbres financiers du monde laisseront la monnaie anticrise totalement indifférente, car elle circulera en toute, je dis bien en toute circonstance sans jamais refuser ses services pour devenir VALEUR REFUGE ULTIME comme c’est le cas avec la monnaie actuelle.

    De plus, la remise en route efficace de l’économie permettrait de régler « en douceur » et en prenant le temps nécessaire tous ces dééquilbres accumulés.

    L’économie rendue plenement efficace dégagera vite les surplus néessaires pour apurer peu à peu, et en prenant le temps qui faut, tous les déficits. La réduction de ces déficits réduira dans le meêm mouvement les accumulations les plus obscènes en face de ces dettes!

    De plus, du fait de sa circulation intégrale et totalement prévisible, la monnaie anticrise constitue une demande extrêmement stable et régulière. Cette situation rend la théorie quantitative utilisable, et les prix pourront être maintenus très stables, et il s’agit naturellement des prix moyens n’empêchant pas la baisse de certains prix et la hausse d’autres en fonction des évolutions technologiques notamment, etc…

    Pour les épargnants, ils pourront se sentir à l’abri de tout risque inflationniste, les emprunteurs seront protégés des déflations et des crises.

    Les Taux d’intérêt baisseront très largement sans trappe aux liquidités, car la monnaie anticrise circulera bien EN TOUTE CIRCONSTANCE!

    Est-ce plus clair pour les moqueurs?
    jf

  10. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ dissy

    Si nous parlons bien de la même chose, la hausse des taux longs sur les obligations US (à dix ans notamment) a pour conséquence d’augmenter le coût de la dette américaine; à montant constant, cela impose des restrictions budgétaires.

  11. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    Une stratégie envisagée par les banques pour échapper à la régulation financière: l’exemple de Morgan Stanley. Ça s’apppelle « un coup de barre à gauche, un coup de barre à droire ».

    Cour de barre à gauche: on renonce au statut de « banque d’investissement » afin de devenir un holding bancaire classique et bénéficer des capitaux publics.

    Coup de barre à droite: pour échapper aux contrôles plus stricts qui découlent de la recapitalisation de l’Etat, lequel appelle au relèvement des ratios, à la limitaton des effets de levier et au plafonnement des bonus, on détache les départements les plus spéculatifs pour les transformer en hedge funds, dans lesquels on prend des parts.

    http://online.wsj.com/article/SB124053759917451185.html

  12. Avatar de Oppossùm
    Oppossùm

    Oui, le merdier est quasi-total dans la mesure où la traditionnelle relance des états , en raison de la quantité gigantesque de l’endettement général mais surtout parce que le problème de la solvabilité des etats eux même commence à poser problème, non seulement va à un certain échec, mais, pire, va finir par discréditer la seule institution capable de fédérer et de faire accepter une cohérence commune, à savoir l ‘ ETAT.

    Si les idéalistes de l’alter gauche combattante s’imaginent qu’un état ne peut pas être en faillite , ils se fourrent le doigt dans l’oeil ou ailleurs, bien profond. Bin entendu, l’Etat ne disparaît jamais : soit il devient sa propre ombre dans un océan de désordres et de stratégies de « chacun pour soi », soit il devient oppressif et plus ou moins totalitaire -même si c’est pour la ‘bonne cause’-, soit il se disloque en pouvoirs locaux, chacun traitant le problème à sa façon.

    Si la relance Obama queute, je ne vois plus trop comment on évitera l’enclanchement d’ une depression assez mortifère. Il parait que l’embellie boursière est manipulée et que les signaux positifs sont sur-interprétés : est-ce une tentative ‘désespérée’ du système pour n’avoir pas trop à ce ‘remettre’ en cause ?

    Et chacun de penser que ce sera donc l’occasion d’une opportunité de mettre en place un autre chose , ou de penser qu’il pourrait peser dans un certain sens … Je ne dis pas que cela sera inutile, ni que cela n’est pas indispensable, mais l’histoire risque de ne pas offrir beaucoup de fenêtres de tir.
    Et ceci pour la simple raison que la faillite généralisée , au lieu de se faire rationnellement , en se déclarant comme telle, et en choisissant de désigner les perdants -ceux qui supporteront le coût d’une disparition d’une partie de la dette- , va se mettre en place progressivement dans le chaos du ‘chacun pour soi’ . Et là, après que les possédants aient sauvé ce qu’ils pouvaient sauver en orientant leur patrimoine et leur pouvoir dans une série de niches (C’est probablement ce qu’ils sont en train d’organiser), le ‘peuple’, orientera chacun de ses dirigeants à une défense vigoureuse de ses propres intérêts .

    Car face à la destruction de la valeur des actifs, à la stratégie de dissimulation des ‘riches’ ou de simple conservation de son petit patrimoine familial, face à la contraction réelle de la richesse par une baisse de l’activité économique due aux désordres monétaires, et, enfin, face à la désillusion de constater qu’une partie de l’existence de la richesse concentrée à mieux partager n’étaient que l’envers d’une partie de notre ‘exploitation’, face à tout cela , on risque bien de n’avoir plus à partager qu’une très belle baisse de niveau de vie où nos illusion généreuses seront irrémédiablement ‘tempérées’ par une logique de ‘sauve qui peut’ où d’une main nous tenteront de conserver le maximum pour soi-même tout en brandissant , de l’autre, la liste des vrais responsables de ce beau gâchis … et les solutions magiques qu’on auraient pu ou dû mettre en oeuvre lorsqu’il était encore temps.

  13. Avatar de Jean-Pierre
    Jean-Pierre

    Une fuite parue dans le Süddeutsche Zeitung du 24 avril indiquait que, selon un rapport interne de la BaFin (Bundesanstalt für Finanzdienstleistungsaufsicht), l’organisme de supervision du secteur bancaire allemand, destiné au gouvernement, la somme à débourser pour l’instauration d’une « bad bank » s’élèverait à 816 milliards d’euros ! Rien que pour l’Hypo Real Estate, le ticket s’élèverait à 268 milliards, celui de la Commerzbank à 101 milliards, celui de la Westdeutsche Landesbank 84 milliards et même la Deutsche Bank en a un de 21 milliards. Depuis cette divulgation, la BaFin et les autorités compétentes s’échinent à minimiser l’importance de ces montants, prétextant qu’il s’agit d’estimations. Ben voyons !

    Aucun pays n’est en mesure de financer de la sorte simultanément son secteur bancaire et la relance économique. Aussi longtemps qu’on n’oblige pas tout ce beau monde à liquider à l’amiable leurs créances bidons, on ne s’en sortira jamais. Avec ou sans FMI, Avec ou sans la Chine ou autre pays « porteur ». Qu’on cesse de prétendre que ces dettes toxiques existent. Ce ne sont que des promesses. Il suffit de ne plus les tenir compte pour en être débarrassés et tous ces milliards ne seraient plus nécessaires. Mais pourquoi s’esquinte-t-on à les matérialiser ? C’est de la démence !

  14. Avatar de Dissonance
    Dissonance

    Un peu de psychologie (de comptoir):

    Les responsables d’un système mondialement défaillant doivent-ils ou encore peuvent-ils admettre leurs erreurs, sachant qu’il est question d’un système massivement létal, aussi bien symboliquement que physiquement, allant de « simples » destructions d’entreprises jusqu’à la ruine de populations entières?

    – Doivent-ils: D’un point de vue moral, ma réponse est oui, bien entendu.

    – Peuvent-ils: Ma réponse est non. Et pour cause:

    Constatant l’ampleur des dégâts, les responsables admettant leurs erreurs s’exposeraient sans doute dans le meilleur des cas à une accusation de crime contre l’humanité, le genre d’accusation dont on ne ressort pas indemne (euphémisme), dans le pire des cas à un lynchage public pur et simple.

    Ces gens, aussi peu scrupuleux soient-ils (ce qui n’est pas forcément le cas au demeurant), n’en sont pas moins humains. Or les humains se caractérisent, comme la plupart des autres êtres vivants, par leur instinct de survie. A court et même moyen terme, ils n’ont par conséquent aucun intérêt à « confesser » leurs erreurs. Ce n’est pas, à bien y regarder, de la démence. Bien au contraire, ces gens suivent en dernier ressort, comme tout un chacun, cette logique, certes primaire mais indiscutable, qui conduit néanmoins aux aberrations que l’on sait.

  15. Avatar de thib
    thib

    Bonjour.
    J’aimerais avoir votre avis sur cette formulation: « selon le point de vue d’un économiste structuraliste, le jeu comptable qui est à l’origine de la monnaie interne (j’entends par là le fait que « les institutions financières, les banques en fait, achètent des titres primaires à des sociétés non-financières ou accordent des crédits aux agents non-financiers, sans qu’il y ait a priori de crédit dans les comptes. puis crédit->dépôts->créditsss…) fait apparaître des ressources qui n’existent pas, mais qui sont pourtant utilisées. Elles peuvent l’être tant que n’est pas remise en cause la confiance de l’épargnant dans la liquidité potentielle de son épargne.  »

    Est-ce bien l’existence de ce château de cartes que certains discutent depuis quelques temps sur ce blog? Est-ce son écroulement que veulent éviter les gouvernants en tentant de purger les banques? Lehman Brothers étant une banque d’affaire, elle ne représentait donc pas un risque de signal d’alarme pour les épargnants? Mais plus de banques d’affaires en faillite -> banques avec beaucoup de dépôts risquent faillite ; donc on ne laisse pas les banques d’affaire sombrer?
    Merci d’avance.

  16. Avatar de Wladimir
    Wladimir

    @Dissonance,

    Les classes dominantes ne reconnaissent jamais leurs erreurs car cela reviendrait à se condamner elle-mêmes. Le pouvoir des classes dominantes ne repose pas essentiellement sur l’argent , les forces armées ou policières, même si celles-ci sont gardées en réserve, à portée de main en quelque sorte, mais sur la certitude qui doit être partagée par tous que leur pouvoir est fondé sur l’ordre NATUREL des choses, que c’est eux ou le chaos. Elles peuvent certes se diviser sur la marche à suivre, elles peuvent même reconnaitre des dysfonctionnements provisoires à corriger, mais jamais leur faillite généralisée car sinon elles perdraient la confiance du peuple et qui perd la confiance du peuple se condamne à vivre dans l’alarme continuelle du lendemain. Les classes dirigeantes sont infiniment minoritaires, elles ont besoin d’une foule de serviteurs pour exister et il faut que ces serviteurs soient convaincus qu’il n’existe pas d’autre voie que de les suivre. C’est à la future classe qui aspire à les remplacer que revient la tâche de bâtir et de faire partager une certitude plus forte. C’est en ce sens que tout changement radical ne peut être pensé que dans une logique d’affrontement. Le débat démocratique peut exister au sein de chaque classe en présence, mais jamais entre les deux classes car là c’est certitude contre certitude. « Plutôt une fin effroyable qu’un effroi sans fin, tel est le testament de toute classe agonisante » disait pépé Marx qui ne croyait pas à la possibilité d’une révolution démocratique paisible où à là fin d’un vaste débat entre gens de bonne compagnie, l’avenir du monde serait voté sous les acclamations des masses soulagées de ne pas être condamnées à servir de chair à canon, une fois de plus. Je suis assez d’accord avec Oppossùm , nous nous dirigeons plutôt vers un vaste chaos où chacun sera sommé de choisir entre le pire ou le moins pire, au sens de survie immédiate et qu’importe alors les belles idées.

  17. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ Opposum, Wladimir

    vous décrivez le scénario du pire, c’est en effet une option.
    Mais nous n’avons pas le droit au pessimisme quant à la portée de nos propres actions, c’est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre.
    Il ne faut pas se voiler la face sur la situation, terrible évidemment, mais il n’appartient qu’à nous de l’examiner avec le plus de profondeur et de minutie possibles pour en déceler les éventuelles failles, aussi ténues soient-elles, car c’est par ces failles que nous pouvons nous engouffrer dans un espace politique nouveau (que je ne confonds pas avec l’espace institutionnel, officiel), et faire ainsi dévier un cours des évènements que d’aucuns disent inéluctable.
    Comme toujours nous sommes nos pires ennemis et nous aggravons notre cas en pensant que les autres seront aussi « pires » que nous pensons pouvoir l’être. Bref, il y a un combat à mener, et je suis d’accord avec vous pour dire qu’une certaine gauche alter est naïve de penser que l’Etat sera toujours là pour remettre les choses en place. D’ailleurs cette gauche là n’est pas réellement combattante, au sens du combat des idées. Elle n’a qu’une vision stratégique bien mince, une tactique qui se résume à critiquer ceux auxquels ils s’opposent politiquement dans l’arène officielle des consultations électorales. Cette gauche dispose d’une tribune, mais elle ne croit pas réellement à une force des analyses et du discours, préférant le slogan issu du marketing politique. Elle attribue sa puissance à sa capacité de convaincre des électeurs pour l’exercice d’un pouvoir futur. Elle ne croit pas à la puissance d’invention de la réalité que constitue potentiellement le discours. Je ne parle pas ici des effets de manche, mais de ces discours cohérents qui ne s’inscrivent pas dans le déterminisme du déjà vu et de ce fait font basculer les esprit dans l’inouï, l’inédit.
    Cela peut encore se produire, rien n’est jamais trop tard. A la faveur d’évènements exceptionnels des talents peuvent se révéler, des individualités se transcender.

    Quant à l’idée que le « débat démocratique peut exister au sein de chaque classe en présente, mais jamais entre deux classes », me paraît dans une certaine mesure fausse, c’est à dire tant que la communauté politique existe encore bel et bien, comme c’est encore le cas aujourd’hui. Certes la démocratie a pour fonction de réguler les différents, tensions, intérêts contradictoires qui se manifestent entre les différentes classes sociales. Mais la démocratie n’est pas pour autant l’ère du consensus comme une certaine vulgate voudrait le faire accroire. C’est même l’inverse : la mésentente présuppose la démocratie et s’exprime dans son exercice même, lorsqu’il y a débat. Il y a en la conviction partagée par les citoyens qu’ils sont tous dotés de la faculté de raison. S’il en était autrement le débat n’aurait plus sa raison d’être. La raison commune implique, que, tout au moins sur ce plan, celui qui consiste à raisonner nous sommes tous égaux. De façon symptomatique, le tyran ou dominant ne peut exercer durablement sa domination par la seule force brute ou même par la menace, il lui faut donc un discours justificateur de sa domination. Or pour être obéis en vertu de ce discours de domination, il faut une condition préalable : que le dominé puisse comprendre le discours qui est tenu par le dominant et le cas échéant en être convaincu, ce en quoi il participe à la construction de sa propre aliénation. C’est précisément en cela que tout discours politique présuppose l’égalité en raison de tous les membres d’une communauté politique. Tout discours est une construction qui ne demande qu’à être déconstruite, pour une nouvelle construction et ainsi de suite.

    Moralité : le combat des idées est essentiel et il est transversal d’une classe à l’autre, via des individus, lesquels, même s’ils appartiennent à telle ou telle classe n’en ont pas moins du moins potentiellement, leurs singularités propres, et donc leurs discours propres. Si ce n’était pas le cas nous ne serions pas ici pour débattre mais laisserions les représentants désignés de nos classes respectives s’exprimer à notre place. Le combat est inégal car nous n’avons pas la force économique, financière, qui nous permettent d’infléchir la puissance des pouvoirs dominants, mais nous avons les mots, des raisonnements, lesquels s’ils ne sont pas lestés d’un poids quantifiable comme la monnaie ou les armes, n’en sont pas moins réels et agissant, ici, et, par ricochet, dans la communauté politique toute entière. Ne préjugeons donc pas de nos de nos forces, ni de nos faiblesses.

  18. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    PS.
    A la réflexion, ce que je dis en préambule concernant la gauche alter, s’applique, peu ou prou, à tous les partis officiels.

    .

  19. Avatar de johannes finckh

    @ oppossum
    les montants que vous citez sont en effet de plus en plus astronomiques et ne font que souligner mon analyse que la monaie actuelle se comporte comme un trou noir qui engloutit tout à sa portée.
    C’es CELA la fonction valeur refuge ultime de la monnaie actuelle!
    Un Moloch.
    Seule l’émission d’une monnaie nouvelle, anticrise (fondante) est susceptible de relancer l’économie réelle instantanément tout en permettant de traiter bien plus tranquillement les grands déséquilibres mondiaux!
    jf

  20. Avatar de François BISCH
    François BISCH

    Pour reprendre une proposition de Jaques Attali ( de mémoire) « le métier de banquier doit redevenir un métier long et ennuyeux » Et pourquoi ne pas remplacer les banquiers par un réseau informatique? un ordinateur ne pense pas, il n’innove pas , il exécute. Ce seraient des banques virtuelles et verrouillées où celui qui tape ses besoins sur le clavier n’est autre que le client.
    J’y vois également un retour de la valeur travail aux dépends d’un excès de virtuel.

  21. Avatar de Omar Yagoubi
    Omar Yagoubi

    Bonjour, juste pour info; L’axe Chine-USA étant un fondamental à mon sens (mais pas le seul)
    http://www.dedefensa.org/article-_poliment_et_discretement_la_chine_retire_son_soutien_aux_usa_01_05_2009.html

    L’article me fait également penser à l’élément « irrationel » pas assez développé en général comme par exemple l’arrivée du printemps…

  22. Avatar de béber
    béber

    Argent et banquiers font partie du bain culturel de nous autres, humains du siècle des débuts d’internet.
    Pour nous , pas de banquiers = pas d’argent .

    Mais…heu….Un monde avec de l’argent et sans banquiers est il possible ?

  23. Avatar de Alain A
    Alain A

    Je suis d’accord avec Pierre-Yves plutôt qu’avec Wladimir ou Opposum. Entre le milieu du XIXème siècle, quand Marx mettait dans la bouche des dominants “Plutôt une fin effroyable qu’un effroi sans fin » en tant que testament la classe agonisante, la démocratie représentative a vécu un siècle et demi et s’est policée. Les « méchants » n’ont plus la même hargne et devraient être prêts à accepter les compromis auxquels la majorité les CONTRAINDRA. Donc, pas de lutte «paisible où à là fin d’un vaste débat entre gens de bonne compagnie, l’avenir du monde serait voté sous les acclamations des masses» mais des rapports de forces à inverser et à soutenir. Ce sera pénible, long et parfois violent mais pas nécessairement catastrophique. L’excès de pessimisme, comme l’excès d’optimisme; démobilise et « with this regard, their current turn awry and loose the name of action ».

  24. Avatar de thomas

    Merci Pierre Yves D de remonter le moral des troupes.

  25. Avatar de EOMENOS
    EOMENOS

    Ca va HURLER.

    La monnaie fondante (vendue anti-crise) est une idée. C’est une très mauvaise idée.

    Elle va ruiner définitivement tout les pensionnés qui ont pu constituer un petit pécule d’une part et d’autre part elle va réduire les travailleurs qui ne dépensaient pas tout leur salaire à des machines à hyper consommer.
    Déjà nous dénoncions la société de consommation et bien on en remet une couche, et une fameuse.

    Tant qu’à condamner à la mort économique et donc sociale une part significative de la population, raisonnons « économiquement » jusqu’au bout.
    Relancer l’économie, vite et fort : rien de plus facile : condamnons à la mort tout les individus âgés de plus de X années (mettons 70 pour commencer, si çà suffit pas on pourra toujours baisser la barre).

    Conséquence : Transfert massif de capitaux par l’héritage, renflouement des états par les taxes, disparition d’une grande part de la charge des pensions et de la majeure partie des soins de santé….

    Avec les surplus dégagés par les états occidentaux, parce que ces derniers sont très moraux, le tiers et le quart -monde sont
    massivement aidés afin de faire disparaître jusqu’au souvenir de leur existence.

    C’est pas chouette tout ça ?.

    Bon Dieu, je crois qu’il y en avait un qui avait déjà mis quelque chose du genre en route il y a 60 ans environ.
    Hitler il s’appelait et faisait massacrer ceux qu’ils présentait comme les capitalistes de l’époque : les juifs.
    Aujourd’hui on à beaucoup progressé dans l’éthique (on fait plus de différences entre les races, il suffit d’être vieux).

  26. Avatar de Jean Louis Bars
    Jean Louis Bars

    @ Alain A

    Dans ce même sens,bien que de Gustave Thibon–accordons lui quand même son génie couronné par l’académie française en 2000– ce propos :
    « …..L’esprit philosophique consiste à préférer aux mensonges qui font vivre les vérités qui font mourir… »

  27. Avatar de Wladimir
    Wladimir

    @Pierre-Yves D,

    Je en pense pas décrire le scénario du pire, je pense décrire le scénario probable. Si vous admettez, ce qu’il me semble, que nous sommes au début d’une crise historique, pire que 29 (Paul Jorion parle même de fin du capitalisme, excusez du peu !), alors vous admettrez aussi que le trouble causée par cette situation s’amplifiera à l’extrême, entraînant des mouvements d’opinion de plus en plus désordonnés basculant sans cesse d’un extrême à l’autre. En France, pour l’instant, les seules victimes directes sont les dizaines de milliers de chômeurs qui chaque mois vont payer leur tribut au système économique (30% de leur revenus nets, la différence entre leur salaire antérieur et les indemnités chômage actuelles). Le reste de la population est peu concernée, pour ce qui est des salariés bénéficiant d’une garantie d’emploi c’est même l’évidence, et même se félicite de la déflation qui vient puisqu’elle leur donne du pouvoir d’achat. Mais que se passera t’il lorsque une masse critique de plusieurs millions de chômeurs s’apercevra qu’il n’y a aucun espoir de retrouver du boulot avant très longtemps ou quand une hyper-inflation ruinera les rentes de tous ceux qui n’auront pas le pouvoir de négocier une augmentation correspondante, du fait de leur inutilité dans le procès économique ? A mon avis ces gens descendront dans la rue et réclameront du travail A TOUT PRIX et la stabilisation de l’inflation A TOUT PRIX, quelque soit la réalité de la situation économique et politique et suivront les démagogues de tout poil, pourvu que ceux-ci les rassurent et leur promettre un avenir radieux. L’exemple de la crise de 29 est quand même là et c’était une époque où il y avait des partis politiques et des syndicats puissants et jouissant d’une grande sympathie dans les couches populaires. Nous n’avons même plus cela, anesthésiés que nous sommes par l’individualisme chronique, le politiquement correct et le principe de précaution (surtout ne rien faire qui pourrait mettre notre petit avenir en péril). Je ne dis pas qu’il ne faut rien faire, il est même nécessaire de bouger pour ne pas subir, mais, en réalité en ces temps troublés, chacun se détermine selon sa propre certitude, et dieu sait si en temps de crise il faut avoir des certitudes solides, et non en s’inclinant devant la parfaite logique d’une thèse irréfutable.
    Pour ce qui est du débat démocratique en temps de conflit, si je prend l’exemple d’une grève dans une entreprise, vous n’allez pas discuter démocratiquement avec votre patron représentant le pouvoir au sein de l’entreprise de vos revendications. Les négociations ne sont que l’expression d’un rapport de force où vous allez chercher le plus haut possible le point de rupture potentiel, car la justice de vos revendications a déjà été approuvée par l’ AG des grévistes. Le seul espace démocratique est alors l’assemblée des grévistes où les collègues non-grévistes ne s’expriment pas en général, même s’ils le pourraient, tout simplement parce qu’ils ne se sentent pas concernés. La légitimité des grévistes est alors justifiée par le principe simple qui dit que si la grève échoue, ce sont eux seuls qui en payeront le prix de leur salaire ou même de leur emploi, alors que si la grève réussit tout le monde, même les non-grévistes profiteront des avancées obtenues.

  28. Avatar de iGor milhit

    @ Wladimir, Pierre-Yves D. et ali…
    Merci pour ces explications et ce débat.
    Démocratie, classe… de quoi l’on parle exactement? La démocratie est-ce une manière de résoudre les conflits ou une manière de civiliser les conflits (on discute, on débat plutôt que de se faire la guerre)? S’il s’agit de résoudre les conflits pour arriver à une paix merveilleuse, alors il faudrait peut-être d’abord commencer par l’épuration (sociale, ethnique, voire de genre tiens…). Classe? ça existe une classe sociale homogène, comme un peuple homogène? N’y a-t-il pas toujours des classes dans la classe? Des revendications plus extérieures encore?
    Lors d’une conférence j’ai entendu un homme dire sa « peur » de la démocratie parce qu’il avait expérimenté que ses revendications d’être humain qui n’a pas le droit d’avoir des papiers étaient démocratiquement passées à la trappe lors des débats syndicaux…
    Classe. En tant que petit suisse, je suis assez sidéré de penser que la plus grande part des richesses dont se gave ce pays, ses services publiques, ses corporations privées… a été d’une manière ou d’une autre extorquée aux plus pauvres, aux plus damnés de cette terre…
    Il me semble parfois que le désir de paix aboutit à une drôle de violence et qu’à l’inverse l’acceptation du conflit, avec ses règles, ses inégalités, ses frustrations… peut permettre de vivre plus ou moins ensemble.

  29. Avatar de johannes finckh

    @ tous et @EOMENOS:
    La monnaie fondante (« vendue » anticrise) serait une mauvaise idée?
    Votre démonstration pour soutenir cela est faible, à mon sens, évidemment, parce que je soutiens le contraire!

    Je recommence donc mon exposé pour être le plus clair possible et pour essayer de vous rassurer!
    Vous dites que la monnaie fondante ruinerait « tous les pensionnés qui ont pu constituer un petit pécule d’une part et d’autre part elle va réduire les travailleurs qui ne dépensent pas tout leur salaire à des machines à hyperconsommer. »
    1) J’ai toujours cherché à démontrer que l’épargne et les retraites ne seront aucunement affectées par une quelconque « fonte »! et voici, à nouveau pourquoi:
    *c’est le détenteur du billet qui serait « incité » à se séparer de son billet dans un délai disons d’un mois quand on propose une « fonte » (faible) de sa valeur faciale d’environ 0,4 ou 0,5% tous les mois, montant payant par exemple tous les dix du mois pour rétablir le billet plein (timbre ou tampon ou procédé à puce peut-être).
    Se séparer du billet matériellement peut vouloir dire dépense, mais il peut s’agir aussi bien d’un retour à la banque sur un compte d’épargne par exemple, compte d’épargne a priori non concerné par la fonte.
    *en cas de dépôt sur un compte courant, la banque appliquera sans doute une « fonte équivalente » sur ces dépôts, car la banque ayant reçu ce retour devra faire face aux frais qui en résultent.
    *la banque cherchera ensuite à faire le meilleur usage possible du billet en question. Ayant cours légal, il est certain que la banque fera tout pour le remettre en circulation le plus vite possible, ou, au moins, s’en séparer à son tour, par exemple en le prêtant ou en remboursant une dette qu’elle a dans d’autres banques ou à la banque centrale.
    *la chose qui sera devenue coûteuse, la seule réellement, ce sera le fait de « geler » pour un temps plus ou moins long de tels billets. Ces billets ne seront plus RESERVE DE VALEUR.
    *Cette situation nouvelle obtiendra une circulation assez parfaite de cette monnaie sous forme de billets ou de dépôts à vue.
    *Nous obtiendrions alors, effectivement, un écoulement assez régulier et rapide de tout ce que le marché produira en biens et services.
    * mais cela n’implique aucunement une hyperconsommation dès lors que la politique monétaire maintiendra un niveau de prix stables! Et ce niveau de prix stables sera plutôt plus facile à obtenir qu’avec la monnaie actuelle, car nous aurions, justement, une circulation parfaite et maximale de la monnaie sans formation des masses « gelées » importantes d’aucune sorte, et ce fait suffirait pour ajuster, au niveau central (la banque centrale), la quantité de monnaie nécessaire pour la stabilité des prix. La « fonte de la masse » de l’ordre de 0,4 ou 0,5% mensuellement (5% annuellement) nécessiterait évidemment des ajustements centraux pour restaurer cette masse, cela devra accompagner l’émission d’un telle monnaie! Les sommes ainsi restitués iraient dans les caisses de l’état par exemple, ou, pour vous faire plaisir, pourraient être versées directement aux économiquement faibles, cela me plairait assez (cf revenu minimum de « dignité »).
    Il vaut, en fait, mieux parler de monnaie vivante (et donc ayant une durée de vie) qu’une monnaie « fondante ». Car, comme la vie elle-même et comme tous les biens et services produts dans l’économie marchande, l’idée de la monnaie « vivante et mourante » s’inspire de la nécessité que l’échange marchand n’est « équitable » que quand celui qui propose de la monnaie se trouve devant la même « urgence » à échanger que le marchand de biens et services. Sinon, l’avantage du détenteur est structurel, et c’est cet avantage même qui génère, dans la situation actuelle, le péage lié à la monnaie, à savoir l’intérêt monétaire net!

    2)A mon sens, la monnaie « vivante » protégerait parfaitement l’épargnant, car les prix seraient totalement stabilisés!
    Il protégerait le travailleur, car tout ce qu’il produit serait toujours écoulé, étant donné que la demande serait toujours stable et toujours solvable!
    Il n’y aurait cependant aucune pousse particulière à l’hyperconsommation qui accompagnerait la monnaie « vivante » anticrise, car l’individu qui ne veut pas acheter épargnerait dans des conditions très sûres!
    La notion de valeur refuge ne serait aucunement supprimée, mais seulement séparée de la monnaie circulante!
    Et les banques prêteraient, évidemment, plutôt facilement et pour « pas cher » les liquidités qui leur reviendraient abondamment, et les investisseurs/empunteurs se chargeraient d’effectuer les achats et les investissements assurant le bon fonctionnement de l’économie.
    Les taux faibles -mais sans trappe aux liquidités- feraient que les emprunteurs resteraient parfaitement solvables, d’autant qu’ils pourraient compter sur un climat conjoncturel très stable.
    On voit que la monnaie anticrise stabiliserait singulièrement la conjoncture sans surchauffe et sans dépression.
    3) En ce qui concerne la crise financière: l’émission de la monnaie anticrise permettrait de maintenir à flot l’économie EN TOUTE CIRCONSTANCE! Accessoirement, les banques retrouveraient par là-même une solvabilité satisfaisant plus ou moins vite. Certaines faillites ne seraient sans dout pas évitées, mais cela n’aurait plus jamais d’effet systémique, cas LA MONNAIE FONDANTE CIRCULERAIT TOUJOURS ET ENCORE!

    POUR LE RESTE DE VOTRE TEXTE:
    Je suis toujours triste et consterné de lire et d’entendre autant de polémique autour d’un faux procès d’intention qui « situerait de près ou de loin les idées de Silvio Gesell à proximité du nazisme! » C’es tout simplement odieux!
    C’est quoi cette remarque concernant « la condamnation à mort des vieux »? Je ne vois aucun rapport dans la mesure où la nouvelle sécurité économique liée à la monnaie anicrise protège notamment ceux qui sont plus faibles! Il me semble que votre réflexion vient de votre crainte que la monnaie anticrise ruinerait les « pensionnées ». J’espère vous avoir convaincu qu’il n’en est rien!
    La suite du texte tombe d’elle-même! C’est vous qui évoquez « les juifs » et « Hitler »; pour ma part, j’aimerais que vous retiriez ces réflexions insinuantes et malveillantes et dépourvues de tout fondement respectable, de votre pensée!
    Je ne sais pas qui vous a pu inspirer de tels propos!

    Vouloir réformer l’émission monétaire pour empêcher ainsi la poursuite du capitalisme tel que nous le connaissons et qui nous ruine est sans doute un projet ambitieux qui modifierait en profondeur les relations humaines et qui entamerait durablement la rente capitaliste liée à la monnaie, mais cela n’est en rien un projet fasciste!

    En attaquant comme vous faites, vous protégez toujours et encore le « capitalisme » qui n’en demande pas tant!
    jf

  30. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ Wladimir

    Vous faisez référence aux luttes sociales. Sur le point vos remarques me semblent tout à fait pertinentes.
    Vous avez raison de rappeler que la « vie démocratique » ce sont aussi ces luttes sociales où se jouent effectivement des rapports de forces.
    Ce dont je parlais plus haut c’est de l’élaboration des discours politiques qui concerne donc tout discours écrit, oral, se rapportant à la politique, dans l’espace commun, plus ou moins public. Or cette élaboration n’est pas, absolument partisane. Qu’on lui attribue une valeur positive ou négative, il y a bien une idéologie dominante, et c’est bien elle qui est travaillée par le débat démocratique.
    Je précise donc que par débat démocratique je ne fais pas forcément référence à ces débats autour d’une table, mais bien à tout type de discussion sur rapportant à des idées dont la portée est politique et qui s’exprime par les voies les plus diverses.

    Il n’y a donc pas, absolument, d’un coté les discours d’une certaine classe sociale et de l’autre ceux d’une autre. Ces discours s’opposent mais les lignes sur lesquelles ils s’opposent évoluent et changent parfois tellement de contenu qu’elles deviennent au cours du temps méconnaissables. Quoi de commun entre le discours,  » modernisateur » ou de la rigueur d’un Fabius, Jacques Delors ou même Rocard, des années 80, et la ligne politique de progrès social d’un Front populaire ? Pas grand chose évidemment puisque les socialistes ont assimilé et contribué à propager l’idéologie néo-libérale, empruntant leurs ‘armes’ à l’idéologie renouvelée du camps adverse. Evidemment la formation des partis peut donner l’impression que les positions sont tranchées et qu’il y a simplement affrontement bloc contre bloc. Nous constatons donc que le discours propre à la classe dominante ne cesse de se transformer. D’aucuns diront pour mieux asseoir sa domination. Dans les faits, qu’y compris le discours dominant est « contaminé » de façon récurrente et à des différents degrés par les discours concurrents, des autres partis, mais aussi et surtout tous les nouveaux discours, et les arguments dont ils sont composés, qui apparaissent dans le débat public. Cela peut s’analyser en termes de repli tactique, ou de rhétorique pure et simple pour gagner du temps, jeter un écran de fumée sur des actions qui ne vont pas dans le sens de l’infléchissement idéologique annoncé. Un sarkozy qui devient « refondateur » du capitalisme par exemple. Mais nous pouvons aussi y voir le déplacement des lignes de partage du discours ambiant, ainsi par exemple de celle qui partage ce qui relève des affaires privées et ce qui relève des affaires publiques.

    A terme c’est tout l’axe de la représentation qu’une communauté politique se fait d’elle-même et du monde dans lequel elles s’inscrit qui peut basculer. Un exemple qui n’est que trop voyant : la façon dont on considère aujourd’hui le libéralisme économique. Avant la crise tous les magazines pour managers et autres cadres en mal d’efficacité, ne juraient que par la « création des richesses » produites par les capitalistes et dont bénéficiaient tout le monde. Aujourd’hui le rôle social des entreprises est considéré comme étant après tout une idée pas si absurde. Il y a donc sur ce point un retrait de l’idéologie capitaliste, et peu importe qu’il soit sincère ou pas là n’est pas la question, ce qui importe c’est que tout l’espace des possibles est reconfiguré. Les capitalistes, le moment venu pourront de nouveau être plus virulents — et certains continuent de l’être — mais le train de l’Histoire les a déjà dépassés, et un jour ils pourraient bien se retrouver nus comme le roi « aveugle » de la nouvelle d’Andersen.

    Les luttes sociales proprement dites jouent un rôle dans ce déplacement des lignes et le définition des concepts pivot autour desquels s’articulent l’échange des arguments. Mais le « travail » de la pensée sur la situation — globale — via le langage a un rôle plus important encore, car il se situe en amont, voire, parfois, même si c’est assez rare, accompagne les luttes sur le terrain. Ce travail est plus lent, et moins visible que celui des responsables syndicaux des ouvriers en lutte qui s’opposent frontalement sur le terrain, terrain qui détermine en grande partie la nature de leur lutte et les moyens qui s’offrent à eux pour la mener. Mais ce travail de la pensée, de la réfutation, en somme celui qui consiste à imaginer d’autres mondes, modèles possibles, est tout aussi déterminant sinon plus, dans la durée, car il reconfigure le cadre, le « terrain », cette fois à l’échelle d’un pays, d’un continent, voire du monde au l’aune duquel les citoyens pensent leurs décisions. Cette reconfiguration de l’espace des idées est d’une certaine manière l’exercice d’un rapport de forces. Il ne s’agit pas seulement en effet d’être cohérent, mais aussi de convaincre, ce en quoi la politique est un discours en raisons qui s’adressent à nos éthos. De ce point de vue il y a de la bonne et de la mauvaise politique.
    La mauvaise ne s’embarrasse pas de considérations sur la nécessaire articulation de l’individuel et du collectif via une certaine éthique. Dans tous les cas le discours politique est une puissance, car, pour paraphraser Bourdieu, il s’appuie, construit parfois les visions et divisions à partir desquelles nous envisageons notre monde.

    Pour toutes ces raisons il m’apparaît hasardeux de faire des pronostics quant aux réactions, actions possibles des individus devant une situation qui serait bien pire — pour une majorité de citoyens, que celle que nous connaissons aujourd’hui, car nous ne savons pas où en seront toutes les idées aujourd’hui débattues et en gestation. Or les éthos qui caractériseront les citoyens futurs seront déterminés par la circulation des idées, leur percolation générale, dont nous n’avons pas fini de voir les effets. Préjuger de la configuration future de l’espace des idées, c’est, je le crains, adopter une position d’extériorité et se situer en dehors du jeu politique. Plus classiquement dit, ce qu’on appelle la fatalité. Chaque idée compte, et la façon dont on l’exprime, le contexte et les voies particulières de la transmission sont toujours à prendre en considération avec la plus grande attention.

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