IL NE SUFFIT PAS QUE LE MONDE VOUS PARAISSE ÉTRANGER POUR QU’IL LE SOIT VRAIMENT

J’expliquais hier que tout – ou presque – dans ma nouvelle vie m’était nouveau, et que ma ville natale me paraissait, quarante ans plus tard, bien étrange et étrangère.

Quand voilà qu’en fin d’après-midi, revenant de la VUB en direction de l’appartement qui est mon logement provisoire, je passe devant un café. Je n’y aurais pas prêté particulièrement attention si la dame derrière le comptoir ne m’avait alors fait de grands signes.

Quand quelqu’un que vous ne connaissez pas vous fait de grands signes, vous pensez spontanément – à moins que vous ne souffriez de mégalomanie avancée – que les gestes s’adressent en réalité à quelqu’un situé derrière vous. Ce qui fut en effet ma réaction initiale.

Mais, me retournant, à la recherche de ce passant éventuel, je découvris que j’étais seul dans la rue et que j’étais donc bien le destinataire de ces grands signes. Je fis donc demi-tour pour découvrir ce que la dame derrière le comptoir du café Le Vicomte, chaussée de Boondael à Bruxelles (dans le dernier pâté de maisons avant le boulevard Général Jacques en remontant de la place Eugène Flagey [la « place Sainte-Croix » de mon enfance]), pouvait bien vouloir me dire.

Nous nous retrouvâmes nez-à-nez et elle me dit alors : « Monsieur Jorion, c’est moi qui vous ai envoyé un livre du XIXe siècle sur l’exception de jeu ! »

Je voyais très bien de quel livre elle parlait, et je lui répondis que j’en avais repris des passages dans Le capitalisme à l’agonie.

Sur ces entrefaites, le patron du Vicomte nous avait lui aussi rejoint dans la rue, pour me dire : « Monsieur Jorion : je vous lis depuis 2007 ! », à quoi je ne pus répondre que : « Depuis le début du blog ! »

Je me vis offrir un verre de Jupiler (sans double imposition), et une invitation à goûter à toute heure de la journée qui pourrait me convenir, le spaghetti maison.

Mais les choses n’en restèrent pas là : nous avons longuement parlé ensuite de ce qui était possible autrefois et qui ne l’était plus : acheter une maison, lancer son affaire, dire à ses enfants qu’avec un peu de détermination, tout est possible.

Après quelques minutes, je me retrouvais en famille, et ce monde qui m’avait paru hier encore étrange et étranger, avait entièrement cessé de l’être.

De Tijd a publié il y a quelques jours un article très aimable à mon sujet, comme l’avaient déjà fait Le Soir et La libre Belgique. Demain, c’est De Morgen qui publiera un long article mettant en avant, avec un enthousiasme bien sympathique, les idées qui sont défendues ici sur le blog.

Alors, que vous parliez français, flamand, wallon, anglais, ou quelqu’autre langue que ce soit, souvenez-vous que quand je serai à Bruxelles, j’essaierai dans la mesure du possible de passer au Vicomte (1 rue du Bourgmestre à Ixelles) aux environs de 18 heures, où l’on cultive – que je m’y trouve ce soir-là ou non – les valeurs du Blog de Paul Jorion !

P.S. Pour ceux d’entre vous qui lisent le néerlandais, l’entretien dans l’édition du week-end de De Morgen est très bien présenté : sur deux pages et… avec des photos, prises à la VUB, jeudi avant le cours.

P.S. II Samedi 18h30. Je viens de me rendre au Vicomte. Enfer et damnation, c’est fermé ! Il faudra que je me renseigne sur les heures et les jours d’ouverture. Je vous tiens au courant.

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88 réponses à “IL NE SUFFIT PAS QUE LE MONDE VOUS PARAISSE ÉTRANGER POUR QU’IL LE SOIT VRAIMENT

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  1. Les élections de mi-mandat seront truquées : comme chez Poutine. Faut suivre Gaston! 😊

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