Mise à jour n°150 (mardi 23h30)
Selon NHK, qui rapporte les propos d’un technicien non identifié, le niveau de radioactivité à l’intérieur des bâtiments des réacteurs n°1 à 3 interdit d’entrer dans ceux-ci. A l’extérieur, plus de 100 millisieverts sont mesurés, tandis qu’à l’intérieur les niveaux sont trop élevés pour être mesurés par les détecteurs utilisés. Des poches d’eau hautement contaminée sont par ailleurs dispersées sur le site, multipliant les dangers pour les travailleurs.
L’INRS a par ailleurs publié une étude sur « l’impact sur le milieu marin des rejets radioactifs » provenant des rejets des réacteurs, des retombées atmosphériques et du lessivage des terrains contaminés.
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Mise à jour n°149 (mardi 20h20)
Les 1.500 litres de silicate de soude injectés autour et sous le puits « apparaissent », selon Tepco, comme contribuant a diminuer le volume de l’eau hautement contaminée qui s’infiltre vers la mer. Les injections se poursuivent dans l’espoir d’arrêter entièrement la fuite.
L’environnement maritime proche a été déjà sérieusement contaminé, non seulement par de l’iode-131 dans d’énormes proportions (7,5 millions de fois le maximum admissible), mais également par du césium-137, dont l’opérateur ne parle que rarement. Des quantités excédant le maximum admissible ont été détectées en mer au-delà de la limite des 20 km.
Par ailleurs, le test d’aspersion de résine sur les débris radioactifs qui parsèment le sol du site n’a produit aucun effet.
Enfin, la mise en place de couvertures destinées à contenir les radiations provenant des réacteurs ne pourra intervenir qu’au plus tôt en juin prochain (correction: septembre), vu le niveau actuel de radioactivité qui en interdit la pose. Ces couvertures seraient munies d’ouvertures pourvues de filtres, afin de laisser passer l’hydrogène et recouvertes sur leur face intérieure d’un produit absorbant les radiations, non spécifié. Certains spécialistes sont sceptiques sur leur efficacité.
Les expédients auxquels l’opérateur en est réduit se révèlent d’une mise en œuvre tardive quand ce n’est pas d’une efficacité douteuse. Les conditions sont loin d’être réunies pour qu’il puisse comme nécessaire s’installer dans la durée.
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Mise à jour n°148 (mardi 10h48)
« Sourouzane », une usine flottante russe de traitement de déchets radioactifs liquides conçue pour le démantèlement des sous-marins à propulsion nucléaire, va être utilisée à Fukushima dès qu’elle y sera acheminée. Sa capacité de retraitement est de 35 mètres cubes quotidien.
Correction à 12h20 Ce projet est encore à l’étude, risquant de prendre la suite de tous ceux qui ont été annoncés et n’ont pas été mis en application.
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Mise à jour n°147 (mardi 08h52)
Tepco n’est toujours pas parvenu à colmater la fuite d’eau hautement contaminée qui se déverse dans la mer. De nouvelles mesures font apparaître que la concentration d’iode-131 est de 7,5 millions de fois le maximum admissible. Rien n’est dit à propos de la présence d’autres radio éléments, qui pourraient aider à comprendre le processus à l’origine de cette contamination.
Afin d’y parvenir, l’opérateur va désormais injecter du silicate de soude (un produit hydrofuge et dessiccateur) en dessous du puits, là où l’eau contaminée est supposée s’infiltrer vers la mer. Les tests de coloration de l’eau afin de suivre son cheminement n’ayant pas été probants.
3.600 tonnes d’eau moins contaminée ont déjà été déversées à la mer. La NISA, l’agence de sûreté japonaise, a annoncé qu’une capacité de stockage de 60.000 tonnes d’eau au total étaient en cours d’acheminement par mer vers le site de la centrale, pour y parvenir vers la fin du mois : une île artificielle flottante (« megafloat »), des réservoirs et une barge de l’US Navy. L’intention est de ne pas répéter l’opération en cours de déversement dans la mer d’eau contaminée.
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Mise à jour n°146 (lundi 20h28)
C’est en pleurs et en demandant pardon qu’un porte-parole de Tepco a annoncé ce matin à la télévision le début du déversement des 11.500 tonnes d’eau contaminée dans l’océan Pacifique.
Il n’y avait pas le choix : c’était cette eau qu’il fallait déverser, ou bien celle découverte sous les réacteurs n°2 et 3, très hautement contaminée, pour laquelle il n’y avait plus de place pour la stocker dans les réservoirs de condensation, qu’il est donc nécessaire de vider. C’est que l’on appelle un arbitrage courageux dans le langage des gestionnaires.
1.500 tonnes d’eau contaminée ont par ailleurs été découvertes dans les sous-sols des réacteurs n°5 et 6, dont on parle peu puisqu’ils sont refroidis grâce à des groupes de secours miraculeusement épargnés. Il a fallu également prendre la décision de la vider, pour la déverser dans la mer, car en montant elle risquait de mettre en panne les installations de refroidissement.
Problème : l’opérateur n’a donné aucune explication sur la présence de cette eau contaminée sous ces 2 réacteurs présentés comme sans problèmes et distants du groupe des 4 autres. Ces réacteurs sont décrits à l’arrêt et dans l’état de «cold shutdown », ce qui signifie que leur système de refroidissement est à la pression atmosphérique et sa température en-dessous de 95° C. D’où vient l’eau contaminée ?
Pendant ce temps, l’eau hautement contaminée continue de se déverser dans la mer, la fuite n’ayant toujours pas pu être colmatée. Toutes les informations et schémas disponibles à son propos s’arrêtent au pied du bâtiment de réacteur, laissant le plus grand des mystères planer sur ce qui se passe en son sein.
S’il se révèle possible d’arrêter la fuite, les aspersions et injections d’eau de refroidissement vont devoir continuer, avec pour conséquence un nouveau problème: les réservoirs des systèmes de condensation seront à un moment ou à un autre à nouveau remplis jusqu’à la limite de leurs capacités…
La société russe Rosatom a été appelée à la rescousse, afin de fournir un système d’évacuation des eaux radioactives, conçus pour le démantèlement des sous-marins atomiques, afin de réaliser ces transferts à haut risque.
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Mise à jour n°145 (lundi 16h50)
La mesure des taux de radioactivité devient un enjeu grandissant.
A deux reprises mis en cause pour des erreurs dans celles-ci par l’Autorité de sûreté japonaise, Tepco vient d’annoncer un renforcement de ses équipes dédiées à cette tâche et le renfort d’entreprises japonaises.
L’AEIA a de son côté effectué des mesures, accréditant par l’un de ses résultats celles que Greenpeace avait engagé, qui a de son côté annoncé multiplier les siennes et mesurer également la contamination du lait et des légumes.
Des données relatives aux réacteurs sont disponibles sur le site de la NISA, l’autorité de sûreté nucléaire japonaise, dont l’interprétation réclame l’analyse de spécialistes.
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Mise à jour n°144 (lundi 09h55)
« Aux grands maux les grands remèdes ! » Tepco vient finalement d’annoncer que les 11.500 tonnes d’eau contaminée allaient être rejetées à la mer à partir de mardi, faute d’autres solutions.
La contamination de cette eau est estimée à 100 fois la valeur normale, mais il ne s’agit que d’une moyenne trompeuse. Correction : L’eau très contaminée sera stockée dans les structures actuellement pleines d’eau moins contaminée.
Entre deux maux choisir le moindre ! L’urgence de la reprise des travaux de relance des installations prime.
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Mise à jour n°143 (lundi 09h20)
En dépit de l’utilisation de produits absorbants, n’ayant pas réussi à colmater la fuite d’eau hautement contaminée, l’opérateur a utilisé un colorant pour déterminer d’où elle se répand dans l’océan. L’idée est d’installer devant et dans la mer des « barrières » créant des accumulations de vase. Il est espéré ainsi contenir le plus possible l’eau contaminée dans une zone limitée.
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357 réponses à “LA SITUATION À FUKUSHIMA (VII), par François Leclerc”
Un article intéressant dans le Monde : « Le genre humain, menacé »
http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/04/02/le-genre-humain-menace_1502134_3232.html
L’article n’aborde même pas la pollution générée de la guerre, alors ….
Nucléaire: écoles coréennes fermées
Avec Reuters
07/04/2011 | Mise à jour : 06:36
Des écoles sont restées fermées ce matin en Corée du Sud par crainte de retombées radioactives en raison de la pluie tombant sur une grande partie du pays, le plus proche voisin du Japon, où la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi est fortement endommagée.
Face aux craintes exprimées par de nombreux parents d’élèves, les directeurs d’établissement avaient la possibilité de supprimer toutes les activités extérieures.
Certaines écoles de la province de Gyeonggi, près de Séoul, ont même choisi de fermer complètement leurs portes, a rapporté l’agence de presse Yonhap.
L’agence sud-coréenne de sûreté nucléaire a déclaré qu’une faible quantité de particules d’iode radioactive et de césium avait été décelée dans la pluie tombée sur l’île de Jeju, au sud de la péninsule, mais qu’elle ne constituait pas un danger pour la santé humaine.
Selon Arnie Gunderson, la NRC, Tepco et l’industrie nucléaire limitent l’accès aux informations :
http://vimeo.com/22062314
Apparemment, même l’IRSN a décidé de faire circuler l’info.
Seul « problème » : pour l’institut, c’est le réacteur 3 qui est concerné !
Je relève :
Thierry Charles, directeur de la sûreté à l’IRSN et spécialiste des questions de criticité, a confirmé hier que le cœur du réacteur 3 a fondu ainsi que le fond de la cuve : le corium se trouve sur le béton du bas de l’enceinte.
L’IRSN s’efforce d’évaluer jusqu’où il pourrait plonger.
Le(s) réacteur(s) où on mets de l’azote ne sont probablement pas percé(s), les autres ? il suffit de voir ce que l’on fait …
Plutôt l’inverse :
Pour que de l’H2 se retrouve dans les enceintes de confinement, c’est que la vapeur est, soit irradiée fortement (hypothèse des ingénieurs US) soit portée à très haute température (au moins 650°, début de la thermolyse).
Dans les 2 cas, il n’y a que la proximité du corium qui peut expliquer ça.
J’ai un peu confondu l’enceinte réacteur (« pressure vessel ») et l’enceinte de confinement en béton (« containment vessel »), et peut être mal compris l’exposé (traduit en simultané) du Pr Kamoto hier sur NHK : Ils craignent l’explosion d’hydrogène dans l’enceinte de confinement, non pas parce qu’elle risquerait d’éclater, mais plutôt parce que celà déteriorerait les conduites (entre le coeur et l’extérieur ?) avec des conséquences radiologiques graves (ils pensent donc que le réacteur (pressure vessel) est encore étanche). L’origine de l’hydrogène proviendrait de la radiolyse de l’eau (l’oxydation du zirconium suite à l’exposition des barres de combustibles dans le coeur étant réservé comme élément explicatif à à la première série initiale d’explosion du bâtiment extérieur) dans le coeur, généré en faible quantité (hydrogène + oxygène par ce mécanisme) mais cumulée au long d’un mois.. Il me semblait désigner alors l’enceinte réacteur l’exposé étant ambigu dans l’usage du terme enceinte et dans la présentation graphique. L’injection d’azote se ferait dans une enceinte où la pression de 2 Mpascal (i.e. 20 atm ?) ne devrait pas être accrue afin de limiter les fuites d’eau radioactive. De plus le volume d’azote (et la pression) dans l’enceinte devrait être limité pour éviter de découvrir le coeur, ce qui limiterait son refroidissement et pourrait le destabiliser.
J’en avais peut être un peu vite pensé que l’injection d’azote se faisait dans le « pressure vessel ».
L’enceinte de confinement en béton est-elle à 2 MPascal ?
6000 m3 d’azote ça remplit quoi ?
peut-être fait on les 2 ?
Cumulée depuis un mois, depuis le dégazage ayant permis la première explosion, ou depuis que l’on pense que le coeur est de nouveau recouvert et que l’on ne dégaze plus ?
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http://www.lemonde.fr/japon/article/2011/04/07/le-japon-utilise-de-l-azote-pour-eviter-une-explosion-a-fukushima_1504072_1492975.html#ens_id=1493262&xtor=RSS-3208
Si l’on compare Fukushima à Tchernobyl, en terme de gestion de crise, quelques petites différences:
– Lors de l’accident de Tchernobyl, il a fallu attendre que le nuage radioactif touche l’occident, en l’occurrence la Suède, qui a rendu public la nature des radios éléments présents dans le nuage, notamment le saturnium,ou neptunium si je me souviens bien, pour que l’on puisse en déduire que le coeur du réacteur était entré en fusion….accident majeur « hors cadre », alors que les autorités de l’époque -l’URSS – parlaient d’un simple incendie et verrouillaient la communication.
– Ce n’est que bien plus tard que nous avons su ce à quoi nous avions échappé de peu ( une bonne partie de l’Europe rendue inhabitable) grâce au sacrifice de dizaine de milliers de liquidateurs qui n’avaient sans doute pas réellement conscience des risques qu’ils prenaient.
– La communication de crise à l’époque, parfaitement lénifiante ( circulez, il n’y rien à voir…) a caramellisé la crédibilité des autorités et institutions en responsabilité, la découverte progressive du pot aux roses étant le fait d’organismes indépendants ( CRIIRAD )
S’agissant de Fukushima, la situation se présente différemment:
– La contre – information est possible ( multiples lanceurs d’alerte ) et instantanée du fait d’internet
– Les opérateurs sur site savent désormais à quoi s’attendre du fait du précédent de Tchernobyl
– La nature de la communication de crise, le contenu, les éléments de langage ont évolué; on passe du « tout est sous contrôle » à un descriptif de ce que l’on est en train de faire, occupant ainsi le terrain médiatique, y compris avec une pincée de Story Telling tout en occultant les questions qui fâchent du genre » et si ça m….quelles conséquences? »
En bref, un travail millimétré, une information progressive visant à rendre acceptable l’insupportable.
Les niveaux d’iode 131 sont 7.5 millions de fois plus élevés que les standards de régulation dans l’eau à la prise d’eau de refroidissement du réacteur 2 (300 000 Bq/cm3). Bien plus alarmante est la concentration très haute de césium 137, 1.1 million de fois au-dessus des limites légales, l’isotope ayant une demi-vie de 30 ans.
L’eau continue de s’écouler vers l’océan.
La quantité totale d’eau contaminée sur le site de Fukushima/Daiichi est estimé à 60 000 tonnes, à peu près 20 000 tonnes pour chaque réacteurs 1 à 3, selon le METI, le ministère japonais de l’économie, du commerce et de l’industrie.
Le Ministre des Affaires Étrangères japonais a annoncé que les rejets ne violent pas la Convention sur la notification rapide d’un accident nucléaire de 1986.
Selon le Président Shunsuke Kondo, la crise actuelle contredit les arguments conventionnels selon lesquels le nucléaire est sûr :
Selon l’ECCR, la contamination de Fukushima pourrait causer 200 000 cancers parmi les 3 millions de personnes vivant dans les 100 km autour de la centrale et 200 000 cancers de plus chez les 7 millions de personnes vivant dans les 100 à 200 km, dans les 50 prochaines années.
source : greenpeace canada