Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Une fois les calculs faits, on s’apercevra qu’il aurait mieux valu prendre les mesures radicales préconisées à l’automne 2008. Mais on a préféré tergiverser, puis on est passé à autre chose. On a attendu que les États tombent dans l’abime, à la suite des banques.
Pas de quoi être surpris cependant : le prix que certains auraient eu à payer au moment-même était trop élevé – même si, au bout du compte, il apparaîtra faible par comparaison. Trop élevé pour ceux qui étaient aux manettes et qui restent convaincus que – quoi qu’il arrive – ils s’en sortiront bien personnellement, ou du moins pas trop mal. Mieux que la moyenne en tout cas.
On touche ici aux ressorts profonds de la nature humaine : cette conviction du plus crétin d’entre nous, qu’il est bien plus malin que tout le monde. L’entièreté de notre pseudo-science économique est fondée sur cette prémisse. L’édifice tout entier a été conçu et sponsorisé au fil des siècles par des individus convaincus d’être bien plus malins que les autres : « Le vainqueur est « rationnel », disaient-ils, le vaincu aurait mieux fait de l’être. Tant pis pour lui. »
Il leur faudra déchanter : « C’est ptêt’ plutôt qu’j’avais eu de la chance ? » Eh oui, mon vieux, c’était ça l’explication !
Enfin… toutes les bonnes volontés seront requises quand il s’agira de reconstruire. Même celles de ceux qui se croiront, dès le lendemain matin, plus malins que tout le monde !
On ne change malheureusement pas la nature humaine.
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