FUKUSHIMA : premières leçons, par François Leclerc

Billet invité.

Une enquête du Wall Street Journal revient sur les événements intervenus au tout début de la catastrophe, les 11 et 12 mars derniers, et éclaire les circonstances dans lesquelles est intervenue l’explosion d’hydrogène qui a ravagé le bâtiment du réacteur n°1, projeté des débris radioactifs sur tout le site et lâché dans l’atmosphère une très importante contamination radioactive.

Il a été déjà largement noté que Tepco, l’opérateur privé, avait tardé à inonder d’eau de mer les réacteurs, solution de dernier ressort quand les systèmes de refroidissement ne fonctionnent plus. En le mettant sur le compte de sa volonté de ne pas irrémédiablement condamner les installations et de préserver son investissement financier.

L’enquête du journal fait apparaître que la décision de « purger » le réacteur de l’hydrogène qui s’y était accumulé suite à la surchauffe du combustible, en relâchant des gaz contaminés dans l’atmosphère, a été elle aussi tardive. La procédure japonaise en vigueur imposant de demander auparavant l’autorisation aux autorités, étant donné ses conséquences pour l’environnement. Le président de la compagnie devant préalablement être averti. Une chaîne de commandement qui n’existe pas aux Etats-Unis, les ingénieurs en salle de contrôle étant décisionnaires dans l’urgence.

L’explosion d’hydrogène qui est intervenue, les rejets ayant eu lieu environ une heure auparavant, ne serait pas sans relation avec ce délai. Compte non tenu de difficultés techniques à ouvrir manuellement les vannes, dans des conditions de pression anormales, et de la défaillance des instruments de mesure.

En effet, la procédure suivie par Tepco pose un autre problème, toujours selon le journal. Contrairement aux normes en vigueur aux Etats-Unis, qui imposent de procéder à de tels rejets de gaz contaminé avant que la pression interne à l’enceinte de confinement n’atteigne le maximum prévu par le constructeur (en l’occurrence General Electric), Tepco aurait laissé le niveau de celle-ci atteindre le double de ce maximum avant d’enclencher la procédure permettant de réduire la pression en relâchant les gaz contaminés.

Si cette analyse se révèle exacte, l’opérateur et les autorités japonaises portent la lourde responsabilité, en différant les rejets atmosphériques de gaz contaminé, d’avoir probablement contribué à l’explosion d’hydrogène qui en a relâché des quantités très supérieures.

Voir ici les dernières mises à jour à propos de la situation sur le site de la centrale.

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