Billet invité.
GRECE, UN PASSAGE A L’ACTE DIFFICILE
L’activation du plan de sauvetage européen de la Grèce rencontre à nouveaux des obstacles, soigneusement tenus confidentiels pour l’instant. Le gouvernement grec gagne du temps et, tout en préparant avec le FMI et les Européens la mise en oeuvre du plan, se garde de formellement la demander. Jörg Armussen, secrétaire d’Etat allemand aux finances vient de réaffirmer qu’« une décision unanime de la zone euro au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement » était préalablement nécessaire.
Les Allemands freinent des quatre fers. Le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, n’ayant semble-t-il pas rejoint la conférence de ses pairs de la zone euro à Madrid. Les Grecs en ont tiré les conséquences et viennent d’annoncer le lancement d’une nouvelle émission obligataire de 1,5 milliards d’euros sur 13 semaines, afin de voir venir. Ils ont confirmé l’organisation de leur « road show » américain pour lever des dollars à la fin du mois, utilisant des bouts de ficelle pour ne pas faire défaut.
Depuis Madrid, Jean-Claude Junker tente d’amuser la galerie pour faire patienter. En déclarant que « il n’y a rien à ajouter à ce qui a été décidé dimanche sur la Grèce », il a signifié on ne peut plus clairement qu’il ne pouvait rien dire, se réfugiant derrière les « travaux préparatoires dans les Etats membres de la zone (qui) avancent à une allure satisfaisante, tout comme d’ailleurs les discussions avec le Fonds monétaire international, qui portent sur le programme d’assistance commun ».
Comme si ces difficultés de dernière heure ne suffisaient pas, les responsables européens s’efforcent de rassurer les marchés en évoquant la situation du Portugal, dont ils craignent qu’il ne soit la prochaine victime. Jean-Claude Junker a insisté pour dire qu’il était « sur la bonne voie », même si la Commission de Bruxelles l’encourage à faire plus. Olli Rehn, le commissaire européen aux affaires économiques a considéré que « le programme portugais est ambitieux et assez concret », mais a reconnu des « risques liés au très court terme ». Il a ajouté : « D’après ce que je comprends, le gouvernement portugais comprend parfaitement la situation et est prêt à adopter de nouvelles mesures additionnelles si nécessaire, si le risque se matérialise ». Jean-Claude Trichet, président de la BCE, a de son côté cherché à noyer le poisson, ajoutant : « Nous insistons toujours sur cela (…) et pas particulièrement pour le Portugal ».
Sommes nous revenus à l’un de ces anciens scénarios qui voulaient que les crises européennes se dénouaient au petit matin à Bruxelles par des compromis adoptés de guerre lasse par des ministres écroulés de fatigue ? Ou bien à un rebondissement de la crise amenant le FMI à intervenir plus largement ?
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