Mise à jour n° 195 (dimanche 09h56)
Suite aux mises en garde réitérées du gouvernement, l’opérateur a annoncé de nouveaux travaux, destinés à renforcer la protection de la centrale contre un nouveau séisme et un tsunami. Un événement imprévisible qui représenterait désormais le principal danger majeur, aux yeux des autorités.
Une levée de 12 mètres de hauteur constituée d’un empilement de pierres dans des paniers métalliques va être érigée en bord de mer. Un pilier en acier, renforcé par du béton, va consolider la structure de la piscine du réacteur n°4.
Tepco va par ailleurs obturer avec du béton les 4 tunnels qui débouchent sur la mer au sortir des réacteurs n°2 et 3, où des fuites d’eau hautement contaminée existent, afin d’empêcher tout retour par ce biais de l’épanchement de l’eau dans la mer.
Enfin, Tepco va débuter le pompage de l’eau hautement radioactive aux abords du réacteur n°3, le niveau de l’eau dans le tunnel continuant de croître (12 centimètres durant la dernières semaine), pouvant à terme en déborder.
Tous ces travaux demandent des bras, alors que le niveau cumulé d’exposition aux radiations monte au sein du millier d’ouvriers qui travaillent sur le site. Il est nécessaire de prévoir le remplacement de certains d’entre eux au fur et à mesure qu’ils atteignent le niveau maximum admissible.
Les effectifs de l’opérateur et de ses sous-traitant ne suffisant pas, une campagne de recrutement est étudiée, auprès d’une population ayant déjà travaillé sur le site d’une centrale ou reçu une formation le permettant. Il est estimé que 3.000 personnes pourraient répondre à l’un de ces deux critères.
Parmi les difficultés que rencontre Tepco, celle-ci n’est pas des moindres.
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Mise à jour n° 194 (samedi 11h59)
Tepco poursuit ses efforts afin d’évacuer, stocker, puis traiter l’eau hautement contaminée dont le flot enfle dans les bâtiments de service des réacteurs n°1 à 4 et les tranchées techniques et tunnels les rejoignant.
Dans un premier temps, l’opérateur va accélérer le pompage au réacteur n°2, en ajoutant une deuxième pompe. Il espère ainsi évacuer 20 tonnes d’eau par jour et atteindre les 10.000 tonnes à la mi-mai. Il en est à 2.400 tonnes depuis le début de l’opération, le 19 avril.
Tepco se prépare également à commencer ses opérations de pompage dans le tunnel qui va vers le réacteur n°3.
Par ailleurs, la nouvelle estimation de la quantité d’eau à évacuer est désormais, le temps passant, de 87.000 tonnes. D’ici la fin de l’année, l’opérateur estime que le total de la ou des fuites atteindra 200.000 tonnes. Un calcul qui sous-entend qu’il sait ne peut pas pouvoir la ou les colmater.
Enfin, des installations de décontamination devraient être installées début mai et commencer à fonctionner début juin. L’objectif sera alors de décontaminer 1.200 tonnes d’eau par jour.
Une filière globale devrait être progressivement en place, accréditant l’idée que l’opérateur ne peut pas reprendre le contrôle de la situation et doit se contenter de gérer au mieux les effets des incidents déjà enregistrés.
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Mise à jour n° 193 (vendredi 14h08)
Si le niveau de l’eau hautement contaminée baisse lentement dans les tranchées entre les réacteurs, par contre celui de la contamination croît, d’après les mesures divulguées par TEPCO.
En particulier, le niveau d’iode-131 augmente, ce qui pourrait résulter de la poursuite d’une activité de fission au sein du réacteur n°2 d’où provient l’eau, car sa demi-vie est de huit jours et le réacteur a été arrêté depuis le 11 mars dernier.
Une hypothèse émise est que des réactions de criticité se poursuivent au sein du réacteur n°2, qui ne sont pas stoppées par l’eau additionnée de bore qui est injectée.
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Mise à jour n° 192 (vendredi 12h02)
L’opérateur tente de prévenir les effets d’un nouveau cataclysme possible : typhon, tremblement de terre et tsunami.
Dans l’état où la centrale se trouve, celui-ci serait dévastateur, pouvant aboutir à la destruction accrue des bâtiments des réacteurs, des nouvelles installations de stockage de l’eau contaminée, ainsi qu’à la rupture de piscines ou d’enceintes de confinement. Dans tous les cas, il pourrait en résulter des rejets radioactifs massifs.
Les moyens sont comme d’habitude dérisoires. Pour contenir un tsunami, un mur de sacs de sable va être élevé en bord de mer, priorité étant donnée à la zone où se trouve le réservoir où est stockée l’eau hautement contaminée en cours de pompage. Conscient de la fragilité extrême de ce rempart, Tepco voudrait installer un brise-lame dans la mer.
Rien n’est communiqué à propos d’un possible renforcement des structures, celui-ci n’étant tout simplement pas envisageable dans les conditions de contamination actuelles.
La multiplication des projets de l’opérateur n’est que très partiellement suivie de leur concrétisation. Leur étude annoncée, nombre d’entre eux ne voient pas le jour.
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Mise à jour n° 191 (vendredi 11h43)
Tepco poursuit son délicat test de remplissage de l’enceinte de confinement du réacteur n°1, afin de parvenir à davantage le refroidir. La solution qui reste disponible, maintenant que les autres aient du être abandonnées faute de pouvoir être réalisées.
Le débit d’injection d’eau a été partiellement augmenté, en vue de recouvrir totalement les barres de combustible, en juillet prochain. Pour l’instant, la température décroît et la pression reste globalement constante.
Les injections d’azote se poursuivent en parallèle, afin d’éviter une explosion d’hydrogène. Mais un autre danger pourrait provenir de la structure de l’enceinte de confinement, soumise à la pression interne d’une masse d’eau de plus en plus importante. Scrutée, l’apparition de fuites est redoutée, signal précurseur si ce n’est tardif d’une fragilisation accrue et d’une possible rupture.
Après calculs, Tepco a annoncé que la piscine du réacteur n°4 ne fuyait pas finalement, la diminution du niveau de l’eau résultant de son évaporation en raison de sa température.
Précise dans certains domaines (niveau de l’eau contaminée dans les tranchées, par exemple, ou bien baisse de la contamination de l’eau de mer aux abords de la centrale), la communication de l’opérateur l’est nettement moins au fur et à mesure que l’on s’approche des réacteurs.
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Mise à jour n° 190 (mercredi 01h00)
La centrale ressemble de plus en plus à une passoire.
La liste des fuites suspectées s’allonge, nécessitant de nouvelles inspections internes des robots avant de lancer l’opération de remplissage de l’enceinte de confinement du réacteur n°1. Les points d’entrée des câbles électriques pourraient en être le lieu.
Il est également craint une fuite dans la piscine du réacteur n°4, qui apparaît de plus en plus certaine d’après l’opérateur.
Ces nouvelles découvertes interviennent alors qu’une fuite a déjà été détectée dans le réacteur n°2, avec les conséquences que l’on connaît.
Colmater les fuites de l’enceinte de confinement – si elles sont confirmées – sera un préalable à son remplissage. Y procéder une nouvelle question difficile à résoudre vu la radioactivité régnant à l’intérieur du bâtiment.
L’opérateur continue de s’enliser dans un enchaînement de problèmes.
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Mise à jour n° 189 (mardi 11h05)
La course de vitesse se poursuit. Tout à ses efforts d’évacuation de l’eau contaminée du site, l’opérateur continue de scruter centimètre par centimètre l’évolution de son niveau dans les différentes tranchées qui joignent entre eux les réacteurs, ainsi que celui de sa contamination.
Des deux points de vue, la situation semble stationnaire auprès du réacteur n°2, là où elle est pompée et la plus fortement contaminée. Par contre, les cotes d’alerte fixées par Tepco elle-même sont dépassées dans les abords des réacteurs n°3 et 4, où les niveaux d’eau et de contamination montent régulièrement, sans que les opérations de pompage puissent commencer faute d’installation de stockage disponibles. Laissant pour l’instant l’opérateur sans autre ressource que de continuer à observer la progression des eaux contaminées, au risque d’un débordement ultérieur des tranchées à l’air libre où elles circulent.
Tepco poursuit ses plans d’inondation pour mi-juillet des enceintes de confinement des réacteurs n°1 et 3, afin d’assurer le noyage intégral des barres de combustible au sein de leurs cuves. Il est prévu d’augmenter progressivement le débit d’injection d’eau de 6 à 14 tonnes d’eau par heure, tout en surveillant grâce à des robots entrés dans le bâtiment l’apparition d’éventuelles fuites sur les enceintes de confinement, signe d’efforts trop intenses imposés à la structure. Autre course de vitesse en perspective: pour accroître le niveau d’eau, il faut remplir l’enceinte d’eau plus vite qu’elle ne s’évapore en raison de la température.
Autre exercice très incertain, car l’apparition de fuites pourra être un signal trop tardif, l’opérateur ne pouvant que diminuer le débit si celles-ci sont constatées. Mais quelle autre méthode employer ? Les autorités de sûreté japonaises ont demandé à Tepco de prioritairement s’assurer que les enceintes de confinement pourront dans ces nouvelles conditions de pression interne accrue (et dépassant les normes des constructeurs très probablement) résister à de nouvelles secousses sismiques, sans assortir cette consigne d’une préconisation méthodologique…
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624 réponses à “LA SITUATION À FUKUSHIMA (XII), par François Leclerc”