Je m’étais approché du panonceau au bord du chemin vicinal qui expliquait pourquoi on s’amusait à couper la molinie bleue et les saules marsault (qui n’avaient fait de mal à personne). La raison, j’eus l’occasion de l’apprendre, c’est de permettre le retour de la gentiane pneumonanthe qui hantait autrefois ces parages. Non pas qu’on se soucie d’elle spécialement : ce qu’on vise, c’est qu’elle se fasse bouffer par la chenille de l’azuré des mouillères (je n’invente rien : je jure qu’aucun de ces noms n’a été inventé pour agrémenter mon histoire ; l’explication a d’ailleurs été capturée par l’œil infaillible de mon « téléphone malin », pour éviter que je dise des âneries).
Une fois la chenille en question gavée de feuilles de gentiane, elle choit au sol où elle se fait kidnapper par des myrmicae ruginodes qui l’emmènent dans leur fourmilière où ils la nourriront gratos à condition qu’elle sue abondamment une substance sucrée dont ces fourmis se régalent.
Au bout d’un moment, la chenille se métamorphose en ce fameux azuré des mouillères dont le retour espéré est en réalité le but de toute l’opération de coupe près de chez moi de la molinie bleue et du saule marsault (qui n’ont pourtant fait de mal à personne).
On dit à raison que nous sommes complètement tordus mais serait-ce beaucoup demander à la nature qu’elle ne donne pas, comme dans ce cas-ci, le mauvais exemple ?
68 réponses à “UN TRUC TORDU”