L’actualité de la crise: Grèce, un passage à l’acte difficile, par François Leclerc

Billet invité.

GRECE, UN PASSAGE A L’ACTE DIFFICILE

L’activation du plan de sauvetage européen de la Grèce rencontre à nouveaux des obstacles, soigneusement tenus confidentiels pour l’instant. Le gouvernement grec gagne du temps et, tout en préparant avec le FMI et les Européens la mise en oeuvre du plan, se garde de formellement la demander. Jörg Armussen, secrétaire d’Etat allemand aux finances vient de réaffirmer qu’« une décision unanime de la zone euro au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement » était préalablement nécessaire.

Les Allemands freinent des quatre fers. Le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, n’ayant semble-t-il pas rejoint la conférence de ses pairs de la zone euro à Madrid. Les Grecs en ont tiré les conséquences et viennent d’annoncer le lancement d’une nouvelle émission obligataire de 1,5 milliards d’euros sur 13 semaines, afin de voir venir. Ils ont confirmé l’organisation de leur « road show » américain pour lever des dollars à la fin du mois, utilisant des bouts de ficelle pour ne pas faire défaut.

Depuis Madrid, Jean-Claude Junker tente d’amuser la galerie pour faire patienter. En déclarant que « il n’y a rien à ajouter à ce qui a été décidé dimanche sur la Grèce », il a signifié on ne peut plus clairement qu’il ne pouvait rien dire, se réfugiant derrière les « travaux préparatoires dans les Etats membres de la zone (qui) avancent à une allure satisfaisante, tout comme d’ailleurs les discussions avec le Fonds monétaire international, qui portent sur le programme d’assistance commun ».

Comme si ces difficultés de dernière heure ne suffisaient pas, les responsables européens s’efforcent de rassurer les marchés en évoquant la situation du Portugal, dont ils craignent qu’il ne soit la prochaine victime. Jean-Claude Junker a insisté pour dire qu’il était « sur la bonne voie », même si la Commission de Bruxelles l’encourage à faire plus.  Olli Rehn, le commissaire européen aux affaires économiques a considéré que « le programme portugais est ambitieux et assez concret », mais a reconnu des « risques liés au très court terme ». Il a ajouté : « D’après ce que je comprends, le gouvernement portugais comprend parfaitement la situation et est prêt à adopter de nouvelles mesures additionnelles si nécessaire, si le risque se matérialise ». Jean-Claude Trichet, président de la BCE, a de son côté cherché à noyer le poisson, ajoutant : « Nous insistons toujours sur cela (…) et pas particulièrement pour le Portugal ».

Sommes nous revenus à l’un de ces anciens scénarios qui voulaient que les crises européennes se dénouaient au petit matin à Bruxelles par des compromis adoptés de guerre lasse par des ministres écroulés de fatigue ? Ou bien à un rebondissement de la crise amenant le FMI à intervenir plus largement ?

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46 réponses à “L’actualité de la crise: Grèce, un passage à l’acte difficile, par François Leclerc”

  1. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    Tout commentaire inutile : taux de l’obligation grecque à 10 ans ce lundi matin: 7,601%.

    1. Avatar de yvan
      yvan

      Peut-être faut-il attendre un peu les développements de l’affaire GS pour dégager une tendance plus sûre..??

      Car, à vue de nez, la Grèce vient de se faire piquer la une des people-du-fric par la société qui réalise l’ « oeuvre de dieu »..

  2. Avatar de charles
    charles

    En complément du commentaire « sans commentaires » de Francois Leclerc, je voudrais seulement informer que le groupe d’économistes allemands emmenés par Joachim Starbatty a effectivement déposé sa plainte devant la Cour Constitutionnelle Allemande de Karslruhe, ce qui pourrait etre un
    obstacle supplémentaire, amha

    Leur ligne d’argumentation s’etait vu offrir un Op-ed dans le New York Times:

    Euro-trashed

  3. Avatar de BA
    BA

    Charles, j’ai l’impression que le ministre des Finances allemand est exactement sur la même ligne que le groupe d’économistes allemands emmenés par Joachim Starbatty.

    Voici ce qu’a déclaré le ministre des Finances Wolfgang Schaueble :

    Wolfgang Schaeuble a souligné que si la Grèce désirait utiliser les prêts de 30 milliards d’euros prévus par ses partenaires de la zone euro, elle devrait le faire au taux du marché : “Nous ne pouvons accorder aucun taux préférentiel, cela invaliderait le pacte de stabilité européen”.

    Le ministre a précisé que le gouvernement autoriserait la banque publique KfW Banking Group à fournir un prêt à la Grèce, et qu’il garantirait ce prêt.

    Investir

    La position du gouvernement allemand pourrait donc être la suivante :

    1- L’Etat allemand ne prêtera pas un seul euro à la Grèce.

    2- Mais en revanche, l’Etat autorisera la banque publique KfW Banking Group à prêter des milliards à la Grèce.

    3- Dernière chose : le ministre des Finances allemand veut que ce prêt soit accordé à la Grèce au taux du marché, c’est-à-dire à un taux de 7,6 % aujourd’hui lundi.

  4. Avatar de BA
    BA

    Le plan d’aide à la Grèce pourrait se révéler très insuffisant.

    La Grèce pourrait avoir besoin de 80 milliards d’euros d’aide financière pour éviter la faillite, près du double du montant prévu par le plan européen, a affirmé le président de la Bundesbank, Axel Weber, cité indirectement mardi par le Wall Street Journal.

    La situation de la Grèce empire et « les chiffres changent tout le temps », a rapporté au journal une personne proche du dossier, après une réunion à huis clos de parlementaires, au cours de laquelle M. Weber s’est exprimé.

    « La situation financière de la Grèce pourrait être pire que ce qu’imaginent de nombreux observateurs », souligne le Wall Street Journal, et la Grèce pourrait avoir besoin au total de 80 milliards d’euros d’aide.

    Les ministres de la zone euro ont décidé un programme d’aide à la Grèce, qui doit couvrir une période de trois ans, avec un volume de crédits allant jusqu’à 30 milliards d’euros, au taux de 5 %, pour la première année. Cette aide devrait être combinée à un apport du FMI, d’un montant de 10 à 15 milliards d’euros. Interrogée par le journal, la Bundesbank a refusé de commenter.

    Le Monde

  5. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    A trois mois et à 3,65%, c’était un super cadeau ! 1,95 milliards ont été placés sur des obligations grecques aujourd’hui (1,5 milliards étaient demandés).

    La dernière fois, le taux était de 1,67%, par comparaison; si cela continue ainsi, la prochaine émission sera à trois jours, pour passer le week end !

    Au vu de cette ruée vers l’or, les esprits chagrins vont-il continuer à prédire l’Apocalypse en Grèce et ailleurs ?

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